11-13 juin 2019 « Frontières dans les Amériques »

Colloque « Frontières dans les Amériques » 11-13 juin 2019 (English text follows)
Alors que dans le sillage de l’effondrement de l’URSS, de nombreux analystes prévoyaient que le monde avait atteint la « fin de l’histoire » [Fukuyama, 1992] et que les organisations régionales ainsi que les accords de libre-échanges – parmi lesquelles l’Union européenne faisait figure de modèle à suivre, d’exemple d’intégration le plus abouti – étaient le signe de l’avènement d’un monde sans frontières, on se rend compte que, plus de trente ans plus tard, la réalité est bien loin de ces commentaires. On a plutôt assisté à un « retour des frontières » [Amilhat Szary, 2006], [Foucher, 2016], [Ferguson 2017]. L’un des signes les plus parlants est la multiplication des « murs frontaliers » dont le nombre est passé de 15, en 1989, à plus de 60 en 2016 [Vallet, 2016]. Signe d’un phénomène de « rebordering » [Van Houtoum, 2004], [Podescu, 2011], ces murs sont la manifestation d’une « transformation qualitative » des frontières [Ibid, 3]. Cependant, leur retour se fait sous différentes formes, qu’il s’agisse de leur renforcement concret, ou bien du renforcement des activités de contrôle et de surveillance, ou bien encore de leur contestation par des mouvements séparatistes dont les référendums en Catalogne ou au Kurdistan sont les exemples les plus récents. Une nouveauté, c’est que ces processus attribuent aux frontières une fonction de « tri des flux » menant à leur « traitement différencié » [Amilhat-Szary, 2015].

Qu’elles soient contestées, transgressées, transcendées, renforcées ou intégrées, les frontières sont donc au coeur du débat politique. Ce colloque – le premier d’une série intitulée « Frontières, espaces et pouvoirs » – s’intéressera aux frontières dans une ère géographique particulière : le continent américain. Parce qu’elles ont été colonisées par les pouvoirs européens, les Amériques ont de cela en commun que leurs frontières ont été mises en place afin d’« ordonner » le Nouveau Monde [Popescu, 2011, 8]. Plus exactement, elles combinent de façon originale deux formes d’appropriation territoriale, une logique de conquête zonale colonisatrice (frontier) et une volonté de maillage du monde dans une perspective occidentale de l’espace (boundary) [Perrier Bruslé, 2007]. Elles véhiculent donc une dimension exogène qui peut avoir des implications pour les espaces et les communautés qu’elles traversent tant en termes de légitimité que d’identité. Au-delà de leur passé colonial, les Amériques ont, depuis les années 1990, un autre point commun : embrassant les forces de la mondialisation, elles ont mis en place des accords commerciaux que ce soit par le biais de l’ALENA pour l’Amérique du nord ou du MERCOSUR pour l’Amérique du sud, afin de favoriser l’intégration régionale. Et ces accords ont mis en avant une vision particulière de la frontière, une frontière qui apparaît davantage comme une « ressource » et moins comme un « stigmate » [Amilhat-Szary, 2015, 85]. Au niveau local, les acteurs ont parfois un point de vue différencié sur la mise en valeur des territoires « périphériques » où ils vivent et développent des initiatives para-diplomatiques innovantes. Sur un continent, dont certaines régions ont été marquées par des conflits frontaliers récurrents depuis le 19ème siècle et où les frontières sont, pour certaines, aujourd’hui encore contestées, notamment en Amérique centrale, [Medina, 2009, 36-37], l’intégration a été un « facteur de stabilisation » [Medina, 2009, 41] sans gommer les tensions de géopolitique interne qui débordent parfois outre-frontière, mettant en péril la stabilité continentale.

