Lettre de l’AFEA et de la SAES à Daniel Filâtre sur les Masters MEEF et les ESPE (mai 2013)

Lettre envoyée à Daniel Filâtre, Conseiller en charge du premier cycle, de la formation des enseignants, de l’orientation et de l’insertion au cabinet de Geneviève Fioraso, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, concernant les réformes des Masters MEEF et des ESPE, et adressée au nom de l’Association Française d’Etudes Américaines (AFEA) et de la Société des Anglicistes de l’Enseignement Supérieur (SAES).

Le projet de loi portant sur la « Refondation de l’école » a été voté en première lecture par la représentation nationale le 19 mars dernier.

L’une des pièces maîtresses de ce projet de refondation est la mise en place des ESPE, qui sont appelées à jouer un rôle central dans la formation des enseignants, voire à la piloter. Ces nouvelles Ecoles font partie d’un dispositif d’ensemble, dont les nouveaux concours de recrutement des enseignants, eux-mêmes articulés aux nouveaux masters MEEF, constitueront l’un des éléments majeurs.

De par son ampleur même, cette réforme ne saurait être mise en place dans la précipitation, d’autant que certaines de ses principales articulations ne sont toujours pas connues à ce jour. En effet, alors que la maquette du nouveau concours était connue depuis le début de l’année, les universités n’ont été informées de ses déclinaisons disciplinaires qu’à la mi-avril, et les maquettes spécifiques des différents CAPES suscitent des questions et des interrogations auxquelles des réponses circonstanciées doivent encore être apportées ; de même, les textes de cadrage des nouveaux masters MEEF ne sont toujours pas publiés, ni les statuts juridiques des ESPE.

Nous demandons en conséquence le report de la réforme à la rentrée 2014, et l’ouverture d’une concertation approfondie avec tous les acteurs du changement. En particulier, nous demandons, à propos de la maquette des masters MEEF :

- que l’introduction du disciplinaire au sein du parcours, et non plus au niveau de la mention, n’aboutisse pas à une minoration de l’ancrage disciplinaire du diplôme dans les nouveaux Masters MEEF PLCE ;

- que le nombre d’ECTS du bloc 1 disciplinaire soit augmenté. Il est aujourd’hui trop réduit pour y intégrer les compétences disciplinaires que requiert une formation de qualité, notamment dans des domaines tels que les langues vivantes étrangères, tout particulièrement l’anglais.

- que le bloc didactique soit explicitement adossé au disciplinaire, afin que les futurs enseignants maîtrisent leur discipline dans toutes ses dimensions ;

- que le bloc recherche soit clairement ancré dans la discipline ;

Nous demandons en outre que le Master MEEF et le Master Recherche ne soient pas coupés l’un de l’autre, mais que des mutualisations entre eux soient non seulement possibles, mais encouragées. Ceci est indispensable pour garantir aux étudiants une possibilité de réorientation et d’évolution dans leur carrière que la césure entre les deux masters rendrait de facto impossible.

Au vu des nombreux aménagements qu’elle appelle, nous estimons qu’il est à la fois déraisonnable et irréaliste d’imposer à marche forcée une réforme qui, dans l’état actuel des choses, n’emporte pas l’adhésion des principaux intéressés : la multiplication des motions émanant aussi bien des instances universitaires que de sections du CNU en est le signe incontestable. Il n’est ni sérieux, ni conforme à l’intérêt du pays et de sa jeunesse, de prétendre faire aboutir la réforme en cours dans un calendrier aussi contraint. Ce n’est pas au moment où les universitaires sont accaparés par les tâches d’évaluation (examens, soutenances de mémoires, rapports de stage, comités de sélection,…), qu’ils pourront consacrer le meilleur de leur temps et de leur énergie à la définition de maquettes nouvelles, qui devront elles-mêmes faire l’objet de validation par les conseils centraux des établissements, puis de navettes avec les instances nationales afin d’être validées à temps pour la rentrée 2013. La date de remontée des maquettes, fixée à la fin du mois de mai, nous semble donc totalement irréalisable, et un report nous paraît non seulement nécessaire, mais même indispensable, afin que cette réforme aboutisse dans les meilleures conditions possibles.

Isabelle Alfandary, présidente de l’Association Française d’Études Américaines

Pierre Lurbe, président de la Société des Anglicistes de l’Enseignement Supérieur


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