(Conférencière principale: Rachel Potter)
Appel à communications
Les propositions de communication (300 mots), accompagnées d’une courte bio- bibliographie, sont à adresser avant le 17 mai à Philippe Birgy (birgy@univ-tlse2.fr) et Aurélie Guillain (aurelie.guillain@univ-tlse2.fr)
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La question de l’obscène, de la modernité et des modernismes de langue anglaise a servi de point de départ à des études universitaires récentes (Bradshaw & Potter, Cotter, Parkes, Pease) et elle a également été abordée par les queer studies (Bersani, Valente) ainsi que par les affect studies, notamment dans leur réflexion sur la question du toucher (Pierce). Cependant, l’examen rapproché des textes, des films ou des œuvres picturales est resté incident dans ces études, où il s’agissait davantage de passer les œuvres au crible d’une hypothèse donnée, plutôt que de partir de formes particulières d’expression. Dans cette journée d’étude, nous souhaitons reposer la question de la définition mais aussi de la force de l’obscène en y regardant, pour ainsi dire, de plus près; en nous demandant ce qu’est l’objet obscène dans une oeuvre donnée, ou bien ce qui fait d’elle, dans sa particularité, une œuvre obscène, parce qu’elle a été jugée telle et/ou parce qu’elle s’exhibe comme telle.
On peut penser, pour amorcer une liste d’exemples nullement exhaustive, à Nightwood de Djuna Barnes, à Paint it Today de Hilda Doolittle, aux “King Bolo poems” de T.S. Eliot, à Sanctuary de William Faulkner, à Ulysses de James Joyce, à Lady Chatterley de D. H. Lawrence, à Tarr de Wyndham Lewis, à “With Usura” de Ezra Pound, à Fernhurst and Tender Buttons de Gertrude Stein, aux “Crazy Jane poems” de W. B. Yeats’, The Day of the Locust de Nathaniel West.
Dans chaque cas, on pourra se demander quelle place est assignée au lecteur ou au spectateur implicites lorsqu’une œuvre exhibe son caractère choquant, suggère sa capacité à heurter ou corrompre les moeurs, voire à souiller celui ou celle qui la rencontre. Si l’œuvre se veut obscène, à qui s’adresse-t-elle et qui pense-t-elle séduire, choquer ou fasciner? Ce destinataire implicite a-t-il un genre, une classe, un ethos qu’il s’agirait de troubler? En quoi l’obscénité peut-elle être un thème ou une tactique d’avant-garde? Cette interrogation sur l’obscénité à l’époque moderniste invite aussi à une réflexion sur le contexte historique où vient s’inscrire l’œuvre, et donc sur le traitement institutionnel de l’obscénité qui régule, officialise et pose en termes juridiques ou normatifs la question de la réception des œuvres; il semble important d’envisager les dynamiques de provocation mais aussi de censure et d’autocensure lorsqu’il s’agit de rendre visible ce qui devrait rester voilé, de dire l’innommable, de montrer l’immonde.
On pourra aussi se concentrer sur les éléments qui sont désignés comme obscènes dans les textes ou les images : que signifient-ils alors ? Nous sont-ils donnés comme matériaux bruts, hors-sens ou présignifiants ? Par un renversement de l’esthétique, ce serait alors le rapport au seul sensible qui se trouverait mis en exergue: s’agit-il, dans l’exhibition de l’obscène, de laisser affleurer un rapport pré-symbolique au monde (Lacan, Kristeva) ? D’enrôler l’art au service de la perversion et de créer un dispositif rendant fascinant ce qui devrait répugner? De destabiliser ou, au contraire, de réaffirmer des dichotomies et des hiérarchies entre civilisé et sauvage, admissible et intolérable, cru et raffiné, dionysiaque et apollinien? De renvoyer les lecteurs à leurs responsabilités : ceux-ci ne projetteraient-ils pas leurs perversions et leurs vices sur la page ?
Le cadre de cette journée d’étude encourage les études de détail de tous les dispositifs picturaux, photographiques, cinématiques ou textuels qui relèvent de la période moderniste dans le monde anglophone et qui mettent en jeu une forme d’obscénité. Nous proposons d’étudier, au cas par cas, l’image de l’obscène ou la version de l’obscénité que propose chaque œuvre, les liens intertextuels ou intermédiaux qu’elle entretient avec d’autres formes, son positionnement dans son contexte culturel, politique et éditorial.