Cependant, les attentats du 11 septembre 2001 – et plus généralement l’émergence d’une menace terroriste internationale, présente en Amérique Latine dès les attentats de Buenos Aires, dans les années 1880 – ont modifié le rôle des frontières, contribuant à leur « refonctionnalisation ». La résurgence d’une Fortress America [Alden, 2008], [Andreas, 2003], [Noble, 2004] a été très largement documentée pour ce qui est des Etats-Unis mais le phénomène de rebordering concerne aussi les frontières latino-américaines de façon néanmoins plus ambivalente puisqu’elles sont prises dans un processus contradictoire de « démantèlement et de construction » [Machado De Olivera, 2009, 19]. Alors que certaines semblent se fermer, en raison de la réponse qu’ont eue certains pays contre le terrorisme, d’autres, au contraire, prennent un chemin inverse d’ouverture, notamment en Amérique
centrale [Médina, 2009, 138]. On y lit sur ce continent une politique de réinterprétation originale des grandes tendances de gestion des frontières au niveau mondial, avec par exemple le déploiement d’un appareil de sécurisation des frontières brésiliennes d’une ampleur sans précédent, sans remise en question réelle de la croissance des flux d’échange internationaux, légaux comme illégaux (contrebande, narcotrafic, etc…) [Dorfman et al, 2014], [Dorfman et al, 2017].

On peut difficilement définir une dynamique commune aux frontières du continent américain puisque leur rôle change d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre [Machado Oliveira, 2009, 20] : les frontières sont marquées, au contraire, par une « immense variété » notamment en Amérique Latine où elles sont plus nombreuses. Entre les « frontières distantes » qui séparent des régions marginales dont les territoires « tournent le dos à la frontière » (Argentine/Chili, Paraguay/Brésil…), les « frontières capricantes », marquées par des liens transfrontaliers illégaux notamment dans des zones nouvellement urbanisées (Costa Rica/Nicaragua, Mexique/Guatemala), ou encore les « frontières vibrantes », qui tirent leur dynamisme d’une population dense et d’avantages comparatifs nombreux (Brésil/Uruguay, Pérou/Equateur, Mexique/Etats-Unis), sans oublier les « frontières protocolaires », qui sont des régions instrumentalisées par le pouvoir central afin de promouvoir leur « dynamisation » ou encore de lutter contre les trafics illégaux selon une approche top-down (Chili/Argentine, Haïti/République Dominicaine), on voit que les types de frontières sont nombreux [Machado de Oliveira, 2009, 28-30]. Différents degrés de coopération transfrontalière se nouent à travers elles et le présent colloque peut être l’occasion d’affiner cette typologie. Dans un contexte global de montée en théorie des études
frontalières, il peut être intéressant de se demander en quoi une approche continentale permet de faire le point sur des spécificités régionales, mais aussi de contribuer, de façon originale, à cet effort épistémologique [Mezzadra, 2013], [Nail, 2016], [Parker et al, 2012], [Wastl-Walter, 2012].
Ce colloque se propose donc de réfléchir à ces différentes dynamiques qui animent les frontières américaines, ainsi que les mutations qu’elles ont connues dans la dernière décennie selon plusieurs axes.
  • Les communications pourront porter sur les différentes politiques mises en place depuis le début des années 2000, notamment en relation avec ce phénomène de rebordering qui est enjeu à l’échelle mondiale. Comment les pays gèrent-ils leurs frontières dans ce nouveau contexte ? Les propositions peuvent aussi bien s’attacher aux dispositifs eux-mêmes qu’à leurs implications pour les relations transfrontalières. Des études de cas ou bien des approches comparatives sont les bienvenues qui tentent notamment, au-delà des synthèses régionales déjà établies, de lier les deux moitiés des Amériques… [Brunet-Jailly, 2007], [Konrad et al, 2008].
  • Les propositions pourront également analyser la façon dont les frontières américaines évoluent, entre ouverture et fermeture, « fonctionnalisation et défonctionnalisation » [Foucher, 1991], [Pradeau, 1994, 16-17] afin d’étudier ces dynamiques à la fois à petite échelle, au niveau de la dyade que forment certains pays, ou bien à plus grande échelle – régionale ou continentale. On s’intéressera notamment aux aspects matériels d’une telle dynamique, et à la façon dont ce processus se territorialise. Les approches historiques qui renouvellent la question du conflit frontalier territorialisé et multiplient les échelles de lecture, proposant des efforts pour faire évoluer les récits nationaux et nationalistes contradictoires, seront également recherchées [Parodi Revoredo et al, 2014].
