JE Agrégation – Censorship and Blind Spots: the BBC’s Silences – 20 janvier 2021

*PROGRAMME*
13h30:  Accueil et présentation
13h45:  “Immovable object, irresistible force: Reith, Churchill and BBC
'impartiality'”, Trevor Harris
14h15: “The BBC and British Public Diplomacy: The Case of the Corporation’s
Arabic Service”, Houcine Msaddek
14h45: "Women and the BBC", Kate Murphy
15h15: Questions & Coffee Break
16h00: “Silencing the silent majority: The BBC in letters of support to
Enoch Powell”, Olivier Esteves
16h30: “The BBC and the miners’ strike of 1984/85: coverage of the ‘Battle
of Orgreave’”, Jeremy Tranmer
17h00: “‘This is not censorship’: the BBC and the Broadcasting ban
(1988-1994)”, Élodie Gallet
17h30: Roundtable

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*VERSION FRANCAISE*



*Censure et angles morts : les silences de la BBC*



La réputation d'impartialité et d’indépendance de la BBC constitue l’un des
piliers de son système de valeurs, sur lequel repose par ailleurs sa
mission auto-déclarée, « informer, éduquer, divertir ». Ces valeurs font
pourtant sans cesse l’objet de redéfinitions : des phénomènes de sélection,
de censure et d’autocensure guidés par des jugements de valeur ou des
conflits avec les différents pouvoirs, en particulier politiques ou
économiques, impliquent de s’interroger sur le rôle et l’indépendance d’un
service public de l’audiovisuel. On peut alors mettre en évidence les zones
d’ombre et les silences de la BBC qui lui ont permis d’opérer ces
reconfigurations entre sa création en 1922 et le passage au numérique en
1995.



Si la réputation de la BBC repose en grande partie sur les valeurs
d’impartialité établies dans sa Charte, c’est surtout le rôle qu’elle a
joué pendant la Seconde Guerre mondiale qui fit sa renommée à
l’international. Pendant cette période, la BBC contribua activement à
lutter contre l’ennemi, acceptant pour ce faire que tous ses bulletins
d’actualité soient strictement contrôlés par le Ministère de l’Information.

Depuis, nombreux sont les exemples qui illustrent les tensions entre le
gouvernement britannique et la BBC affectant la couverture des conflits
nationaux et internationaux dans lesquels fut impliqué le Royaume-Uni. La
crise du Canal de Suez, l’épisode des Malouines et la Guerre du Golfe, au
niveau international, mais aussi le conflit en Irlande du Nord ou les
grèves des mineurs, au niveau national, sont autant d’exemples ayant
conduit les chercheurs à s’interroger sur la mission de service public de
la BBC et son devoir d’impartialité.

Les réactions de la BBC et de ses journalistes ont pu varier en fonction de
l’époque et de la spécificité de chaque situation. L’observation du
traitement médiatique de chaque épisode permet de constater, dans
l’ensemble, une forme de résistance, de la part de la BBC, aux pressions
gouvernementales mais surtout une forme d’auto-censure accompagnée de
nombreux silences et zones d’ombre de la part des journalistes.



Si la pression et l’intimidation ont parfois pu conduire la BBC à ne pas
respecter pleinement son devoir d’impartialité (comme la nécessité
d’aborder les situations, conflictuelles ou non, sous des angles différents
sans se limiter aux points de vue dominants), d’autres stratégies mises en
place par le gouvernement expliquent les silences de la BBC.



Ces stratégies incluent par exemple la sélection des informations
officielles, la  nomination, par le gouvernement, d'« alliés » au sein du
Conseil d’administration ou de régulation de la BBC. Surtout, la mise en
place de la *broadcasting ban*entre 1988 et 1994 reste perçue comme la
mesure la plus explicite et la plus durable ayant été prise à l’encontre de
l’audiovisuel britannique. Douglas Hurd, alors ministre de l’Intérieur
britannique, affirmait pourtant qu’il ne s’agissait pas de censure : « *This
is not censorship, because it does not deal with or prohibit the reporting
of events. It deals with and prohibits direct access and its extra impact
on terrorism and its supporters*», analyse contestée étant donné les effets
de la mesure sur la couverture du conflit nord-irlandais.



