25 mai 2018 Sens conventionnel et implicite journée d’étude Perpignan

Sens conventionnel et implicite
Appel à communications pour la journée d’étude de Perpignan du 25 mai 2018
La question de la frontière entre sens conventionnel et implicite et celle, liée, de leur articulation, se sont désormais fortement imposées dans la réflexion théorique et la recherche sur la langue, comme en témoignent un nombre considérable de publications, comme Depraetere & Salkie 2017 parmi les plus récentes.
Il paraît désormais consensuel de considérer que le sens d’un énoncé est fortement sous-déterminé par les formes linguistiques qui le constituent. D’une part, reconstruire son sens littéral (« ce qui est dit » pour Grice) nécessite un recours à des inférences, ne serait-ce que pour déterminer ce qui est effectivement codé (les formes demandent parfois à être désambiguïsées), mais aussi pour retrouver les référents appropriés (notamment pour le cas des déictiques) ou même pour obtenir des relations d’ordre logique bien formées, dont des éléments ont besoin d’être inférés (dans Le beurre est trop dur quand on le sort du frigo, on comprend qu’il est trop dur… pour être étalé convenablement, disons). D’autre part, le sens effectivement véhiculé par un énoncé dépasse souvent le sens littéral – Sperber et Wilson, parmi bien d’autres, défendent l’idée qu’il n’est alors pas toujours entièrement reconstruit –, un lieu commun en pragmatique (Le beurre est trop dur quand on le sort du frigo peut par exemple signifier qu’il faudrait que l’allocutaire le sorte à l’avance les fois prochaines ; l’ironie des antiphrases communique l’opposé du sens littéral).
Tandis que la tradition reconnaît que le sens linguistiquement codé est de nature conventionnelle, fixé par l’usage (c’est la position saussurienne, que nous tempérerions désormais à la lumière des données de la submorphémique), pouvant être véhiculé par mots ou morphèmes, expressions et constructions, Kerbrat-Orecchioni (1998 [1986]) définit l’implicite comme relevant d’inférences, et l’oppose ainsi à ce qui est posé, asserté, de manière explicite, et qui se trouve donc au premier plan énonciatif. Ces deux caractérisations ne se recoupent peut-être pas entièrement, et la compréhension de ce qu’est le sens conventionnel mérite certes d’être approfondie. L’exploration de l’opposition classique et des termes afférents est susceptible de conduire à quelques avancées dans ce champ d’étude, mais son exploration scientifique ne s’y limite pas.
Nous évoquerons plusieurs pistes de réflexion, qui se veulent de simples suggestions :
– L’un des enjeux théorique portera sur la distinction entre sens conventionnel et implicite, ainsi que leurs différentes formes et interactions.
– D’un point de vue diachronique, il est légitime de se demander à quel moment et suivant quel processus ce qui était tout d’abord implicite se trouve intégré au sens conventionnel (le sens achronique de Grice).
– On peut ainsi également s’interroger sur le phénomène d’extension lexicale de certains mots qui deviennent polysémiques en développant de nouveaux sens, initialement induits.
– La question de la connotation est naturellement liée, puisque des inférences pragmatiques peuvent la changer au fil du temps.
– Les figures, leur analyse (voir par exemple, dans le cadre posé, Recanati 2004 pour les tropes), leur caractère vif ou figé, peut être envisagé d’un point de vue théorique ou à travers une étude de corpus.
– Les connecteurs et marqueurs du discours peuvent être considérés sous le prisme de l’opposition, en se posant la question de la part de conventionnel et d’implicite dans leur sémantisme (dont la nature mérite encore élucidation).
– Par ailleurs, les marqueurs grammaticaux se prêtent à la même problématique, et peuvent également être l’objet d’études sur corpus.
Les propositions de communication (1 page A4 avec bibliographie sélective) sont à envoyer à : o.p.simonin.03@cantab.net et lagarde@univ-perp.fr. Les communications sélectionnées portant sur l’anglais seront susceptibles d’être retenues en tant qu’articles pour une publication dans la revue Anglophonia, après relecture en double aveugle, et potentiellement dans un ouvrage collectif pour les autres langues.
