19-20 Septembre 2019, Université de Bourgogne, Dijon Journée d’étude : « Musique et mémoire dans la littérature anglophone »

Journée d’étude : « Musique et mémoire dans la littérature anglophone » 

19-20 Septembre 2019, Université de Bourgogne, Dijon

(Organisatrices : Chantal Schütz, Claire Guéron)

That song tonight will not go from my mind” (Othello, 4.3.29) – lorsque Shakespeare place ces paroles dans la bouche de Desdémone il pose le cadre d’une remémoration musicale involontaire engendrée par une situation parallèle. Alors que les ars memoriae de la Renaissance, inspirés de la rhétorique classique, se basent sur une mnémotechnique visuelle maîtrisée, les souvenirs déclenchés par des stimuli auditifs surgissent en effet de façon spontanée et inattendue. C’est une situation que l’on retrouve sans cesse dans la littérature, pour culminer dans l’élaboration proustienne de la petite phrase de Vinteuil. La journée d’étude que nous nous proposons d’organiser portera sur les diverses modalités de mise en scène de ce rappel mémoriel sonore, à travers les genres littéraires, les domaines culturels et les époques. Notre but est de confronter les différentes manières de mettre en œuvre le resurgissement involontaire tel qu’il est provoqué par un enchaînement d’événements ou une configuration particulière, mais aussi au contraire les efforts parfois vains pour faire revenir un thème ou une chanson oubliée. La configuration proustienne par excellence est le rappel d’événements passés associés à un fragment mélodique voire aux bribes de texte qui s’y attachent, que le hasard fait entendre après bien des années d’oubli, schéma que l’on retrouve dès la naissance de la littérature. Nous nous intéresserons, à la lumière des travaux d’Oliver Sachs (Musicophilia, 2007), aux rapports entre souvenir musical et création artistique, notamment en littérature mais aussi dans le domaine cinématographique. Ainsi, la célèbre phrase « Play it again, Sam », forme désormais consacrée du « play it, Sam » prononcé à plusieurs reprises dans le film « Casablanca », renvoie-t-elle non seulement au temps retrouvé de l’idylle des personnages principaux mais aussi à toute une tradition cinématographique d’utilisation de leitmotivs sonores, souvent couplés à des images en flash-back pour renforcer la puissance du souvenir. Mais ce sont aussi les déviations par rapport à ce schéma conventionnel signalant le retour d’une émotion ou d’une expérience, voire d’un traumatisme, qui peuvent à leur tour faire surgir un élément de subversion, comme une fausse note qui viendrait troubler l’harmonie illusoire de l’événement passé, ou en souligner au contraire la dimension profondément traumatique.

Parmi les différentes pistes possibles on pourra envisager :

– le rôle de la musique dans la représentation de la nostalgie, de la perte ou du trauma dans la littérature anglophone. 

– le contraste entre la musique et les arts visuels dans le déclenchement des souvenirs tels qu’ils sont représentés dans la littérature. On pourrait par exemple comparer le fonctionnement de la chanson de Desdémone dans Othelloet celui des « miniatures » de Claudius et de « Old Hamlet » dans Hamlet.

– l’emploi de chansons ou d’allusions musicales comme fil conducteur du récit. 

– les chansons comme expression de la mémoire des peuples dans la littérature et le cinéma anglophones.

– la façon dont la musique permet d’ancrer une scène dans la mémoire des spectateurs, au cinéma ou au théâtre.

– la représentation de l’histoire de la musique dans la littérature anglophone.

– la façon dont un style musical permet de symboliser un moment historique (le jazz dans le On the Road de Jack Kerouac, ou le ragtime dans le roman du même nom de E.L.Doctorow, adapté à l’écran par Milos Forman en 1981).

– L’évocation d’un style musical à travers l’écriture (Jazz de Toni Morrison, par exemple). 

Cette journée d’études propose une réflexion au croisement de plusieurs disciplines et accueillera des participants travaillant dans différents domaines en rapport avec le monde anglophone. Toutes les approches théoriques sont les bienvenues, y compris les approches cognitive, historique, anthropologique, musicologique, sémiotique, stylistique et psychanalytique. 

Les propositions (250 mots environ, en français ou en anglais) sont à faire parvenir à Chantal Schütz (chantal.schutz@polytechnique.edu) et à Claire Guéron (claire.gueron@u-bourgogne.fr) avant le 30 mars 2019, accompagnées d’une courte biographie. Une réponse sera envoyée avant le 1ermai 2019. 

Bibliographie critique succincte :

Cristina Cano, La musique au cinéma: musique, image, récit, Gremese, 2010

Jacquemet, M. Autour de la Petite Phrase de Vinteuil: Lectures Sémiotiques de Proust. Limoges : Actes Sémiotiques, 1991.

