A l’occasion des trente ans du discours de Bruges prononcé par Margaret Thatcher le 20 septembre 1988, cette journée d’étude propose de revenir sur ce discours fondateur de la pensée eurosceptique au Royaume-Uni qui place l’ancienne Premier ministre britannique au rang de « mère spirituelle » (Alexandre-Collier, 2015) de l’euroscepticisme. Dans ce discours emblématique, Thatcher présentait son pays comme libre, souverain et indépendant refusant « a new dominance from Brussels. » Elle y présentait également la Communauté Européenne « [as] a practical means […] not an end in itself » ce qui ne peut manquer de nous rappeler le discours de Bloomberg de David Cameron le 23 janvier 2013 lorsqu’il déclarait « we come to the European Union with a frame of mind that is more practical than emotional. » Ces deux discours entrent en résonance féconde aujourd’hui et nous montrent à quel point l’euroscepticisme a imprégné le Parti conservateur depuis Margaret Thatcher. L’euroscepticisme est en effet central dans l’héritage thatchérien (Gifford, 2014) et participe à la construction du mythe Thatcher même si la réalité de ses années au pouvoir nous amène à poser un regard plus nuancé sur son prétendu euroscepticisme. Depuis Thatcher, l’euroscepticisme n’est plus simplement une rhétorique ou une attitude vis-à-vis de l’Europe mais un mouvement organisé politiquement avec des représentants au Parlement et un parti – le UKIP – ancré dans le paysage britannique. Le 23 juin 2016 l’euroscepticisme atteint son apogée en voyant la victoire du « Leave » au référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union Européenne. Comme le note Karine Tournier-Sol, cette victoire « est venue entériner un euroscepticisme britannique, certes notoire, mais dont ni les opposants, ni même les partisans du Brexit n’avaient anticipé l’ampleur dans l’opinion publique. » Si Margaret Thatcher est la « mère spirituelle » de l’euroscepticisme, qui sont ses héritiers et qui a entretenu jusqu’à aujourd’hui la flamme de l’euroscepticisme au Royaume-Uni ? Le UKIP a bien sûr joué un rôle essentiel dans la propagation d’un discours eurosceptique ordinaire et quotidien mais d’autres acteurs ont aussi parfaitement endossé les habits eurosceptiques et il conviendra de s’arrêter sur des épisodes moins connus mais tout aussi constructeurs d’un rejet viscéral de l’Europe dans l’opinion publique britannique. Ainsi cette journée d’étude tentera de reconsidérer le discours de Bruges à la lumière de trente ans d’euroscepticisme au Royaume-Uni afin de mieux cerner le concept, son évolution, sa radicalisation et ses différentes manifestations dans la politique et la société britanniques.
BIBLIOGRAPHIE
Agnès Alexandre-Collier, « Euroscepticism under Margaret Thatcher and David Cameron: From Theory to Practice », Observatoire de la société britannique, 17, 2015, 115-133.
Chris Gifford, « The People Against Europe: The Eurosceptic Challenge to the United Kingdom’s Coalition Government », Journal of Common Market Studies, Vol. 52, n°3, 512-528.
Karine Tournier-Sol, « Le UKIP, artisan du Brexit ? », Revue Française de Civilisation Britannique [En ligne], XXII-2 | 2017
Résumés (autour de 250 mots) à rendre pour le 1er juin 2018 à Laetitia Langlois (laetitia.langlois@univ-angers.fr)
Lieu de la journée d’études : Maison de la Recherche Germaine Tillion – Faculté des Lettres, Langues et Sciences Humaines, Université d’Angers.