24, 25 et 26 juin 2021 Premier colloque international annuel du GIS MiDib (2021) Immigration et citoyenneté dans les îles britanniques: approches historiques et contemporaines Centre for Research on the English-Speaking World (CREW) Université Sorbonne Nouvelle Paris,

 

L’objectif de ce colloque est de rassembler dans une perspective interdisciplinaire civilisationnistes, historiens, politistes et sociologues travaillant sur les enjeux historiques, institutionnels et sociaux de l’histoire de l’immigration dans les îles britanniques aux XXième et XXIième siècles. Il s’agira de dresser un état des lieux des évolutions actuelles de ce champ de recherche, dans le contexte du Brexit et des dernières évolutions des politiques migratoires. Confrontée récemment au phénomène de l’immigration lié en grande partie au boom économique des années 1990, la République d’Irlande, pays traditionnellement d’émigration, a pris une série de mesures destinées à répondre rapidement aux problématiques liées au contrôle et à l’accueil des nouvelles populations, notamment les demandeurs d’asile, ces derniers étant confinés dans des centres de rétention (Direct Provision centres) qui ont suscité des plaintes de la part d’ONG.

Un objectif central sera aussi de s’interroger sur les relations entre les différentes nations des îles britanniques en matière d’immigration et de gestion politique de la diversité culturelle, avec en particulier la question des relations entre la république d’Irlande et le Royaume-Uni. La question de l’autonomie de l’Écosse, du pays de Galles et de l’Irlande du Nord en matière de politique de l’immigration et de l’intégration des migrants se pose aussi avec une acuité renouvelée depuis la montée des nationalismes écossais et gallois et leurs revendications indépendantistes ou autonomistes de plus en plus insistantes.

Des questions récurrentes sous-tendent ces thématiques, comme celles relatives aux ruptures et continuités dans les politiques publiques en lien avec l’immigration et l’intégration ; à la montée, au sein de la vie politique, du discours prônant une attitude restrictive à l’égard de l’immigration ; ou encore à l’évolution entre les politiques d’immigration mises en œuvre de l’époque Blair-Brown (1997-2010) aux gouvernements conservateurs et de coalition depuis 2010. Le rôle de l’immigration et de la diversité culturelle dans l’organisation, le déroulement et l’issue du référendum sur le Brexit requiert d’être étudié au moins sous trois angles différents: le rôle de la rhétorique anti-immigrés utilisée dans la campagne du camp du Leave ; l’augmentation, après le référendum, des infractions motivées par la haine visant immigrés ou populations minoritaires (comme l’a souligné, par exemple, le rapport annuel de la Equality and Human Rights Commission en 2016) et, plus fondamentalement, le processus à long terme de construction des étrangers et des populations minoritaires perçus comme des « Autres dangereux » (histoire du racisme sous toutes ses formes dans le Royaume-Uni d’après-guerre jusqu’à la période la plus contemporaine. Une préoccupation analogue se manifeste au sujet des politiques dites de « l’environnement hostile » (hostile environment) mises en œuvre par les gouvernements conservateurs ou de coalition depuis 2010 et le scandale Windrush de 2018, autre aspect fondamental de l’histoire récente de l’anti-immigrationisme britannique.

Un autre ensemble de questionnements concerne la citoyenneté et la participation politique des migrants et de leurs descendants. Comme on a pu l’observer dans les autres pays occidentaux d’immigration, les gouvernements successifs ont tourné le dos au multiculturalisme depuis la fin des années 1990 au profit de discours sur la cohésion, l’intégration, et les valeurs communes, avec la création de cérémonies de naturalisation (citizenship ceremonies), afin de mettre l’accent sur l’appartenance à la communauté nationale. Au cours de la même période, le système politique britannique est demeuré remarquablement ouvert à la participation politique des minorités dites ethniques, comme l’a illustré de manière spectaculaire l’élection de Sadiq Khan en tant que maire de Londres en mai 2016, quelques semaines à peine avant le référendum sur le Brexit. Le parti Conservateur et les autres partis de gouvernement ont facilité l’arrivée sur le devant de la scène de figures politiques issues de l’immigration, tant au niveau local que national. En 2019, cela a été illustré par l’émergence de personnalités telles que Priti Patel, Sajid Javid, James Cleverly ou Alok Sharma au sein du gouvernement Johnson.

