Débat sur les lecteurs

Messages échangés sur la liste de diffusion de la SAES

Les messages ci-dessous, précédés par un message du Vice Président de la SAES Paul Volsik, sont des copies de ceux qui ont été échangés sur la liste de diffusion de la SAES. .

Sauf erreur, ils sont classés par ordre d’arrivée. En cas de doute, consulter les archives de la liste à l’adresse :

http://imap.univ-pau.fr/wws/arc/saes

Message de Paul Volsik, vice président de la SAES – 20 mai 2006

Objet : contrats des lecteurs / consultation de la SAES

Chers collègues,

Le bureau de la SAES, à la suite d’un courrier de notre collègue Nicolas Ballier, m’a chargé d’une réflexion sur la question des contrats attribués aux Lecteurs/ Maîtres de Langues recrutés à titre individuel (= ceux qui n’entrent pas dans le cadre d’un échange avec une université anglophone). Les textes qui s’appliquent à ces lecteurs se trouvent (parmi d’autres sites) sur :

http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/PFHGM.htm

Le problème auquel, semble-t-il, bien des collègues responsables des lecteurs se trouvent confrontés est celui de la durée du contrat. En effet, l’article 6 du décret précise :

– La durée des fonctions est d’un an pour les candidats se présentant à titre personnel. Elle peut, à titre exceptionnel, être renouvelée une fois pour une même période.

Pour les candidats proposés par les autorités de leur pays d’origine dans le cadre d’un programme bilatéral d’échanges établi sur une base de réciprocité, la durée des fonctions est fixée lors du recrutement. Elle peut être d’un an, de deux ans ou de trois ans. Elle est renouvelable une fois pour une même période.

Cet article crée donc une distinction radicale entre les lecteurs/maîtres de langue d’échange qui peuvent rester (théoriquement) jusqu’à six ans, et le lecteur/maître de langue recruté à titre personnel qui ne peut rester – au mieux – que deux ans.

Il existe deux paramètres qui rendent cette situation particulièrement difficile :
a) Nous nous trouvons dans un contexte où, à cause de la fermeture de départements de français dans les pays anglophones , le nombre de postes de lecteur d’échange risque de diminuer dans les années à venir (certaines UFRs se trouvent déjà confrontées au problème d’échanges fragilisés par les mesures d’économies imposées aux “French departments”).

b) La durée “normale” d’un an crée, dans le cas des lecteurs/maîtres de langue se présentant à titre personnel, des problèmes considérables pour les UFRs. En effet, les TP ou TD confiés à ces enseignants nécessitent inévitablement l’acquisition d’une base théorique et de connaissances précises (en phonétique/phonologie ou traductologie, par exemple, voire en civilisation ou littérature). A cet effet, les enseignants titulaires amenés à collaborer avec les lecteurs se doivent d’assurer une formation aux lecteurs ou maître de langues et leur travail est de fait “réduit à néant” au départ de chaque lecteur et/ou maître de langue.

Le bureau de la SAES se demande donc s’il ne serait pas intéressant de demander au Ministre de revoir le contrat des lecteurs se présentant à titre personnel et de créer un contrat qui permettrait (en plus des lecteurs d’échange) de recruter des anglophones chercheurs en leur proposant un contrat qui les précariserait moins et qui permettrait aux UFRs de mieux “amortir” le temps passé à les former. On pourrait imaginer la possibilité de trouver des lecteurs déjà formés, alors qu’un contrat plus long encouragerait un investissement encore plus grand dans la vie des UFRs.

