Retours sur horizons : transitions et ruptures historiques au miroir du récit bref de science-fiction et d’anticipation
Journée d’Étude du séminaire de l’IRPALL « Fictions de mondes possibles »
(Sciences, science-fiction, utopies et Histoire dans le récit bref)
Jeudi 9 juin 2016
Maison de la Recherche, salle D 31
Comme le souligne Théodore Sturgeon avec beaucoup de réalisme, une « histoire de science-fiction est une histoire construite autour d’êtres humains avec un problème humain et une solution humaine, et qui n’aurait pu se produire sans son contexte scientifique », mais ce genre littéraire est sans doute plus encore, ainsi que l’indique très justement John Brunner, « le moyen d’expression par lequel notre misérable certitude que demain différera d’aujourd’hui de façon imprévisible peut être transmuée en une attente impatiente et passionnante. »
Considérant la complexité du monde ambiant contemporain à la lumière d’une fiction d’avenir, ou projetant notre présent vers un futur imaginaire, la littérature de science-fiction ou d’anticipation est avant tout une projection vers des temporalités et des mondes lointains, qu’elle décline de façons très diverses comme une infinité de possibles.
Prolongeant les travaux du séminaire de l’IRPALL « Fictions de mondes possibles », la journée d’étude du 9 juin 2016 envisagera les multiples mises en perspective du présent et du futur – sans oublier le passé – auxquelles se prêtent, dans ce domaine littéraire où ils ont connu un développement particulier, le récit bref et ses multiples avatars. On pourra ainsi se demander comment la fiction s’y articule, à certaines périodes bien précises, autour d’épisodes saillants de tension et de crispation qui ont marqué le XXe siècle et le début du XXIe siècle, reflétant ainsi les visions, les problèmes et les conflits d’un monde en crise. On s’intéressera plus particulièrement à la mise en scène de phénomènes de basculement, de tournant, de franchissement de seuil, de changements de paradigme (linguistique, stylistique, philosophique, social, politique, technologique, humain) en des périodes charnière, des phénomènes à travers lesquels la narration, par son inventivité même, devient le miroir (parfois paradoxal) de l’Histoire.
Pluridisciplinaire comme l’ensemble des travaux du séminaire, la réflexion portera sur l’ensemble des littératures et aires géolinguistiques européennes sans toutefois s’y limiter, l’objectif étant de croiser ainsi la diversité des points de vue et approches qu’elles permettent – la perspective d’un Stanislaw Lem, pour ne citer que quelques auteurs, n’étant pas celle d’un Ray Bradbury ou d’un Valerio Evangelisti.
On pourra ainsi s’intéresser en particulier aux périodes des totalitarismes (avant-guerre), à l’époque de la Guerre Froide, à celle de la conquête de l’espace, à l’entrée dans l’ère des nouvelles technologies (liste non exhaustive), et voir comment les ressources de la fiction traduisent la perception de ces crises ou de ces changements majeurs.
Pour l’évocation de ces périodes charnière, on pourra se référer à des auteurs qui ont marqué leur époque comme par exemple Ray Bradbury (Chroniques martiennes – Martian Chronicles, 1950), Stanislaw Lem (Les voyages électriques d’Ijon Tichy – Dzienniki gwiazdowe, 1976), Jean Pierre Andrevon (Les retombées, 1979), Lino Aldani (37° centigrades – Trentasette centigradi, 1963), Valerio Evangelisti (Metallo urlante – Métal hurlant, 1998), Jean-Claude Dunyach (Déchiffrer la trame, 2001), Alain Damasio (Aucun souvenir assez solide, 2005), Klaus Iwoleit (Les derniers jours de l’éternité / Die letzten Tage der Ewigkeit, 2012).
Les communications de cette journée d’étude feront l’objet d’une publication.
Les propositions de communication, d’une page, accompagnée d’une brève notice biographique, sont à transmettre à Yves Iehl (iehl.yves@free.fr) jusqu’au 15 avril 2016.
Organisateurs :
Yves Iehl, Université Toulouse 2 (iehl.yves@free.fr)
Jean Nimis, Université Toulouse 2 (jean.nimis@univ-tlse2.fr)