Mardi et mercredi 26-27 Septembre 2017 Université du Sud-Danemark, Odense, DanemarkLangEnact II Le sens sans représentation: l’inscription du langage dans les coordinations sensorimotrices

LangEnact II

 

Le sens sans représentation: l’inscription du langage dans les coordinations sensorimotrices

Mardi et mercredi 26-27 Septembre 2017

Université du Sud-Danemark, Odense, Danemark

 

Suite au succès du colloque “Langage et Enaction » (Clermont-Ferrand, France, 1-3 juin 2016), le Centre pour l’Interactivité Humaine (Centre for Human Interactivity) vous invite à participer à LangEnact II. Le deuxième colloque LangEnact est organisé par un comité international: Stephen Cowley et Sune Steffensen (Université Sud Danemark), Didier Bottineau (Université Paris Nord), Michaël Grégoire (Université Clermont Auvergne) et Alexander Kravchenko (Université Baikal de Droit et d’Economie, Irkoutsk, Russie). LangEnact II se concentrera sur les questions fondatrices liées au thème: Le sens sans représentation: l’inscription du langage dans les coordinations sensorimotrices.

 

PRESENTATION DU COLLOQUE

 

Contestant l’habitude de réduire le langage à des formes et des règles, les approches écologique et énactive imputent toutes deux l’activité langagière à des coordinations sensorimotrices. Cela étant, deux traditions contrastées sont apparues dans des contextes distincts. D’un côté, certaines théories linguistiques françaises liées à l’énonciation partent de la corporéité (embodiment) du signifiant et de la submorphémie pour relier l’énactivisme à l’étude des langues naturelles. D’un autre côté, les partisans d’une conception écologique et distribuée de la cognition ont relié le langage ou, plus précisément, le languaging à la manière dont l’activité humaine se profile dans le cadre des interactions vécues. En repartant des conceptions du rapport “Langage et énaction” développées à LangEnact I, le colloque de 2017 vise à créer le lien entre ces deux courants en s’interrogeant sur la manière dont les corps contribuent à produire un monde signifiant constitué de paysages sonores audibles, dans la diversité des langues naturelles et par la dynamique du languaging.

 

A cette date, nous avons le plaisir d’annoncer les conférenciers invités suivants:

 

Joanna Rączaszek-Leonardi, Université de Varsovie et Académie des Sciences de Pologne

John Stewart, Université de Compiègne, France

 

Nous prévoyons d’ajouter d’autres conférenciers invités une fois les confirmations obtenues (voir le site du colloque).

 

 

 

LE LANGAGE PAR-DELÀ LA REPRESENTATION: DEUX TRADITIONS

 

Les conceptions radicales de l’incarnation langagière proposent une voie qui diffère de l’internalisme centré sur le fait neuronal. S’inspirant des travaux de Wittgenstein sur les communautés et de la phénoménologie du corps de Merleau-Ponty, elles s’appuient également sur les propositions novatrices de Hutchins et Kirch sur la cognition délocalisée du cerveau. Dans ce cadre, le sens, et, dans le cas de la vie humaine, le langage, participent de ce que Francisco Varela et Humberto Maturana appellent l’avènement conjoint d’un monde et d’un esprit:

“(…) la cognition, loin d’être la représentation d’un monde prédonné, est l’avènement conjoint d’un monde et d’un esprit à partir de l’histoire des diverses actions qu’accomplit un être dans le monde. (Varela, Thompson, Rosch, L’inscription corporelle de l’esprit. Sciences cognitives et expérience humaine, Seuil, p. 35).

 

Jusqu’à récemment, les détracteurs des théories computationnelles de l’esprit ont eu tendance à adopter des théories linguistiques représentationnalistes où à se désintéresser de la question du langage. Pour étayer la relation entre cognition et langage, nous soulevons la question du “langage sans représentation” en explorant comment le langage peut être un moyen efficace de coordination interpersonnelle tout en étant ancré dans des corps individuels qui font advenir des mondes vécus et fédérés par la culture. Le colloque resitue ce questionnement à la croisée de deux traditions: la linguistique énactive, qui part de l’incarnation pour reconsidérer les théories de l’énonciation à la française et la nature des langues naturelles; et la perspective écologique distribuée, qui part des sciences cognitives et voit dans le langage non pas des constructions abstraites, mais la coordination de personnes par des mouvements corporels permettant de coopérer dans un monde (partiellement) commun.

