16 septembre 2016 (journées de septembre) : intervention de Chantal Manès, président du jury de CAPES, et de son vice-Président, Laurent Mellet

Atelier CAPES Chantal Manès– Laurent Mellet

L’atelier CAPES a rassemblé environ 35 personnes autour de la présidente du jury, Chantal Manès et de son vice-Président, Laurent Mellet. Les échanges ont été riches et fructueux et la SAES remercie vivement tous les participants.

Chantal Manès a pu ainsi répondre à de nombreuses questions et souligner un certain nombre de points à l’intention des préparateurs.

Nous les résumons ici.

Tout d’abord, la présidente de jury souligne que les candidats semblent s’être mieux approprié les épreuves que l’an dernier, ce qui laisse entendre que le concours lui-même est « stabilisé ». Aucun changement n’est attendu pour la session 2016-2017.

Concernant l’épreuve de composition en langue anglaise (ECLE) qui suscite encore des questionnements chez les préparateurs (étant donné l’absence de programme précis), Chantal Manès déclare avoir échangé à ce sujet avec les sociétés savantes de la SAES et avoir mis en place un groupe de réflexion à l’intérieur même du jury.

S’il n’est pas question de remettre en cause l’épreuve en revenant par exemple à une liste d’œuvres ou de thèmes comme à l’agrégation, il est cependant envisageable de préciser les attentes, de prévoir quelques aménagements minimes (pas avant 2018) pour la rendre plus claire.

Cependant, ce n’est pas l’épreuve qui a posé le plus de difficultés aux candidats.

Une collègue remarque que le dossier 2016 permettait d’établir clairement un lien avec une notion ou thématique (le personnage ou l’imaginaire), ce qui peut expliquer en partie la réussite des étudiants.

En revanche, trois des notions ou thématiques retenues pour la session 2016-2017 semblent très proches : rencontres avec d’autres cultures (nouveau) – espaces et échanges – voyage, parcours initiatique, exil (nouveau).

Les étudiants devront-ils clairement nommer le thème ?

Chantal Manès explique que les attentes sont celles concernant un futur professeur d’anglais : être capable de mobiliser des connaissances, de connaître les principaux repères historiques, géographiques, etc. et de montrer des compétences d’analyse et de synthèse. Les thèmes sont très ouverts. A l’intérieur de ces thèmes très larges, il s’agit de cibler des aires géographiques, littéraires, historiques, et de traiter ce que l’on pourrait appeler « les fondamentaux ». Plus un dossier sera lié à une notion par le candidat, mieux ce sera. On attend du candidat des compétences « universitaires ». Ce n’est pas une dissertation sur une notion, c’est l’analyse du dossier pour faire montre de connaissances et de compétences.

La présidente précise également que la composition portera soit sur la littérature, soit sur la civilisation sans panachage.

Elle confirme aussi le fait que deux notions et thématiques du programme de cette épreuve sont renouvelées chaque année. Le cas de « Espaces et Echanges », maintenu au programme pour la troisième session consécutive, est une exception due à la réforme des textes du collège qui a conduit à remplacer la notion « ici et ailleurs ». La présidente rappelle par ailleurs les évolutions des programmes de collège (abandon des termes palier 1 et 2 et adoption d’un nouveau découpage : cycle 3 pour CM1, CM2, 6è et cycle 4 pour 5è, 4è, 3è).
En ce qui concerne l’épreuve orale de Mise en Situation Professionnelle (EMSP), Chantal Manès souligne qu’elle comporte des points communs avec l’épreuve écrite de composition en langue étrangère (ECLE) Le candidat est également confronté à un dossier composé de plusieurs documents. Il doit montrer les enjeux intellectuels de ce dossier. On attend qu’il se place dans la position d’un futur enseignant, qu’il nourrisse sa réflexion de savoirs et qu’il aboutisse à définir à quelle notion le dossier peut se rattacher. La notion n’est pas donnée au départ.

Dans l’épreuve de composition il est attendu du candidat qu’il rattache son travail à une des notions du programme spécifique de l’année. Par contre à l’EMSP on demande au candidat d’analyser le dossier et de dire en conclusion les notions possibles auxquelles le dossier peut être rattaché.

La première partie de l’EMSP est très ouverte : il s’agit d’analyser les enjeux du dossier. Dire au jury en quoi il serait intéressant de le traiter à tel ou tel niveau.

Dans la deuxième partie du dossier, le candidat doit traiter le niveau attendu (indiqué dans la consigne). Les notions du niveau visé doivent être connues.

