Paris du 14 au 16 juin Le Canada et ses définitions de 1867 à 2017 : valeurs, pratiques et représentations

Paris du 14 au 16 juin  Le Canada et ses définitions de 1867 à 2017 : valeurs, pratiques et représentations

Le Congrès 2017 de l’Association française d’études canadiennes se tiendra à Paris du 14 au 16 juin et portera sur la commémoration des 150 ans de la Confédération canadienne.

Vous trouverez ci-dessous l’appel à communication complet.

Date limite d’envoi des propositions (400 mots maximum) + brève notice biographique (100 mots maximum), de préférence au format Word : 1er juillet 2016

CONTACT : Laurence CROS, laurence.cros@univ-paris-diderot.fr

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le 1er juillet 2017, le Canada fêtera le cent-cinquantième anniversaire de la Confédération. L’Association française d’études canadiennes (AFEC), en collaboration avec le Laboratoire de recherche sur les cultures anglophones (LARCA) de l’Université Paris-Diderot, souhaitent à cette occasion organiser un colloque international pour rendre compte de l’évolution du Canada et de ses définitions. Ce colloque entend se placer dans la perspective historique de la longue durée, en interrogeant non seulement ce qui définit le Canada en 2017, mais en le comparant avec ce qui le définissait en 1867 au moment de la Confédération, ainsi qu’en 1967, lors du centenaire. Le colloque propose d’orienter la réflexion autour de trois axes correspondant aux valeurs, aux pratiques et aux représentations par lesquelles le Canada se définit.

1) Les valeurs et principes du Canada

Le débat sur les valeurs canadiennes a joué un rôle central lors de l’élection fédérale de 2015, laquelle a vu s’opposer deux visions du Canada. La vision conservatrice du Canada, portée par Stephen Harper, s’appuyait sur une défense des valeurs morales et martiales et la volonté de faire des choix sans compromission. La vision libérale du Canada, portée par Justin Trudeau, mettait l’accent sur les valeurs de bienveillance et de respect de l’autre et de ses différences et la volonté de rassembler dans un esprit de compromis et de collaboration. Ces deux visions se réclamaient, dans une certaine mesure, d’un passé canadien : la vision conservatrice était souvent associée à un retour aux sources britanniques et royalistes de la fin du XIXe siècle, alors que la vision libérale entendait faire revivre les choix politiques nationaux et internationaux du Canada des années 1960 à 1980. Le colloque souhaite donc accueillir une réflexion sur les valeurs canadiennes d’aujourd’hui, mais aussi sur celles d’hier, afin d’en mesurer la permanence comme l’évolution. On pourra associer à ce travail sur les valeurs, qui souvent possèdent une dimension surtout affective, une réflexion sur les principes théorisés qui forment, aujourd’hui comme hier, le fondement de l’identité canadienne. On pourra réfléchir sur les thèmes suivants, entre autres :

–       Quel est aujourd’hui l’état de la recherche sur les valeurs et principes qui ont participé à l’invention de la nation canadienne, ses débuts compliqués, ses liens avec l’empire britannique ?

–       Quelle est la place du conservatisme canadien aujourd’hui, et quelle a été son évolution par rapport à l’époque de la fondation de la nation canadienne (1867) et celle de son centenaire (1967) ?

–       Quelles sont les valeurs libérales du Canada ? Dans quelle mesure ont-elles modelé l’identité canadienne au XXe siècle ? La victoire de Justin Trudeau témoigne-t-elle de leur permanence au Canada ?

–       Les valeurs et principes du Canada ont-ils formé par le passé un socle essentiel pour différencier le Canada des États-Unis, et qu’en est-il aujourd’hui ? La tendance est-elle à une plus grande similitude, ou une plus grande divergence des valeurs et principes du Canada et des États-Unis ?

–       Dans quelle mesure le XXIe siècle voit-il des nouvelles valeurs, jusqu’alors peu mises en avant, devenir essentielles (comme le rapport à l’environnement, le souci de l’égalité homme-femme…)

–       Comment les valeurs canadiennes sont-elles (re)définies, (re)présentées, ou contestées à travers différentes formes artistiques ou littéraires ?

–       Peut-on dire qu’aujourd’hui la question autochtone est au cœur des valeurs canadiennes ? En quoi l’évolution des valeurs canadiennes mène-t-elle à l’élaboration d’une identité canadienne inclusive (peuples fondateurs, immigrants, autochtones) ?

2) Les pratiques du Canada :

Les valeurs du Canada sont exprimées et concrétisées par des pratiques politiques, institutionnelles, sociales, économiques, littéraires et culturelles qui elles aussi ont grandement changé depuis 1867 et même depuis 1967. Ce colloque encouragera la réflexion sur l’évolution des pratiques canadiennes dans tous les domaines, par exemple :

–       Politique, institutions, unité nationale : évolution du fédéralisme canadien (décentralisation, fédéralisme asymétrique…) ; place du Québec dans une ère post-référendaire ; Charte des droits et libertés, Cour Suprême et judiciarisation de la politique canadienne entre 1967 et 2017 ; évolution de la démocratie canadienne, du système parlementaire à la britannique à la démocratie participative ; réforme du système électoral…

–       Relations internationales : le multilatéralisme est-il toujours la pierre angulaire de la politique étrangère du Canada ? De Lester Pearson à Lloyd Axworthy, le Canada est-il toujours reconnu comme un acteur essentiel de la paix dans le monde ?

