L’Etat et les services publics à l’ère de l’austérité : étude comparative de la France et du Royaume-Uni (Paris, le 2 et 3 décembre 2016)
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Ce colloque international est organisé par plusieurs organismes en France et au Royaume-Uni (notamment, les Universités Paris 1 et 3, France Stratégie et Policy Network). Il a pour but d’examiner l’évolution de l’Etat et des services publics à l’ère de l’austérité, dans une perspective comparatiste France-Royaume-Uni. Le colloque est transdisciplinaire et cherche à réunir des intervenants qui sont décideurs de la politique publique, acteurs et chercheurs/universitaires. Il s’agit de confronter des expériences nationales, d’un point de vue sectoriel (éducation, santé, transports, défense, etc.) mais aussi dans une perspective institutionnelle (gouvernement local, national et transnational, citoyenneté, etc.).
Le contexte :
La crise financière et la Grande récession ont obligé la plupart des pays industrialisés à pratiquer une politique de relance importante en 2008 et 2009, accompagnée d’interventions massives en faveur des secteurs bancaires nationaux. En conséquence, l’endettement public a augmenté considérablement et ce, dans presque l’ensemble du monde industrialisé. Par la suite, en 2010, les politiques de relance (plutôt keynésiennes) ont cédé la place à l’assainissement budgétaire, en particulier en Europe. Ce changement de cap a inauguré une nouvelle ère « d’austérité », où les gouvernements cherchent à réduire les déficits, souvent en limitant les dépenses publiques. Le Royaume-Uni et la France ont mis en œuvre ce changement de politique, mais dans des termes quelque peu différents.
Au Royaume-Uni, le revirement de la politique est venu avec l’élection d’un gouvernement de Coalition conservateur et libéral-démocrate en mai 2010. Celui-ci a rapidement et visiblement engagé un programme de réduction de dépenses, dans le but d’éliminer les déficits publics (plus de 10% du PIB en 2010) avant la fin du quinquennat (2015). Finalement le déficit a été « seulement » réduit de moitié. Par conséquent, le gouvernement conservateur élu en mai 2015 a toujours comme objectif de réduire le déficit budgétaire dans les années à venir. Quel que soit le succès futur de cette politique, le Chancelier de l’Échiquier (Ministre des Finances), George Osborne, a exprimé son intention de réduire d’une manière significative la taille du secteur public au Royaume-Uni à environ 35% du PIB. Ceci constituera alors une rupture nette avec ce qu’on pourrait appeler le «paradigme New Labour» du développement du secteur public, fondé sur la poursuite de la marchandisation et de la libéralisation des services publics, mais accompagné d’augmentations massives de dépenses dans les années 2000 (jusqu’ à la crise).
La politique budgétaire de la France est également caractérisée par la recherche de l’assainissement des dépenses publiques, bien que d’une manière plus équilibrée et en référence notamment au Pacte budgétaire européen signé en 2012, qui réaffirme les engagements budgétaires des pays membres de la zone euro. Il en résulte des efforts pour réduire les déficits durant la présidence de N. Sarkozy et les gouvernements de F. Fillon (2007-2012) ainsi que la présidence de F. Hollande et les gouvernements socialistes de J.-M. Ayrault (2012-2014) et de M. Valls (2014-). La mise en œuvre de l’austérité s’est traduite principalement par des coupes budgétaires sous les gouvernements Fillon et par un mélange de maîtrises de dépenses et de hausses d’impôts par la suite. Bien que le déficit ait été réduit, la France n’a toujours pas réussi à ramener son déficit public en dessous des 3% du PIB. En conséquence, « l’austérité» va se poursuivre dans les années à venir.
Les thématiques du colloque :
Ce projet de colloque international et de recherche vise à examiner comment l’Etat et les services publics évoluent en France et au Royaume-Uni compte tenu de l’austérité budgétaire. À cette fin, le projet propose d’examiner quatre grandes thématiques :
1/ L’économie et la politique de «l’austérité». Il s’agit de définir «l’’austérité» plus précisément et d’analyser comment et pourquoi elle domine les dépenses publiques aujourd’hui. Dans quelle mesure « l’austérité » est-elle un renforcement du néolibéralisme ? Est-ce que l’austérité d’aujourd’hui est vraiment différente de la maîtrise des dépenses publiques d’autrefois ?
