Près de trois ans après l’élection surprise du Républicain Donald Trump, les États-Unis arrivent déjà à un tournant avec la fin du « premier » mandat du successeur de Barack Obama. Malgré des dissensions internes et les difficultés récurrentes à contrôler les dérives médiatiques et politiques du président, personne au sein du Parti républicain ne s’est élevé pour concurrencer Donald Trump dans sa quête d’un second mandat. Le sens de l’histoire veut, en effet, que le président sortant soit réélu, puisque depuis le début de la présidence moderne sous Franklin Delano Roosevelt, seuls trois présidents (Gerald Ford, Jimmy Carter et G.H. Bush) ont été battus dans leur tentative de réélection. Au sein du Parti démocrate, après la déroute d’Hillary Clinton, une vague de changement semblait s’être mise en route, comme l’attestèrent les résultats des midterms de novembre 2018, qui marquèrent l’émergence de nouvelles figures politiques issues souvent des minorités. C’est dans ce contexte que le Parti démocrate avait lancé, officieusement, et, bien avant l’heure, ses primaires, au cours desquelles pas moins d’une vingtaine de candidats cherchèrent à décrocher la nomination. Parmi ces hommes et ces femmes politiques, les observateurs ont pu suivre, notamment, l’ancien vice-président Joe Biden, Bernie Sanders, mais également Elizabeth Warren, Kamala Harris, Cory Booker, Amy Klobuchar, Beto O’Rourke ou encore Pete Buttigieg. Si certains candidats ont pu, un temps, espérer incarner un renouveau identitaire en phase avec une grande partie de l’électorat démocrate, la campagne des primaires s’est finalement jouée sur l’orientation idéologique entre l’aile centriste et l’aile progressiste, voire socialiste. Finalement, alors qu’un duel entre Joe Biden et Bernie Sanders se dessina dès la fin du mois de février, l’émergence de la crise sanitaire sans précédent du Covid-19 a totalement rebattu les cartes, mettant brutalement la campagne à l’arrêt. Mi-avril, Bernie Sanders décida finalement de se retirer pour laisser vraisemblablement la nomination à Joe Biden en vue d’unir le parti pour battre Donald Trump en novembre. De réelles questions de fond se posèrent pour un parti en reconstruction qui a longtemps chercher à déterminer la stratégie à suivre, en oscillant entre anti-trumpisme avoué et projet politique viable et crédible pour convaincre non seulement les électeurs démocrates déçus, mais surtout les indécis indépendants, qui représentent toujours la clé dans une élection présidentielle américaine. Néanmoins, désormais, c’est la gestion de la crise et l’incertitude liée à la pandémie de Covid-19 qui risque d’être au coeur des débats entre le président sortant dont le bilan économique initialement bon va être remis en question par le contexte sanitaire, et un Joe Biden fort de son expérience sous la présidence Obama.
En termes de stratégie électoral, la victoire des Démocrates dépendra de leur capacité à récupérer le « Blue Wall » acquis par Donald Trump en 2016, c’est-à-dire les États du nord-est traditionnellement démocrates, mais qui ont basculé dans le camp républicain lors du dernier scrutin. Les Démocrates devront également impérativement mobiliser les minorités raciales, quelques décennies avant la bascule annoncée vers un « majority-minority » paysage démographique. Le vote noir, dans de larges proportions, ainsi que le vote latino, seront indispensables à la reconquête de la Maison-Blanche, tout comme la mobilisation du vote féminin, à l’heure où certains États du Sud, soutenus par de nouveaux juges très conservateurs à la Cour Suprême, ont renforcé leurs mesures anti-avortement. Dans un contexte de polarisation politique extrême, qui voit Démocrates et Républicains se déchirer dans un sectarisme idéologique et politique accru, les élections de 2020 – présidentielle et au Congrès – laissent entrevoir la possibilité d’une poussée progressiste à l’échelle nationale, qui doit néanmoins être nuancée par le maintien d’une forme de populisme conservateur façonné par les ambitions du président américain qui cherchera à capitaliser sur le « bully-pulpit » en temps de crise, après éliminer la menace de la destitution fin 2019, pour obtenir un second mandat. Entre questions institutionnelles, politiques, sociétales et sanitaires, les débats promettent des passes d’armes intéressantes entre Donald Trump et son celui qu’il surnomme « Sleepy Joe ». Ce sont ces questionnements que cette journée d’étude cherchera à analyser et à décrypter pour offrir une réflexion profonde sur l’état du pays après quatre ans d’une présidence mouvementée et polarisante qui semble avoir profondément divisé les États-Unis.