Au-delà de la question de principe il reste deux questions (parmi d’autres) :
– quelle serait, aux yeux des responsables, la durée idéale du contrat ? On peut penser, par exemple, à un contrat d’un an renouvelable pour une période de x années (deux, trois, quatre …). Sur le modèle des postes d’ATER, on pourrait, par exemple envisager de proposer au Ministre un contrat du type 1 an “d’essai” + 3 ans .
– quel type de diplôme doit-on exiger de ces lecteurs recrutés à titre individuel ? Doit-on exiger que ce soit des anglicistes ? des doctorants ? inscrits dans une université française, en co-tutelle etc, ou du moins de donner une priorité à ce type de candidat (qui pourrait vouloir participer, par exemple, aux groupes de recherche).
Rappel : le texte actuel dit : “Les candidats aux fonctions de lecteur de langue étrangère doivent justifier d’un titre ou diplôme étranger d’un niveau équivalent à celui de la maîtrise ou d’une maîtrise.
Les candidats aux fonctions de maître de langue étrangère doivent justifier d’une année d’études doctorales accomplie avec succès à l’étranger ou d’une année d’études en troisième cycle accomplie avec succès en France.

Le bureau serait donc heureux de connaître, sur ces questions, le point de vue des membres, et notamment des responsables de lecteurs, mais également des responsables de lecteurs dans des domaines autres que l’anglais.

Pour faire connaître votre point de vue, vous devez l’adresser par courrier électronique à l’adresse suivante :

lecteurs@saesfrance.org

Les messages seront rassemblés sur le site SAES (www.saesfrance.org) à la rubrique “Profession / Consultation Lecteurs”.

Le bureau propose aux membres le calendrier suivant :

– Une consultation électronique des membres jusqu’au 1er juillet 2006

et (si des pistes consensuelles se dégagent)

– Une discussion lors du bureau en octobre 2006

- La discussion et vote (éventuels) d’un texte lors de l’Assemblée Générale d’octobre et en cas d’accord, des contacts avec le Ministre à l’automne 2006 afin de préparer la campagne de recrutement de 2007.

Véronique Alexandre

22 May 2006

Le Département d’Anglais de l’Université de Caen a 4 accords avec des Universités étrangères et 6 supports de lecteurs. Nous avions 5 accords jusqu’à récemment mais l’Université de Glasgow a rompu le sien (fermeture du Département de français ou changement de priorités, je ne sais plus exactement, mais en gros les raisons correspondaient à un resserrement budgétaire…).
Les 4 lecteurs qui sont envoyés par les Universités partenaires restent un an chez nous et leur contrat est renouvelable une fois. Les 2 lecteurs qui sont sélectionnés sur la base de candidatures spontanées sont soumis au même principe, un an renouvelable une fois.

A Caen, les lecteurs interviennent massivement dans les autres composantes depuis plusieurs années, y effectuant plus de 90% de leur service global (192 X 6 + de nombreuses HC). Ils enseignent essentiellement, voire uniquement, la langue en L1, L2 et L3 (expression écrite et orale, compréhension orale…) et travaillent beaucoup en lien avec les PRAGs d’anglais des autres composantes qui les encadrent pédagogiquement ainsi que le Laboratoire de Langues de l’Université.

Le fait que la durée de leur contrat soit si courte ne nous a jamais posé de problèmes, ni à eux je pense. Depuis 3 ans, nous organisons une journée de stage de phonologie fin septembre et l’enseignant responsable de ce stage se tient à leur disposition toute l’année pour continuer à répondre à leurs questions.

Certains d’entre-eux donnent quelques heures de cours au Département d’anglais (langue toujours, en L1 surtout), pas suffisamment sans doute, mais nous les encourageons à organiser des événements extérieurs pour rencontrer nos étudiants (English Table dans un café de la ville une fois par mois, etc.) et créer des liens avec eux.

Personnellement, pour avoir encadré les lecteurs ces 3 dernières années, les avoir vu fonctionner et être en contact étroit avec eux, leur donner des cours au pied levé (encore ce week-end) lorsque les emplois du temps changent à la dernière minute ou qu’un enseignant vient à manquer, et les voir réagir, préparer leurs cours, être actifs, je pense que l’expérience leur est très bénéfique et que le but pour eux n’est pas de se sédentariser mais de multiplier les mises en situation, avant de partir faire autre chose ensuite, ailleurs. Pour moi, les lecteurs passent ; il est dans leur nature de passer…
Cette année par exemple, seul un lecteur souhaiterait voir son contrat renouvelé, faute de mieux, mais les 5 autres se dirigent vers des Masters dans leur pays d’origine ou ailleurs en Europe. Ils partent avec le supplément de maturité que leur a donné cette expérience à l’Université de Caen et des lettres de recommandation élogieuses.

