La 11e section du CNU, réunie en assemblée plénière le 14 mai 2025, s’associe à la Société des anglicistes de l’enseignement supérieur (communiqué du 7 avril) pour dénoncer la énième réforme du recrutement et de la formation des enseignant·es, « CAPES externe bac+3 ». Comme toutes les précédentes, elle a été imposée dans la précipitation et pose tout d’abord problème sur la forme : une absence de dialogue et de prise en compte de l’expertise et de l’expérience des enseignant·es du secondaire et du supérieur ; des délais de mise en œuvre totalement irrespectueux des enseignant·es, des enseignant·es-chercheurs·ses qui forment les candidat·es et des futur·es candidat·es dont le parcours de formation est bouleversé en cours de licence ; enfin, les institutions ne disposent pas des moyens financiers et humains pour adapter leurs maquettes pédagogiques. Sur le fond, la réforme propose une précocité du recrutement qui réduit la formation disciplinaire universitaire en amont du CAPES à seulement quatre semestres acquis, remet en question la possibilité d’un séjour prolongé à l’étranger dans le cadre d’un échange ou d’un assistanat, ce qui est particulièrement dommageable pour de futur·es enseignant·es de langue vivante, remet en cause la possibilité de stage de licence, supprime le mémoire de recherche en Master alors qu’il permet aux étudiant·es d’amorcer une réflexion sur leur propre pratique. La réforme oublie aussi de prendre en compte le sort des étudiant·es non lauréat·es du concours. De surcroît, les promesses gouvernementales de revalorisation salariale ne répondent pas suffisamment au manque d’attractivité financière du métier : le salaire d’entrée est passé de 2,2 SMIC en 1980 à 1,2 SMIC en 2022 pour un·e certifié·e dans le secondaire. La 11e section du CNU rejoint pleinement l’analyse de la SAES et « ne peut souscrire à une telle vision de la profession d’enseignant·es de langues et demande instamment aux deux Ministères portant cette réforme de revoir leur copie et d’ouvrir de réelles négociations avec les premiers acteurs et actrices concerné·es, qui se trouvent être les mieux placé·es pour donner un avis éclairé sur la question : les enseignant·es et enseignant·es-chercheurs·ses des universités et des INSPE. » La 11e section du CNU estime que l’appauvrissement de la formation et la détérioration continue des conditions d’exercice du métier ne feront qu’aggraver la crise des vocations déjà induite par les réformes antérieures.
Voté à l’unanimité des 43 présents le 14/05/25.