International Symposium on « Modernism and Obscenity », November 23rd 2018, University of Toulouse Jean Jaurès (Keynote Speaker: Rachel Potter)
CALL FOR PAPERS
Proposals should include a 300 word long abstract and a short bio-bibliography and should be sent by May 17 to Philippe Birgy (birgy@univ-tlse2.fr) and Aurélie Guillain (aurelie.guillain@univ-tlse2.fr)
The relation between modernism and obscenity has been scrutinized in recent studies of relations between censorship and cultural productions (Bradshaw & Potter, Cotter, Parkes, Pease) ; the subject of the obscene has also been tackled in queer studies (Bersani, Valente) and affect studies (Pierce). Yet the close examination of specific examples has not been a central concern in these studies whose explicit aim was to propose general frameworks of interpretation. This symposium aims to raise again the question of the definition and the force of the obscene by looking at precise examples. Where does obscenity lie in each case?
A list of possible examples of ‘obscene’ modernist works could include: Nightwood by Djuna Barnes, Paint it Today by Hilda Doolittle, the ‘King Bolo poems’ by T.S. Eliot, Sanctuary by William Faulkner, Ulysses byJames Joyce, Lady Chatterley by D. H. Lawrence, Tarr by Wyndham Lewis, ‘With Usura’ by Ezra Pound, Fernhurst and Tender Buttons by Gertrude Stein, the ‘Crazy Jane poems’ by W. B. Yeats, The Day of the Locust by Nathaniel West. This list is of course, far from being comprehensive.
In each case of ‘obscenity’, one may wonder what position is being assigned to the implied reader or viewer: when a text or a picture foregrounds its shocking character, when it suggests that it can offend, corrupt or even contaminate anyone who comes near it, who is being addressed? Is the implied addressee defined in terms of gender, class or ethos? To what extent can we regard obscenity as a feature of an avant-garde movement? What are the aesthetic and political stakes of an experimental work shockingly unveiling what should have remained concealed or unsaid?
To discuss obscenity as a tactical and aesthetic move, it is also necessary to reflect on the historical circumstances in which works are inscribed, notably on the laws and institutional norms regulating the reception and consumption of works: they can be accused of obscenity for various reasons and in each case, the dynamics of provocation, censorship and self-censorship need to be explored.
In the close study of obscene displays in particular works of art, one can also wonder if they must be regarded as ‘abject material’ blurring fundamental distinctions between subject and object, sameness and otherness (Kristeva Powers of Horror) and if obscene displays in works of fiction have to do with re-presenting some state of primordial confusion, pointing to a pre-symbolic relation to the world (Lacan).
To understand obscenity, should we compare it to an optical device turning the image of the loathsome into a perversely fascinating show? Modernism and its relation to voyeurism, to scopic drives and to the rise of mass spectatorship are questions still worth exploring in relation to the obscene picture. The subversive or conservative function of the obscene may also be questioned: does the obscene unsettle binary oppositions and hierarchies between the civilized and the uncivilized, the tolerable and the intolerable, the raw and the refined, Dionysian and Apollinian forces? Or does it consolidate these dichotomies?
In this symposium, we welcome the close study of any painting, photographic work, film and text belonging to the modernist period in the English speaking world and bringing a form of obscenity into play. We welcome the analysis of its form, of its intertextual and intermedial resonances with other works, of how it positions itself and how it was received in its cultural, political, editorial contexts.
Select Bibliography
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Bersani, Leo. The Freudian Body: Psychoanalysis and Art, Columbia University Press, 1986.
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J. H. Dettmar, Kevin. The Illicit Joyce of Postmodernism: Reading Against the Grain, Madison: U of Wisconsin P, 1996.
Kristeva, Julia. Pouvoirs de l’horreur. Essai sur l’abjection. Paris: Seuil, 1980.
Lacan, Jacques. « Le symbolique, l’imaginaire et le réel », Bulletin interne de l’Association française de psychanalyse, 1953.
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Potter, Rachel. Obscene Modernism: Literary Censorship and Experiment 1900-1940. Oxford: Oxford University Press, 2013.
Rabaté, Jean-Michel. James Joyce and the Politics of Egoism, Cambridge: Cambridge University Press, 2001.
Rabaté, Jean-Michel. Étant donnés : 1° l’art, 2° le crime – La modernité comme scène du crime, Paris :Les presses du réel, 2010.
Schaffner, Anna Katharina and Shane Weller eds. Modernist Eroticisms: European Literature After Sexology, Palgrave / Macmillan, 2012.
Tratner, Michael. Deficits and Desires: Economics and Sexuality in Twentieth-Century Literature, Stanford : Stanford University Press, 2001.
Potter, Rachel and David Bradshaw, Prudes on the Prowl. Fiction and Obscenity in England, 1850 to the Present Day, Oxford: Oxford University Press, 2013.
Ress,Laura Jane. Tender Consciousness: Sentimental Sensibility in the Emerging Artist—Sterne, Yeats, Joyce, and Proust, New York: Peter Lang, 2002.