2/ Des approches historiques et culturelles de l’Etat et des services publics. La France et le Royaume-Uni figurent parmi les plus anciens Etats-nations en Europe. À bien des égards, le secteur public remplit des fonctions similaires dans les deux pays. Mais des différences importantes existent quant à leurs traditions nationales, la relation entre l’État et le marché et entre l’État et les citoyens. Cet axe de recherche vise à examiner à la fois ces similitudes et ces différences historiques et culturelles.
3/ Les études sectorielles. Plusieurs tables-rondes du colloque chercheront à examiner comment différents services publics évoluent aujourd’hui. Les domaines spécifiques à examiner comprennent : la santé, l’éducation, le logement, les services de réseau, les transports, la culture, les politiques relatives aux transferts de revenus (pensions, allocations de chômage…), les politiques de l’emploi, des services de «sécurité nationale». Les contributions pourront porter sur un secteur par pays et/ou des comparaisons directes France-Royaume-Uni dans le domaine choisi. L’organisation des services publics, la délégation de service public au secteur privé et les partenariats public/privé seront également examinés.
4 / Le gouvernement local, régional et européen. Depuis les années 1980, la France et le Royaume-Uni ont connu des changements importants dans l’équilibre des pouvoirs entre le centre et les régions (la décentralisation en France en 1983; la décentralisation (devolution) du pouvoir vers l’Ecosse en particulier, mais aussi vers Irlande du Nord et le pays de Galles au Royaume-Uni, notamment en 1998). Dans le même temps, la législation et la jurisprudence européennes affectent les gouvernements nationaux de plus en plus (et continueront probablement à le faire par le biais du marché unique en Europe, même dans le cas du « Brexit »). Cette partie de la recherche examinera les nouvelles approches des autorités et des services publics au niveau régional. Elle examinera également les conséquences générales de l’intégration européenne en termes de droits et d’accès aux services publics.
Langues de travail : anglais et le français.
Comité d’organisation : Daniel AGACINSKI (France Stratégie), Noëlle BURGI (CNRS, CESSP), David FEE (Paris 3, CREC), Isabelle HIRTZLIN (Paris 1, CES), Anémone KOBER-SMITH (Paris 13, Pléiade), Sandrine MAHIEU (Ministère de la Culture), Pierre PECH (Paris 1, Ladyss) et Nicholas SOWELS (Paris 1, CREC).
Comité scientifique : Edith ARCHAMBAULT (Paris 1), Ben CLIFT (Warwick), Andrew GAMBLE (Cambridge), Daniel GAXIE (Paris 1), Richard HYMAN (LSE), Gilles LEYDIER (Toulouse), Zeynep OR (IRDES), Nick PEARCE (IPR, Bath) et Hélène PHANER (France Stratégie).
Veuillez envoyer vos propositions de communications (résumé de 300 mots et court CV) à nicholas.sowels@univ-paris1.fr avant le 31 mai 2016, svp.
Government and Public Services in an Age of Austerity: a Comparative Study of France and the United Kingdom (Paris, 2-3 December 2016)
This international conference is being organised by several institutions (notably the Universities of Paris 1 and 3, France Stratégie and Policy Network). It aims to examine the evolution of government and public services in an age of austerity, from a comparative France-UK point of view. The conference will be trans-disciplinary and seeks to bring together policy-makers and actors, as well as researchers and academics. The goal is to compare national experiences from a sectoral point of view (education, health, transport, defence, etc.), as well as from an institutional perspective (local, national and transnational government, changing citizenship, etc.).
The Context:
The financial crisis and Great Recession led most industrialised countries to provide significant fiscal support for demand in 2008 and 2009, along with massive intervention to aid national banking sectors. As a result, public sector indebtedness rose substantially, almost everywhere and regardless of previous successes, or not, in controlling public finances. In 2010, the broad policy of Keynesian stimulus gave way to fiscal consolidation, especially in Europe. This shift ushered in a new age of “austerity”, with governments seeking to reduce deficits, often through holding down public expenditure growth. The United Kingdom and France both followed this policy switch, albeit in somewhat different terms.