Il s’agira également d’explorer les enjeux liés aux flux migratoires, à la diversité et aux relations interraciales dans un contexte géopolitique en mutation dans les îles britanniques qui ne saurait faire l’économie d’une approche plus globale. Depuis le rétablissement du parlement écossais et la création d’une Assemblée Galloise en 2009, accompagnés d’une montée constante du nationalisme politique dans les deux nations, le Royaume-Uni n’est plus seulement multiculturel : il est également multinational et la possibilité d’un nouveau référendum sur l’indépendance en Écosse (après celui de 2014) pourrait apporter des changements constitutionnels sans précédent. En parallèle, les sociétés écossaise et galloise deviennent de plus en plus multiculturelles et mettent en place leurs propres stratégies pour gérer les flux migratoires et la question de la diversité. En Écosse en 2016, le hijab a été adopté comme élément constituant de l’uniforme des forces de police, ce qui a valu à Aleena Rafin, la première policière à le porter, d’être la cible d’une violente campagne de haine en ligne. De même, l’EDL (English Defence League), groupuscule anti-musulmans crée en 2009 (dont le nom fait explicitement écho à celui de la White Defence League, éphémère groupe extrémiste et raciste apparu à la fin des années 1950) a des ramifications au pays de Galles, en Écosse et en Irlande du Nord. En Irlande du Nord, les immigrés doivent tenter de s’intégrer à une société divisée et toujours déchirée par plus de 30 ans de conflit armé.

Après le Brexit, la République d’Irlande deviendra un avant-poste de l’Union Européenne sur les îles Britanniques, demeurant ouverte à la liberté de mouvement des citoyens européens sur son territoire. Les discours et pratiques irlandaises en matière de migration et d’intégration des migrants ont reflété jusqu’à présent des influences tant britanniques qu’européennes. La trajectoire des migrations et des modes de gestion de la diversité dans l’ensemble des îles britanniques dépendra plus que jamais de l’évolution des politiques irlandaises, qui vont prendre une importance croissante. En ce qui concerne le pays de Galles, les questions de migrations et de diversité restent peu débattues, mais il devient de plus en plus apparent, sur les plans universitaire, démographique et culturel que “gallois est un terme vaste, qui peut contenir des multitudes” (Rhian Jones, 2019) – même si la société galloise est marquée sur ce point par ses contradictions, notamment le fait qu’une majorité d’électeurs gallois a voté en faveur du Brexit, en particulier par hostilité à l’immigration.

Les propositions de communications sur les thèmes suivants sont particulièrement encouragées :

  • ●  Histoire des migrations en Angleterre, Irlande, Irlande du Nord, pays de Galles et Ecosse au XXième siècle
  • ●  Histoires locales des migrations : approches urbaines et régionales
  • ●  Approches genrées de l’immigration et de la diversité culturelle, tant dansune perspective historique que contemporaine
  • ●  Les politiques de l’immigration, et enjeux actuels des politiques del’immigration, en Angleterre, au pays de Galles, en Écosse, en Irlande du

    Nord et en République d’Irlande

  • ●  L’évolution des politiques dites « d’intégration des migrants » depuis lesnéo-travaillistes : politiques de « cohésion »
  • ●  Les mobilisations d’aide aux migrants, aux demandeurs d’asile et auxréfugiés, et de lutte contre le racisme
  • ●  La participation politique des migrants et de leurs descendants
  • ●  Mobilisations contre les migrants et la diversité culturelleLes propositions doivent être envoyées à l’adresse midibcom@gmail.com avant le 1er octobre 2020 accompagnées d’un bref paragraphe biographique. Une sélection de communications sera publiée après la conférence.

    Le comité d’organisation : Romain Garbaye, Fabrice Mourlon, Sarah Pickard, Nathalie Sebbane (Université Sorbonne Nouvelle), Vincent Latour (Université Toulouse- Jean Jaurès).

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First MiDiB annual conference (2021)
Immigration and Citizenship : Historical and Contemporary Approaches

Centre for Research on the English-Speaking World (CREW) Université Sorbonne Nouvelle
Paris, 24-26 June 2021

The goal of this conference is to bring together in an interdisciplinary perspective historians, political scientists and sociologists working on issues pertaining to immigration and ethno-racial diversity in the British Isles in the 20th and 21st centuries. The conference will assess current trends in this area, in the context of Brexit, of recent evolutions of British migration policy. Traditionally marked by emigration, the Republic of Ireland has experienced a high rate of immigration associated with the economic boom of the 1990s. As a result, governments had to find swift and ad hoc measures to control and receive new flows of population, in particular asylum seekers who were housed in highly controversial Direct Provision centres.

The conference will address the changing relations between the nations of the British Isles regarding immigration and political approaches to ethno-racial diversity, in particular the relations between the Republic of Ireland and the United Kingdom. The Scottish, Northern Irish and Welsh questions have also been increasingly salient in the area of migration and diversity since the rise of nationalisms and their increasingly confident claims for independence.