Les propositions soumises pourront donc s’articuler autour de trois axes:
Le premier interrogera le bilan du premier mandat de Donald Trump ainsi que ses perspectives de réélection : de son bilan économique qui, s’il reste positif malgré la crise sanitaire, risque de lui servir d’argument solide lors de la campagne de 2020, à la crise institutionnelle engendrée par sa vision du pouvoir, notamment à travers sa gestion du rapport Mueller et les éventuelles collusions qu’il y a pu avoir avec la Russie et l’Ukraine, les communicants pourront réfléchir sur les quatre années de Trump à la Maison Blanche. Tant en matière de politique intérieure que de politique étrangère, il s’est attaché à défaire ce qu’avait fait son prédécesseur. Les propositions pourront donc évaluer le tournant que l’élection de 2016 représente et l’impact qu’il laissera sur la société américaine qu’il s’agisse en matière d’éducation, d’économie, d’environnement, de fiscalité ou encore en matière de relations internationales, notamment avec l’Union Européenne, l’Iran, Cuba, la Corée du Nord, pour ne citer que quelques un des dossiers « tendus ». L’immigration et le protectionnisme ayant été deux sujets de prédilection du candidat Trump pendant la campagne de 2016, une attention particulière sera accordée aux propositions permettant de s’interroger sur les questions de sécurité aux frontières – notamment en faisant état de la construction du « beau et grand mur » qu’il avait promis d’ériger entre le Mexique et les Etats-Unis – de sa lutte contre l’immigration clandestine ou de sa réforme du système d’immigration. Les propositions abordant le sujet de la renégociation de l’ALENA – qui a eu lieu en 2018 après plusieurs menaces d’un retrait unilatéral du président américain – seront privilégiées ainsi que celles traitant de la future mise en place du nouvel accord (le USMCA) et, plus largement des relations que Washington entretient avec ses deux voisins terrestres que sont le Canada et le Mexique. Plus globalement, les organisateurs souhaiteraient mettre en place un atelier qui se questionnerait sur la position de Trump – et, par extension, des Etats-Unis – dans les Amériques à travers des communications sur sa gestion des relations bilatérales avec le Venezuela, le Mexique, la Colombie et Cuba, entre autres.
Le second axe se concentrera sur le projet démocrate, un parti en reconstruction. Les propositions souhaitant dresser un bilan des primaires afin d’analyser les sujets qui structureront les débats et permettront au parti Démocrate de définir un projet de société qu’il défendra en 2020 – entre anti-trumpisme et vision alternative – seront les bienvenues. Que retenir de la nomination probable d’un centriste expérimenté comme Joe Biden alors que l’aile progressiste n’avait jamais semblé être aussi forte. Les communicants souhaitant réfléchir sur le ticket présidentiel final et plus particulièrement sur les enjeux et stratégies liés au choix du candidat à la vice-présidence seront les bienvenues.
Un dernier axe s’attachera à analyser les enjeux et stratégies électoraux. Quels seront les sujets qui sur lesquels les candidats vont se concentrer ? Quelle stratégie le parti Démocrate mettra-t-il en place s’il souhaite reconquérir le « Blue Wall » que Donald Trump a réussi à séduire en 2016 – ou que fera l’actuel président pour conforter sa mainmise sur ces états frappés de plein fouet par la désindustrialisation et attirés par le discours protectionniste et anti-mondialisation du candidat républicain ? Les propositions souhaitant analyser les enjeux liés aux « swing states », ces états-clés dont dépendront l’issue de l’élection, seront également les bienvenues : combien seront-ils ? De quels états s’agira-t-il ? Quelles seront les thématiques qui structureront la campagne d’ici 2020. Autant de questions, qui permettront de mieux saisir les enjeux de la future élection présidentielle. Par ailleurs, l’électorat américain étant fragmenté – idéologiquement, régionalement mais aussi racialement, une attention particulière sera dédiée aux communicants désirant réfléchir sur les différentes habitudes électorales des groupes stratégiques – que ce soit l’électorat afro-américain, l’électorat féminin, l’électorat latino, l’électorat LGBTQ… Enfin, l’élection de 2016 ayant été marquée par le phénomène des « fake news », l’importance des réseaux sociaux et des « nouvelles façons de faire de la politique », sans parler des attaques incessantes de Donald Trump – candidat et président – envers les médias, les communicants spécialistes de ces derniers et souhaitant proposer un éclairage sur le « nouveau » rôle de ces derniers dans la politique américaine seront les bienvenus.