In the UK, the key turnaround in policy came with the election of the Conservative and Liberal-Democrat Coalition government in May 2010. It quickly and visibly embarked on a programme of public spending cuts, with the aim of ending the government deficit (of more than 10% of GDP in 2010) by the end of its five-year term in office. In the event, the deficit was “only” halved by 2015, so that the Conservative government elected in May 2015 still faces the significant task of closing the budget gap in the years ahead. Whatever exactly happens, Britain’s Chancellor of the Exchequer George Osborne has quite clearly set out his plan for significantly reducing the size of the public sector in the UK to around 35% of GDP. This is a clear break with what could be called the “New Labour paradigm” of public sector development, based on pursuing the marketisation and liberalisation of public services accompanied by massive increases in public spending in the 2000s (until the crisis). The goal, in the words of George Osborne, is to shift Britain “from a low wage, high tax, high welfare economy; to [a] higher wage, lower tax, lower welfare country” (Budget Speech, July 2015).
The fiscal situation in France has also been characterised by similar, if somewhat more balanced moves to consolidation, with reference to the European Fiscal Compact. This Compact was signed in 2012 and reaffirms the commitment of Eurozone (EZ) countries to fiscal consolidation. In France, the result has been pressure to bring down deficits under the previous conservative governments (of President Nicolas Sarkozy and Prime Minister François Fillon (2007-2012)) and under the present socialist governments (President François Hollande and Prime Ministers Jean-Marc Ayrault (2012-2014) and Manuel Valls (2014-)). The drive to austerity was mainly borne by cuts in government spending under the Sarkozy-Fillon administration and by a mixture of spending controls and tax increases thereafter. Though the deficit has fallen, France has repeatedly delayed bringing it below the 3% of GDP ceiling set out in various EU/EZ documents. As a result, pressure on government spending – “austerity” – is likely to continue into the foreseeable future.
The areas to be addressed by the conference:
The conference and research project aim to examine how government and public services are evolving in France and the United Kingdom given these pressures on public finances. To this end, it proposes examining four broad areas of government action and public policy:
1/ The economics and politics of “austerity”. This involves asking what “austerity” really is, as well as how and why it came to characterise government spending. To what extent is austerity a further entrenchment of neoliberalism? Is today’s austerity really any different from spending controls in the past?
2/ Historical and cultural approaches to government and public services. France and the UK are among Europe’s oldest nation-states. In many ways, government in both countries does similar things. But differences exist in both national traditions, in the relationship between the State and markets, as well as between government and citizens. This area of research seeks to examine these historical and cultural similarities and differences.
3/ Sectoral studies. Panel sessions in the conference will analyse how specific governmental and public services are evolving in today’s environment. Areas to be examined include: health, education, housing, network services, transport, culture, policies relating to income transfers (pensions, unemployment pay, etc.), employment policy, “national security” services. The conference will also look at questions of public service governance, private finance, etc.
4/ Local, regional and European government. Since the 1980s, France and the United Kingdom have experienced significant changes in the balance of power between the centre and regional government (France’s “decentralisation”/devolution in 1983; the devolution of power in the UK in 1998 to Scotland especially, but also to Northern Ireland and Wales). At the same time, European legislation and jurisprudence are also increasingly affecting national governments (and will likely continue to do so through the Single Market, even in the event of Brexit). This part of the research will examine new approaches to government and public services which are emerging at the sub-national level. It will also examine the broad consequences of European engagement in terms of rights and access to public services.
Working languages: English and French.
Scientific Committee: Edith Archambault (Paris 1), Ben Clift (Warwick), Andrew Gamble (Cambridge), Daniel Gaxie (Paris 1), Richard Hyman (LSE), Gilles Leydier (Toulouse), Zeynep Or (IRDES), Nick Pearce (IPR, Bath) and Hélène Phaner (France Stratégie).
Organisation Committee: Daniel Agacinski (France Stratégie), Noëlle Burgi (CNRS, CESSP), David Fee (Paris 3, CREC), Isabelle Hirtzlin (Paris 1, CES), Anémone Kober-Smith (Paris 3, Pléiade), Sandrine Mahieu (Ministry of Culture), Pierre Pech (Paris 1, Ladyss) and Nicholas Sowels (Paris 1, CREC).
Please send your proposals for a contribution (300 word summary and short CV) to nicholas.sowels@univ-paris1.fr by 31 May 2016.