  • Les communicants peuvent également explorer la question de l’intégration continentale au sein de l’ALENA et du MERCOSUR, mais aussi à l’échelle de l’ensemble des deux Amériques (UNASUR). Où en sont ces ensembles régionaux qui se présentaient comme des modèles dans les années 1990 ? Comment les différents pays membres envisagent-ils leurs relations aux frontières dans ces cadres-là ? Comment les deux phénomènes d’intégration et de rebordering cohabitent-ils ? Quels sont les mouvements de résistance à ces processus, comment s’expriment-ils politiquement et à quelle(s) échelle(s) ?
  • Plus largement, les communicants sont invités à étudier les relations frontalières afin de voir quels enjeux de coopération transfrontalière se nouent entre les pays, quel genre de complémentarité peut s’établir de part et d’autre d’une ligne internationale. A petite échelle, comment cela peut-il donner naissance à des binômes urbains et des régions transfrontalières ? On fera là une place aux contre-initiatives politiques, car les exemples sont nombreux, dans les Amériques, de mouvements sociaux transnationaux qui dénoncent et embrassent tout à la fois les frontières. Les approches comparatistes seront les bienvenues.
  • On s’intéressera également au travail de la frontière « par le bas » [Runford, 2014] : comment les habitants des régions frontalières interagissent-ils avec les normes internationales qu’ils côtoient ? La frontière étant un « marqueur d’identité » [Piermay, 2005, 206], un questionnement sur le lien entre identité, territoire et frontière est bienvenu. Quelles interactions et quelle(s) identité(s) émerge(nt) de ces liens transfrontaliers ? Comment les individus se construisent-ils vis-à-vis de la frontière ? D’autres « third nations » [Dear, 2013, 71], à l’instar de ce qui se passe le long de la frontière Mexique/Etats-Unis, ont-elles émergé ? La question est d’autant plus importante dans certaines régions d’Amérique centrale où « l’Etat a précédé la nation » [Medina, 2009, 38]. A partir de là, quel rôle les frontières jouent-elles dans la « cohésion nationale » [Ibid] ? Quelles représentations les communautés frontalières mettent-elles en place ? Une des dimensions de la construction des identités frontalières étant liée à l’histoire pré-colombienne du continent, on fera dans le colloque une place importante à l’interprétation que les populations autochtones font de la construction des frontières [Nates Cruz, 2013].
  • Les traversées des frontières et leur coût humain croissant feront également l’objet d’une attention croisée [De Leon et al, 2015]. Il s’agira à la fois de comprendre les flux intracontinentaux, liés aux mobilités de travail notamment, mais aussi la façon dont les Amériques s’inscrivent dans des stratégies migratoires de grande ampleur, avec des personnes de plus en plus nombreuses qui, par exemple, tentent d’arriver en Amérique du Nord depuis l’Afrique, en traversant l’Atlantique par la vieille route des esclaves puis en tentant leur chance sur des itinéraires de remontée vers le nord longs et périlleux.
L’accent sera mis sur les questions de vulnérabilité, des approches de genre étant bienvenues [Tapia Ladino, 2014].
  • Les phénomènes illégaux qui se sont développés dans les Amériques peuvent également constituer un sujet intéressant : que ce soit le narcotrafic, l’immigration illégale ou bien les cartels, etc. Leurs causes, leurs ramifications, leurs implications pour les populations locales ainsi que les politiques mises en place pour les combattre sont autant d’angles que les communicants sont encouragés à aborder.
  • La question des frontières maritimes pourra également être abordée puisque leur délimitation pose de vives tensions, notamment en Amérique Centrale [Medina, 2009, 40]. Elle pose aussi la question des frontières externes du continent, notamment sur le front arctique [Nicol et al, 2009]. Elle ouvre de façon plus générique sur la dimension environnementale des questions de frontière [Wadewitz 2012], qui prend une dimension singulière dans les Amériques où, pour une majorité, les limites internationales traversent des zones de faible densité d’occupation humaine.
