*PROGRAMME* 13h30: Accueil et présentation 13h45: “Immovable object, irresistible force: Reith, Churchill and BBC 'impartiality'”, Trevor Harris 14h15: “The BBC and British Public Diplomacy: The Case of the Corporation’s Arabic Service”, Houcine Msaddek 14h45: "Women and the BBC", Kate Murphy 15h15: Questions & Coffee Break 16h00: “Silencing the silent majority: The BBC in letters of support to Enoch Powell”, Olivier Esteves 16h30: “The BBC and the miners’ strike of 1984/85: coverage of the ‘Battle of Orgreave’”, Jeremy Tranmer 17h00: “‘This is not censorship’: the BBC and the Broadcasting ban (1988-1994)”, Élodie Gallet 17h30: Roundtable ------- *VERSION FRANCAISE* *Censure et angles morts : les silences de la BBC* La réputation d'impartialité et d’indépendance de la BBC constitue l’un des piliers de son système de valeurs, sur lequel repose par ailleurs sa mission auto-déclarée, « informer, éduquer, divertir ». Ces valeurs font pourtant sans cesse l’objet de redéfinitions : des phénomènes de sélection, de censure et d’autocensure guidés par des jugements de valeur ou des conflits avec les différents pouvoirs, en particulier politiques ou économiques, impliquent de s’interroger sur le rôle et l’indépendance d’un service public de l’audiovisuel. On peut alors mettre en évidence les zones d’ombre et les silences de la BBC qui lui ont permis d’opérer ces reconfigurations entre sa création en 1922 et le passage au numérique en 1995. Si la réputation de la BBC repose en grande partie sur les valeurs d’impartialité établies dans sa Charte, c’est surtout le rôle qu’elle a joué pendant la Seconde Guerre mondiale qui fit sa renommée à l’international. Pendant cette période, la BBC contribua activement à lutter contre l’ennemi, acceptant pour ce faire que tous ses bulletins d’actualité soient strictement contrôlés par le Ministère de l’Information. Depuis, nombreux sont les exemples qui illustrent les tensions entre le gouvernement britannique et la BBC affectant la couverture des conflits nationaux et internationaux dans lesquels fut impliqué le Royaume-Uni. La crise du Canal de Suez, l’épisode des Malouines et la Guerre du Golfe, au niveau international, mais aussi le conflit en Irlande du Nord ou les grèves des mineurs, au niveau national, sont autant d’exemples ayant conduit les chercheurs à s’interroger sur la mission de service public de la BBC et son devoir d’impartialité. Les réactions de la BBC et de ses journalistes ont pu varier en fonction de l’époque et de la spécificité de chaque situation. L’observation du traitement médiatique de chaque épisode permet de constater, dans l’ensemble, une forme de résistance, de la part de la BBC, aux pressions gouvernementales mais surtout une forme d’auto-censure accompagnée de nombreux silences et zones d’ombre de la part des journalistes. Si la pression et l’intimidation ont parfois pu conduire la BBC à ne pas respecter pleinement son devoir d’impartialité (comme la nécessité d’aborder les situations, conflictuelles ou non, sous des angles différents sans se limiter aux points de vue dominants), d’autres stratégies mises en place par le gouvernement expliquent les silences de la BBC. Ces stratégies incluent par exemple la sélection des informations officielles, la nomination, par le gouvernement, d'« alliés » au sein du Conseil d’administration ou de régulation de la BBC. Surtout, la mise en place de la *broadcasting ban*entre 1988 et 1994 reste perçue comme la mesure la plus explicite et la plus durable ayant été prise à l’encontre de l’audiovisuel britannique. Douglas Hurd, alors ministre de l’Intérieur britannique, affirmait pourtant qu’il ne s’agissait pas de censure : « *This is not censorship, because it does not deal with or prohibit the reporting of events. It deals with and prohibits direct access and its extra impact on terrorism and its supporters*», analyse contestée étant donné les effets de la mesure sur la couverture du conflit nord-irlandais. Un phénomène de sélection des contenus se manifesta également dans les choix de programmation. Pour John Reith, fondateur et premier directeur général de la BBC, celle-ci devait être un outil de démocratisation de la culture et agir comme ascenseur social. Reith espérait exposer les membres des classes populaires à des programmes vers lesquels ils ne se seraient pas spontanément tournés, en variant par exemple chaque jour les heures de diffusion des émissions. La BBC fut donc, à ses débuts, accusée de vouloir agir en arbitre de la moralité (les programmes ne devaient pas être choisis pour