Carina Louart, « La musique pour soigner la mémoire », 

https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-musique-pour-soigner-la-memoire

Jean-Paul Olive, Musique et mémoire,Arts 8, L’Harmattan, 2003

Oliver Sachs, Musicophilia, 2007

Julie Sanders, Shakespeare and music: afterlives and borrowings,2007

Bernard Sève, Musique, mémoire et création, Cité de la musique, 2012

Jean Vion-Dury, Grazia Giacco, Francesco Spampinato, Jeux de mémoire(s) : Regards croisés sur la musique, L’Harmattan, 2013

Membres du comité scientifique / intervenants confirmés :

Sophie Aymes-Stokes (Université de Bourgogne)

David Bousquet (Université de Bourgogne)

Damien Colas (IREMUS – CNRS)

Pierre Degott (UFR Arts, Lettres et Langues – Metz, Université de Lorraine)

Emily Eells (Centre de Recherches Anglophones (CREA), Université Paris Nanterre)

Claire Guéron (Université de Bourgogne)

Pierre Iselin (Professeur émérite, université Paris-Sorbonne)

Chantal Schütz (EA Prismes, Université Paris 3 / Ecole Polytechnique)

Jean Szlamowicz (Université de Bourgogne)
 
 
English-language version:

Symposium : « Music and memory in anglophone literature »

(Organizers : Chantal Schütz, Claire Guéron)

19-20 September 2019, Université de Bourgogne, Dijon, France

That song tonight will not go from my mind” (Othello, 4.3.29) – when Shakespeare had Desdemona speak these words, he set up the scene for an involuntary musical recollection generated by a parallel situation. While the ars memoriaea pproach of the Renaissance, inspired by classical rhetoric, relied on carefully crafted visual mnemotechnics, memories set off by aural stimuli occur in a manner both fortuitous and unexpected. This is a situation that recurs again and again in literature, culminating in Proust’s elaboration of the “petite phrase de Vinteuil”, the musical strain that crystallizes memories of past ecstasy and pain. The symposium we are organizing will focus on the various modalities in which this sound-based recollection can be staged, across literary genres, cultures and periods. Our aim is to confront the different manners in which authors set up the involuntary re-emergence of past events or feelings as caused by a string of events or a specific configuration, but also the efforts that often backfire to recollect a forgotten tune or song. The canonic Proustian configuration is the reminiscence of past events linked to a melodic fragment or even to some snatches of text attached to it, thanks to a serendipitous hearing – many years after these events, that have long been forgotten. However this pattern has existed throughout the history of literature, and is even the self-referential topic of many songs.

In the light of the work of Oliver Sachs (Musicophilia, 2007), we would like to examine the relationship between musical reminiscences and artistic creation, especially in literary works, but also in film and other media. Take the famous sentence « Play it again, Sam », which has become the pop-cultural version of the words « play it, Sam » spoken on several occasions in the 1942 film Casablanca: it conjures up the “remembrance of things past” in the main characters’ love story, but also the cinematic tradition of using aural leitmotivs, often coupled with images or flash-back sequences supposed to reinforce the power of the recollection. However sometimes the deviation from this conventional pattern of signaling the return of an emotion or an experience, or even of a traumatic event, can, in turn, bring about a form of subversion, a jarring sound that would trouble the deceptive harmony of the past event, or on the contrary reveal its deeply traumatic dimension.

Proposals for 20-minute papers are welcome from all disciplines. Topics may include but are not limited to:

– the role of music in the representation of nostalgia, of loss and trauma in anglophone literature.

– the contrast between music and the visual arts in the triggering of memories as represented in literature. One example would be a comparison between the context of Desdemona’s song in Othello and that of the « miniatures » of Claudius and « Old Hamlet » inHamlet.

– the use of songs or musical allusions as a narrative thread.

– songs as an expression of collective memory in anglophone literature and film.

– the way music makes it possible to plant a scene in viewers’ minds, both in film and stage productions.

– the representation of music(al) history in anglophone literature.

– the way a musical style can symbolize a historical moment or period ( jazz in Jack Kerouac’s On the Road,ragtime E.L.Doctorow’s eponymous novel and Milos Forman’s 1981 film).

– The suggestion of a musical style through writing, as in Toni Morrison’s Jazz

This symposium proposes a cross-disciplinary approach and hopes to bring together specialists of different domains connected to the anglophone sphere. All theoretical angles are welcome, including cognitive, historical, anthropological, musicological, semiotic, stylistic and psychoanalytic ones. 

Please email a 250-word abstract and short biography to Chantal Schütz (chantal.schutz@polytechnique.edu) and Claire Guéron (claire.gueron@u-bourgogne.fr ) 

Deadline: 30th March 2019

Notification will be sent before 1 May 2019.

Confirmed speakers and/or members of the scientific committe:

Sophie Aymes-Stokes (Université de Bourgogne)

David Bousquet (Université de Bourgogne)

Damien Colas (IREMUS – CNRS)

Pierre Degott (UFR Arts, Lettres et Langues – Metz, Université de Lorraine)

Emily Eells (Centre de Recherches Anglophones (CREA), Université Paris Nanterre)

Claire Guéron (Université de Bourgogne)

Pierre Iselin (Professeur émérite, université Paris-Sorbonne)

Chantal Schütz (EA Prismes, Université Paris 3 / Ecole Polytechnique)

Jean Szlamowicz (Université de Bourgogne)

Bibliography :

Cristina Cano, La musique au cinéma: musique, image, récit, 2010

Jacquemet, M.Autour de la Petite Phrase de Vinteuil: Lectures Sémiotiques de Proust, 1991.

Carina Louart, « La musique pour soigner la mémoire »,

https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-musique-pour-soigner-la-memoire

Jean-Paul Olive, Musique et mémoire,2003

Oliver Sachs, Musicophilia, 2007

Julie Sanders, Shakespeare and music: afterlives and borrowings,2007

Bernard Sève, Musique, mémoire et création, 2012

Jean Vion-Dury, Grazia Giacco, Francesco Spampinato, Jeux de mémoire(s) : Regards croisés sur la musique, 2013

(Organisatrices : Chantal Schütz, Claire Guéron)


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