A mon avis, ces contrats à durée courte intensifient l’expérience et permettent également de donner leur chance à un plus grand nombre d’étudiants étrangers au fil des années. Les accords inter universités sont sans doute en baisse mais le nombre de candidatures spontanées ne l’est pas et nous n’avons aucun mal à trouver de bons candidats parmi les dossiers que nous examinons en mai-juin.

Il est vrai, cependant, que nous n’avons jamais confié de cours de littérature ni d’histoire, ni de linguistique à nos lecteurs depuis 10 ans au moins. J’ai le sentiment que nous parlons peut-être de deux choses différentes, deux types de lecteurs : les lecteurs qui dispensent essentiellement des cours de langue, sont jeunes (je n’ai pas dit « giddy » mais un peu tout de même, et c’est heureux), font de l’animation auprès des étudiants après les cours, et se destinent à des carrières liées aux langues et pas uniquement à l’enseignement ou à la recherche, et les lecteurs à qui l’on confie des cours plus lourds et dont la fonction et les perspectives d’avenir s’aligneraient plutôt sur celles des ATERs.

Véronique Alexandre, MC
Directrice du Département d’Anglais
UFR LVE
Université de Caen

Sheryl Savina Maître de conférences en anglais, Paris IV

Paris, le 8 juin 2006 Situation à l’UFR d’anglais à Paris IV : 9 lecteurs – 4 échanges tous les ans (3 annuels + 2 en alternance) et 5 postes indépendents. Très souvent – mais pas toujours – nous renouvelons ceux qui viennent au titre d’échange sur un poste indépendent pour 1 an. Certaines années nous ne recrutons aucun nouveau lecteur indépendent et d’autres années il nous arrive d’en prendre jusqu’à 4 – ce qui pose des problèmes quand il n’y a qu’un seul “returning lecteur” pour aider les nouveaux. Je suis contre l’allongement de la durée du contrat, car à Paris IV nous estimons qu’un poste de lecteur est fait pour permettre à un étudiant de 3e cycle de venir à Paris pour 1 ou 2 ans pour poursuivre ses études ou ses recherches. Un poste de lecteur n’a pas pour but de permettre à n’importe quel anglophone qui habite en France – ou bien qui souhaite venir faire du tourisme pendant un an – de se retrouver devant une classe universitaire et ainsi “get his foot in the door” vers un poste de MC. D’un autre côté, nous constatons depuis quelques années qu’il y a de moins en moins de candidats qui (1) ont le niveau de diplôme requis et (2) affirment qu’ils continuent leur études. Sur plus de trente candidatures spontanées cette année, seulement la moitié étaient recevables et très peu venaient d’étudiants doctorants (mais il y avait une pléthore de demandes de personnes avec 10 années ou plus d’expérience dans l’enseignement). Sans que ce soit écrit dans les status, nous essayons toujours de donner une priorité aux candidats qui viennent pour poursuivre leurs études. Ces postes ne devaient pas être pérénisés. On ne doit pas pouvoir être lecteur à vie ou lecteur perpétuel passant d’université à université pendant toute une carrière. (D’ailleurs, je pense qu’ils ne toucheraient pas de pension en ce cas, car ils ne cotisent pas pour la retraite !) A mon avis, le contrat initial pour un lecteur indépendent devrait rester à un an, mais peut-être pourrait-il être renouvelable 2 fois pour la même durée – à condition que ce soit une possibilité de renouvellement, 1 an à la fois, et non “1 an d’essai suivi automatiquement de 2 autres.” L’exigence de la de langue maternelle me paraît primordiale ! Ne mélangeons pas les Lecteurs et Maîtres de langue avec les Normaliens, agrégatifs et autres doctorants français. Il faut absolument réserver de la place pour des enseignants“native speakers” (même “juniors”) dans nos UFRs de langue. Pour résumer : Lecteurs uniquement de langue maternelle de la langue enseignée. Durée de contrat d’1 an, renouvelable soit 1 soit 2 fois mais pas plus. Diplôme de M1, maîtrise ou équivalent. Priorité aux étudiants inscrits en doctorat (à l’étranger, en co-tutelle, ou bien seulement en France – indifféremment) et aux chercheurs souhaitant poursuivre des recherches en France pendant une durée limitée. Concernant les Maîtres de langue, notre UFR n’en a que très rarement. Le niveau de M2 (DEA) est logique, mais un poste initiale de 2 ans renouvelable 1 fois pour la même durée me paraît plus approprié à ce niveau. Sheryl Savina Maître de conférences en anglais, Paris IV Responsable des lecteurs et de l’assistanat sheryl.savina@paris4.sorbonne.fr

