16 mai 2020 Le Moyen Âge au prisme de la traduction et de la réécriture contemporaines Sorbonne Nouvelle-Paris 3 T.R.A.C.T.

PRISMES EA 4398
Depuis une vingtaine d’années, on constate un regain d’intérêt pour les poèmes, pièces de théâtre et contes du Moyen Âge issus du canon littéraire européen et traduits en anglais moderne : Sir Gawain and the Green Knight, par exemple, a fait l’objet d’au moins quatre retraductions : par W. S. Merwin en 2002, Bernard O’Donoghue en 2006, Simon Armitage en 2007, puis  John Ridland en 2016. Ted Hughes, lui aussi, en a traduit quelques extraits.  Les grands textes rédigés en vieil et moyen anglais, irlandais et gallois font l’objet de traductions et de retraductions, tout comme les poèmes et gestes du Moyen Âge français par des poètes-traducteurs s’inscrivant dans le sillage du travail de Ezra Pound, Robert Lowell, ou encore de Norman Shapiro et ses traductions des poèmes de Marie de France, Christine de Pizan et Marguerite de Navarre (French Women Poets of Nine centuries, 2008). D’autres encore, comme W. S. Merwin, Ciaran Carson ou, plus récemment, Clive James, se sont penchés avec succès sur La Divine comédie de Dante.
Comment expliquer cet engouement pour une époque, longue, aux facettes variées, qui s’étend de la chute de l’Empire romain jusqu’au XVesiècle? Comment les traducteurs contemporains instaurent-ils un dialogue avec ces maîtres du temps passé ? Certains écrivains-traducteurs, au-delà d’une simple traduction, proposent une version plus proche de l’adaptation et de la réécriture, fidèles à l’esprit de l’œuvre source mais non à sa littéralité. Ainsi le Gawainde Simon Armitage est parfois délibérément anachronique. Parfois l’adaptation relève de la transmutation comme lorsque Ezra Pound adapte « Le testament » de François Villon à l’opéra ou encore lorsque la dramaturge, Ufuoma Overo-Tarimo, crée une pièce de théâtre à partir du Conte du meunierde Chaucer. D’autres poètes encore s’approprient le texte source : Caroline Bergvall construit une composition poétique, Drift, autour de « The Seafarer », Maureen Duffy dans Environmental Studiesrédige des « gloses » en venant s’appuyer sur des poèmes médiévaux. Lavinia Greenlaw fait-elle autre chose quand, dans A Double Sorrow–Troilus and Criseyde,elle réécrit les amours contrariées des deux jeunes gens ? Parfois, un travail de traduction vient enrichir la production poétique d’un auteur : les poèmes s’inscrivent dans le sillage d’une traduction qu’ils parachèvent comme un sequel : ainsi, le cycle de poèmes Sweeney Redivivus, par Seamus Heaney, est enchâssé dans le recueil Station Island,et fait suite à sa traduction de Buile Shuibhne.Enfin, il arrive souvent qu’un poète insère quelques traductions au sein d’un recueil comme pour rehausser une thématique particulière.

Dans le cadre de cette journée d’études qui sera suivie d’un colloque prévu début 2021 sur le même thème, nous nous proposons d’explorer le dialogue qui s’établit entre les auteurs du Moyen Âge et leurs traducteurs-écrivains contemporains, l’interaction féconde entre texte source et texte cible. Comment la traduction agit-elle comme un pont, comme une charnière entre le Moyen Âge et le présent ? Nous permet-elle de (re)penser notre présent  littéraire? En quoi la traduction des grands textes médiévaux repousse-t-elle les limites de la traductologie ? Comment la traduction des poèmes, pièces et contes du Moyen Âge décuple-t-elle les ressources créatives des traducteurs-auteurs contemporains?

Les communications pourront aborder les sujets suivants :

– la retraduction
– la traduction/ l’adaptation
– la traduction comme source d’écriture, comme point d’appui aux « gloses » – ces poèmes qui sont des réécritures de l’œuvre source
– les « gloses » comme forme de commentaire(s) du texte source
– l’analyse contrastive de plusieurs traductions
– la traduction de genre à genre (comme forme de transmutation)
– pourquoi retraduire le Moyen Âge ?
– le concept du néo-médiévalisme
– les écrivains-traducteurs français manifestent-ils un même engouement pour  la poésie médiévale européenne ?
– la place de traductions au sein de recueils de poésie
– les manuscrits des traducteurs

Les propositions sont à envoyer avant le 15 janvier 2020 à :
jessica.stephens@sorbonne-nouvelle.fr
isabelle.genin@sorbonne-nouvelle.fr

Les communications traitant de traductions vers l’anglais ou ayant comme source le vieil et moyen anglais,irlandais ou  gallois seront privilégiées.
La journée d’études et le colloque seront suivis d’une publication.

Il y aura un deuxième volet à ce projet.
A partir de 2021, en effet, nous poursuivrons notre réflexion, plus en amont dans le temps, sur la traduction des classiques, grecs et latins.

Translating, Rewriting, Recreating the Middle Ages
in our time
one-day conference
16th May 2020
Sorbonne Nouvelle-Paris 3
T.R.A.C.T.
PRISMES EA 4398
The last twenty years have seen a renewed interest in the canonical works of the Middle Ages:Sir Gawain and the Green Knight, for instance, was translated four times at least in-between 2002 and 2016, by W. S. Merwin, Bernard O’Donoghue, Simon Armitage and, more recently, by John Ridland. Ted Hughes also translated excerpts.
Many medieval poems, plays and tales have been translated and retranslated into modern English from old and middle English, Irish and Welsh; versions of the chansons de gesteand other forms of poetry written during the French Middle Ages have been produced by English and American poets, inspired by towering figures such as Ezra Pound, Robert Lowell or again Norman Shapiro and his translations of French women poets.  Others, such as W. S. Merwin, Ciaran Carson and Clive James have chosen to focus on Alighieri Dante’s Italian masterpiece, La Divina Commedia.