Date : jeudi 22 octobre 2020
Lieu : Maison des Sciences de l’Homme
Les propositions sont à envoyer d’ici le 15 juin 2020 à l’adresse suivante : electionus2020@gmail.com
Les communicants recevront une réponse début juillet 2020
Comité organisateur : Gregory Albisson, Gregory Benedetti, Pierre-Alexandre Beylier
Lieu : Maison des Sciences de l’Homme
Les propositions sont à envoyer d’ici le 15 juin 2020 à l’adresse suivante : electionus2020@gmail.com
Les communicants recevront une réponse début juillet 2020
Comité organisateur : Gregory Albisson, Gregory Benedetti, Pierre-Alexandre Beylier
Comité Scientifique :
Lawrence Aje, Université Montpellier 3
Gregory Benedetti, Université Grenoble-Alpes
Luc Benoit à la Guillaume, Université de Rouen
Laurie Bereau, Université Rennes 2
Pierre-Alexandre Beylier, Université Grenoble-Alpes
Elisabeth Fauquert, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
Christian Leblond, Université Grenoble-Alpes
Eric Tabuteau, Université d’Orléans
Elisabeth Vallet, Université du Québec à Montréal
Lawrence Aje, Université Montpellier 3
Gregory Benedetti, Université Grenoble-Alpes
Luc Benoit à la Guillaume, Université de Rouen
Laurie Bereau, Université Rennes 2
Pierre-Alexandre Beylier, Université Grenoble-Alpes
Elisabeth Fauquert, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
Christian Leblond, Université Grenoble-Alpes
Eric Tabuteau, Université d’Orléans
Elisabeth Vallet, Université du Québec à Montréal
The US Presidential election of 2020:
What kind of United States?
What kind of United States?
Study Day
October 22nd, 2020
October 22nd, 2020
Almost three years after the surprise election of Republican Donald Trump, the United States is already at a turning point with the end of the « first » term of Barack Obama’s successor. Despite internal divisions and recurring difficulties in controlling the president’s media and political excesses, it seems unlikely that the Republican Party will see the emergence of a credible rival to compete with Donald Trump in his quest for a second term. Historically, the outgoing president has tended to be re-elected. Since the beginning of the modern presidency under Franklin Delano Roosevelt, only three presidents – Gerald Ford, Jimmy Carter and G.H. Bush – have been defeated in their attempt to be reelected. Within the Democratic Party, Hillary Clinton’s defeat seemed to have prompted a wave of change, as evidenced by the results of the midterms of November 2018, which marked the emergence of new political figures, often from minorities. It is against this backdrop that the Democratic Party unofficially launched its primaries, well before the hour, during which no fewer than twenty candidates set out to be nominated. These politicians included former Vice President Joe Biden, Bernie Sanders, but also Elizabeth Warren, Kamala Harris, Cory Booker, Amy Klobuchar, Beto O’Rourke and Pete Buttigieg, to name a few. The question for the Democrats was to establish what ideological orientation the party wishes to take in a context where the most progressive wing initially seemed to have taken precedence over the more centrist fringe, although the primaries are very often a far cry from what happens in the general election. There were real fundamental questions for a party undergoing reconstruction and seeking to determine the strategy to be followed by skillfully oscillating between admitted anti-trumpism and a viable and credible political project to convince not only disappointed Democratic voters, but above all the independent undecided electorate, that still represents the key to American presidential elections. However, the sudden and unpredicted outbreak of the Covid-19 pandemic totally disrupted the campaign at a time when a duel between Joe Biden and Bernie Sanders seemed to be emerging. The former vice-president seems to have benefitted from the endorsement of centrist candidates to build up a strong coalition when Bernie Sanders finally decided, mid-April, to drop out of the race to seek the party’s unity with a view of defeating Donald Trump.
To make a successful run against an incumbent president with a strong economic record which may be endangered by the current sanitary crisis, the Democrats will have to find the words and ideas to win over Trump’s « America’s Forgotten”. A Democratic victory will first of all depend on their ability to reconquer the « Blue Wall » that was won by Donald Trump in 2016 – i.e. the traditionally Democratic Northeastern states – but which switched to the Republican camp during the last election. Democrats will also have to pander to racial minorities a few decades before the shift to a « majority-minority » demographic landscape. The black vote, in large proportions, as well as the Latino vote, will be essential to the reconquest of the White House, as will the mobilization of women’s votes, at a time when some southern states, supported by new very conservative judges at the Supreme Court, have strengthened their anti-abortion measures. In a context of extreme political polarization, where Democrats and Republicans are being torn apart by increased ideological and political sectarianism, the 2020 elections – presidential and congressional – suggest the possibility of a progressive push at the national level, which must nevertheless be balanced by the maintenance of a form of conservative populism shaped by the ambitions of the American president who will try to capitalize on the crisis to use the “bully-pulpit” to secure his reelection in times of great uncertainty. Between institutional, political, sanitary and societal issues, the debates promise interesting verbal battles between Donald Trump and his Democratic opponent, Joe Biden. This study day will seek to look into these questions to offer a profound reflection on the state of the country after four years of an eventful presidency that seems to have deeply divided the United States.
