15 au 17 novembre 2018 à l’Université d’Aix-Marseille. Paris-Londres, 1918-2018 : les relations franco-britanniques revisitées

 

Paris-Londres, 1918-2018 : les relations franco-britanniques revisitées

 

Les propositions de communication de 300 mots maximum avec un titre, assorties d’une courte notice biobliographique, ainsi que les propositions de posters (hors-thème) par les doctorants en civilisation britannique, devront être adressées à Valérie André (valerie.andre@univ-amu.fr).

Les langues du colloque sont l’anglais et le français.

Date limite de soumission : 16 mars 2018

Notification d’acceptation : 31 mars 2018

Comité d’organisation du colloque (LERMA, AMU) : Valérie André, Karine Bigand, Alice Byrne, Marc Calvini-Lefèbvre, Matthew Graves, Virgile Lorenzoni.

APPEL A COMMUNICATIONS (scroll down for English version)

Aux deux extrémités du prisme ?

 

Contrairement aux relations anglo-américaines qui sont souvent qualifiées de « naturelles », de « fraternelles » ou bien encore « d’essentielles », les relations franco-britanniques ne revêtent aucun caractère d’évidence. Certes, comme l’ont démontré de nombreux auteurs et notamment Alex Danchev,[1] la relation spéciale qui s’installe entre Londres et Washington après 1945 renvoie tout autant à la dimension discursive et protocolaire de l’alliance transatlantique qu’à sa réalité objective et fluctuante ; toutefois, la richesse même de son historiographie témoigne de l’intérêt probablement inégalé qu’elle suscite, notamment au Royaume-Uni. Par contraste, l’histoire des relations franco-britanniques est pour une large part dominée par l’évocation des conflits et rivalités qui ont jalonné une longue histoire commune.

 

De l’Entente cordiale à l’Entente frugale

 

Au début du XXe siècle, sur fond de montée des périls, l’Entente cordiale ouvre une nouvelle phase de cette histoire mouvementée et impose une grille de lecture ainsi que des clés d’analyse dont la pertinence et la force de conviction sont réaffirmées à intervalles réguliers. La dimension paradoxale de cette « alliance » d’un genre particulier, consentie comme à regret sous la pression des événements et reposant partiellement sur des présupposés tenaces, est un élément incontournable du portrait que dessinent les publications et ouvrages consacrés à l’Entente cordiale, notamment au moment de la célébration de son centenaire en 2004. « Ennemis intimes » ou « meilleurs ennemis », la France et le Royaume-Uni entretiennent des relations ambivalentes où la proximité géographique, la similitude des destins et la convergence des trajectoires nationales n’ont pas eu entièrement raison des différends et désaccords qui continuent de s’exprimer, ne serait-ce qu’en sourdine, dans la seconde moitié du siècle.

Le processus d’intégration européenne, après des débuts difficiles, a sans aucun doute contribué à une forme de « normalisation » des relations entre la France et le Royaume-Uni : diluées dans un ensemble plus vaste, éclipsées par l’axe Paris-Berlin d’une part et Londres-Washington de l’autre, les relations entre ces deux puissances de taille moyenne se sont stabilisées en même temps qu’elles perdaient de leur visibilité. Parallèlement, sur le plan de la politique de sécurité et de défense, le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN en 2007 a constitué une étape importante dans une séquence initiée par les accords de St Malo (1998) qui voit l’intensification des solidarités opérationnelles et le renforcement de la coopération militaire en Europe et dans ce qu’il est convenu d’appeler le « near abroad », ce voisinage immédiat pour lequel les Etats-Unis délèguent de plus en plus volontiers leur responsabilité historique pour la défense de la zone. En 2010 la coopération militaire entre les deux partenaires a franchi une nouvelle étape avec la ratification des Traités de Lancaster House, pour atteindre un degré d’intégration inédit en temps de paix, sur fond de politique d’austérité.

