Programme de l’agrégation, session 2012

Écrit : tronc commun

I – Littérature

1. William Shakespeare, The Winter’s Tale, ed. Stephen Orgel. Oxford, OUP : Oxford World’s Classics, 1996. (N.B. L’édition Penguin Shakespeare sera utilisée à l’oral.)

2. William Wordsworth & Samuel Taylor Coleridge, Lyrical Ballads [1798], Volume one (pp. 47-166). Londres, Routledge Classics, 2005.

3. Thomas Hardy, Far from the Madding Crowd [1874]. Londres, Norton Critical Edition, 1986. Film de John Schlesinger (1967).

4. Ernest Hemingway, Fiesta : The Sun Also Rises [1927]. Londres, Arrow Books, 2004.

5. Philip Roth, American Pastoral [1997]. New York, Vintage Books, 1998.

II – Civilisation

1 – Le Parti libéral en Grande-Bretagne, 1906-1924

Devenu une force politique incontournable dans la seconde moitié du XIXème siècle, le Parti libéral accède de nouveau au pouvoir en décembre 1905, suite à la démission d’Arthur Balfour, puis il remporte les élections législatives de 1906, porté par un raz-de-marée électoral. Pourtant, moins de vingt ans plus tard, en 1924, le Parti libéral a pratiquement cessé d’exister et n’a plus au Parlement qu’une représentation symbolique en comparaison de ce qu’il avait connu en 1906. Pris ensuite au piège d’une guerre qu’il ne souhaite pas et qui va à l’encontre de nombre de ses principes, le Parti libéral se voit contraint de mettre en place de nombreuses mesures liées à l’effort de guerre. Contesté à gauche, dépassé par sa droite, divisé en son sein, le Parti libéral amorce alors un lent déclin qui le mènera vers la place peu enviable de tiers parti au sein du système politique britannique à partir des années 1930. C’est ce déclin, dans un contexte particulier de paix et de guerre, que l’on étudiera ici, en prêtant une attention toute particulière aux points suivants :

1. Le « Nouveau Libéralisme »

Le « Nouveau libéralisme », s’affiche résolument comme une force de progrès radical, prête à faire intervenir l’État, dans une certaine mesure, dans des domaines comme la sécurité sociale ou les réformes fiscales (nouvelle assiette de l’impôt, réforme des impôts indirects ; remboursement de la dette publique, budgets de 1909 et 1914 en particulier).

2. La recomposition du paysage politique et social

Le paysage politique fut transformé durablement pendant les années 1905-1924 et il conviendra d’étudier : les enjeux électoraux et les rivalités avec les deux autres partis ; les alliances politiques et les coalitions ; les luttes intestines au sein du Parti libéral ; le rôle des personnalités politiques ; le divorce des aspirations libérales et ouvrières, et l’assise électorale du Parti libéral qui devient clairement celle des classes moyennes. Sans oublier les mouvements sociaux dans un contexte de crise économique et de montée du chômage.

3. Les enjeux et les crises

Le déclin du Parti libéral s’inscrit dans un contexte de crises qu’il réussit plus ou moins bien à gérer : la crise constitutionnelle de 1909-1911 et le refus répété des Lords de voter certaines lois adoptées par les Communes ; la réforme du Parlement de 1911 ; l’élargissement du suffrage ; la réforme du système politique ; le désétablissement de l’Église anglicane en Écosse et au Pays de Galles ; la « question irlandaise » du Home Rule et le risque de guerre civile en Irlande (le débat interne aux nationalistes irlandais est exclu de la question).

4. Les courants historiographiques

La quasi-disparition d’un grand parti de gouvernement dès 1924 a offert de nombreuses pistes aux chercheurs. Il s’agit ici d’explorer le débat historiographique autour de cette question, en examinant les facteurs et la chronologie qui sont avancés pour l’expliquer, fondant ainsi les différentes écoles historiques sur le sujet. Quels sont les indicateurs retenus et pourquoi ? On évaluera l’importance du déclin libéral dans le contexte plus large de l’évolution du Royaume-Uni au début du XXème siècle.

