21 octobre 2016
 JE Université de Bourgogne, Dijon, Paysages créés, paysages créateurs: penser les paysages avec Henri Maldiney

Paysages créés, paysages créateurs: penser les paysages avec Henri Maldiney

JE organisée par Bénédicte Coste, (TIL, EA 4186) Université de Bourgogne, Dijon, 21 octobre 2016


Conférencière invitée : Claire Omhovère, Université Paul Valéry, Montpellier

L’art, les arts, ont toujours été un champ fertile pour la pensée du philosophe H. Maldiney (1912-2013) à travers ses essais consacrés, par exemple, à la peinture de Tal Coat, de Cézanne, ou de Nicolas de Staël, aux Kakis de Mu-Ch’i ou à l’architecture. Pour le penseur qui s’est interrogé sur le « là de l’être-là » à travers une réflexion phénoménologique toujours plus approfondie, l’art suscite une émotion esthétique nous menant vers un « en-deçà fondamental ». Une toile de Cézanne est portée par la nécessité de ses « mouvements tensifs » comme genèse de la forme ; elle naît de ces « tensions motrices opposées » et nous donne à voir la genèse de l’espace où nous avons à exister : « Le tableau nous révèle, en la mettant en œuvre, notre capacité d’être le . » L’expérience esthétique désigne le moment apertural, originaire, où l’art nous (re)conduit, cet instant paradoxal de réceptivité et de passivité extrême. L’œuvre d’art n’est donc pas à comprendre comme un objet, elle est un rythme ; elle est ce « réel que nous n’attendions pas », et qui, rappelle Maldiney, était là depuis toujours. L’œuvre d’art, « événement-avènement », ne dit pas mais « montre » ; elle est un « éclair de l’être ».

À travers une phénoménologie du paysage où l’art éclaire le réel, à travers son choix des auteurs et des œuvres, Maldiney a proposé un décentrement du regard et du savoir propres à renouveler l’étude du paysage, partir d’une question trompeusement simple et présente chez Tal Coat : sommes-nous « devant » ou « dedans » le paysage ? Maldiney, qui s’est toujours intéressé au « monde se mondifiant », a également été un grand marcheur : comme il s’est confronté à leur représentation littéraire artistique, il s’est confronté aux paysages, à leur abord.

Comment la parole phénoménologique s’articule-t-elle à l’épreuve que dessine l’événement ? – telle est la question que nous lègue Maldiney. Comment s’approche le paysage ? Comment se fait-il image, soit « mise en vue de l’étant » ?

Dans le temps où nous continuons d’évaluer l’apport de ses écrits à la philosophie et à l’esthétique, il semble indispensable de revenir, avec Maldiney, sur les paysages qu’il a aimés et sur lesquels il a écrit des textes majeurs, qu’il s’agisse du Cervin ou le Chemin des dames, ou qu’il s’agisse des paysages déployés par l’œuvre d’art.

S’interrogeant sur la définition du paysage et les voies de sa venue en présence chez Maldiney, cette journée d’études sera consacrée à l’exploration des paysages maldiniens, dans une perspective phénoménologique et esthétique afin d’en montrer les multiples facettes et d’en expliciter le potentiel critique auprès des chercheurs par-delà l’esthétique et la philosophie.

Merci d’envoyer vos propositions (250-350 mots) accompagnées d’un bref CV avant le 30 mai 2016 à : benedicte.coste@u-bourgogne.fr

Claire Omhovère enseigne à l’université Paul Valéry de Montpellier. Présidente de la Société d’Etude des Pays du Commonwealth, elle dirige la revue Commonwealth Essays & Studies depuis 2011. Sa recherche porte sur l’écriture paysagère dans les littératures des anciennes colonies de l’Empire britannique, notamment le Canada. Elle est l’auteur de Sensing Space: The Poetics of Geography in Contemporary English-Canadian Fiction (Peter Lang, 2007). Elle a dirigé plusieurs ouvrages scientifiques dont le plus récent (L’Art du paysage chez Michel Houdiard, 2014) rassemble la traduction et la présentation critique d’une sélection d’essais sur les enjeux du paysage dans le monde anglophone.


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