 

Revisiter les relations franco-britanniques

 

Ce bref rappel historique ne vise certes pas l’exhaustivité. Il ne s’agit pas non plus à proprement parler de proposer un état de l’art, mais plutôt de mettre en lumière quelques moments fondateurs et caractéristiques particulièrement saillantes des relations franco-britanniques au XXe siècle, tout comme de l’histoire qui en a été écrite.  L’édition 2018 du Congrès du CRECIB se propose dans un premier temps de revisiter la relation transmanche au prisme d’une série d’évolutions et d’événements récents qui justifient que l’on s’y intéresse à nouveau. Au-delà d’une nécessaire actualisation des données, l’objectif est d’appréhender les relations franco-britanniques sous une multiplicité d’angles de vue qui en révèlent la richesse et la complexité.

 

L’actualité fait peser de nouvelles incertitudes sur la relation bilatérale entre Londres et Paris dont elle remet en question l’équilibre précaire, tout en lui donnant un regain de visibilité sur fond de crise multidimensionnelle, européenne et migratoire. Les résultats du référendum du 23 juin 2016 au Royaume-Uni, ainsi que la décision de déclencher l’article 50 du Traité de Lisbonne, placent d’emblée la France et le Royaume-Uni dans des camps adverses, le face à face étant incarné par David Davis, secrétaire d’Etat à la sortie de l’Union européenne, et Michel Barnier, négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit. La question des modalités du retrait du Royaume-Uni et de son impact sur les relations franco-britanniques se posera donc avec acuité. Dans ces circonstances, alors que les négociations entreront dans leur phase finale, les cérémonies du centenaire de l’Armistice du 11 novembre 1918 risquent fort de se charger d’une résonance singulière pour constituer l’épilogue symbolique et solennel de l’histoire d’un siècle d’occasions manquées.

 

Parmi les éléments de contexte qui justifient cette étude, l’impact de la mondialisation sur les relations franco-britanniques mérite d’être évoqué. D’une part, parce qu’elle constitue l’un des ressorts d’un certain euroscepticisme conservateur, particulièrement mobilisé par les artisans du Brexit et par ceux qui en ont accepté l’héritage, qui opposent très schématiquement un avenir limité à un espace européen étriqué à un destin global construit sur les vestiges et les réseaux dormants d’un passé impérial qui fit du Royaume-Uni l’un des premiers architectes de la mondialisation[2] ;  d’autre part, sans toutefois cautionner la thèse de l’avènement de l’ère « post-géographique » chère à Liam Fox, parce que l’horizon des relations franco-britanniques ne peut être limité à l’espace européen mais doit être élargi à de multiples voisinages et zones de contact, notamment les Outre-mer, où se prolongent les coopérations, s’expriment les rivalités et s’affrontent des modèles volontiers qualifiés d’antithétiques.

 

Enfin, si les relations franco-britanniques se conçoivent prioritairement comme des relations institutionnelles et formalisées entre états souverains, la nouvelle géopolitique des îles britanniques, conséquence des effets conjugués des politiques de dévolution et des impacts locaux de la mondialisation, constitue une invitation à aborder les relations transmanche en tenant compte de l’érosion du modèle de l’Etat unitaire. Certes, la définition de la politique étrangère demeure un domaine réservé du pouvoir central, mais comme le débat au sujet du Brexit en fait la démonstration, les multiples instances infranationales au Royaume-Uni n’entendent pas être exclues des discussions. Dès lors, il paraît nécessaire d’élargir l’analyse à une multiplicité d’acteurs non-étatiques, en incluant les réseaux et les diasporas, afin de saisir les relations franco-britanniques dans toute leur complexité. En effet, de façon inédite dans l’histoire contemporaine, ces relations se déploient dans un contexte de migrations transmanche aussi soutenu qu’il est mal recensé ; l’interpénétration des cultures s’en trouve accentuée, l’intérêt réciproque pour le débat politique national s’en trouve aiguisé dans ce qui ressemble de plus en plus à un état informel transmanche au moment même où les gouvernements semblent vouloir imposer aux peuples une séparation durable.