2 – Révoltes et utopies : la contre-culture américaine des années soixante

Malgré quelques voix dissonantes, les années cinquante avaient constitué aux États-Unis une période de relative harmonie sociale et de consensus culturel. Mais avec l’entrée à l’université de la génération issue du baby-boom, un nouvel état d’esprit se dessine progressivement. Les enfants de la classe moyenne blanche, plus ou moins directement inspirés par les expériences littéraires et philosophiques de la Beat Generation, commencent à remettre en question les valeurs et les pratiques de leurs parents, celles de l’Amérique mainstream. Ce qui avait débuté, avec l’émergence de la musique rock, par une timide évolution des goûts artistiques se transforme alors en une critique globale de la société. La jeunesse devient le moteur du changement et se place au centre de la vie culturelle et bientôt politique et économique du pays, contestant les hiérarchies établies, rejetant les contraintes de tous ordres.

Cette période de bouleversements culturels, politiques et sociaux sans précédents, auquel l’ouvrage de Theodore Roszak, The Making of a Counter Culture (1968) a donné son nom, se caractérise par deux phénomènes complémentaires : une vague de contestation d’ordre social et politique et l’émergence de nouvelles pratiques culturelles.
La contestation porte entre autres sur les pratiques consuméristes qui fondent l’organisation capitaliste du pays et met en place les prémices du mouvement environnementaliste. Elle concerne par ailleurs les différentes minorités ethniques, qui se radicalisent progressivement : les communautés africaine-américaine (Black Power), amérindienne (Red Power) et mexicaine-américaine (Brown Power). L’époque est également marquée par le renouveau d’un féminisme (Women’s Lib) qui se conjugue aux revendications de la communauté homosexuelle. Plus encore, la guerre du Viêt Nam, après avoir recueilli l’approbation de la majorité des Américains, fait l’objet d’une critique virulente qui touche l’ensemble de la population. La vie politique américaine se durcit sous l’influence d’une « Nouvelle Gauche » militante, voire radicale, du Port Huron Statement (1962) jusqu’aux bombes des Weathermen, en passant par de violentes manifestations sur les campus universitaires et la remise en cause d’une recherche scientifique dédiée au complexe militaro-industriel.

En parallèle, de nouvelles pratiques artistiques et sociales apparaissent. Elles s’articulent autour de pratiques spécifiques (musique rock, bandes dessinées, Pop Art, théâtre de rue, happenings, cinéma expérimental), de nouvelles modalités de rapports humains (révolution sexuelle, mouvements hippie et yippie, communes), et d’expérimentations avec les drogues (marijuana, LSD) que relaient les nouveaux médias (presse underground, fanzines, nouveau journalisme).

Pourtant, les contradictions ne manquent pas et il faudra s’interroger sur les limites et les ambiguïtés d’une période qui voit la musique populaire devenir une industrie de masse, l’amour libre déboucher sur la pornographie et la critique de la société de consommation régénérer Madison Avenue. Par ailleurs, si la contre-culture s’avère très médiatique, elle ne concerne qu’une fraction relativement modeste de la population, en termes d’âge, de classe sociale, de groupe ethnique ou de localisation géographique. Il conviendra également de s’interroger sur les interprétations contradictoires auxquelles elle a donné lieu, au sein de la droite conservatrice comme de la gauche radicale : s’agit-il d’une véritable révolution ou d’un simple moment de récréation hédoniste ? Comment cette période s’insère-t-elle dans la tradition démocratique américaine et au sein d’une histoire marquée par les rébellions et les utopies religieuses et sociales ?

La période concernée s’étend de la fin des années cinquante (émergence d’Elvis Presley sur la scène nationale, mise au point de la pilule contraceptive en 1956, influence de films comme Rebel Without a Cause [1955], etc.) jusqu’aux premières années de la décennie soixante-dix, lorsque le mouvement s’essouffle et change de nature, avec le départ des derniers Américains du Viêt Nam (1975) et l’intensification des violences raciales et politiques.

III – Linguistique

a) Phonologie

Bibliographie

- Jones, D., English Pronouncing Dictionary, 16ème édition. Cambridge, Cambridge University Press, 2003.
- Wells, J. C., Longman Pronunciation Dictionary, 3ème édition. Londres, Longman, 2008.

b) Grammaire

Les questions ne s’appuient pas sur un programme.


Oral

I – Épreuves à option

Le programme des options A et B est constitué par le programme des épreuves d’admissibilité auquel s’ajoute, pour chaque candidat, le programme ci-dessous correspondant à l’option A ou B qu’il a choisie au moment de l’inscription :

A – Littérature

- Janet Frame, The Lagoon and Other Stories [Paperback edition] [1951]. Londres, Bloomsbury, 1997.
- Tom Stoppard, Arcadia. Londres, Faber and Faber, 1993.