leur popularité mais parce qu’ils étaient édifiants moralement et socialement acceptables) et critiquée pour son paternalisme. L’entrave à la liberté de choix du public opérée par les programmateurs de la BBC pourrait donc être considérée elle aussi comme une forme de silence qui explique sans doute en partie la défection d’un grand nombre d’auditeurs et de spectateurs lors de l’ouverture de la radio et de la télévision à la concurrence. L’élitisme reithien fut notamment mis à mal lors de la création d’ITV, puisque la BBC dut diversifier sa programmation pour survivre. C’est en réponse à cette autocensure culturelle que le rapport Annan de 1974 recommanda de s’adresser à un public plus large et de s’atteler à mieux satisfaire ses besoins (« *We do not accept that it is part of the broadcasters’ function to act as arbiters of morals or manners, or set themselves up as social engineers*», peut-on lire dans le rapport). La diversification ethnique, linguistique, culturelle ou régionale et la création de Channel 4 qui en ont résulté ont transformé l’audiovisuel public. Cette journée d’études se veut ouverte à un large public intéressé par l’histoire des médias et la relation qu’ils entretiennent avec le pouvoir politique. Elle vise en particulier les étudiants et étudiantes préparant l’agrégation d’anglais. Les aspects suivants pourront être abordés, sans qu’il s’agisse d’une liste exhaustive : - les rapports entre le monde politique et la BBC - la censure et l’autocensure - les choix éditoriaux dans la couverture des situations conflictuelles (politiques, économiques, sociales,...) - la place des femmes dans les institutions et les programmes de la BBC - plus généralement, la place à l’écran et derrière le micro des minorités (ethniques, de genre, de classe sociale par exemple) La journée d’études aura lieu le 20 janvier 2021 à l’Université de Poitiers (ou par visioconférence, selon la situation sanitaire). Elle donnera lieu à une publication dans les *Cahiers du MIMMOC*. La JE est co-organisée par les laboratoires MIMMOC (Université de Poitiers) et REMELICE (Université d’Orléans). Les propositions de communication d’environ 300 mots, accompagnées d’une brève bio-bibliographie, sont à envoyer à je.censure.bbc at gmail.comavant le 20 novembre 2020. Les avis d’acceptation seront envoyés le 26 novembre 2020. Comité d’organisation : Anne Cousson Elodie Gallet Anita Jorge Jeremy Price Bibliographie indicative : CORCORAN Mary P. et O’BRIEN Mark (dir.), *Political Censorship and the Democratic State*, Dublin : Four Courts Press, 2005. CURRAN James et SEATON Jean, *Power without Responsibility: The Press and Broadcasting in Britain*, Londres : Routledge, 1991, 4e éd (1981, 1ère éd.). DICKASON Renée, *Radio et télévision britanniques*, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1999. GENSANE Bernard, *Censure et libertés au Royaume-Uni*, Paris : Ellipses, 2001. KUHN Raymond, *Politics and the Media in Britain*, Basingstoke : Palgrave Macmillan, 2007. MILLER David*, ** Don’t Mention the War: Northern Ireland, Propaganda and the Media*, Londres : Pluto Press, 1994. SAVAGE Robert J., *The BBC's 'Irish troubles' Television, conflict and Northern Ireland*, Manchester : Manchester University Press, 2015. STARKEY Guy, *Balance and Bias in Journalism: Representation, Regulation and Democracy*, Basingstoke : Palgrave Macmillan, 2007. *ENGLISH VERSION* *Censorship and blind spots: the BBC’s silences* The BBC's reputation for impartiality and independence is one of the cornerstones of its value system, which also underpins its self-declared mission to "inform, educate, and entertain". However, these values have constantly been redefined as several forms of censorship and self-censorship have been applied in the context of conflict with political or economic powers. This means that the role and independence of the BBC as a public service needs to be questioned and the grey areas and silences of the BBC from its creation in 1922 to the beginning of its digital era in 1995 need to be the objects of inquiry. The values of impartiality set out in its Charter have contributed to building the BBC’s reputation. But it was probably the role it played during the Second World War that made it internationally renowned. During this period, the BBC actively contributed to the fight against the enemy, and all its news bulletins were strictly controlled by the Ministry of Information. Since then, the relationship between the British government and the BBC has been put to the test more than once, impacting the way