How can one account for this fascination for the Middle Ages? The period, which stretches from the fall of the Roman Empire to the dawn of the Renaissance, is multifaceted and extremely rich. How do writer-translators set up a dialogue with some of the fathers of European literature? While some contemporary poets write out a literal translation, others opt for a more creative approach – sometimes an adaptation, sometimes a more marked form of rewriting. In his version of Sir GawainSimon Armitage resorts to neologisms and some segments are deliberately anachronistic. At other times, adaptation verges on transmutation as when Ezra Pound turns François Villlon’s “Le testament“ into an opera, or when the dramatist, Ufuoma Overo-Tarimo, creates a play based on Chaucer’s TheMiller’s Tale.  Other poets build a poem around the source text, like Caroline Bergvall – Drift’s starting point is “The Seafarer” –, or Maureen Duffy and her poetic glosseson medieval poems in Environmental Studies. In A Double Sorrow – Troilus and Criseyde, Lavinia Greenlaw retells the story of the young lovers in a fresh and original way, all the while retracing the formal meanders of Chaucer’s text. Sometimes the writing of a sequence of poems comes in the wake of a translation. A good example is Seamus Heaney’s rendering of Buile Shuibhnefollowed by the Sweeney Redivivussequence published in Station Island. Poetry books sometimes feature a few translations, but for what purpose? How do these fragments interact with the poems and the thematic coherence of the volumes?

Within the framework of this project entitled “Translating, Rewriting, Recreating the Middle Ages”, we will explore the dialogue between the authors of the Middle Ages and their modern counterparts, focusing on the fruitful interaction between source and target texts. In what way can translation be considered as a hinge between the present and the past? Reading and translating medieval works gives us a deeper insight into the Middle Ages but does it enable a reflection on the present? In what way do these various issues push back the boundaries of the process of translating and of translation studies? How does translating works of the Middle Ages allow poet-translators to dig deep into their own creative resources?

The May 2020 one-day conference will be followed by a conference in early 2021 on the same topic.

Proposals for papers may deal with one or more of the following questions or any theme related to the conference:

-retranslations
-literal translation vs forms of adaptation and rewriting
-translation and writing ; poetic glosses
-glosses as comments, interpretations
– contrasting/ comparing translations
– translation as transmutation : from genre to genre
– why translate the Middle Ages?
– the concept of neo-medievalism as applied to translation
– do French writers show a similar interest in Medieval European poetry
– why are translations inserted in poetry books?
– translators’ manuscripts

Please send abstracts to Jessica Stephens and Isabelle Génin by 15th January 2020 :

jessica.stephens@sorbonne-nouvelle.fr
isabelle.genin@sorbonne-nouvelle.fr

We will give preference to papers dealing with translations into modern English or translations from old and middle English, Irish or Welsh.

This project is part of a wider project focusing first on the (creative) translation of the Middle Ages and then, as of 2021, on the translation of Greek and Latin classics into modern English.

Bibliographie

Ouvrages généraux
A Companion to Medieval Poetry, (ed.) Saunders, Corinne, Oxford, Wiley-Blackwell, 2010.
The Cambridge History of Medieval Verse, (Wallace, David (ed.), Cambridge, Cambridge University Press, 2008.
Online : The Anglo-Saxon Narrative Poetry Project de Aaron Hostetter, en ligne.
Translating Early Medieval Poetry, Transformation, Reception, Interpretation, (eds. Birkett, Tom, Marsh-Lyons, Kirsty), Cambridge, Cambridge University Press 2018,.

Anthologies
A Choice of Anglo-Saxon Verse, Richard Hamer (trads.), London, Faber and Faber, 2015.
The Finest Music : An Anthology of Early Irish Lyrics, O’Riordain Maurice (ed.),  London, Faber and Faber, 2014.
The Word Exchange – Anglo Saxon Poems in Translation, Delanty, Greg and  Matto, Michael (eds.), New York, W.W. Norton and Co., 2011.

Articles
Alexander,  Michael, « Old English Poetry into Modern English Verse », Translation and Literature 3, 1994.
Berman, Antoine, « La retraduction comme espace de la traduction », Palimpsestes 4, Paris, Presses de la Sorbonne-Nouvelle, 1990.
Gambier, Yves, « La retraduction, retour et détour », Méta, vol. 39, septembre 1994.
Jakobson, Roman, « On Linguistic Aspects of Translation », On Translation, Brower, Reuben (ed.), Cambridge, Harvard University Press, 1959

Ouvrages sur la traduction
Bassnett, Susan, Bush, Peter, The Translator as Writer, Continuum, London, New York, 2006.
Eco, Umberto, Écrits sur la pensée au Moyen AgeBouzaher, Myriem, Javion, Maurice J, Rosso, François, Sauvage, Hélène (trads.), Grasset, Paris, 2016.
Eco, Umberto, Art et Beauté dans l’esthétique médiévale,  Javion Maurice (trad.),  Paris , Grasset,  , Le livre de poche, 2002.
Eco, Umberto, Dire Presque la même chose,  Bouzahier, Myriem (trad.), Paris, Grasset, 2007.
La retraduction, Kahn, Robert, Seth, Catriona (dir.), Mont-Saint-Aignan, Presses universitaires de Rouen, 2010.


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