Key issues around change and continuity, the rise of restrictionist, anti-immigrant politics, evolving approaches to change and continuity in immigration policy from the Blair-Brown era (1997-2010) to the coalition and Conservative governments (from 2010 to present) will be of particular interest. The role of immigration and cultural diversity in the Brexit debate and crisis needs to be assessed in at least three dimensions: the anti-immigrant rhetoric deployed in the Leave campaign, the rise of hate crimes against migrants and minorities after the vote (as highlighted by e.g. the EHRC annual report in 2016) and, most fundamentally, the long-term historical process of construction of outsiders and minorities as ‘dangerous others’ (the history of racism and anti-Muslim sentiment in post-World War 2 Britain) which has paved the way for the victory of Leave. A similar preoccupation informs MiDib’s interest in encouraging academic enquiry and debate on the so-called ‘hostile environment’ policy of the Conservative governments since 2010 and the ‘Windrush scandal’ of 2018, another key aspect of the recent history of British anti-immigrationism.

Another key set of issues revolves around citizenship and political participation of migrants and their offspring. As has also been observed in other Western countries of immigration, successive governments have turned their back to multiculturalism since the end of the 1990s, turning instead to the notions of ‘community cohesion’, integration, shared values, and citizenship ceremonies in order to highlight belonging to the national community. During the same period, the British political system has remained comparatively open to the participation of ethnic minorities, as spectacularly illustrated by the election of Sadiq Khan to the post of mayor of London in may 2016, just a few weeks before the referendum on Brexit. The Conservative party and the other leading parties have facilitated the emergence of political figures who come from a migrant background, both locally and on the national stage – for example with political figures such as Priti Patel, Sajid Javid, James Cleverly or Alok Sharma in Boris Johnson’s government in 2019.

Another key area of enquiry is the exploration of migration, diversity and race relations in a fast-changing geopolitical context in the British Isles, where a focus on the sole ‘British’ designation is far from sufficient. Since the rebirth of the Scottish Parliament and the creation of the Welsh Assembly in 2009, and the constant rise of nationalist politics in the two nations, the UK has increasingly been understood not just as multicultural but also multinational, and the ongoing possibility of a new referendum on Scottish independence (after the 2014 one) may bring about constitutional change of historical significance. In the meantime, both Scottish and Welsh societies are becoming more multicultural and are devising their own approaches to migration and diversity, while facing resistance to diversity. In Scotland, the hijab became a possible component of the police uniform in 2016, which led to an online hate campaign targeting Aleena Rafin, the first constable to wear it in 2018. Likewise, the English Defence League (EDL), an Anti-Muslim group created in 2009 (whose name explicitly echoes the White Defence League, a short-lived, racist far-right group created in the late 1950s), has branches in Wales, Scotland and Northern Ireland. In Northern Ireland, immigrants have to fit in a divided society inherited from the 30-year long conflict and marked by the persistence of sectarianism and low-level paramilitary activity. In the Republic of Ireland, contrary to the hegemonic narrative of a homogenous society shifting towards a multicultural one, there has been a tradition of racism and anti-Semitism. More recently, far-right beliefs, rhetoric and politics have sporadically entered mainstream politics.

After Brexit, the Republic of Ireland will become an outpost of the European Union on the British Isles, remaining open to the free settlement of EU citizens on its territory. At the same time, Irish discourses and practices regarding migration and migrant integration policy have so far reflected a mix of British and European influences. How it will evolve in the post- Brexit period will play a larger role than ever in shaping patterns of migration and diversity in the British Isles. In Wales, diversity was long overlooked. There is increasing demographic, academic and cultural evidence that ‘Welsh is large and can contain multitudes’ (Rhian E. Jones, 2019, quoted in Bory, 2019), although this new trend is not devoid of contradictions, as shown in the fact that a majority of Welsh voters voted in favour of Brexit, not least as a result of hostility to immigration.

Paper proposals on the following themes will be particularly encouraged:

  • ●  History of migration in England, Ireland, Northern Ireland, Wales and Scotland in the 20th century
  • ●  Gendered approaches of immigration and cultural diversity (historical or contemporary approaches)
  • ●  Local histories of migrations: urban and regional approaches
  • ●  Migration policies and current issues in immigration politics in England,Wales, Scotland, in Northern Ireland and in the Republic of Ireland
  • ●  The evolution of policies of ‘migrant integration’ since the New Labourgovernments: cohesion, citizenship, integration
  • ●  Political and grassroot mobilisations in support of migrants, asylum-seekers and refugees, and against racism
  • ●  The political participation of migrants and of ethnic minorities
  • ●  Mobilisations against migrants and cultural diversityPaper proposals and enquiries about the conference should be sent to midibcom@gmail.com before 1 October 2020 together with a short bio. A selection of papers will be published after the conference.

    The organising committee : Romain Garbaye, Fabrice Mourlon, Sarah Pickard, Nathalie Sebbane (Université Sorbonne Nouvelle), Vincent Latour (Université Toulouse-Jean Jaurès).


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