Un phénomène de sélection des contenus se manifesta également dans les
choix de programmation. Pour John Reith, fondateur et premier directeur
général de la BBC, celle-ci devait être un outil de démocratisation de la
culture et agir comme ascenseur social. Reith espérait exposer les membres
des classes populaires à des programmes vers lesquels ils ne se seraient
pas spontanément tournés, en variant par exemple chaque jour les heures de
diffusion des émissions. La BBC fut donc, à ses débuts, accusée de vouloir
agir en arbitre de la moralité (les programmes ne devaient pas être choisis
pour leur popularité mais parce qu’ils étaient édifiants moralement et
socialement acceptables) et critiquée pour son paternalisme.

L’entrave à la liberté de choix du public opérée par les programmateurs de
la BBC pourrait donc être considérée elle aussi comme une forme de silence
qui explique sans doute en partie la défection d’un grand nombre
d’auditeurs et de spectateurs lors de l’ouverture de la radio et de la
télévision à la concurrence. L’élitisme reithien fut notamment mis à mal
lors de la création d’ITV, puisque la BBC dut diversifier sa programmation
pour survivre. C’est en réponse à cette autocensure culturelle que le
rapport Annan de 1974 recommanda de s’adresser à un public plus large et de
s’atteler à mieux satisfaire ses besoins (« *We do not accept that it is
part of the broadcasters’ function to act as arbiters of morals or manners,
or set themselves up as social engineers*», peut-on lire dans le rapport).
La diversification ethnique, linguistique, culturelle ou régionale et la
création de Channel 4 qui en ont résulté ont transformé l’audiovisuel
public.



Cette journée d’études se veut ouverte à un large public intéressé par
l’histoire des médias et la relation qu’ils entretiennent avec le pouvoir
politique. Elle vise en particulier les étudiants et étudiantes préparant
l’agrégation d’anglais.



Les aspects suivants pourront être abordés, sans qu’il s’agisse d’une liste
exhaustive :

   - les rapports entre le monde politique et la BBC
   - la censure et l’autocensure
   - les choix éditoriaux dans la couverture des situations conflictuelles
   (politiques, économiques, sociales,...)
   - la place des femmes dans les institutions et les programmes de la BBC
   - plus généralement, la place à l’écran et derrière le micro des
   minorités (ethniques, de genre, de classe sociale par exemple)



La journée d’études aura lieu le 20 janvier 2021 à l’Université de Poitiers
(ou par visioconférence, selon la situation sanitaire). Elle donnera lieu à
une publication dans les *Cahiers du MIMMOC*. La JE est co-organisée par
les laboratoires MIMMOC (Université de Poitiers) et REMELICE (Université
d’Orléans).



Les propositions de communication d’environ 300 mots, accompagnées d’une
brève bio-bibliographie, sont à envoyer à je.censure.bbc at gmail.comavant le
20 novembre 2020. Les avis d’acceptation seront envoyés le 26 novembre 2020.



Comité d’organisation :

Anne Cousson

Elodie Gallet

Anita Jorge

Jeremy Price



Bibliographie indicative :

CORCORAN Mary P. et O’BRIEN Mark (dir.), *Political Censorship and the
Democratic State*, Dublin : Four Courts Press, 2005.

CURRAN James et SEATON Jean, *Power without Responsibility: The Press and
Broadcasting in Britain*, Londres : Routledge, 1991, 4e éd (1981, 1ère éd.).

DICKASON Renée, *Radio et télévision britanniques*, Rennes : Presses
universitaires de Rennes, 1999.

GENSANE Bernard, *Censure et libertés au Royaume-Uni*, Paris : Ellipses,
2001.

KUHN Raymond, *Politics and the Media in Britain*, Basingstoke : Palgrave
Macmillan, 2007.

MILLER David*, ** Don’t Mention the War: Northern Ireland, Propaganda and
the Media*, Londres : Pluto Press, 1994.

SAVAGE Robert J., *The BBC's 'Irish troubles' Television, conflict and
Northern Ireland*, Manchester : Manchester University Press, 2015.

STARKEY Guy, *Balance and Bias in Journalism: Representation, Regulation
and Democracy*, Basingstoke : Palgrave Macmillan, 2007.




