16 juin 2017 Journée d’études 3L.AM/Amicae-Alliance Europa Les représentations des frontières dans les arts Université du Maine,

Journée d’études 3L.AM/Amicae-Alliance Europa

Les représentations des frontières dans les arts

Université du Maine, 16 juin 2017

 

 

Les frontières représentent sans nul doute un enjeu complexe aujourd’hui. Elles peuvent relier et séparer, laisser circuler ou retenir les personnes, être mobiles ou fixes. Dans Theory of the Border (New York, Oxford University Press, 2016), Thomas Nail souligne que de nouvelles frontières ont été créées au cours des vingt dernières années : elles incarnent la sécurité voulue par les États qui étendent des fils de barbelé et construisent des murs pour les rendre infranchissables ; elles se rigidifient autour des camps de détention placés en dehors du territoire national ; elles se dématérialisent avec l’adoption des passeports biométriques et se matérialisent à travers les point de contrôle placés à l’entrée des lieux public (écoles, aéroports, routes). Les frontières peuvent également être intra-nationales, régionales, voire urbaines. Ainsi, la prolifération d’espaces résidentiels clôturés (entourés de murs, de grilles et de dispositifs de sécurité) dans différentes grandes villes du monde, atteste t-elle de la concrétisation de l’auto-ségrégation des riches ? Ces enclaves éloignées de la misère du monde, contournant les conflits de classe, isolées dans des espaces socialement homogènes marquent elles aussi des frontières peu poreuses.

Les frontières peuvent être des lieux d’exacerbation des tensions et symptomatiques des idéologies nationales mises en place par les gouvernants. Utilisées pour délimiter des espaces sociaux, économiques et politiques, elles accentuent alors les différences entre deux zones géographiques à travers une réglementation imposée de la circulation des biens et des personnes. Les frontières divisent les groupes ethniques et les pays, favorisent la rencontre ou la séparation, et accentuent les différences entre soi et l’Autre. Lorsque, un peu plus de vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin, l’Europe redécouvre les murs et les érige de la Bulgarie à la Manche pour bloquer réfugiés et migrants, les frontières limitent la liberté de mouvement tout en stimulant la peur de l’Autre qu’elles placent à distance. Lieux de contestation entre les pouvoirs qui souhaitent redessiner le contour de leur territoire, symbole de la suprématie nationale, les frontières sont aussi des espaces poreux qui favorisent l’hybridité culturelle.

Les arts évoquent cet espace liminal de différentes manières. Les écrivains de l’ère postcoloniale envisagent un monde sans frontières où les hommes pourraient voyager librement d’un continent à l’autre. Les artistes s’approprient cet espace par le graffiti et invitent à penser l’espace au-delà du mur qui sépare les individus. Le cinéma et la littérature montrent que la frontière a un impact sur les récits de vie des riverains dont elle détermine les mouvements géographiques. Les frontières nourrissent aussi un art spécifique à celui de l’entre-deux, espace hybride par excellence où s’entremêlent les influences. En discutant la notion de frontière, cette journée d’étude pourra interroger la création artistique contemporaine dans sa relation aux systèmes qui structurent et organisent nos sociétés car elle donne souvent à voir des propos artistiques engagés, parfois partisans ou militants ; elle peut également susciter une réflexion citoyenne. Les participants pourront également tenter de cerner comment la dimension d’instabilité de ce lieu est travaillée par les pratiques artistiques. Par ailleurs, les techniques du numérique que s’approprient certains artistes pourront être questionnées dans leurs capacités à dépasser ces notions de frontières.

Cette journée d’études pluridisciplinaire a pour objectif d’envisager l’imaginaire de la frontière, la manière dont les artistes s’emparent de cette figure comme moteur du récit littéraire, de la création artistique ou filmique. On pourra étudier à travers leurs œuvres les destins des individus dont le quotidien est limité ou rythmé par des frontières, perçues à la fois comme chemins vers la liberté et obstacles à franchir.

 

Cette manifestation est organisée dans le cadre du workpackage 3 « Transmission de l’art et production artistique » du projet interdisciplinaire AMICAE° (Analyse des Médiations Innovantes de la Culture et de l’Art pour une Europe Ouverte). L’objectif général de ce projet de trois ans est d’analyser et de comparer différentes formes de médiations innovantes de la culture, de l’art, du patrimoine matériel et immatériel et d’en évaluer les effets en termes de transmission patrimoniale, d’intégration sociale et de participation citoyenne.

AMICAE° est lauréat de l’appel à projets recherche de l’Institut d’Etudes Européennes et Globales (groupement d’intérêt scientifique regroupant 20 laboratoires des universités de Nantes, Angers, Le Mans, et de l’ESSCA Ecole de management), en lien avec l’axe 4 de son projet scientifique : « Cultures européennes, appropriations, transmissions, représentations ».

Le projet bénéficie d’un financement du programme Alliance Europa, stratégie régionale collective Recherche Formation et Innovation en Pays de la Loire regroupant partenaires académiques et membres de la société civile pour constituer d’ici 2020 un pôle d’excellence sur l’étude des défis sociétaux, culturels et politiques que doit relever l’Europe en crise face aux processus de mondialisation.

Les propositions (350 mots), accompagnées d’une courte notice biographique, sont à envoyer à Eliane.Elmaleh@univ-lemans.fr et Delphine.Letort@univ-lemans.fr avant le 28 février 2017.


Publié

dans

par

Étiquettes :