  • Les propositions portant sur les questions relatives aux frontières urbaines sont également les bienvenues [Chevalier et al, 2004]. En effet, parce qu’elles partagent la même expérience d’un développement lié au néo-libéralisme économique, les villes des Amériques sont devenues des régions frontalières avec des frontières à la fois formelles et informelles établies et surveillées au nom de catégories socio-économiques supérieures et autres acteurs de la « gentrification ». En découle un phénomène de « dépossession » [Harvey, 2008] qui touche l’ensemble des villes américaines, de San Francisco à Sao Paolo, dont sont victimes leurs résidents traditionnels. Les communicants pourront aborder ce phénomène ainsi que ses modalités. Comment ces frontières urbaines ont-elles été imposées par les gouvernements et les municipalités ? Comment se structurent-elles et se manifestent-elles ? Comment les résidents traditionnels se sont-ils mobilisés et quelles formes de résistance politique, sociale et culturelle ont émergé ?
  • Enfin, les espaces frontaliers étant des lieux en perpétuelle évolution dont l’expression esthétique et les imaginaires se recomposent rapidement [Rodney, 2017] [Amilhat-Szary, 2014], on s’intéressera aux interventions et performances qui s’y déroulent, à travers le continent, et pas uniquement sur les tronçons frontaliers les plus médiatisés.
    Bien qu’axé sur la géographie et la géopolitique, ce colloque se veut avant tout transdisciplinaire et toutes les approches sont les bienvenues, qu’elles aient trait à la géographie, l’histoire, la science politique, les relations internationales, la sociologie, l’anthropologie. Les communicants sont également encouragés à adopter des méthodologies pluridisciplinaires.
Lieu : Grenoble
Date : 11-13 Juin 2019
31 octobre 2018 (nouvelle date) : Date limite d’envoi des propositions à l’adresse suivante : bordersinamericas.2019@gmail.com Les réponses d’acceptation seront envoyées aux intervenants mi-décembre
Les propositions (en anglais, en français, ou en espagnol) comprendront un résumé de 300 mots environ et une courte notice biographique de 100 mots.
ENGLISH
Symposium “Borders in the Americas”, 11-13 June 2019, Call for Papers – Deadline Extension
In the aftermath of the collapse of the Soviet Union, many analysts and experts argued that the world had reached the “end of history” [Fukuyama, 1992] and that regional and local organizations and free trade agreements (among which the European Union appeared to be a model of integration) signaled the emergence of a world without borders. Yet, thirty years later, the reality seems to be altogether different. Today, it is clear that “borders are back” [Amilhat Szary, 2006], [Foucher, 2016], [Ferguson, 2017]. One of the most telling symbols is the multiplication of “border walls”, the number of which increased from fifteen in 1989, to more than sixty in 2016 [Vallet, 2016]. These walls are the manifestation of a “qualitative transformation” of borders [Podescu, 2011] and the symbols of a “rebordering phenomenon” [Ibid, 3], [Van Houtoum, 2004]. However, their return appears under different forms, whether as a concrete consolidation, or an intensification of control and surveillance activities. Conversely, these borders may also be challenged by separatist and other resistance movements, as the most recent examples of Catalonia and Kurdistan demonstrate. What is new is the fact that these transformations have granted border a new function of “sorting out fluxes”, through “differentiated treatments” [Amilhat-Szary, 2015].
Whether these borders are challenged, violated, transcended, consolidated, or integrated, they remain necessarily at the heart of the political debate. This symposium – which is the first of a series entitled “Borders, spaces, and power(s)” – will focus on a specific geographic area: the Americas. Because the Americas were colonized by European powers, they all share the specificity of having been shaped in order to “organize” the New World [Podescu, 2011, 8]. To be more precise, they combine in a surprising way two forms of territorial appropriation: one that derives from a logic of zonal colonizing conquest (frontier), the other from a desire of worldwide networking in a Western perspective of space (boundary) [Perrier Bruslé, 2007]. They convey an exogenous dimension, which can have implications for the different spaces and communities that are being crossed by these borders, whether it be in terms of legitimacy or identity. Beyond their colonial past, the Americas have shared another common point since the 1990s: as part of the globalization process, they have set up trade agreements like NAFTA (the North American Free Trade Agreement) in North America or Mercosur in South America, in order to foster better regional integration. These agreements have put forward a particular vision of the border concept, a border which appears more as a “resource” than a “stigma” [Amilhat-Szary, 2015, 85]. At a local level, people involved have a different point of view about the possibility to enhance the peripheral territories where they live and develop innovative para-diplomatic initiatives. On the American continent, where some regions were hit by recurring border conflicts in the 19th century, and where some borders are still contested today (especially in Central America), integration has been a “factor of stabilization” [Medina, 2009, 41] without erasing internal geopolitical tensions which sometimes go beyond the border, endangering the continental stability.