Message de Ives Trevian

MC à Paris-7, responsable du secteur oral pendant 4 ans (1996-2000)

A Charles-V, à l’exception de deux postes offerts à des indépendants (convertis cette année en poste de maître de langue), tous nos postes de lecteurs sont liés à des échanges avec des Universités américaines, britanniques et un institut australien. L’usage, du moins tel que je l’ai toujours connu à Charles-V, où je suis en poste depuis 10 ans révolus, veut que l’on reconduise éventuellement deux de ces lecteurs d’échange pour une seule année. En cas de défaut de candidatures de la part de nos lecteurs d’échange pour une reconduction sur l’année suivante, nous recrutons bien entendu des candidats indépendants, parmi lesquels nous privilégions ceux qui poursuivent un cursus universitaire avancé (M ou doctorants) A Charles-V les cours d’oral de niveaux L1, L2 et L3 se composent d’un TD théorique, d’une séance de labo et d’une séance d’expression orale. La théorie de la phonologie, de la phonétique, de la morphophonologie et de la graphématique joue un rôle essentiel dans la structure des enseignements dispensés, ce qui nous conduit à assurer une formation en ces domaines à nos lecteurs, qui proviennent pour la plupart de Départements de littérature (française généralement). La formation dispensée à nos lecteurs constitue un investissement en temps assez conséquent et nous regrettons toujours de devoir tout reprendre à zéro l’année suivante, exception faite des 2 lecteurs éventuellement reconduits.

Contrairement à ce qu’ont exprimé d’autres collègues, il ne semble pas qu’un lecteur soit voué à “seulement passer” dans le systme universitaire français. La plupart des lecteurs d’échange que nous recevons travaillent sur des doctorats liés à la littérature ou à la culture française et mon expérience en la matière m’a appris que beaucoup d’entre eux souhaiteraient prolonger leur contrat au-delà des deux ans maximum que notre Université leur alloue, afin de pouvoir poursuivre leurs recherches sur place et parfaire leurs connaissances du français en vue d’une éventuelle carrière d’enseignant de cette langue, ou de sa littérature ou de sa civilisation, dans leur pays d’origine.

Certes, la loi prévoit déjà que nous puissions recruter pour un maximum de 3 ans renouvelables un lecteur d’échange. Malheureusement pareil contrat nécessite une réciprocité que les Universités des pays de langue anglaise avec lesquels nous avons conclu un accord ne sont pas prètes à soutenir. Cela nous renvoie donc à l’irritant problème de garantir une certaine pérénité de la formation que nous octroyons à nos lecteurs. La solution serait pour nous que nous poursuivions nos procédures d’échanges avec le va-et-vient que cela implique mais que les deux postes de maîtres de langues dont nous disposons soient octroyés sur une base indépendante (comme nous le faisons à l’heure actuelle lorsque la demande existe de la part de nos lecteurs d’échange et surtout si leurs qualités individuelles justifient leur reconduction) à deux de nos lecteurs d’échange et que ceux-ci puissent être reconduits sur ces postes pour une troisième voire une quatrième année.

