Centre de recherche ALTER (Arts/Langages Transitions & Relations)
Les peintres, les sculpteurs, les écrivains, les musiciens, voire les danseurs deviennent parfois le sujet de représentations littéraires et leur activité créatrice est mise en abyme dans des romans et nouvelles, des biographies littéraires, mais aussi en poésie et au théâtre. L’engagement de leur corps dans cette activité peut donner lieu à des commentaires, des descriptions et des mises en scène et c’est cet aspect qui retiendra notre attention pour ce colloque. En lien avec les travaux de l’équipe 3 « Sujets, représentations, sociétés » du laboratoire ALTER (Arts/Langages : Transitions et Relations) de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, nous souhaitons aborder la question des relations entre le corps de l’artiste et son œuvre dans le cadre d’une réflexion sur identité et altérité. Comment le langage dessine-t-il les contours de ce corps engagé dans l’agir de la création ou dans la performance ?
On pourra tout d’abord prêter attention aux divers éléments contribuant à ou participant de cette incarnation dans le langage de la figure de l’artiste :
– – les lieux de la création qui permettent de situer ce corps : bureau, lit, atelier, plein air… ; décor entraînant des postures, des gestes ou des tensions corporelles particulières, mais aussi atmosphère venant nourrir les sens de l’artiste
– – les expériences physiques pouvant mener à l’acte créateur : la marche ou le sport comme sources d’inspiration ou adjuvants à la création par exemple, l’« épreuve du gueuloir » chère à Flaubert, les rituels engageant le corps
– – les instruments ou outils utilisés qui constituent un prolongement de la main (stylo, clavier, pinceau, burin, instrument de musique…), les supports (feuille, écran, toile,…), ainsi que les matériaux (encre, peinture, argile, marbre…) avec lesquels l’artiste peut se livrer à un véritable corps à corps, qui n’est pas sans incidence physique
– – le lien entre le corps du créateur et celui de son modèle (circulation du désir, relation triangulaire complexe entre artiste, modèle et œuvre) avec, dans une perspective genrée, une exposition des tensions homme/femme
– – la fonction des contraintes sociales et de la doxa bridant la liberté du corps de l’artiste au travail : s’exercent-elles de la même manière sur celui de la femme artiste à l’œuvre que sur celui de l’homme ?
Il s’agira également de s’interroger sur la fonction de cette mise en abyme du corps de l’artiste : ce jeu autoréférentiel et métafictionnel renvoie-t-il au corps écrivant pour le construire, le déconstruire ou le reconstruire ?
L’écriture des relations, transferts, transitions entre le corps de l’artiste et les qualités formelles de son œuvre (et vice versa) est une autre piste d’étude : l’œuvre créée dans la diégèse porte-t-elle des marques de cette incarnation et des liens existant entre le corps de l’artiste et le corps de l’œuvre ? Peut-on aussi déceler des traces ou empreintes du corps (énergie du mouvement, dynamisme corporel, geste artistique) dans le langage qui décrit ce corps animé par le désir de création et absorbé dans le travail ?
Les propositions de communication (250 mots environ) sont attendues pour le 15 avril 2019. Elles sont à envoyer à fabienne.gaspari@univ-pau.fret florence.marie@univ-pau.fravec une brève notice biobibliographique.