APPEL A COMMUNICATIONS
Esthétiques de l’absence
Vendredi 10 juin 2016
Journée d’étude organisée par le laboratoire de doctorants OVALE – rattaché au laboratoire VALE EA4085
Université Paris-Sorbonne
Journée d’étude organisée par le laboratoire de doctorants OVALE – rattaché au laboratoire VALE EA4085
Université Paris-Sorbonne
De l’ineffable aux réflexions contemporaines sur l’absence de sens, la spectralité et le posthumain
en passant par les poétiques du silence et les représentations du vide, les figures de
l’absence marquent l’art et la littérature de leur présence paradoxale. La question des limites du
langage et de la représentation façonne ainsi l’esthétique et la pensée occidentales, et la littérature
moderne, notamment depuis le milieu du 19ème siècle, accorde un statut privilégié à la figuration
de l’absence. La deuxième moitié du vingtième siècle a d’ailleurs vu se renforcer l’intérêt pour ce
problème esthétique fondamental : la fin des grands récits dont parlait Lyotard a en effet laissé un
vide intellectuel béant, et la perte, l’attente et donc l’absence manifeste du divin ont rendu
problématique l’idée d’une transcendance, d’un au-delà de la représentation.
Pour autant les figures de l’absence ne sont pas de simples manifestations d’une angoisse du néant
car elles impliquent toujours une dialectique qui met en jeu la présence. En effet, l’absence, à moins
justement de n’être que le néant, ne peut se penser qu’en rapport à son contraire, elle est toujours
absence de, négation d’une présence. Le mot même le suggère à travers son origine latine ab-sentia
qui signifie non présence (d’une personne).
Le paradoxe esthétique que nous évoquions plus haut consiste donc à donner forme à ce qui n’est
pas là, à créer autour et à partir d’un vide pour en faire appréhender la présence et / ou le conjurer. Il
invite à examiner une grande diversité de stratégies figuratives qui s’y confrontent, à évoquer non
pas une mais des esthétiques de l’absence.
Cette journée d’étude aura pour but de mettre en perspective voire de confronter certaines
pratiques littéraires et artistiques issues du monde anglophone qui tentent de répondre, chacune à
leur manière, au défi que constitue l’absence. Cette diversité pourra nous permettre une
confrontation entre les genres, les formes et les media à travers laquelle nous tâcherons de voir en
quoi l’absence peut fonder une esthétique, en quoi vides, silences et zones d’ombre sont aussi les
conditions de possibilité d’un apparaître, les pauses nécessaires à l’originalité d’une syntaxe poétique
ou les incertitudes qui créent l’indécidabilité de toute œuvre, relançant le désir du lecteur/spectateur
et le travail interprétatif.
en passant par les poétiques du silence et les représentations du vide, les figures de
l’absence marquent l’art et la littérature de leur présence paradoxale. La question des limites du
langage et de la représentation façonne ainsi l’esthétique et la pensée occidentales, et la littérature
moderne, notamment depuis le milieu du 19ème siècle, accorde un statut privilégié à la figuration
de l’absence. La deuxième moitié du vingtième siècle a d’ailleurs vu se renforcer l’intérêt pour ce
problème esthétique fondamental : la fin des grands récits dont parlait Lyotard a en effet laissé un
vide intellectuel béant, et la perte, l’attente et donc l’absence manifeste du divin ont rendu
problématique l’idée d’une transcendance, d’un au-delà de la représentation.
Pour autant les figures de l’absence ne sont pas de simples manifestations d’une angoisse du néant
car elles impliquent toujours une dialectique qui met en jeu la présence. En effet, l’absence, à moins
justement de n’être que le néant, ne peut se penser qu’en rapport à son contraire, elle est toujours
absence de, négation d’une présence. Le mot même le suggère à travers son origine latine ab-sentia
qui signifie non présence (d’une personne).