–       Économie : de la National Policy au libre-échange : évolution des pratiques commerciales du Canada ; de la fourrure aux minerais : permanence du modèle économique des staples ?

–       Environnement et économie : de la Compagnie de la Baie d’Hudson au pipeline XL, les priorités du Canada ont-elles changé ?

–       Peuples autochtones et société : l’un des chantiers essentiels du Canada contemporain est de permettre enfin aux peuples autochtones de s’intégrer à égalité dans la nation canadienne et de se réconcilier avec la population non-autochtone. On pourrait explorer les pratiques qui portent cette évolution, de l’utilisation juridique des revendications territoriales à la mise en place de commissions (commission de vérité et réconciliation du Canada, commission d’enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées), en passant par la création du territoire du Nunavut, l’obligation légale de prise en compte des positions autochtones pour les projets de développement…

–       Langues et société : évolution des politiques linguistiques et des pratiques langagières. Si l’article 133 de la Loi constitutionnelle de 1867 n’établit pas le bilinguisme officiel au Canada dans son entier, il constitue une avancée presque révolutionnaire à une époque où la coexistence de deux langues sur le plan institutionnel va à l’encontre de l’idée que l’on se faisait de la relation entre langue et identité nationale. Comment le rapport entre les deux langues officielles a-t-il évolué depuis 1867 ? Les pratiques langagières des locuteurs reflètent-elles ces changements ? Le bilinguisme a-t-il toujours sa place dans une société tournée vers le multiculturalisme ?

–       Religions : évolutions de la scène religieuse canadienne. Depuis 1867 le pays est passé d’un terreau religieux reproduisant les traditions européennes (catholicisme, anglicanisme, protestantisme, judaïsme) à un impressionnant pluralisme égal à celui des États-Unis, à la fois en raison de l’immigration mais aussi de l’ingénierie religieuse canadienne elle-même.

–       Littératures : si les « Poètes de la Confédération » ont contribué, dès les années 1880, à poser les jalons d’une tradition poétique canadienne tout en ouvrant à la définition d’une identité nationale, c’est seulement à partir des années 1960 que la littérature canadienne s’est véritablement affranchie de la tutelle à la fois américaine et britannique. Qu’en est-il aujourd’hui ? Quels sont les rapports entre les pratiques littéraires anglophone et francophone ? Témoignent-elles de la même évolution du Canada ?

3) Les représentations du Canada

Le Canada se définit également, surtout à l’époque contemporaine où le « branding » est devenu si important, par la façon dont il est représenté. Le colloque souhaite particulièrement se concentrer sur la représentation des diversités canadiennes en 2017, en comparaison avec le passé : à l’époque de la Confédération, le Canada était souvent perçu et décrit comme le Canada des deux peuples fondateurs, les Canadiens anglais et les Canadiens français. À l’époque du centenaire de la Confédération, en 1967, le concept d’État biculturel est en pleine redéfinition et sur le point de céder la place au concept de multiculturalisme. Cinquante ans plus tard, les représentations du Canada semblent refléter une volonté d’inclure un éventail toujours plus varié de types de diversités comme le genre, la religion, l’orientation sexuelle, le handicap… Cette tendance se manifeste également par la reconnaissance de la dimension autochtone de l’identité canadienne qui commence à peine aujourd’hui et pourrait se révéler l’une des évolutions les plus importantes de la représentation du Canada à l’avenir. On pourra par exemple explorer les thèmes suivants :

–       Le multiculturalisme est-il toujours aujourd’hui l’élément central des représentations du Canada ?

–       La prise en compte du genre est-il aujourd’hui un élément majeur des représentations du Canada, dans le domaine politique (parité du gouvernement Trudeau), institutionnel (demande de changement des paroles « genrées » de l’hymne national), artistique (représentation du genre et de l’orientation sexuelle par le cinéaste québécois Xavier Dolan), littéraire ?

–       Comment le Canada commence à véritablement inclure les Premières Nations dans la représentation nationale et ce de façon multiple : visibilité et prise en compte des langues autochtones ; mise en valeur de la production artistique autochtone ; inclusion de ministres autochtones au plus haut niveau du Cabinet ; impact de la Commission de vérité et réconciliation du Canada ; choix de l’identité et l’héritage autochtones comme thème officiel des Jeux olympiques de Vancouver ; mise en place de cours obligatoires sur les cultures autochtones dans les universités canadiennes…

Les propositions pourront être soumises de manière individuelle ou en panel (groupe de 4 propositions sur une thématique commune), en anglais ou en français.

Date de remise des propositions de communication (400 mots maximum) + brève notice biographique (100 mots maximum), de préférence au format Word : 1er juillet 2016

Retour du comité d’organisation : 30 septembre 2016

CONTACT : Laurence CROS

Maître de conférences en études canadiennes

Université Paris Diderot (Paris 7)

laurence.cros@univ-paris-diderot.fr

Une sélection des articles issus du colloque sera publiée dans un numéro papier de la revue Études Canadiennes / Canadian Studies, suivi un an plus tard d’une édition électronique en libre accès sur http://eccs.revues.org/


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