Le candidat peut ressentir un certain décalage entre les documents et le niveau de classe attendu. Cependant, les sujets sont toujours pensés en fonction du niveau d’enseignement qu’on vise. Dans cette deuxième partie d’épreuve, il est amené à sélectionner des documents ou parties de document, précisément en fonction de ce niveau. Il faut se garder d’écarter systématiquement un document « ancien » qui peut être plus facile d’accès qu’un document contemporain.

Dans la deuxième partie on attend du candidat qu’il sache identifier les points de difficulté que le dossier va présenter pour des élèves.

Une question concerne le texte de cadrage de l’ECLE qui comporte cet ajout inquiétant : “A cette composition peut être ajoutée une   question complémentaire sur l’exploitation dans le cadre des enseignements de la problématique retenue”.

Chantal Manès répond que même si une telle question complémentaire n’a jamais été posée, on ne peut rien exclure. C’est prévu par les textes, on ne peut donc pas l’éliminer. Les compétences didactiques développées pour l’épreuve d’EMSP pourraient être réinvesties à l’écrit. Le jury n’a pas pour esprit de piéger les candidats. Si ce type d’exercice était mis en place, les barèmes seraient adaptés en conséquence. Nous ne donnons pas les barèmes des sous-épreuves. Mais on pourrait indiquer aux candidats une longueur attendue.

Concernant l’épreuve écrite de Traduction, elle est régie par l’Arrêté du 13 mai 2015. Il n’y aura pas de changement dans les épreuves 2017. Le texte à traduire pourra être un thème et/ou une version et l’exercice de réflexion linguistique (ERL) pourra porter sur des segments soulignés dans l’un et/ou l’autre texte.

Un groupe de réflexion au sein du jury sera également mis en place. Il est souhaitable que les candidats n’aient pas une approche uniquement comptable. 1/3 pour l’ERL, 2/3 pour la traduction et qu’ils ne délaissent pas la partie ERL. On remarque des moyennes particulièrement basses en ERL à cette épreuve. Pourtant cette compétence linguistique et grammaticale est utile dans toutes les épreuves.

Des collègues soulignent que nous n’avons pas assez d’heures pour préparer ces deux exercices très différents que sont l’analyse de faits anglais et l’analyse de faits français.

Chantal Manès indique que beaucoup de candidats ne s’interrogent pas sur le passage d’une langue à l’autre, mais en restent à la description d’une langue. Elle sait que les préparateurs sont nombreux à vouloir que l’épreuve concerne seulement la version mais elle n’est pas convaincue. Les résultats dénotent une très faible connaissance de la part des candidats qui ne maîtrisent pas les connaissances de base communes aux deux langues.

Des collègues soulignent que ces problèmes devraient être traités en amont du master. Aujourd’hui elles constatent que la majorité de leurs étudiants MEEF ne viennent pas de l’anglistique. Cela explique pourquoi les résultats sont si mauvais à cette épreuve.

La présidente du jury demande que recommandation soit faite aux étudiants de ne pas penser que l’ERL représente  seulement 1/3 d’une épreuve. Cette compétence doit être mise en œuvre à travers toutes les épreuves.

Un collègue s’interroge sur le fait que dans des textes très courts, les segments à commenter repose sur les occurrences multiples, alors que des occurrences singulières peuvent être tout aussi pertinentes.

La présidente du jury répond que sa volonté est de trouver le bon équilibre entre connaissances et compétences. Le sujet de cette année portait sur le génitif. Ils peuvent ne pas connaître ce fait de langue mais si c’est le cas, le jury est libre de ne pas les recruter en tant que professeur.

Un collègue suggère qu’on choisisse ainsi des faits de langue de base.

Il s’agit de savoir aussi ce que l’on entend par grammaire de base dans le cas du français.

Chantal Manès recommande de se référer à ce que l’on fait faire en traduction en L1, L2, L3. A ce titre, il est judicieux de consulter le rapport de jury.

Le jury n’attend pas que les candidats soient des linguistes spécialisés en français ou en anglais.

Concernant l’EMSP, une collègue dit qu’elle conseille aux étudiants de regarder le niveau mentionné pour la partie didactique.

Chantal Manès répond que ce n’est pas une mauvaise stratégie en soi, mais recommande quand même une approche plus ouverte.