*ENGLISH VERSION*



*Censorship and blind spots: the BBC’s silences*



The BBC's reputation for impartiality and independence is one of the
cornerstones of its value system, which also underpins its self-declared
mission to "inform, educate, and entertain". However, these values have
constantly been redefined as several forms of censorship and
self-censorship have been applied in the context of conflict with political
or economic powers. This means that the role and independence of the BBC as
a public service needs to be questioned and the grey areas and silences of
the BBC from its creation in 1922 to the beginning of its digital era in
1995 need to be the objects of inquiry.



The values of impartiality set out in its Charter have contributed to
building the BBC’s reputation. But it was probably the role it played
during the Second World War that made it internationally renowned. During
this period, the BBC actively contributed to the fight against the enemy,
and all its news bulletins were strictly controlled by the Ministry of
Information.

Since then, the relationship between the British government and the BBC has
been put to the test more than once, impacting the way in which national
and international conflicts were covered, for instance. The Suez Canal
crisis, the Falklands War and the Gulf War, on an international level, but
also the Troubles in Northern Ireland or the miners' strikes, on a national
level, are all examples that have led researchers to question the BBC's
mission as a public service and its duty of impartiality.



The reactions of the BBC and its journalists have varied depending on the
period and on each specific situation. The study of the media coverage of
each episode reveals, on the whole, a form of resistance, on the part of
the BBC, to government pressure, and above all, silences and grey areas on
the part of journalists.



While pressure and intimidation may at times have prevented the BBC from
fully honouring its duty of impartiality, – namely, the need to express
various points of view on a situation, whether conflictual or not, instead
of limiting itself to the dominant ideologies – other strategies adopted by
the government may account for the BBC's silences.



These strategies include, for example, the selection of official news, the
appointment by the government of "allies" to the BBC's Board of Governors
or Regulatory Board. Above all, the introduction of the broadcasting ban
between 1988 and 1994 is considered to be the most explicit and lasting
measure taken against the British audiovisual industry. For then Home
Secretary Douglas Hurd however, this was not censorship: "*This is not
censorship, because it does not deal with or prohibit the reporting of
events. It deals with and prohibits direct access and its extra impact on
terrorism and its supporters*”, a contested position given the extent of
its effects on the coverage of the Northern Irish conflict.



John Reith, the founder and first Director General of the BBC, considered
that the BBC should be a democratic tool to educate the public and elevate
popular taste. Reith hoped to expose members of the working classes to
programmes to which they would not have spontaneously turned, for example
by varying the broadcasting times each day. The BBC was therefore initially
accused of acting as an arbiter of morality (programmes were not chosen for
their popularity but because they were morally acceptable or socially
edifying) and criticised for its paternalism.



The restriction of the public's freedom of choice by BBC programmers could
therefore also be seen as a form of silence, which partly explains the
defection of a large number of listeners and viewers when radio and
television were opened up to competition. Reith’s elitism was particularly
undermined when ITV was created, since the BBC had to diversify its
programming in order to survive. It was in response to this cultural
self-censorship that the Annan Report of 1974 recommended that the
Corporation should address a wider audience and work to better satisfy its
needs ("*We do not accept that it is part of the broadcasters' function to
act as arbiters of morals or manners, or set themselves up as social
engineers*," the report stated). As a result, growing ethnic, linguistic,
cultural and regional diversity, along with the creation of Channel 4
transformed public broadcasting.



This one-day conference is open to a wide public interested in media
history and the relationship between the media and politics. It is aimed in
particular at students preparing for the agrégation.



Proposed articles can address, but are not limited to, the following
topics:

- the relationship between the political sphere and the BBC

- censorship and self-censorship

- editorial choices in the coverage of situations of conflict (political,
economic, social,etc.)

- the place of women in BBC institutions and programmes

- more generally, the place of minorities (e.g. ethnic, gender, social
class) on radio and television



The conference will take place on 20 January 2021 at the University of
Poitiers (or by videoconference, depending on the evolution of the
Coronavirus pandemic). It will be published in the *Cahiers du MIMMOC*. It
is co-organised by the research groups MIMMOC (University of Poitiers) and
REMELICE (University of Orléans).



Proposals for papers of about 300 words, accompanied by a short
bio-bibliography, should be sent to je.censure.bbc at gmail.combefore 20
November 2020. Notifications of acceptance will be sent on 26 November 2020.



Organising Committee:

Anne Cousson

Elodie Gallet

Anita Jorge

Jeremy Price

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