[1] Alex Danchev, On Specialness: Essays in Anglo-American Relations, Londres: Macmillan, 1998.

[2] Voir par exemple les travaux de John Darwin, plus particulièrement After Tamerlane:The Global History of Empire since 1405, Londres : Allen Lane, 2007.

 

Les propositions de communication individuelles ou de panels pourront aborder les questions suivantes (liste non exhaustive)

 

  • La dimension militaire, les politiques de sécurité, de renseignement et de défense
  • Les relations franco-britanniques à l’épreuve de l’intégration européenne
  • Au-delà de la relation transmanche, les autres espaces connectés des relations franco-britanniques
  • Les relations franco-britanniques : acteurs étatiques et non-étatiques, dimension transnationale et transfrontalière, réseaux et diasporas,
  • Les relations franco-britanniques : histoire, mémoire(s), commémorations
  • Les relations franco-britanniques et la nouvelle géopolitique des îles britanniques,
  • Les relations franco-britanniques : modèle et contre-modèle, perspectives comparatistes
  • Circulation des idées et fertilisation croisée
  • Echanges culturels, artistiques et musicaux
  • La dimension linguistique

 

London-Paris, 1918-2018: revisiting Franco-British relations

 

Date : 15-17 November 2018

Place : Pôle multimédia, 29 avenue Robert Schuman, Aix-Marseille Université, Aix-en-Provence, France

 

Deadline for submission: March 16th, 2018

Deadline for inclusion: March 31st, 2018

 

Languages of the conference: English and French

 

Conference organizing committee (LERMA, AMU): Valérie André, Karine Bigand, Alice Byrne, Marc Calvini-Lefèbvre, Matthew Graves, Virgile Lorenzoni.

 

CALL FOR PAPERS

 

At either end of the prism?

 

Whereas Anglo-American relations are often seen as “natural,” “fraternal” or “essential”, there is nothing obvious about Franco-British relations. As many authors, most notably Alex Danchev,[3] have shown, the special relationship that grew between London and Washington after 1945 reflects the discursive, formal aspect of the transatlantic alliance as much as it does its objective, shifting reality. However, the wealth of historiography testifies to the probably unequal interest it elicits, particularly in the UK. The history of Franco-British relations, on the other hand, is mainly dominated by references to the conflicts and rivalries that have marked the two countries’ long-standing joint history.

 

From Entente Cordiale to Entente Frugale 

 

In the early 20th Century, against a backdrop of rising tensions, the Entente Cordiale opened a new chapter in this turbulent history, providing a frame of reference and analytic tools whose relevance and persuasiveness are regularly restated. The paradoxical dimension to this very specific type of “alliance”, which was accepted almost reluctantly in response to fraught circumstances and was based in part upon persistent prejudices, is a constant feature of publications on the Entente Cordiale, particularly those dating from 2004, the centenary year. Relations between France and the UK – “intimate enemies” or “best enemies” – have always been ambivalent: geographic proximity, parallel destinies and converging national trajectories never entirely overcame the disagreements which continued to be expressed, though at times in muted tones, during the second half of the century.

After a tricky start, European integration no doubt contributed to a form of “normalization” of relations between France and the UK; tempered by membership of a larger ensemble, eclipsed by the Paris-Berlin and London-Washington axes, relations between the two middle powers stabilised even as their visibility waned. Meanwhile, in terms of politics and defence, France’s return to NATO’s military command in 2007 marked an important stage in a process initiated by the Saint-Malo agreement of 1998, which led to an intensification of joint operational commitments in Europe and in what is known as the “near abroad”, in which the US was increasingly willing to delegate historic responsibility for defending the zone. In 2010, with the ratification of the Lancaster House Treaties, military co-operation between the two partners reached a level of integration hitherto unknown in peacetime, against a backdrop of budgetary austerity.