Chantal Manès aborde ensuite la question de l’Epreuve sur Dossier (EDD) en rappelant que la 1ère partie consiste en une compréhension orale : il s’agit de rendre compte du document et d’en faire une analyse. Cette fois, la notion est donnée. L’exposé doit être rattaché à la notion. Lorsque les candidats présentent l’analyse du document, ils doivent traiter des différents niveaux possibles et des liens du document avec la notion.  La 2è partie consiste en la présentation didactique et pédagogique d’un dossier donné au candidat. Ce dossier est composé de différents documents : description d’une situation d’enseignement, production d’élèves et autres types de documents (de chercheurs, CECRL, etc.). On attend que le candidat puisse d’abord être capable d’analyser les productions d’élèves de la manière la plus fine possible et qu’il soit capable de repérer les points forts et les points faibles et de proposer des pistes de travail. On entend trop souvent exclusivement présenter les erreurs et les pistes de remédiation. Aujourd’hui, on demande à un enseignant de percevoir dans sa classe des niveaux de progression possible adaptés aux élèves et de montrer comment accompagner les élèves en adaptant le niveau d’enseignement. On attend un diagnostic fin.

On attend aussi que le candidat utilise tous les documents du dossier.

Il est souhaitable également que les candidats évitent d’utiliser des termes mal maîtrisés, des étiquettes vides de contenu. Par exemple, que le candidat ne se contente pas de plaquer le mot « interdisciplinaire » mais aille plus loin en faisant preuve de connaissances précises, par exemple des programmes des disciplines auxquelles il se réfère. Ne pas utiliser les mots pour eux-mêmes.

De même sur l’épreuve orale de EMSP, on n’attend pas dans les pistes d’exploitation qu’ils envisagent toutes les activités langagières, mais qu’ils disent par exemple qu’ils vont privilégier les compétences de l’oral et il faut que la tâche d’évaluation soit cohérente.

Ils ne doivent pas utiliser certains mots sous prétexte de plaire au jury. Ce dernier préfère un discours qui fait sens.

Une collègue demande si le jury ressent que les stages permettent de donner du corps aux mots.

La présidente acquiesce. Il est bon aussi que ceux qui ont une connaissance du métier apprennent à théoriser un peu.

Il n’y a pas de statistiques sur les candidats MEEF qui font des stages.

Chantal Manès rappelle que le niveau d’exigence au CAPES reste élevé. Ce n’est pas une sous-agrégation. C’est autre chose.

Une collègue souligne que les étudiants ont l’impression que le seul objectif c’est la tâche finale.

La présidente répond que c’est une focalisation excessive. Le mot est souvent une coquille vide. Il faut justifier son emploi. La tâche finale fait partie d’un parcours qui possède des spécificités.

Une autre question porte sur la Réforme du collège. Dans les sujets proposés, on s’attend à des sujets relatifs à la classe de 6è. Dans quelle mesure, proposer une articulation possible avec ce qui se passe en amont dans le cycle ?

Chantal Manès : On ne va pas exiger une réflexion approfondie sur le cycle 2. Cependant, il s’agit bien d’une approche par cycles, ce qui implique que l’on n’accueille pas les élèves au collège en faisant comme s’ils n’avaient pas appris l’anglais en amont. Un professeur de collège doit comprendre les acquis de ses élèves, savoir ce qu’ils devraient apprendre en CM1 et CM2. Oui il y aura des questions sur cela.

Concernant les notions et thématiques, un collègue demande si la littérature postcoloniale en fait partie.

Laurent Mellet répond que cette littérature fait désormais partie de nos formations en L, et donc qu’il faut l’inclure en Master MEEF. Plus généralement, il peut être avisé de réfléchir aux grands anniversaires dans nos préparations à l’épreuve ECLE.

Une collègue souligne la surprise des étudiants qui s’attendaient à passer l’EMSP en premier et l’EDD en second.

La présidente confirme que la première épreuve passée à l’oral par les candidats est bien l’EDD.

Une collègue exprime sa satisfaction concernant le format de l’EMSP et aimerait que le temps de préparation soit porté de 3h à 4h.

Une collègue s’enquiert de l’invitation à prendre en compte les grands anniversaires et pose la question de la place de l’actualité : doit-on s’attendre  à des articles de presse ? Y a-t-il une différence de supports entre ECLE et EMSP ?

La présidente répond qu’un article de journal pourrait tout à fait prendre sa place dans ECLE.

Elle indique aussi que, lors des entretiens avec le jury, on attend du candidat qu’il soit au courant de l’actualité. L’absence de connaissances n’est pas pénalisée, mais les candidats ne peuvent pas ignorer certains faits.

L’atelier CAPES s’achève à 15h30 par des remerciements chaleureux exprimés à la présidente du jury et à son vice-président, ainsi qu’à tous les collègues.


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