 

POUR L’AMORÇAGE D’UN DIALOGUE

 

Ces traditions ont beaucoup en commun. Toutes deux rejettent le dualisme et les modèles qui réduisent le langage à l’utilisation de structures, de mots, ou au traitement de signaux. Toutes deux s’écartent de la description des langues comme systèmes formels par lesquels les humains relient des symboles à des fragments de monde prédonné ou à des représentations internes. De fait, les deux cherchent à savoir comment l’expérience sensorimotrice humaine a engendré la parole, le langage et les pratiques qui en découlent historiquement. Le langage est ainsi un phénomène à la fois distribué ou collectif et basé sur l’historique de l’activité sensorimotrice individuelle. Considéré dans son ensemble, le langage naturel contraint les interactions humaines selon des modalités dont les contributions et effets bénéfiques permettent aux organismes de s’auto-construire en tant que personnes. En somme, le langage dépend de ce qui est ressenti comme significatif et, compte tenu de sa réflexivité, peut également être analysé d’un point de vue spécifiquement sémantique.

 

Comme les théories linguistiques traditionnelles ne définissent pas le langage en termes de coordinations sensorimotrices, elles ont tendance à se focaliser sur la production verbale de formes qui seraient porteuses de sens en elles-mêmes. De ce fait, elles cherchent à déterminer comment ces formes, quelle que soit leur nature, produisent du sens en tant qu’expression linguistique d’une situation extralinguistique. En conséquence, elles recourent fréquemment à l’idée d’une représentation conçue soit comme facteur causal (comme dans les théories computationnelles), soit comme la réplique d’extensions de catégories sémantiques (comme dans le behaviorisme), soit comme la réalisation d’un processus sous-jacent (comme dans le mot représentation au sens français, dans son acception figurative plutôt que diplomatique). Par contraste, en linguistique énactive comme dans les travaux sous-tendus par la perspective écologique et distribuée, on cherche à savoir comment l’interactivité humaine co-évolue avec le savoir-faire qui oriente les potentiels sémantiques. On se demande donc comment le languaging, en tant que composante remarquable de l’interactivité, fait advenir le sens dans ses deux conceptions étendue et restreinte. D’un côté, il s’appuie sur des régularités pragmatiques et sémantiques, et des contraintes linguistiques; de l’autre, cette pratique  fait apparaître des focus attentionnels qui donnent aux situations une signification particulière. L’objectif principal du colloque est de permettre la concertation de ces points de vue en envisageant la parole dans les langues comme coordination écologique qui associe la phonation, l’articulation et la gestualité dans la perception et l’action humaine.

 

THEMES DE RECHERCHE

 

  1. Si l’activité sensorimotrice conjointe contribue à profiler les systèmes linguistiques, dans quelle mesure la diversité des langues naturelles implique-t-elle l’émergence interactive d’un sens linguistique spécifique?
  2. Etant donné que l’activité sensorimotrice est elle-même investie de valeur, évocatrice de présence, et, en ce sens, “signifiante”, comment s’insinue-t-elle dans le sens linguistique?
  3. Compte tenu du sens linguistique, les catégories langagières contraignent l’activité sensorimotrice. Au cours des interactions entre personnes, comment les agents coordonnent-ils leur activité motrice tout en s’appuyant sur des traditions culturelles?
  4. Comment les agents individuels et collectifs prennent-ils part à la diversité du languaging et des pratiques culturelles dans le contexte des communautés, des unités, et d’un temps de vie où s’articulent l’expérience et l’expertise?

 

Vous êtes invités à soumettre des résumés (500 mots maximum plus références) au comité d’organisation,  chi@sdu.dk, date limite le 28 avril 2017. Le comité prévoit de communiquer les résultats du processus de sélection le 26 mai 2017.

 

POUR PLUS D’INFORMATIONS

Web: www.sdu.dk/CHI & http://www.sdu.dk/en/om_sdu/institutter_centre/c_chi/langenact+ii

Facebook: www.facebook.com/centhumint

Mail: CHI@sdu.dk

 

—————————————————–

 

Call for papers

 

 

LangEnact II

 

 

Meaning without representation: grounding language in sensorimotor coordination

 

Tuesday and Wednesday 26-27 September, 2017

at the University of Southern Denmark, Odense, Denmark

 

(preceded by pre-conference workshop, Centre for Human Interactivity, http://www.sdu.dk/en/om_sdu/institutter_centre/c_chi/langenact+ii )

 

 

Following the success of “Language and Enaction » (Clermont-Ferrand, France, 1-3 June 2016), the Centre for Human Interactivity invites you to contribute to LangEnact II. The second LangEnact conference is organized by an international committee that includes Stephen Cowley and Sune Steffensen (University of Southern Denmark), Didier Bottineau (Université Paris Nord), Michaël Grégoire (Université Clermont Auvergne) and Alexander Kravchenko (Baikal University of Economics & Law, Irkutsk, Russia). LangEnact II will pursue foundational issues associated with its theme: Meaning without Representation: Grounding Language in Sensorimotor Coordination.

