(Adresse de contact pour obtenir le lien : line.cottegnies at paris-sorbonne.fr <mailto:line.cottegnies at paris-sorbonne.fr>) Site du projet: https://clios.hypotheses.org/ <https://clios.hypotheses.org/> ---------- 9 et 12 octobre 2020: Journée d’étude par ZOOM: «« Le théâtre d’actualité, fabrique de l’histoire à la Renaissance et à la période contemporaine : écrire, rejouer, réécrire » ? » (« Making history in early-modern and post-modern drama —Writing, retelling, reenacting, revising history? ») 9 Octobre 2020 14h-17h00 Anne Teulade (Univ. Rennes 2): « Tout est faux: Henry VIII de Shakespeare et Fletcher et l’écriture de l’histoire » Clotilde Thouret (Université de Lorraine) : « Politique tragique vs. politique comique: Richard III et A Game at Chess » John Gillies (University of Essex) : « Richard III, once and future king » 12/10/2020 – 14 h 00 – 18 h 30 Sabine Schülting (Freie Universität Berlin) : « The Strangers’ Case” – 1517, 1600 and 2016 » Anna Street (Le Mans Université) : « It’s a Jungle Out There: Refugee Theater in the Age of Migration. » Jean Du Verger (ENSMM, Besançon) : « Writing, rewriting and revisiting the Cold War in Tom Stoppard’s Plays » Marion Coste (Sorbonne Université): « “Every bad thing that could have happened has happened”: Staging historical forces behind the war in Iraq in David Hare’s Stuff Happens (2004) » Round Table : Elisabeth Angel-Perez, Line Cottegnies, Gordon McMullan (King’s College, London), Sabine Schülting (Freie Universität Berlin). ______________________________ RAPPEL : CFP (Scroll down for English version) Cette journée d’étude internationale s’intéressera à la manière dont le théâtre d’histoire immédiate, qui se nourrit d’histoire ou d’actualité, écrit une histoire parallèle pour devenir au propre comme au figuré la fabrique de l’histoire : c’est-à-dire comment il peut la construire et la modeler, la reconfigurer, la réviser voire la falsifier, et dans certains cas, interagir avec l’actualité. Le théâtre serait alors à penser dans un rapport actif à l’histoire tant dans la pensée critique qu’il en livre que dans la portée peut-être structurante qu’il exerce sur elle. Nous nous demanderons d’abord si le théâtre permet d’écrire l’histoire. Peut-il faire œuvre historiographique, et si oui, comment? Lorsque Shakespeare est invoqué à l’appui de l’historiographie, par exemple par Ernst Kantorowicz pour réfléchir, en 1957, à la théorisation de la doctrine des deux corps du roi, l’œuvre théâtrale permet à l’historien de penser l’histoire. L’historien traite le théâtre comme une forme de témoignage de la manière dont des faits historiques anciens sont appropriés à une période intermédiaire — à la fois éloignée de l’historien dans le temps et encore proche des événements figurés sur scène. Mais cette médiatisation n’a-t-elle pas orienté la lecture que fait Kantorowicz de la doctrine des deux corps du roi? De même, lorsqu’en 2015, on lit des scènes d’Henry V lors des commémorations du 600e anniversaire de la bataille d’Azincourt, le texte shakespearien permet de diffuser des sources historiques et historiographiques moins aisément accessibles, finissant, en un glissement insensible, par s’y substituer entièrement. De la même manière, on s’interrogera sur la manière dont la scène contemporaine médiatise l’histoire récente et donne à entendre un discours qui fait autorité et gagne en légitimité : par exemple, en sollicitant les acteurs des événements eux-mêmes, comme lorsque Caryl Churchill se rend en Roumanie pour écrire sa pièce sur la révolution roumaine (Mad Forest, 1989), lorsque que David Hare rend compte de ses rencontres au Proche Orient dans Via Dolorosa (1997), ou lorsque debbie tucker green intègre à sa pièce des interviews filmées de blancs lisant des extraits des lois esclavagistes en vigueur dans la Jamaïque impériale ou à l’époque de la ségrégation aux Etats-Unis (ear for eye, 2018). On pourra donc se demander si le théâtre peut à son tour « faire histoire » et s’élaborer en historiographie parallèle, et dans quels cas — voire s’il peut faire l’Histoire. Ainsi, on pourra arguer que les « Yes / No Plays » ont pu considérablement influencer l’histoire en Ecosse, ou encore que les Brexit Shorts ont peut-être contribué à limiter le dissensus au sein de la communauté après le referendum. Des pièces comme Stuff Happens de David Hare (2004) ou encore la pièce semi-immersive née dans la jungle de Calais, The Jungle, de Joe Murphy et