Nevertheless, the 9/11 attacks – and international terrorism overall, which had existed in Latin America since the Buenos Aires attacks in the 1880s – have redefined the role of borders, contributing to their “refunctionalization”. The resurgence of a Fortress America [Alden, 2008], [Andreas, 2003], [Noble, 2004] has been extensively documented regarding the United States, but the phenomenon of “rebordering” also concerns Latin American borders, yet in a more ambivalent way, since they are caught in a contradictory process of “dismantling and construction” [Machado De Oliveira, 2009, 19]. As some countries have responded to terrorism by closing their borders, others, especially in Central America, have taken a different path toward opening borders [Medina, 2009, 138]. In this region, one observes an uncommon policy which reinterprets the accepted trends in terms of regulation of borders. For instance, one can think of the unprecedented development of security devices on the Brazilian borders, without questioning the growth of international exchanges, whether they be legal or illegal (smuggling, narco-trafficking…) [Dorfman, 2014], [Dorfman et al, 2017].
However, it is almost impossible to define a common dynamic to the borders of the Americas as their role evolves from one country to the next, and even from one region to the next [Machado De Oliveira, 2009, 20]. On the contrary, these borders are characterized by their “immense variety,” especially in Latin America where they are numerous. Whether it is “distant borders” separating marginal regions which turn their backs on the borders (Argentina/Chile, Paraguay/Brazil…), “erratic borders” characterized by illegal cross-border bonds as is the case in newly urbanized areas (Costa Rica/Nicaragua, Mexico/Guatemala), or “vibrating borders,” the dynamism of which derives from dense populations and numerous comparative advantages (Brazil/Uruguay, Peru/Ecuador, Mexico/the United States), or even “formal borders,” which are regions that are instrumentalized by the central authority with a view of promoting their “dynamization” or countering illegal trafficking, according to a top-down approach (Chile/Argentina, Haiti/the Dominican Republic), the types of borders are varied and wide [Machado De Oliveira, 2009, 28-30]. Different levels of cross-border cooperation are being shaped and the present symposium will, we hope, offer the opportunity to refine this typology more accurately. In a global context of an increase of theoretical border studies, it may be interesting to wonder whether a continental approach can provide an assessment on regional specificities, as well as bring about an original epistemological effort [Mezzadra, 2013], [Nail, 2016], [Parker et al, 2012], [Wastl-Walter, 2012].
The symposium invites participants to broach the various dynamics which prevail in American borders, as well as the mutations and transformations these borders have undergone in the last decade, through different approaches:
  • Papers can deal with the policies that have been put in place since 2001, especially with regards to the phenomenon of rebordering which is at stake on a global level. How do countries manage their border to address this new context? Submissions can concentrate both on the mechanisms themselves and on their implications for cross-border relations. Case studies and comparative approaches will be particularly welcomed, especially when they try to go beyond regional syntheses and bridge the gap between the two Americas … [Brunet-Jailly, 2007], [Konrad et al, 2008].
  • Submissions can also analyze how American borders evolve, from an opening process to a closing one, “functionalizing and dysfunctionalizing” [Foucher, 1991], [Pradeau, 1994, 16-17] in order to study these dynamics both on a small scale and a large scale. Historical approaches, which renew the question of territorialized border conflict and multiply the reading scales, demonstrating efforts to make national and contradictory nationalist narratives evolve, will also be appreciated [Parodi Revoredo et al, 2014].
