In Memoriam, Jean-Claude Amalric (1931-2022)

Nous avons la grande tristesse de vous annoncer le décès du fondateur des Cahiers victoriens et édouardiens Jean-Claude Amalric, survenu le 12 avril dernier. Notre ancien collègue à l’Université Paul Valéry, émérite depuis 1998, avait en effet créé en 1973 notre revue et l’avait ainsi dirigée jusqu’au numéro 44 (octobre 1996), date à laquelle il a cédé sa place à Annie Escuret, disparue il y a quatre ans. Il fut plus particulièrement le rédacteur en chef du tout premier numéro, Studies in the Later Dickens, du double numéro 9-10, Studies in Edwardian and Anglo-Irish Drama (octobre 1979), du numéro 27, Studies in George Eliot (octobre 1987),  du numéro 40, Studies in Robert Louis Stevenson (octobre 1994), et des actes des colloques de la SFEVE (avril 1982 et 1986).

Parmi les nombreux articles qu’il publia dans les Cahiers, on compte « Some Reflections on Great Expectations as an Allegory » et « The Opening of Daniel Deronda »ou encore « The Master of Ballantrae: un conte d’hiver? Note sur un sous-titre ». Spécialiste de George Bernard Shaw, il donnait un séminaire passionnant sur le dramaturge et le théâtre en master. Il rédigea la notice sur Shaw de l’Encyclopaedia Universalis et il marqua les études shaviennes par plusieurs articles dont « Modèle actantiel et investissement thématique: quelques remarques sur Arms and the Man », « Du réaliste au surhomme: Les Métamorphoses du héros shavien », et « Shaw’s Man and Superman and the Myth of Don Juan: Intertextuality and Irony ». Spécialiste également de Somerset Maugham, il en fut l’un des traducteurs avec son collègue et ami Joseph Dobrinsky pour le volume intitulé Amours singulières, puis avec Dobrinsky et Jacky Martin, autre collègue de notre université, pour le volume Madame la Colonelle. En collaboration avec Nicole Vigoureux-Frey, il publia Le théâtre moderne et contemporain de la langue anglaise : panorama et méthode d’analyse. Il a par ailleurs contribué au volume III de la traduction de Kipling dans la Pléiade pour lequel il avait traduit « Puck de la colline au lutin » et « Adieu les fées » avec le fameux poème « If » qu’il affectionnait particulièrement.

Durant sa carrière à l’Université Paul Valéry – Montpellier III, il fut également le directeur du département d’anglais et le fondateur et premier directeur en 1970 du CERVEC (Centre d’Études et de Recherches Victoriennes, Édouardiennes et Contemporaines), la première version de notre centre de recherches EMMA. A cette époque, ce centre comptait une dizaine de chercheurs travaillant sur divers aspects de cette période. A la même époque, des équipes victoriennes se formèrent à Lille autour de Pierre Coustillas, à Lyon autour de Paul Veyriras, à Caen et dans quelques autres universités de Paris et de province. Sous l’impulsion conjointe des Centres de Montpellier, de Lille, de Lyon, avec l’appui de Sylvère Monod, la SFEVE vit le jour en 1976. Il en fut le deuxième président de 1980 à 1984. Les Cahiers victoriens et édouardiens, resserrant leurs liens avec la société savante, publièrent bientôt selon une périodicité régulière (tous les deux ans) un numéro entièrement consacré aux Actes des colloques de la SFEVE (et bientôt des ateliers de la société savante au sein du Congrès annuel de la SAES), ainsi qu’un Bulletin de la SFEVE dans chaque numéro.

Dans un an, la revue fêtera les 50 ans de sa première parution. Le centre de recherche EMMA et la direction de la revue ont une pensée reconnaissante à celui qui la porta sur les fonts baptismaux et contribua par son dynamisme au rayonnement des études victoriennes et édouardiennes en France.


Publié

dans

par

Étiquettes :