Ainsi pourrions-nous envisager de leur confier un rôle accru dans la formation théorique des nouveaux arrivants, en rentabilisant à l’extrème la formation initialement dispensée. Dernier argument en faveur d’une extension du nombre d’années d’emploi pour les lecteurs “indépendents”, il n’est pas rare de rencontrer parmi les lecteurs d’échange, des personnalités aux qualités personnelles et pédagogiques exceptionnelles, dont on regrette fortement de devoir se séparer au bout de seulement deux ans.

Heather Hilton, Université de Savoie
20 juin 2006

Dans le cadre de la consultation au sujet des contrats de lecteurs, j’aimerais soutenir l’idée d’une prolongation de la durée du contrat des lecteurs (car je suis l’une de celles qui encadrent les lecteurs d’anglais à mon université). Il est vrai que le temps passé chaque année à les former n’est jamais réellement “amorti” dans la situation actuelle des choses.

Je voulais également répondre à une question dans la liste à la page 39 du dernier Bulletin de la SAES, concernant les titres à exiger des candidats au lectorat. Les candidats ayant une formation ou des expériences en didactique des langues (peu importe quelle langue) sont toujours assez rapidement “opérationnels”, et peuvent trouver un intérêt professionnel/ scientifique dans les tâches que nous leur demandons d’assurer (cours de compréhension ou expression, labos de langue de spécialité, etc.). En anglais, de telles formations s’intitulent : “Foreign Language Pedagogy”, ou “Teaching Methodology”, ou “ESL Programs”…

Merci d’avoir lancé le débat et centralisé les arguments.

Contribution à la discussion lancée par P. Volsik sur les contrats des lecteurs et maîtres de langue étrangère.

De la part de Vicki Briault Manus responsable du recrutement de 5 lecteurs et d’un maître de langue à l’Université Stendhal-Grenoble 3, UFR d’Etudes anglophones. 28 juin 2006

J’ai lu le message de P. Volsik et propose un peu en vrac les réflexions qu’il me suscite :

Nous ignorions qu’il y avait cette différence de règlement entre les lecteurs recrutés à titre individuel et ceux des échanges. Jusqu’à présent nous avons maintenu que toute personne recrutée comme lecteur en France et limitée à deux ans, et ce sur le plan national, et que ce n’est pas cumulable en passant sur un pste de maître de langues (c’est à dire deux ans en tout, quel que soit le type de poste).

Nous avons donc dû refuser de très bons candidats ayant accompli deux ans dans une autre université française – c’est à dire candidats à titre individuel.

Nous avons refusé la candidature de bon(ne)s lecteur/rices après leurs deux ans au poste de maître de langues même si entretemps le candidat avait acquis le niveau de qualification requise.

Nous avons trois échanges (deux aux Etats-unis et un en GB) qui fonctionnent très bien pour nos étudiants qui partent, même si dans l’autre sens on a parfois des désistements. Nous nous trouvons régulièrement à la recherche de candidats “à titre individuel” au milieu de l’été voire carrément en septembre.

Un problème que nous avons connu est le fait d’avoir reçu dans les échanges des titulaires de diplômes Bac+4 mais dans d’autres domaines que le français ou les études de langue étrangère. Parfois (une fois !) la personne s’est très bien adaptée mais en général, le faible niveau de français et l’absence de toute expérience pédagogique de langue étrangère (en apprenant comme en enseignant) donne lieu à de grandes difficultés d’adaptation.

Les universités américaines semblent avoir du mal à trouver des candidats pour la France. Toutefois, on a appris par certaines de nos étudiantes parties là-bas que l’annonce n’était pas faite de manière publique, et que peu d’étudiants susceptibles d’être intéressés étaient au courant.

Il est vrai qu’il serait intéressant de pouvoir prolonger des postes de lecteur dans certains cas, pour les raisons évoquées de “rentabiliser” la formation. En même temps, il est vrai aussi qu’on est parfois bien content de ne pas être tenu à garder un lecteur qui n’a pas donné satisfaction.

Nous esayons de conserver l’esprit du lectorat en tant qu’opportunité proposée à un(e) étudiant(e) étranger(e), quelque soit son âge, se destinant à des études plus longues et à l’enseignement supérieur.