  • More largely, participants are invited to study cross-border relations in order to determine the type of cross-border cooperation that is being shaped between different countries.
Is there any kind of complementarity that can be established on both sides of an international border? On a smaller scale, how can this process give birth to urban pairs and cross-border regions? Comparative approaches will be welcomed.
  • Participants can also explore the issue of continental integration within NAFTA and MERCOSUR, but also at the level of both Americas (UNASUR). How can we evaluate these regional blocs which presented themselves as models in the 1990s? How do the member countries perceive their relations along the borders in this context? How do integration and rebordering coexist for that matter? What are the resistance movements against these processes, how do they express themselves politically and at which levels?
  • Papers on illegal phenomena which have been developing in the Americas are also welcome: drug trafficking, illegal immigration, cartels… The reasons why these different types of trafficking developed, as well as their consequences and implications for local populations and the policies put in place to fight them, are among the many angles that can be chosen by participants.
  • We will also be interested in “bottom-up” research on the border [Runford, 2014]: how do regional borders inhabitants interact with international norms they are in contact with? The border concept being an “identity marker” [Piermay, 2005, 206], one can scrutinize the relations between the notions of identity, territory and border. What are the interactions and identities which emerge from these cross-border relations? How do individuals develop in relation with the border? Are there any other “Third Nations” [Dear, 2013, 71] which have emerged as we can notice along the Mexican/American border? The issue is particularly relevant in some regions of Central America where the “state predated the nation” [Medina, 2009, 38]. From then on, what has been the role of borders in creating a form of “national cohesion” [Ibid]? Which forms of political representations are being set up by border communities? In this perspective, the permeability of borders can be discussed as well: do transnational social movements transcend border through arts, culture, the media? One of the dimensions of border identities building being related with the pre-Colombian history of the continent, we will also dedicate an important place to the interpretation of the border- building by local populations [Nates Cruz, 2013].
  • A cross-examination of border crossing and an evaluation of their growing human costs will also be welcomed [De Leon et al, 2015]. The goal will be to understand intracontinental fluxes, which are linked with working mobility, but also how the Americas integrate their migratory strategies with an increasing number of people who try to reach North America from Africa, crossing the Atlantic Ocean, using the same slave itineraries, before embarking on longer and more dangerous paths toward the North [Tapia Ladino, 2014].
  • The issue of maritime borders can also be broached since their boundaries raise tensions, particularly in Central America [Medina, 2009, 40]. It raises the question of the external borders of the continent, especially on the Arctic front [Nicol et al, 2009]. It opens up on a more generic environmental dimension of border questions [Wadewitz, 2012]. This question takes a surprising dimension in the Americas, where, for a majority of people, international limits cross zones of low-density populations.
  • The issue of internal borders and more specifically urban borders can be analyzed [Chevalier et al, 2004]. Indeed, with the shared hemispheric experience of neoliberal economic development, cities in the Americas have become borderlands, with both formal and informal borders established and policed on behalf of the wealthy and other “gentrifiers.” The dispossession [Harvey, 2008] of American cities from long-term residents of all classes by the wealthy, aided by representatives in government, has become a common phenomenon from San Francisco to Sao Paolo. Papers dealing with the dispossession of American cities are welcome. How have urban borders been imposed by governments, municipalities? How has it been met by long-term residents? What forms of political, social and cultural resistance have emerged?
  • Border spaces being places in constant evolution, where aesthetic expression and imaginaries are rapidly being recomposed [Rodney, 2017] [Amilhat-Szary, 2014], we will also be interested in performances that happen throughout the continent, not only on the more mediatized border spaces.
    Even though the symposium focusses primarily on geography and geopolitics, it can be defined as a transdisciplinary event, which encourages all sorts of approaches, whether it be in geography, history, political science, international relations, sociology, anthropology or cultural studies. Participants are also invited to use multidisciplinary methodological approaches.
Location: Grenoble
Date: June 11-13, 2019
October 31, 2018: Extended deadline. The application is to consist of a 300-word abstract of the paper; a 100-word biographical statement will also be included. Applications are to be sent at the following address: bordersinamericas.2019@gmail.com
The responses will be sent to by mi-December

 


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