Toulouse Jeudi 9 juin 2017 : Altérité et étrangeté dans le récit bref de science-fiction. Journée d’Étude du séminaire de l’IRPALL « Fictions de mondes possibles »

Toulouse Jeudi 9 juin 2017 Altérité et étrangeté dans le récit bref de science-fiction
Journée d’Étude du séminaire de l’IRPALL « Fictions de mondes possibles »

Le récit bref de science-fiction ou d’anticipation tend, à certaines périodes précises, à refléter les visions,
les problèmes et les conflits d’un monde en crise, notamment au cours des épisodes saillants de tension
qui ont marqué le XXe siècle et le début du XXIe siècle. On peut en effet observer un certain nombre
de convergences, dans ce domaine, entre oeuvres d’aires linguistiques diverses et donc spécifiques, et
l’on constate que dans bien des récits écrits durant ces périodes charnières ou s’y référant, se mettent en
place les représentations décalées (distanciées ou « étrangéifiées », si l’on préfère) de phénomènes de
basculement, de franchissement de seuil, de changements de paradigme (linguistique, stylistique,
philosophique, social, politique, technologique, humain). La narration de ces phénomènes, par son
inventivité même, devient en quelque sorte un miroir, parfois paradoxal, de l’Histoire.
Si l’on affine la perspective, on aboutit à la conclusion que, dans un certain nombre de récits de
science-fiction et d’anticipation, ces phénomènes renvoient à la thématique de l’altérité, qui apparaît
clairement dessinée sous des visages divers : du désormais classique « double » au clone et au cyborg, à
l’alien et au « transhumain » comme altération (et aliénation) de l’humain, jusqu’à de nouvelles
modulations de l’Unheimliche ou inquiétante étrangeté freudienne, qui hantait et hante encore les récits
du genre fantastique. L’« Âge des extrêmes » (selon les termes d’Éric Hobsbawm) a inspiré nombre de
visions inventives qui permettent de considérer sous d’autres angles les territoires, les temporalités et
jusqu’aux existences des êtres. À des distances nouvelles et sous des perspectives « autres », l’histoire
humaine se trouve ainsi redessinée dans des voisinages inédits, des « terres étrangères » ou des
temporalités insolites qui reproduisent les clivages et affinités historiques. C’est ce que l’on peut lire en
filigrane dans Chroniques martiennes de Ray Bradbury (1950), Voisins d’ailleurs de Clifford Simak, Les Perles
du temps de Gérard Klein (1958), Persistances de la vision de John Varley (1978), L’anniversaire du monde
d’Ursula Le Guin (2002), Radieux de Greg Egan (1998), Le Haut-Lieu de Serge Lehman (2008), les
nouvelles de Laurent Genefort, celles d’Élisabeth Vonaburg, ou les « réalités déviantes » de Philip K.
Dick (pour ne donner que quelques jalons-phares d’un territoire spatio-temporel bien plus ample, qu’il
s’agisse des époques ou des aires linguistiques).
C’est donc cette perspective de l’altérité (des altérités) qui constituera l’axe central de la réflexion
au cours de cette journée d’études. Outre l’analyse narratologique et stylistique de la distanciation (ou
« étrangéification », « estrangement », « straniamento », « ostranienie » et autres termes spécifiques aux
différentes aires linguistiques principalement mais pas exclusivement européennes (italienne, allemande,
anglaises, espagnole, française, polonaise, russe, …) qui pourront être ici envisagées, il conviendra de
s’intéresser aux diverses facettes de l’altérité telles que présentées par ces récits. Il pourra s’agir des
« terres étrangères (à coloniser, terraformer, etc.), des « temps parallèles », de la rencontre (notamment
amoureuse) avec l’autre, des « figures de l’autre » (extraterrestres, intelligences artificielles, etc.), des
inventions fondées sur les possibilités ou les aléas des sciences (robots, androïdes, mutations, clonage,
informatique, etc.) ou des questions philosophiques posées par l’identité en tant que telle (par exemple
certains des récits de Poul Anderson, dans Le Chant du barde).
L’enjeu de cette réflexion sera dans tous les cas d’observer comment le récit bref de sciencefiction
et d’anticipation donne « un visage neuf à de vieilles questions » (Roger Bozzetto), en quelle
mesure les questions posées par la communication et par l’altérité refondent les approches de nos
« histoires naturelles » et de nos « vices de forme » (Primo Levi). Cette perspective nous amènera à
envisager comment cette littérature peut être à la fois un outil d’analyse des cultures et une source de
contre-culture.
Les communications de cette journée d’étude feront l’objet d’une publication.
Les propositions de communication, d’une page, accompagnée d’une brève notice biographique, sont à transmettre à Yves Iehl (iehl.yves@free.fr) jusqu’au 15 avril 2017.
Organisateurs :
Yves Iehl, Université Toulouse 2 (iehl.yves@free.fr)
Jean Nimis, Université Toulouse 2 (jean.nimis@univ-tlse2.fr


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