Pour cette raison on a essayé d’éviter que ces postes deviennent le support d’un(e) vacataire habitant sur place et cherchant à se caser un an ou deux, préférant quand le cas se présente recruter de “vrais” étudiants étrangers qui, sans cela, ne pourrait pas rester ni poursuivre leur projet d’études en France.

Toutefois, un problème récurrent est celui des auditions : comment auditionner les candidats résidant à l’étranger (ils sont nombreux) ? C’est impossible de les faire venir, vu les frais à engager – et injuste de les encourager à se rendre sur place sans aucune garantie de résultat. On pratique des entretiens par téléphone, mais ce n’est pas probant. On n’a jamais recruté personne par téléphone, et je pense ne plus faire ce type d’entretien.

Le dernier problème que je voudrais soulever est celui de la rémunération, ou la décharge, associée aux fonctions de responsable de recrutement. En ce qui me concerne, il s’agit d’un gros travail que j’estime (grosso modo) à une demi-journée par semaine en moyenne le long de l’année, avec des courriers – papier et électronique – à faire sans arrêt (candidats libres, demandes de renseignements, correspondance avec les trois universités pour les échanges, et avec mes collègues, des informations à transmettre, des coups de fil auxquels répondre, des dossiers à étudier, des commissions à organiser, des lettres à faire aux administrations, et j’en passe). Puis il y a les journées des auditions. J’ai une décharge (payée en HC) de dix heures, ce qui me semble dérisoire en réalité : même si je sais que les tâches administratives assurées par les enseignants sont en général très peu prises en compte, je considère cet état de choses inadmissible et mal réfléchi. Ce serait plus facile de trouver un autre “preneur” si l’investissement demandé était reconnu comme du travail !

Jennifer Vince

Responsable de l’encadrement des lecteurs anglophones, Université Paris 3

A l’Université de Paris 3, nous avons 11 lecteurs, parmi lesquels 7 sont recrutés dans le cadre d’un échange ( dont un en alternance). Les 4 lecteurs indépendants sont nommés pour un an, renouvelable une fois, tandis que les 7 lecteurs d’échange sont nommés pour un an. Nos lecteurs sont chargés, avant tout, de l’entraînement oral, et n’assurent pas de TDs de phonétique et phonologie. Par conséquent, la durée de 2 ans maximum correspond tout à fait aux besoins de ces contrats chez nous, où de très bonnes connaissances de la vie actuelle du pays d’origine et une pratique authentique de la langue constituent des éléments essentiels dans le travail demandé.

Jacques Tranier

A titre de curiosité, j’aimerais savoir s’il est fréquent d’utiliser les services de lecteurs pour effectuer des cours autres que des cours de langue parlée (ce que prévoit le décret, mais à titre exceptionel).
Depuis longtemps, nos étudiants du Département d’anglais n’ont plus de cours de conversation, les lecteurs étant employés à d’autres tâches…

Denis JAMET, département d’anglais de Lyon 3

6/09/2006

Merci tout d’abord à Paul Volsik pour avoir lancé le débat. Nous employons 5 lecteurs/trices et 1 Maître de Langue à l’université Jean Moulin – Lyon 3. Tout comme notre collègue Vicky Briault Manus, nous ignorions qu’il y avait une différence entre les lecteurs recrutés à titre individuel, et ceux recrutés dans le cadre d’un échange. Nous avons toujours dit à nos lecteurs et maîtres de langue que la durée maximale était de 2 ans.

Il est vrai que depuis un certain nombre d’années, il nous est de plus en plus difficile de trouver des candidat(e)s envoyé(e)s par des universités partenaires. Cette année par exemple, l’Université de Swansea ne peut plus prendre de lecteur en français, et, cas inverse, l’Université d’Athens, Georgia, où j’ai enseigné pendant 2 ans, et où j’ai donc des contacts, n’a pu nous envoyer de doctorant comme maître de langue… J’ai donc dû lancer un message désespéré à la SAES pour trouver un lecteur et un maître de langue, et je peux d’ailleurs dire aux collègues que ceci est une très bonne façon de recruter des lecteurs (j’ai eu plus de 10 demandes, la plupart d’entre elles présentant d’excellents dossiers, ce qui nous a permis de recruter nos lecteurs à temps).