B – Civilisation

Adam Ferguson, An Essay on the History of Civil Society [1767], ed. Fana Oz-Salzberger. Cambridge, Cambridge University Press, 1995.

C – Linguistique

a) Commentaire de texte : épreuve hors programme. Dans son commentaire, le candidat devra traiter un sujet choisi par le jury et il pourra aussi, s’il le souhaite, consacrer une partie de son exposé à tout phénomène linguistique représenté dans le texte.

b) Leçon : dans le cadre du programme ci-dessous, il est demandé au candidat de répondre à une question d’ordre théorique ou de discuter une ou plusieurs affirmations de linguistes tout en illustrant son argumentation à l’aide d’exemples tirés d’un corpus d’anglais contemporain qui lui sera fourni lors de la remise du sujet. Des connaissances théoriques sont attendues.

L’ellipse et l’anaphore.

II – Épreuves communes

Lors de la préparation de l’épreuve hors programme en anglais, les candidats auront à leur disposition :
- Dictionnaires unilingues anglais et américain.
- The Encyclopaedia Britannica .

NB – Les éditions sont données à titre indicatif.


Agrégation interne 2012

Épreuves écrites et orales

I – Littérature

1. William Shakespeare, The Winter’s Tale. Ed. Stephen Orgel, Oxford, OUP : Oxford World’s Classics, 1996

NB-L’édition Penguin Shakespeare sera utilisée à l’oral.

2.Thomas Hardy, Far from the Madding Crowd [1874]. Londres, Norton Critical Edition, 1986. Film de John Schlesinger (1967).

3. Philip Roth, American Pastoral [1997]. New York, Vintage Books, 1998.

II – Civilisation

1 – Le Parti libéral en Grande-Bretagne, 1906-1924

Devenu une force politique incontournable dans la seconde moitié du XIXème siècle, le Parti libéral accède de nouveau au pouvoir en décembre 1905, suite à la démission d’Arthur Balfour, puis il remporte les élections législatives de 1906, porté par un raz-de-marée électoral. Pourtant, moins de vingt ans plus tard, en 1924, le Parti libéral a pratiquement cessé d’exister et n’a plus au Parlement qu’une représentation symbolique en comparaison de ce qu’il avait connu en 1906. Pris ensuite au piège d’une guerre qu’il ne souhaite pas et qui va à l’encontre de nombre de ses principes, le Parti libéral se voit contraint de mettre en place de nombreuses mesures liées à l’effort de guerre. Contesté à gauche, dépassé par sa droite, divisé en son sein, le Parti libéral amorce alors un lent déclin qui le mènera vers la place peu enviable de tiers parti au sein du système politique britannique à partir des années 1930. C’est ce déclin, dans un contexte particulier de paix et de guerre, que l’on étudiera ici, en prêtant une attention toute particulière aux points suivants :

1. Le « Nouveau Libéralisme »

Le « Nouveau Libéralisme » s’affiche résolument comme une force de progrès radical, prête à faire intervenir l’État, dans une certaine mesure, dans des domaines comme par exemple la sécurité sociale ou les réformes fiscales (nouvelle assiette de l’impôt, réforme des impôts indirects ; remboursement de la dette publique, budgets de 1909 et 1914 en particulier).

2. La recomposition du paysage politique et social

Le paysage politique fut transformé durablement pendant les années 1905-1924 et il conviendra d’étudier : les enjeux électoraux et les rivalités avec les deux autres partis ; les alliances politiques et les coalitions ; les luttes intestines au sein du Parti libéral ; le rôle des personnalités politiques ; le divorce des aspirations libérales et ouvrières, et l’assise électorale du Parti libéral qui devient clairement celle des classes moyennes. Sans oublier les mouvements sociaux dans un contexte de crise économique et de montée du chômage.

3. Les enjeux et les crises

Le déclin du Parti libéral s’inscrit dans un contexte de crises qu’il réussit plus ou moins bien à gérer : la crise constitutionnelle de 1909-1911 et le refus répété des Lords de voter certaines lois adoptées par les Communes ; la réforme du Parlement de 1911 ; l’élargissement du suffrage ; la réforme du système politique ; le désétablissement de l’Église anglicane en Écosse et au Pays de Galles ; la « question irlandaise » du Home Rule et le risque de guerre civile en Irlande (le débat interne aux nationalistes irlandais est exclu de la question).