Conférencière invitée : Ilse Depraetere (Université Charles de Gaulle, Lille)
Langues de communication : anglais, catalan, espagnol, français
Date limite d’envoi des propositions de communication : 15 janvier 2018
Date de notification d’acceptation : 15 février 2018
Comité scientifique :
Mireille Bilger, Université de Perpignan – Via Domitia
Ilse Depraetere, Université de Lille III (Charles de Gaulle)
Christian Lagarde, Université de Perpignan – Via Domitia
Paul Larreya, Université Paris 13
Françoise Mignon, Université de Perpignan – Via Domitia
Blandine Pennec, Université de Toulouse II (Le Mirail)
Olivier Simonin, Université de Perpignan – Via Domitia
Henry Tyne, Université de Perpignan – Via Domitia
Conventional and Implicit Meaning
Call for papers for the one-day symposium in Perpignan on 25 May 2018
The question of the boundary between conventional and implicit meaning and that of the connection between the two, has come to the forefront of theoretical debates in linguistics and philosophy of language – as witnessed by a growing number of publications on the topic, Depraetere & Salkie 2017 being one of the most recent.
It is now commonly accepted that the meaning of an utterance is heavily underdetermined by the linguistic forms that are part of it. Deriving literal meaning (Grice’s “what is said”) requires drawing inferences in order to determine what is actually coded (forms sometimes need to undergo disambiguation) or even to obtain well-formed logical propositions or relations, of which some element needs to be provided inferentially (in Butter is too hard when you take it out of the fridge, hearers will presumably understand that it is too hard… to be spread easily, let’s say). In addition, the meaning that is eventually conveyed by an utterance often goes beyond literal meaning (Sperber and Wilson, inter alia, argue that it is then not always entirely reconstructed) – a well-known, if trite fact in modern pragmatics (Butter is too hard when you take it out of the fridge could mean, for instance, that the hearer should take it out in advance next time; sarcastic irony conveys the opposite of literal meaning).
While it is traditionally acknowledged that linguistically coded meaning is conventional, fixed by use (this is the Saussurean approach, which should be tempered with a dose of submorphemic research), and that it can be conveyed through words, morphemes, phrases, idioms and constructions, Kerbrat-Orecchioni (1998 [1986]) defines implicit meaning as arising from inferences, and then contrasts it with what is asserted, explicitly stated and potentially directly negated or contradicted. Her two characterizations are perhaps not fully equivalent, and the nature of conventional meaning deserves further thought as well. Exploring the classic opposition and the concepts relating to it can lead to some significant progress in the field, but its scientific exploration is much broader.
Papers are invited in relation to the following research questions (or in other relevant areas pertaining to the conference theme):
– What are the underlying theoretical issues is the distinction between conventional and implicit meaning, as well as their typology and their interactions?
– From a historical standpoint, how and when does what is originally fully implicit become part of conventional meaning (Grice’s timeless meaning)?
– How to account for lexical extension with words that become polysemous as they acquire new senses that are initially derived inferentially?
– How can we address the problem of connotation that naturally emerges as a corollary, since pragmatic inferences can change it with linguistic evolution?
– From a theoretical viewpoint or through corpus study, what is made of rhetorical figures  (see, e.g., Recanati 2004 for tropes), their routine employment or new, vivid uses?.
– How can discourse markers and connectors be studied in the light of the conventional/implicit opposition? The same problems arise for grammatical markers, which could also lend themselves to corpus studies.
Please send paper proposals (1 A4 page with a selective bibliography) to: o.p.simonin.03@cantab.net and lagarde@univ-perp.fr. Selected papers in English (or in French on English) will be considered for publication as articles for the online French journal of English linguistics Anglophonia after double blind peer-reviewing, while other papers might be collected for another publication.
Keynote speaker: Ilse Depraetere (University of Lille)
Conference languages: English, Catalan, French, Spanish
Submission deadline: 15 January 2018
Notification for acceptation: 15 February 2018
Scientific board:
Mireille Bilger, University of Perpignan
Ilse Depraetere, University of Lille (Lille III – Charles de Gaulle)
Christian Lagarde, University of Perpignan
Paul Larreya, University Paris 13
Françoise Mignon, University of Perpignan
Blandine Pennec, University of Toulouse (Toulouse II – Le Mirail)
Olivier Simonin, University of Perpignan
Henry Tyne, University of Perpignan

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