 

CONFERENCE DESCRIPTION

 

Challenging the view that language is constituted by words and rules, both ecological and enactive work trace linguistic powers to sensorimotor coordination. In so doing, two largely separate traditions have arisen in different setting. On the one hand, French theories of ‘enunciation’ use the embodiment of sub-morphemic patterns to link enactivism to the linguistics of languages. On the other, those taking a distributed-ecological view of cognition have traced language or, precisely, languaging to how human activity is shaped by face-to-face coordination. Building on views of « Language and Enaction » developed at LangEnact I, the 2017 conference aims to bring these currents together. It will do so by tracing both languages and languaging to how human bodies attune to a world of meaning that uses audible linguistic soundscapes.

 

For now, we are pleased to announce following keynote speakers:

 

Joanna Rączaszek-Leonardi, Warsaw University and Polish Academy of Sciences

John Stewart, University of Compiègne, France

 

When we receive confirmations, we expect to add other keynotes to the list (see the webpage).

 

 

LANGUAGE BEYOND REPRESENTATION: TWO TRADITIONS

 

Radical embodied approaches to language offer an alternative to neurocentric views of the topic. They are inspired, on the one hand, by Wittgenstein’s focus on communities and Merleau-Ponty’s phenomenology of the body. On the other, they build on how Hutchins and Kirsh opened the way to studying cognition beyond the brain. Accordingly, meaning – and, in human forms of life, language – are taken to derive from what Francisco Varela and Humberto Maturana call the enactment of a world and a mind:

« (…) cognition is not the representation of a pre-given world by a pre-given mind but is rather the enactment of a world and a mind on the basis of a history of the variety of actions that a being in the world performs » (Varela, Thompson, Rosch, The embodied Mind, MIT Press, p. 9).

Until recently, those rejecting computational views of mind have tended to adopt representational linguistic models or to leave language out of account. In seeking to reconnect language with cognition, we address “meaning without representation.” By so doing, we ask how language can be, on the one hand, an effective means of interpersonal coordination and, on the other, grounded in individual bodies that bring forth an encultured and lived world. The conference places this question at the confluence of two traditions: while enactive linguistics makes embodiment central to rethinking French theories of ‘enunciation’ and the nature of langues (language-systems), the distributed-ecological perspective builds on cognitive science by tracing language, not to verbal patterns, but to how people coordinate bodily movement as they make their way in a (partly) common world.

 

BEGINNING A DIALOGUE

 

Much connects the two traditions. Both oppose dualism and models that reduce language to the use of patterns, words or input. Both turn from describing languages as formalized systems where human operators connect symbols with fragments of a pre-given world or inner representations. Indeed, both trace the human to how sensorimotor-based experience came to ground speech, language and historically derived practices. Language is thus both a distributed or collective phenomenon and also one based in individual histories of sensorimotor activity. Seen as a whole, natural language channels human interactivity in ways whose beneficial effects and contributions enable organisms to self-construct as persons. In short, language depends on what is experienced as meaningful and, given its reflexivity, can also be analysed in terms of meaning.

Because traditional linguistic theories do not trace language to ecological sensorimotor coordination, they tend to focus on the verbal production of intrinsically meaningful forms. Accordingly, they ask how those forms, whatever their nature, produce meaning, qua linguistic expression, of an extra-linguistic situation. As a result, they often use of a representation metaphor as causal (as in computational theories), as based on replicating extensions of semantic categories (as in behaviourism), or as conforming to an underlying script (as in the French use of représentation to echo dramaturgical performance). By contrast, within both enactive linguistics and work from a distributed-ecological view, one focuses on how the effects of human interactivity co-develop with know-how that bears on meaning potential. One thus asks how, as a striking component of interactivity, languaging brings forth meaning in both larger and narrower senses. On the one hand, it draws on pragmatic and semantic regularities (linguistic constraints) and, on the other, the activity creates foci of attention that give events a particular sense. The conference challenge is to concert these voices by recognizing speech as ecological coordination that binds phonation, articulation and gestures into human action/perception.

 

RESEARCH QUESTIONS

 

  1. If joint sensorimotor activity shapes language systems, to what extent does the diversity of natural languages specify the interactive emergence of linguistic meaning?
  2. Given that sensorimotor activity already has value, evokes presence, and is thus ‘meaningful’, how is it insinuated into linguistic meaning?
  3. Given linguistic meaning, language-based categories constrain sensorimotor activity. How, during face-to-face activity, do people concert their sensorimotor activity while drawing on cultural traditions?
  4. How do individual and collective agents engage with the diversity of languaging and cultural practices in the context of communities, activity-types, and a life span that unites expertise and experience?

 

Please send abstracts (up to 500 words plus references) to the chair of the organizing committee, chi@sdu.dk, by April 28, 2017.  The committee expects to make final decisions on the program by May 26, 2017.

 

FURTHER INFORMATION

Web: www.sdu.dk/CHI & http://www.sdu.dk/en/om_sdu/institutter_centre/c_chi/langenact+ii

Facebook: www.facebook.com/centhumint

Mail: CHI@sdu.dk


Publié

dans

par

Étiquettes :