Tours du 3 au 5 avril 2017.
Représentations et figures de la maternité dans le monde anglophone
Les figures de la maternité ont endossé au cours de l’histoire des sociétés anglophones des rôles contradictoires situés au cœur des enjeux de pouvoir : tour à tour exaltées comme piliers de la nation, incarnations des valeurs de sacrifice et de prévoyance, ou surveillées et punies pour avoir failli dans leur rôle de reproduction des valeurs de responsabilité individuelle et de maîtrise de soi,
Près d’un siècle après avoir obtenu leur émancipation politique, presque cinquante ans après les grandes luttes pour l’émancipation sexuelle — dont les acquis demeurent inégaux d’un pays à l’autre —, les femmes américaines, britanniques, irlandaises et des pays du Commonwealth conservent un statut minoritaire particulièrement visible et politisé lorsqu’elles sont définies sous l’angle de la maternité. Tout se passe comme si le changement social arraché au terme de conflits était refoulé dans ses effets par la montée de discours stigmatisants à l’égard des femmes les plus vulnérables (mères adolescentes, mères isolées, mères porteuses, adoptives, âgées (older mothers), handicapées, séropositives, immigrées ou issues de minorités ethniques, de milieux défavorisés urbains ou ruraux, homosexuelles, travailleuses du sexe, transsexuelles, détenues, mères dont les enfants sont confiés à la Protection de l’enfance), souvent tenues pour responsables de leurs situations alors même que l’accès à des moyens efficaces d’information ou à des structures conçues pour répondre à leurs besoins est de plus en plus soumis à condition. La maternité, traditionnellement célébrée comme un accomplissement dans une vie de femme, n’en est pas moins assimilée à un déclassement social, voire à une dépersonnalisation des femmes lorsque l’État ou les acteurs sociaux, investis d’une légitimité morale, exercent un droit d’ingérence dans l’accès à l’éducation sexuelle, aux moyens de contraception, aux prestations sociales, aux modes de garde et au choix d’un mode d’éducation.
L’ambition de ce colloque est d’interroger les discours liés à la maternité, les traductions des choix de société dans les représentations culturelles des mères comme icônes ou boucs-émissaires, et la réception ou la critique de ces représentations dans le contexte d’une quête de conformité ou de libération des conventions sociales.
Les spécialistes des aires culturelles autres qu’anglophone sont invités à proposer leur communication dans une optique comparative.
Les approches suivantes seront plus particulièrement encouragées, qu’elles traitent des États-Unis, du Royaume-Uni, de la République d’Irlande, des pays du Commonwealth ou d’Afrique anglophone :
– Représentations des figures de la maternité dans la littérature, les arts, la culture populaire
– Représentations des figures de la maternité dans les traditions religieuses et les nouveaux mouvements religieux
– Rôles assignés aux figures maternelles dans la reproduction des rôles de genre
– Évolution de la majorité sexuelle et des politiques familiales depuis le 19e siècle
– Éducation sexuelle et prévention des grossesses adolescentes
– Modes de parentalité et choix de modes d’éducation traditionnels ou alternatifs
– Maternité et minorisation ethnique
– Maternité en milieu carcéral
– Maternité et carrière militaire
– Maternité et précarité économique et sociale
– Maternité et homosexualité
– Maternité et transsexualité
– Maternité chez les travailleuses du sexe
– Maternité et normes sanitaires et sociales
– Maternité et handicap/séropositivité/ maladie
– Grossesses adolescentes
– Grossesses tardives
– Mères « en solo », mères isolées
– Adoption
– Gestation pour autrui, ectogenèse
– Protection de l’enfance et stigmatisation des mères « défaillantes »
– Tentations eugénistes dans les discours politiques et scientifiques
Les propositions, d’une longueur de 300 mots et accompagnées d’un CV court en anglais, sont souhaitées pour le 1er septembre 2016. Merci de les envoyer à Cécile Coquet-Mokoko (cecile.coquet-mokoko@univ-tours.fr) et Fabienne Portier-Le Cocq (fabienne.portier-lecocq@univ-tours.fr). Les meilleures communications donneront lieu à une publication.
Le colloque se tiendra à Tours du 3 au 5 avril 2017.
Mother Figures and Representations of Motherhood in English-speaking Societies
Alternately celebrated and pilloried, mother figures have been assigned contradictory roles throughout the histories of English-speaking societies. Reflecting the power structures and conflicts of their times, they have been portrayed as pillars of society, providing material and emotional security, and models of sacrifice, or vilified for failing to perpetuate the expected values of individual responsibility and self-control. Nearly a century after winning political emancipation and almost half a century after the historic struggles for sexual emancipation—which yielded unequal results from one country to another—, women in all segments of society in the USA, the Republic of Ireland, the United Kingdom and the Commonwealth are still regarded as second-class citizens, particularly when viewed and politicised through the lens of motherhood and mothering. While social change has gradually progressed since early conflicts for emancipation, improvement has been opposed by an increasingly stigmatising rhetoric targeting the most vulnerable women — teenage mothers, lone mothers, surrogate mothers, disabled mothers, older mothers, adoptive mothers, migrant or mothers identified in racial terms, women raising their families in urban or rural poverty, mothers with AIDS, lesbian or transsexual mothers, sex workers, inmates with children or mothers whose children are in foster care: each of these figures of ‘inadequate,’ ‘dysfunctional’ or ‘undeserving’ motherhood is held responsible for her situation. Access to sex education, information on reproductive rights or structures to address her specific needs are increasingly restricted and conditional. Traditionally extolled as an accomplishment in a woman’s life, motherhood is nonetheless equated with a loss of status or personhood for women when the state or other legal persons endowed with ethical legitimacy can claim a right to interfere with their access to sex education, reproductive rights, family benefits, day-care or parenting choices.
This conference aims to question the various ways in which motherhood is judged, how political choices are translated into cultural representations of mothers as either icons or scapegoats, and how these representations are received and challenged in a quest for either conformity or agency.
The following approaches are particularly welcome, whether they address the USA, the UK, the Republic of Ireland, the Commonwealth or the English-speaking parts of Africa:
– Representations of mother figures and motherhood in literature, the arts, and popular culture
– Representations of motherhood in religious traditions and New Religious Movements
– Roles assigned to mother figures in the perpetuation of gender roles.
– The evolution of legislation on the age of consent and family policies since the 19th century
– Sex education and the prevention of teenage pregnancies
– Forms of mothering and choices of traditional or alternative mothering styles
– Motherhood and racial or ethnic Othering
– Inmates who are mothers
– Mothers in the military
– Motherhood and urban or rural poverty/downward mobility
– Motherhood and homosexuality
– Motherhood and transsexuality
– Motherhood among sex workers
– Motherhood and social and sanitary norms
– Motherhood and disability/AIDS/illness
– Teenage pregnancy
– Older motherhood
– Lone motherhood
– Single motherhood by choice
– Adoption
– Surrogate motherhood and ectogenesis
– Foster care and stigmatisation of ‘inadequate’ parenting
– Eugenicist undercurrents in scientific and political discourse
300-word abstracts along with a short CV in English should be sent by September 1, 2016 to Dr. Cécile Coquet-Mokoko (cecile.coquet-mokoko@univ-tours.fr) and Prof. Fabienne Portier-Le Cocq (fabienne.portier-lecocq@univ-tours.fr). Best papers will be published.
The conference will be held at The University of Tours, France, from April 3 to 5, 2017.