Cette JE s’inscrit dans le projet GUEST-Occitanie qui fait suite à GUEST-Normandie et vise à stimuler la recherche sur les séries ; il est co-financé par le laboratoire RIRRA21.
Plus précisément, il s’agira lors de cette JE de se pencher sur la place des femmes dans la création, production et réalisation des séries, notamment telles qu’elles peuvent s’incarner dans cette figure contemporaine qu’est le showrunner (ici, showrunneuse). Hormis quelques exceptions – la star/productrice Lucille Ball dans les années 1950, star de I Love Lucy (CBS, 1951-57), Mary Tyler Moore dans les années 1970 (The Mary Tyler Moore Show, CBS, 1970-77) ou encore Susan Harris dans les années 1980 –, l’industrie de la télévision, comme l’industrie du cinéma avec laquelle elle entretient des liens profonds, reste dominée par les hommes, en particulier aux États-Unis ; le succès d’une Aline Brosh McKenna, d’une Shonda Rhimes, d’une Jenji Kohan, d’une Krista Vernoff, d’une Sally Wainwright ou d’une Phoebe Waller-Bridge ne doit pas faire oublier qu’en 2013 aux Etats-Unis seulement 13% des séries avaient été réalisé par des réalisatrices. En France, même constat : le CNC nous apprend que 82 % des séries télévisées sont encore aujourd’hui l’oeuvre d’auteurs-réalisateurs. Si certaines figures émergent, à l’exemple de Fanny Herrero, créatrice de Dix pour cent (France 2, 2015-), Audrey Fouché, créatrice d’Osmosis (ARTE, 2015 ; Netflix – 2019-) ou bien Anne Landois, showrunneuse sur Engrenages (CANAL+, 2005-), le compte est encore loin pour atteindre la parité portée, notamment, par le collectif de professionnel-le-s du cinéma et de l’audiovisuel 50/50.
Il s’agira bien entendu de se pencher sur une éventuelle évolution de cette place en s’intéressant aussi bien aux showrunneuses en tant que telles, à leurs parcours au coeur d’un système économique et institutionnel où une majorité d’hommes détient le pouvoir, qu’à leurs productions, où les représentations genrées pourront avoir une certaine singularité, et en les situant dans un contexte industriel et national donné. Deux axes seront privilégiés :
• En explorant aussi bien les archives, les biographies que les entretiens, on pourra proposer une histoire des showrunneuses en s’interrogeant sur leurs possibilités d’émergence dans des contextes industriels et nationaux précis. Certains pays ont-ils mis en place des dispositifs pour permettre ou encourager les femmes à intégrer l’industrie de la télévision ? Par exemple, quels mécanismes le CNC ou la télévision publique française, sous l’impulsion de sa présidente Delphine Ernotte, sont mis en place pour assurer aux showrunneuses de prendre toute leur place dans la création audiovisuelle ? Il conviendra bien sûr de s’interroger sur les luttes de pouvoir que cela implique ; les showrunneuses bénéficient-elles de la même autorité/ « auteurité » (artistique, politique, économique) et tout simplement de la même considération que leurs équivalents masculins (études des situations de communication comme les entretiens ou les master classes) ?
• Les showrunneuses produisent-elles des séries différentes, novatrices, singulières ? Abordent-elles certains enjeux en particulier (la déconstruction du patriarcat) ou participent-elles aux représentations usuelles d’un système très majoritairement masculin ? Infléchissent-elles les représentations des femmes et du féminin d’une portée politique particulière, féministe ou post-féministe ? Portent-elles même des modèles de travail, d’écriture ou stylistiques (esthétiques) novateurs ?
Les propositions de communication (200 mots + bio) doivent parvenir à Julien Achemchame (julien.achemchame@hotmail.fr), Chloé Delaporte (chloe.delaporte@gmail.com) et David Roche (mudrockca@gmail.com) d’ici le 31 mars.