Joe Robertson (2017) ont-elles orienté l’opinion sur, respectivement, les sujets de la guerre en Irak ou de la crise migratoire ? Certaines pièces de la première modernité, comme le Richard II de Shakespeare ou A Game at Chess de Thomas Middleton ont-elles aussi pu avoir une incidence directe sur l’actualité politique de leur temps? Enfin, et plus largement, cette journée d’étude portera sur la façon dont le théâtre s’empare des problématiques qui façonnent l’histoire (guerres, terrorisme, capitalisme, crises politiques et sociales, crise climatique, crise migratoire, etc.), se les approprie, en fait des matrices esthétiques et politiques qui non seulement réfléchissent la société mais la mettent en forme. ________________________________ « Making history in early-modern and post-modern drama — Writing, retelling, reenacting, revising history? » This international one-day conference explores how the theatre of immediate history (i.e. theatre that takes its cue from recent events), can write a form of parallel history and become, sometimes quite literally, the matrix of history, by re-interpreting the recent past and, to a certain extent, the present — thus ‘making,’ as in defining, shaping out, reshuffling, revisiting and sometimes falsifying or even denying or negating, history. We aim to look at how drama can read history critically, while giving it a structure and a form. We start by looking at theatre as the locus or space where history is written and elaborated. Can drama be seen as a form of historiography, and if it can, how so? When William Shakespeare’s works are enrolled in the service of historiography, as in Ernst Kantorowicz’s major 1957 study on the doctrine of the king’s two bodies, drama helps the historian conceptualize historical facts. In this case, theatre is also treated as a source documenting the way the past was interpreted at a period which, even if still relatively close to the events staged by the play (here Richard II), was already no longer that of the playwright. It is to be wondered, however, if the Shakespearean mediation has not influenced or even skewed Kantorowicz’s formulation of the doctrine of the king’s two bodies. Likewise, when in 2015 scenes from Henry V were read during the 600th anniversary celebrations of the battle of Agincourt, Shakespeare’s text was used as a mediation for less easily accessible sources, gradually replacing them in the process. Similarly, we will interrogate the way the contemporary stage mediatizes recent history and voices a powerful critical discourse that can draw its legitimacy from the actual presence of the historical actors themselves: for instance, when Caryl Churchill goes to Romania to write her play Mad Forest (1989) in collaboration with Romanian actors and activists, or when David Hare gives an account of the experience he himself gained in the Middle East (Via Dolorosa, 1997) or when debbie tucker green includes filmed interviews of white people reading extracts from the slavery laws applied in imperial Jamaica or at the time of the segregation in the United States into her own play (ear for eye, 2018). The second dimension of our exploration concerns the possibility for theatre to “make” history and to become a form of parallel history to the official one. It could be argued that the Yes/No Plays have dramatically influenced the outcome of the referendum in Scotland, for instance, or that the Brexit Shorts might have contributed to reconciling the “divided nation” after the referendum. But have such plays as David Hare’s verbatim Stuff Happens (2004) or Joe Murphy and Joe Robertson’s site-specific, semi-immersive The Jungle (2017)—which was first written in Calais itself—, swayed public opinion as to, respectively, the war in Iraq or the handling of the migration crisis? What about early-modern plays? Could it be argued that some plays, like Shakespeare’s Richard II or Middleton’s A Game at Chess, contributed to shaping the political life of their time? Finally the conference will focus more generally on how theatre appropriates questions that shape human history (wars, terrorism, capitalism, social and political crises, the environmental crisis, migrations, etc.), and frames them into significant forms that are political and aesthetic matrices.
Journée d’étude en deux volets, 9 et 12 octobre 2020: « Le théâtre d’actualité, fabrique de l’histoire (Renaissance-période contemporaine) »
par
Étiquettes :