Le paradoxe esthétique que nous évoquions plus haut consiste donc à donner forme à ce qui n’est
pas là, à créer autour et à partir d’un vide pour en faire appréhender la présence et / ou le conjurer. Il
invite à examiner une grande diversité de stratégies figuratives qui s’y confrontent, à évoquer non
pas une mais des esthétiques de l’absence.
Cette journée d’étude aura pour but de mettre en perspective voire de confronter certaines
pratiques littéraires et artistiques issues du monde anglophone qui tentent de répondre, chacune à
leur manière, au défi que constitue l’absence. Cette diversité pourra nous permettre une
confrontation entre les genres, les formes et les media à travers laquelle nous tâcherons de voir en
quoi l’absence peut fonder une esthétique, en quoi vides, silences et zones d’ombre sont aussi les
conditions de possibilité d’un apparaître, les pauses nécessaires à l’originalité d’une syntaxe poétique
ou les incertitudes qui créent l’indécidabilité de toute œuvre, relançant le désir du lecteur/spectateur
et le travail interprétatif.
On peut d’ores et déjà esquisser quelques pistes de réflexion pour les propositions de
communication:
– L’écriture de la mémoire ou de la perte : autobiographie, autofiction, élégie, mémoires,
écritures du trauma…
– Les figures du spectre, représentation archétypale de la présence d’une absence.
– Les esthétiques de la trace, reste d’une présence disparue : « ça-a-été » de la photographie
décrit par Barthes, écriture fragmentaire du souvenir, peinture comme empreinte d’un geste
ou d’un corps…
– Les jeux sur l’absence des codes et attentes littéraires et esthétiques.
– Les figures de l’absence dans les arts visuels : esthétique du sublime, du vide, absence de
figuration, anamorphose comme présence incertaine.
– Paradoxe de l’absence au théâtre, lieu par excellence de la (co-)présence : figures du vide,
omniprésence de l’attente, hors-scène…
– Ecritures des minorités invisibles et marges silencieuses qui donnent une voix aux absents et
aux hors-cadre.
– Enjeux de la réception : figure absente du lecteur/spectateur comme interlocuteur imaginaire
du texte qui, paradoxalement, informe l’œuvre.
– L’écriture de la mémoire ou de la perte : autobiographie, autofiction, élégie, mémoires,
écritures du trauma…
– Les figures du spectre, représentation archétypale de la présence d’une absence.
– Les esthétiques de la trace, reste d’une présence disparue : « ça-a-été » de la photographie
décrit par Barthes, écriture fragmentaire du souvenir, peinture comme empreinte d’un geste
ou d’un corps…
– Les jeux sur l’absence des codes et attentes littéraires et esthétiques.
– Les figures de l’absence dans les arts visuels : esthétique du sublime, du vide, absence de
figuration, anamorphose comme présence incertaine.
– Paradoxe de l’absence au théâtre, lieu par excellence de la (co-)présence : figures du vide,
omniprésence de l’attente, hors-scène…
– Ecritures des minorités invisibles et marges silencieuses qui donnent une voix aux absents et
aux hors-cadre.
– Enjeux de la réception : figure absente du lecteur/spectateur comme interlocuteur imaginaire
du texte qui, paradoxalement, informe l’œuvre.
Modalités de soumission :
– La journée est ouverte à tous.
– Les propositions seront de 350 mots maximum et accompagnées d’une courte notice bio et/ou
bibliographique.
– Adresse d’envoi : laboratoire.ovale@gmail.com
– Langues des résumés et des communications : français ou anglais
– Durée des communications : 20 minutes
– La journée est ouverte à tous.
– Les propositions seront de 350 mots maximum et accompagnées d’une courte notice bio et/ou
bibliographique.
