Le Groupement des associations de langues et d’études étrangères (GALET) se prononce fermement contre le projet de réforme des concours de recrutement comme le CAPES de Langues Vivantes Étrangères, telle qu’elle est actuellement envisagée par le Ministère, sans avoir fait l’objet de consultation collégiale auprès de la communauté des enseignants et des formateurs du secondaire et du supérieur.
Cette réforme représente, tout d’abord, un danger pour la qualité de l’enseignement des langues vivantes. En effet, le concours de recrutement des futur.e.s enseignant.e.s tel qu’il est actuellement présenté implique une réduction sensible de l’évaluation des compétences culturelles et linguistiques des candidat.e.s. Dans le projet actuel, les épreuves écrites se composeraient d’un seul écrit disciplinaire — sans qu’il soit, pour l’heure, précisé s’il se fera dans la langue étudiée — et d’une épreuve de nature pédagogique. Quant aux épreuves orales, elles visent essentiellement à évaluer les compétences pédagogiques des candidat.e.s (présentation d’un cours et entretien) et, de surcroît, aucune d’entre elles ne serait évaluée dans la langue qui aura vocation à être enseignée par les candidat.e.s. En somme, la part de compétences disciplinaires serait réduite à une épreuve sur quatre, dont la nature n’est pas connue à ce jour et dont le coefficient est moindre puisqu’il s’agit d’une épreuve écrite. En l’état, l’évaluation des compétences linguistiques des candidats à un CAPES de langues vivantes n’est pas garantie.
Par ailleurs, le calendrier envisagé rend impossible la conception d’une offre de formation adaptée pour la rentrée 2020, d’autant plus que l’absence de concertation de l’ensemble des intervenants qui prennent part à la formation des candidat.e.s et futur.e.s enseignant.e.s (équipes pédagogiques et responsables de parcours, tant dans les INSPÉ que les universités, formateurs du secondaire, etc.) et le peu de précisions fournies — notamment, sur la nature exacte des épreuves — rendent intenables dans la pratique la mise en place d’une telle réforme.
Enfin, le choix d’une année de M2 en alternance conférerait aux étudiant.e.s un statut précaire de contractuel.le.s ne leur permettrait ni une préparation solide du concours ni un exercice du métier d’enseignant.e avec un accompagnement et une formation continuée indispensable à la pratique de classe.
Fort de sa mission de défense des études étrangères, le GALET insiste sur la nécessité de fournir aux futur.e.s enseignant.e.s une formation exigeante et de qualité dans tous les domaines suivants : non seulement les langues, mais aussi les arts, les littératures, les cultures et les civilisations étrangères et régionales. De ce fait, il réclame un moratoire sur le projet de réforme du concours du CAPES et de l’organisation des enseignements au sein du Master MEEF et insiste sur la nécessité de consulter l’ensemble des acteurs de la communauté enseignante en amont de tout projet de réforme éducative.
Fait à Paris, le 22 décembre 2019
Association Française des Arabisants (AFDA)
Association Française des Études Américaines (AFEA)
Association Française d’Études Chinoises (AFEC)
Association Française des Russisants (AFR)
Association des Germanistes de l’Enseignement Supérieur (AGES)
Comité inter-universitaire des études arabes (CIDEA)
Société des Anglicistes de l’Enseignement Supérieur (SAES)
Société des Études Juives (SEJ)
Société Française des Études Japonaises (SFEJ)
Société française d’études du monde tibétain (SFEMT)
Société des Hispanistes Français de l’Enseignement Supérieur (SHF)
Société des Italianistes de l’Enseignement Supérieur (SIES