En discutant de ce problème de durée avec un de mes collègues, nous en sommes arrivés à une conclusion assez mitigée : la durée de deux ans permet un bon “roulement”, et permet que les étudiants anglophones de français puissent travailler en France. Si l’on augmente la durée, cela sera-t-il encore possible ? D’un autre côté, les universités de province font face à un tel sous-encadrement en anglais (nous sommes une bonne trentaine de titulaires à Lyon 3, pour un taux d’encadrement d’environ 30 à 40% en anglais…), que l’idée de ne pas avoir à chercher de lecteurs tous les ans peut paraître attrayante.

Voici quelques remarques rapides, just to keep the ball rolling…

Josephine Hay

Service des Langues, Université Joseph Fourier Grenoble

Je travaille dans une université scientifique. J’ai été responsable du recrutement des lecteurs d’anglais pendant plusieurs années. L’université n’a pas d’échanges avec le RU, et tous les lecteurs sont recrutés à titre individuel. Nous n’avons recruté un lecteur américain qu’une seule fois : la procédure est très longue (il faut s’y prendre plus d’un an à l’avance) et onéreuse (frais de visite médicale). Je voudrais faire deux remarques : une année le Rectorat a refusé la lectrice proposée qui était à ses yeux trop âgée. Le Rectorat nous a expliqué qu’un lecteur était un jeune étudiant, nouvellement diplômé. Par ailleurs, l’argumentation contrat ATER= 1 an + 3 ans ne tient pas dans une univesité scientifique où les ATER ne sont qu’exceptionnellement fonctionnaires. Le contrat d’un ATER normal en fin de thèse est d’un an (année qui précède la soutenance) + éventuellement 1 an (année suivant la soutenance). On peut supposer qu’une modification du contrat lecteur/maître de langue entraînerait une demande de modification de la longueur du contrat ATER.

Pour ce qui concerne les maîtres de langue étrangère, il est difficile de trouver de jeunes candidats répondant aux critères.

J’ajouterai pour finir que j’ai très souvent été scandalisée par la quantité de travail assignée aux lecteurs/lectrices. Certaines universités confient à des lecteurs le service de maîtres de conférences (196 heures TD). Je pense que le décret devait être plus clair sur la charge de travail à confier aux lecteurs.

Anne Bandry

Notre université dispose de 4 postes de lecteurs : l’un est un échange avec les USA, un autre, ancien échange avec le R.U., est devenu à sens unique ; les deux postes restants sont libres et nous sollicitons des universités nord-américaines pour des candidatures, tout en acceptant aussi des candidatures libres.

Nous leur confions les cours de langue de L1-2-3 en LLCE et en LEA, ainsi que des cours de LANSAD. Deux d’entre eux assurent les TD de civilisation en L1.

Il nous paraît très important que les lecteurs restent proches de nos étudiants par l’âge et par leur formation universitaire très récente. Ceux qui sont envoyés par leur université en étant titulaires d’un PhD sont rarement les meilleurs. Nous préférons quelqu’un qui vient d’obtenir son B.A.

De plus, au vu du salaire qui leur est dévolu, il ne semble guère raisonnable de leur confier des tâches ou des cours plus lourds. La durée d’un an renouvelable une fois nous convient donc très bien.

Notre seul regret est de ne pas parvenir à établir un nouvel échange avec une université britannique, ou de ne pas réussir à recruter systématiquement deux nord-américains et deux britanniques.

Une revalorisation salariale et une clarification des obligations de service seraient les bienvenues.

Au nom de l’équipe d’anglais de Mulhouse,

Anne BANDRY
Directrice de l’Institut d’anglais
FLSH, Université de Haute-Alsace
10 rue des Frères Lumière
68093 Mulhouse CEDEX


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