– Adresse d’envoi : laboratoire.ovale@gmail.com
– Langues des résumés et des communications : français ou anglais
– Durée des communications : 20 minutes
Calendrier :
– Date limite de soumission : 6 mars 2016
– Date de réponse : à partir du 14 mars 2016
– Date limite de soumission : 6 mars 2016
– Date de réponse : à partir du 14 mars 2016
Comité Scientifique:
Bastien Goursaud
Elsa Lorphelin
Déborah Prudhon
Prof. Elisabeth Angel-Perez
Prof. Pascal Aquien
Prof. Alexis Tadié
Bastien Goursaud
Elsa Lorphelin
Déborah Prudhon
Prof. Elisabeth Angel-Perez
Prof. Pascal Aquien
Prof. Alexis Tadié
English version:
CALL FOR PAPERS
Aesthetics of Absence
June 10th 2016
Annual one-day conference organized by the seminar for doctoral students OVALE, as part of VALE EA4085
Paris-Sorbonne University
From the Ineffable to contemporary considerations on the absence of meaning, on spectrality
and on the ‘post-human’; through ‘poetics of silence’ and the representations of emptiness, the
figures of absence inform art and literature with their paradoxical presence. This reflection on the
limits of language and representation thus shapes Western thought and aesthetics, and the art of
representing absence is central to modern literature – especially from the mid-nineteenth century
onwards. The second half of the twentieth century saw the emergence of an increasing interest in
this fundamental aesthetic problem – the end of what Lyotard calls ‘the Great Narratives’ left a
gaping intellectual void in the Arts. Loss, expectation and therefore the obvious absence of the
Divine unsettled the possibility of an artistic transcendence, of a representative ‘beyond’.
Nonetheless, the figures of absence do not merely stem from a fear of nothingness, for they are
always part of a dialectics which involves presence. Indeed, absence, unless read as a mere
synonym for ‘nothingness’, can only be understood in relation to its opposite. Absence is always the
absence of something, the negation of a presence as the Latin root of the word suggests – ab-sentia
which literally means ‘non-presence’.
Thus, the aesthetic paradox that was mentioned earlier consists in giving a shape to that-which-isnot-here,
in creating around – and from – a ‘nothingness’ in order to apprehend or exorcise its
presence. This paradox is an invitation to examine a vast diversity of figurative strategies that
confront the notion of absence, and to speak not just of one but of a variety of aesthetics of absence.
This one-day conference will seek to put into perspective and to confront several literary and
artistic practices from the English-speaking world which attempt to answer, each in their own way,
the challenge presented by absence. This diversity will allow us to confront genres, forms and
media and by doing so we will try to understand how the concept of absence can found an
aesthetics; how blank spaces, silences and blind spots may also be the necessary conditions for
revelation, the pauses necessary to a poetic syntax and the uncertainties which underlie the
undecidability of any work of art, thus rekindling the reader/spectator’s desire and the interpretative
work.
Proposals may consider but are not limited to:
– Poetics of rememberance or loss: autobiography, autofiction, elegy, memoirs, trauma writing…
– Figures of the spectre as an archetypal representation of the presence of an absence…
– Aesthetics of the mark, as the remnant of something which is no longer there: the (concept of
the) «ça-a-été» (« that which once was ») of photography as described by Barthes, fragmentary
writing and memories, painting as the trace / imprint of a movement or a body…
– The play on the absence of literary and aesthetic codes and expectations…
– Figures of absence in the visual arts: aesthetics of the Sublime, absence of figuration,
anamorphosis as uncertain presence…
– The paradox of absence in drama and on stage, location par excellence of the (co-)presence:
figures of emptiness, omnipresence of the horizon of expectation, offstage…
– The writing of invisible minorities and silent margins which grant the absent and unrepresented
a voice…
– The issue of reception: the absent figure of the reader/audience as the imaginary interlocutor of
a text who, paradoxically, informs the work…
Submission guidelines:
– The conference is open to all
– Abstracts should be 350 words maximum, submitted with a short biographical note
– Abstracts and questions should be submitted to: laboratoire.ovale@gmail.com
– Language of abstracts and papers: French or English
– Papers must not exceed 20 minutes in duration
Calendar:
– Submission deadline: March 6th, 2016
– Feedback: starting March, 14th 2016
Scientific committee :
Bastien Goursaud
Elsa Lorphelin
Déborah Prudhon
Prof. Elisabeth Angel-Perez
Prof. Pascal Aquien
Prof. Alexis Tadié