 

Revisiting Franco-British relations

 

This brief historical overview does not claim to be exhaustive. Nor does it purport to present a full literature review. Instead, it aims to highlight certain founding moments and salient characteristics of Franco-British relations in the 20th Century and of their history as it has been written. The 2018 CRECIB annual conference invites researchers to re-examine and revisit cross-Channel relations viewed through the lens of recent developments which justify renewed interest. As well as carrying out much-needed updating of data, the aim of the conference is to consider Franco-British relations from a range of perspectives, revealing their multifaceted and complex nature.

Recent events have made the bilateral relationship between London and Paris more uncertain, threatening its precarious balance while also increasing its visibility in a time of multidimensional crisis, both in terms of the migrant crisis and of that in Europe. As a result of the UK referendum held on June 23rd 2016, and of the decision to trigger Article 50 of the Lisbon Treaty, France and the UK find themselves in opposing camps, with the stand-off embodied by David Davis, Minister for Exiting the EU, and Michel Barnier, chief EU negotiator for Brexit. The terms of UK withdrawal and its impact on Franco-British relations are therefore crucial issues. In these circumstances, as negotiations enter their final phase, the commemoration of the centenary of the 1918 Armistice may well acquire a specific resonance, constituting a symbolic, solemn epilogue to the history of a century of missed opportunities.

 

Renewed interest in Franco-British relations is justified for several contextual reasons, including, first and foremost, the effects of globalisation. It is one of the underlying causes behind the Conservative Euroscepticism which was expressed by pro-Brexit campaigners in the run-up to the referendum, as well as by those who accept its heritage and draw simplistic oppositions between a future constrained by the confines of Europe and a global destiny built upon the vestiges and dormant networks of an imperial past which saw the UK become one of the first architects of globalisation[4]. Moreover, without endorsing the theory of “the end of geography” put forward by Liam Fox, analysis of Franco-British relations cannot be limited to cross-Channel relations. It must be extended to include multiple areas and zones of contact, particularly overseas territories which are the loci for co-operation, rivalry and clashes between the antagonistic models espoused by the UK and France.

 

Finally, while Franco-British relations are primarily conceived of as institutional, formal relations between sovereign states, the new geopolitics of the British Isles, under the compounded effects of devolution policies and of local consequences of globalisation, invite us to analyse cross-Channel relations in light of the erosion of the unitary state. Although the definition of foreign policy remains one of central government’s reserved powers, the debate over Brexit clearly shows that the various devolved bodies, as well as the mayors of global cities such as Paris and London, cannot be excluded from discussions. It is therefore necessary to extend analysis to a range of non-state actors, including networks and diasporas, so as to grasp Franco-British relations in all their complexity. Moreover, these relations must be studied against the backdrop of a level of cross-Channel migration without precedent in recent history. In this context, cultures are becoming increasingly interlocked, spurring reciprocal interest in national debates. Paradoxically, an informal cross-Channel state appears to be emerging at the very moment when governments seem determined to force their peoples apart.

 

Possible topics can include but are not limited to:

  • Military cooperation, defence, surveillance and security policies
  • Franco-British relations and European integration
  • Beyond the Channel: the other connected spaces in Franco-British relations
  • Franco-British relations: state and non-state actors, transnational and cross-border relations, networks and diasporas
  • Franco-British relations: History, memory(ies), commemoration
  • Franco-British relations and the new geopolitics of the British Isles
  • Franco-British relations: model and counter model, comparative perspectives
  • Cultural exchanges in the arts and music
  • The circulation of ideas and cross-fertilization
  • The linguistic dimension: ‘two nations divided by a(n increasingly) common language’

 

Please send proposals (300 words) for individual 20-minute papers, panel submissions or PhD student posters, with a title and a short bio-bibliographic note to Valérie André (valerie.andre@univ-amu.fr) by March 16th, 2018. Confirmation of acceptance will be sent by March 31st, 2018.

 

 

[3] Alex Danchev, On Specialness: Essays in Anglo-American Relations, (London: Macmillan, 1998).

[4] See for example John Darwin, After Tamerlane: The Global History of Empire since 1405, London: Allen Lane, 2007.

 


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