The proposals submitted will therefore be structured around three axes:
The first one will delve into the balance sheet of Donald Trump’s first term in office and his prospects for re-election: from his economic assessment which, if it remains positive despite the Covid-19 crisis, may be used as a solid argument for him in the 2020 campaign, to the institutional crisis generated by his vision of power – questioned at the end of 2019 by his impeachment – particularly through his management of the Mueller report and any collusion he may have had with Russia, speakers will be able to reflect on Trump’s four years at the White House. In both domestic and foreign policy, he focused on undoing what his predecessor had done. The proposals will therefore be able to assess the turning point that the 2016 election represents and the impact it will have on American society, whether in terms of education, economy, the environment, taxation and international relations, particularly with the European Union, Iran, Cuba and North Korea, to name some of the « tense » issues. As immigration and protectionism were two of Trump’s favorite subjects during the 2016 campaign, particular attention will be paid to proposals to address border security issues – including the construction of the « beautiful and great wall » he promised to build between Mexico and the United States – his fight against illegal immigration and his reform of the immigration system. Proposals addressing how NAFTA was renegotiated (it took place in 2018 after several threats of a unilateral withdrawal by the American President) will be given priority, as will those dealing with the future implementation of the new agreement (the USMCA) and, more broadly, Washington’s relations with its two land neighbors, Canada and Mexico. More generally, the organizers would like to set up a workshop that would question Trump’s – and, by extension, the United States’ – position in the Americas through communications on its management of bilateral relations, particularly with Venezuela, Mexico, Colombia and Cuba.
The second axis will focus on the Democratic project as a party under reconstruction. Proposals wishing to pore over the primaries in order to analyze the questions that will structure the debates and enable the Democratic Party to define the social project that it will defend in 2020, between anti-trumpism and alternative vision will be appreciated. How can one analyze the choice of a moderate like Joe Biden when progressive candidates like Sanders and Warren appeared, at one point during the primary campaign, as strong candidates? Speakers wishing to reflect on the final presidential ticket and more particularly on the issues and strategies related to the choice of the candidate for vice-presidency will be welcome.
A final axis will look into electoral issues and strategies. On what topics will the candidates focus? What strategy will the Democratic Party put in place if it wishes to win back the « Blue Wall » that Donald Trump managed to seduce in 2016 – or what will the current president do to consolidate his grip on the states that were hit hard by deindustrialization and attracted by the Republican candidate’s protectionist and anti-globalization discourse? Proposals to analyze the issues related to the « swing states – these key states on which the outcome of the election will depend – will also be welcome: how many of them will there be? Which states will it be? What themes will be at the heart of the campaign by 2020? These are all questions that will help us to better understand the challenges of the upcoming presidential election. Moreover, as the American electorate is fragmented – ideologically, regionally but also racially – special attention will be paid to speakers wishing to reflect on the different electoral habits of the various strategic groups – whether it is the African-American electorate, the female electorate, the Latin American electorate, the LGBTQ electorate… Finally, the 2016 election was marked by the « fake news » phenomenon and the importance of social networks as « new ways of doing politics », not to mention the incessant attacks of Donald Trump – both as a candidate and a president – on the media. Experts on the matters wishing to shed light on the latter’s « new » role in American politics, will be welcome.
When ? October 22nd 2020
Where ? Maison des Sciences de l’Homme, Grenoble
Send communication proposals by mid-June, 2020 at electionus2020@gmail.com
Panelists will receive a response by early July, 2020
Organizing Committee : Gregory Albisson, Gregory Benedetti, Pierre-Alexandre Beylier
Where ? Maison des Sciences de l’Homme, Grenoble
Send communication proposals by mid-June, 2020 at electionus2020@gmail.com
Panelists will receive a response by early July, 2020
Organizing Committee : Gregory Albisson, Gregory Benedetti, Pierre-Alexandre Beylier
Scientific Committee :
Lawrence Aje, Université Montpellier 3
Gregory Benedetti, Université Grenoble-Alpes
Luc Benoit à la Guillaume, Université de Rouen
Laurie Bereau, Université Rennes 2
Pierre-Alexandre Beylier, Université Grenoble-Alpes
Elisabeth Fauquert, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
Christian Leblond, Université Grenoble-Alpes
Eric Tabuteau, Université d’Orléans
Elisabeth Vallet, Université du Québec à Montréal
Lawrence Aje, Université Montpellier 3
Gregory Benedetti, Université Grenoble-Alpes
Luc Benoit à la Guillaume, Université de Rouen
Laurie Bereau, Université Rennes 2
Pierre-Alexandre Beylier, Université Grenoble-Alpes
Elisabeth Fauquert, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
Christian Leblond, Université Grenoble-Alpes
Eric Tabuteau, Université d’Orléans
Elisabeth Vallet, Université du Québec à Montréal