4. Les courants historiographiques

La quasi-disparition d’un grand parti de gouvernement dès 1924 a offert de nombreuses pistes aux chercheurs. Il s’agit ici d’explorer le débat historiographique autour de cette question, en examinant les facteurs et la chronologie qui sont avancés pour l’expliquer, fondant ainsi les différentes écoles historiques sur le sujet. Quels sont les indicateurs retenus et pourquoi ? On évaluera l’importance du déclin libéral dans le contexte plus large de l’évolution du Royaume-Uni au début du XXème siècle.

2 – Révoltes et utopies : la contre-culture américaine des années soixante
Malgré quelques voix dissonantes, les années cinquante avaient constitué aux États-Unis une période de relative harmonie sociale et de consensus culturel. Mais avec l’entrée à l’université de la génération issue du baby-boom, un nouvel état d’esprit se dessine progressivement. Les enfants de la classe moyenne blanche, plus ou moins directement inspirés par les expériences littéraires et philosophiques de la Beat Generation, commencent à remettre en question les valeurs et les pratiques de leurs parents, celles de l’Amérique mainstream. Ce qui avait débuté, avec l’émergence de la musique rock, par une timide évolution des goûts artistiques se transforme alors en une critique globale de la société. La jeunesse devient le moteur du changement et se place au centre de la vie culturelle et bientôt politique et économique du pays, contestant les hiérarchies établies, rejetant les contraintes de tous ordres. Cette période de bouleversements culturels, politiques et sociaux sans précédents, auquel l’ouvrage de Theodore Roszak, The Making of a Counter Culture (1968) a donné son nom, se caractérise par deux phénomènes complémentaires : une vague de contestation d’ordre social et politique et l’émergence de nouvelles pratiques culturelles.

La contestation porte entre autres sur les pratiques consuméristes qui fondent l’organisation capitaliste du pays et met en place les prémices du mouvement environnementaliste. Elle concerne par ailleurs les différentes minorités ethniques, qui se radicalisent progressivement : les communautés africaine-américaine (Black Power), amérindienne (Red Power) et mexicaine-américaine (Brown Power). L’époque est également marquée par le renouveau d’un féminisme (Women’s Lib) qui se conjugue aux revendications de la communauté homosexuelle. Plus encore, la guerre du Viêt Nam, après avoir recueilli l’approbation de la majorité des Américains, fait l’objet d’une critique virulente qui touche l’ensemble de la population. La vie politique américaine se durcit sous l’influence d’une « Nouvelle Gauche » militante, voire radicale, du Port Huron Statement (1962) jusqu’aux bombes des Weathermen, en passant par de violentes manifestations sur les campus universitaires et la remise en cause d’une recherche scientifique dédiée au complexe militaro-industriel.

En parallèle, de nouvelles pratiques artistiques et sociales apparaissent. Elles s’articulent autour de pratiques spécifiques (musique rock, bandes dessinées, Pop Art, théâtre de rue, happenings, cinéma expérimental), de nouvelles modalités de rapports humains (révolution sexuelle, mouvements hippie et yippie, communes), et d’expérimentations avec les drogues (marijuana, LSD) que relaient les nouveaux médias (presse underground, fanzines, nouveau journalisme).

Pourtant, les contradictions ne manquent pas et il faudra s’interroger sur les limites et les ambiguïtés d’une période qui voit la musique populaire devenir une industrie de masse, l’amour libre déboucher sur la pornographie et la critique de la société de consommation régénérer Madison Avenue. Par ailleurs, si la contre-culture s’avère très médiatique, elle ne concerne qu’une fraction relativement modeste de la population, en termes d’âge, de classe sociale, de groupe ethnique ou de localisation géographique. Il conviendra également de s’interroger sur les interprétations contradictoires auxquelles elle a donné lieu, au sein de la droite conservatrice comme de la gauche radicale : s’agit-il d’une véritable révolution ou d’un simple moment de récréation hédoniste ? Comment cette période s’insère-t-elle dans la tradition démocratique américaine et au sein d’une histoire marquée par les rébellions et les utopies religieuses ?

La période concernée s’étend de la fin des années cinquante (émergence d’Elvis Presley sur la scène nationale, mise au point de la pilule contraceptive en 1956, influence de films comme Rebel Without a Cause [1955], etc.) jusqu’aux premières années de la décennie soixante-dix, lorsque le mouvement s’essouffle et change de nature, avec le départ des derniers Américains du Viêt Nam (1972) et l’intensification des violences raciales et politiques.

NB – Les éditions sont données à titre indicatif.


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