in which national and international conflicts were covered, for instance. The Suez Canal crisis, the Falklands War and the Gulf War, on an international level, but also the Troubles in Northern Ireland or the miners' strikes, on a national level, are all examples that have led researchers to question the BBC's mission as a public service and its duty of impartiality. The reactions of the BBC and its journalists have varied depending on the period and on each specific situation. The study of the media coverage of each episode reveals, on the whole, a form of resistance, on the part of the BBC, to government pressure, and above all, silences and grey areas on the part of journalists. While pressure and intimidation may at times have prevented the BBC from fully honouring its duty of impartiality, – namely, the need to express various points of view on a situation, whether conflictual or not, instead of limiting itself to the dominant ideologies – other strategies adopted by the government may account for the BBC's silences. These strategies include, for example, the selection of official news, the appointment by the government of "allies" to the BBC's Board of Governors or Regulatory Board. Above all, the introduction of the broadcasting ban between 1988 and 1994 is considered to be the most explicit and lasting measure taken against the British audiovisual industry. For then Home Secretary Douglas Hurd however, this was not censorship: "*This is not censorship, because it does not deal with or prohibit the reporting of events. It deals with and prohibits direct access and its extra impact on terrorism and its supporters*”, a contested position given the extent of its effects on the coverage of the Northern Irish conflict. John Reith, the founder and first Director General of the BBC, considered that the BBC should be a democratic tool to educate the public and elevate popular taste. Reith hoped to expose members of the working classes to programmes to which they would not have spontaneously turned, for example by varying the broadcasting times each day. The BBC was therefore initially accused of acting as an arbiter of morality (programmes were not chosen for their popularity but because they were morally acceptable or socially edifying) and criticised for its paternalism. The restriction of the public's freedom of choice by BBC programmers could therefore also be seen as a form of silence, which partly explains the defection of a large number of listeners and viewers when radio and television were opened up to competition. Reith’s elitism was particularly undermined when ITV was created, since the BBC had to diversify its programming in order to survive. It was in response to this cultural self-censorship that the Annan Report of 1974 recommended that the Corporation should address a wider audience and work to better satisfy its needs ("*We do not accept that it is part of the broadcasters' function to act as arbiters of morals or manners, or set themselves up as social engineers*," the report stated). As a result, growing ethnic, linguistic, cultural and regional diversity, along with the creation of Channel 4 transformed public broadcasting. This one-day conference is open to a wide public interested in media history and the relationship between the media and politics. It is aimed in particular at students preparing for the agrégation. Proposed articles can address, but are not limited to, the following topics: - the relationship between the political sphere and the BBC - censorship and self-censorship - editorial choices in the coverage of situations of conflict (political, economic, social,etc.) - the place of women in BBC institutions and programmes - more generally, the place of minorities (e.g. ethnic, gender, social class) on radio and television The conference will take place on 20 January 2021 at the University of Poitiers (or by videoconference, depending on the evolution of the Coronavirus pandemic). It will be published in the *Cahiers du MIMMOC*. It is co-organised by the research groups MIMMOC (University of Poitiers) and REMELICE (University of Orléans). Proposals for papers of about 300 words, accompanied by a short bio-bibliography, should be sent to je.censure.bbc at gmail.combefore 20 November 2020. Notifications of acceptance will be sent on 26 November 2020. Organising Committee: Anne Cousson Elodie Gallet Anita Jorge Jeremy Price
JE Agrégation – Censorship and Blind Spots: the BBC’s Silences – 20 janvier 2021
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