15-17 mars 2018 39e colloque international du GERAS Université de Mons, Belgique Les dimensions diachroniques en anglais de spécialité : enjeux communicationnels, didactiques et traductologiques

39e colloque international du GERAS

15-17 mars 2018

Université de Mons, Belgique

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Appel à communication

Les dimensions diachroniques en anglais de spécialité :

enjeux communicationnels, didactiques et traductologiques

En général, les praticiens de l’English for Specific Purposes (ESP) montrent peu d’intérêt pour la diachronie et, en particulier, pour les états révolus de la langue. La motivation principale de leurs démarches émane des besoins des apprenants et l’analyse des besoins (needs analysis) les situe d’ordinaire dans le présent ou le futur proche plutôt que dans le passé. En Europe continentale, en revanche, un nombre croissant de chercheurs voit dans les langues de spécialité des objets linguistiques durables – des variétés spécialisées de l’anglais (VSA) telles que l’anglais médical ou juridique, par exemple – et l’exploration de la dimension diachronique de ces VSA figure de plus en plus fréquemment parmi leurs intérêts scientifiques. Ce colloque invite les chercheurs à se pencher sur les dimensions diachroniques en anglais de spécialité et à en explorer les multiples facettes.

Le premier ensemble d’interrogations peut concerner les enjeux communicationnels. La langue sert correctement les échanges spécialisés qui se déroulent dans la synchronie, mais lorsque le temps les sépare, quels sont les impacts de la distanciation diachronique sur la compréhension et l’interprétation ? Les apprenants sont fréquemment amenés à effectuer des recherches documentaires et à consulter des textes produits en dehors de la sphère temporelle d’apprentissage ; faut-il également les sensibiliser à l’évolution des termes, des discours, des genres, des références institutionnelles, des effets de l’histoire sur leurs communautés spécialisées de référence ? Le questionnement s’élargit encore si l’on prend en considération l’histoire des VSA elles-mêmes et si l’on s’interroge sur leur origine. Sans envisager de former les apprenants à l’érudition linguistique spécialisée, une impasse totale sur la dimension diachronique des VSA est-elle saine pour offrir une formation de qualité aux enseignants d’anglais de spécialité quel que soit le domaine considéré.

Le deuxième ensemble d’interrogations découle en partie des réponses suscitées par le premier. Si une dose d’investissement diachronique se justifie pour certaines VSA, comment peut-on construire des stratégies d’enseignement/apprentissage qui satisfassent au parcours de « transposition didactique » préconisé par Yves Chevallard (1985 : 20) afin de produire des « savoirs à enseigner » à partir de « savoirs savants » en y intégrant la dimension diachronique ? Qu’en sera-t-il de la motivation des apprenants s’ils sont invités à consacrer quelque peu de leurs efforts au temps long au détriment des urgences de la communication hic et nunc ?

Le troisième ensemble d’intérêts concerne la traduction. Si l’importance de la culture (traduction naturalisante/traduction exotisante) a fait l’objet de nombreuses études en traductologie, la dimension diachronique semble, quant à elle, avoir été moins étudiée. Il n’est pourtant pas rare que le traducteur se trouve confronté à des éléments dans le texte source qui ont changé au cours du temps ; qu’il s’agisse de changements terminologiques comme des néologismes ou des changements de nomenclatures, ou phraséologiques (induits par l’usage ou imposés par des autorités compétentes), ou encore de changements paradigmatiques des vérités du monde (une théorie scientifique pouvant en chasser une autre à partir de réfutations).

L’école sourcière et l’école cibliste semblent ne donner qu’une réponse insuffisante au dilemme du traducteur face à la diachronie : le traducteur sourcier se contenterait de conserver les évènements révolus du texte source pour les inclure dans le texte cible tandis que le traducteur cibliste aurait pour objectif d’adapter les éléments révolus pour qu’ils correspondent à son époque.

Les théories fonctionnalistes de la traduction apportent une réponse plus adaptée au traducteur qui est confronté à ce choix. Selon la théorie du skopos, toute traduction remplit une fonction. Le texte source doit donc être traduit de manière à ce que le texte cible soit cohérent pour les récepteurs, leurs connaissances, leurs besoins et selon le contexte de la réception.

Dans ce cadre théorique, les décisions traductionnelles liées à la diachronie dépendent donc directement de la fonction du texte cible. À ce titre, Christiane Nord (1997) rappelle l’importance pour le traducteur de comparer le texte source et le texte cible au niveau des récepteurs, du médium employé, mais aussi du lieu et du moment de réception. Cette comparaison permet au traducteur de prendre des décisions traductionnelles déterminantes dans le texte cible.

Bien que les fonctionnalistes se soient penchés sur la question de la temporalité entre texte source et texte cible, la diachronie est un phénomène transversal en traduction parce qu’elle est inhérente à l’évolution de la langue (spécialisée ou générale). Dans ces perspectives, il serait par exemple intéressant d’étudier l’évolution de la traduction de néologismes, de termes métaphoriques constitutifs de théories (dont l’évolution est souvent rythmée par les découvertes scientifiques au gré du temps). Il serait aussi pertinent de se pencher sur la traduction de phraséologies spécialisées où des analyses de corpus parallèles permettent de faire ressortir les marqueurs de la diachronie.

Références

Chevallard, Yves. 1985. La transposition didactique : du savoir savant au savoir enseigné. Grenoble : La Pensée Sauvage.

Nord, Christiane. 1997. Translating as a Purposeful Activity : Functionalist Approaches Explained. Manchester : St Jerome.

Les auteurs sont invités à adresser leur proposition sur ces pistes de recherche et problématiques apparentées selon les modalités suivantes :

Langues : français ou anglais

Nombre de mots recommandé : 300

Date limite : 10 janvier 2018

Envoyer à : mailto:christine.michaux@umons.ac.be

m.memet@orange.fr

39th International GERAS Conference

15-17 March 2018

University of Mons, Belgium

Call for Papers

Diachronic dimensions in specialised varieties of English:

implications in communications, didactics and translation studies

As a rule, practitioners of English for Specific Purposes show little interest in diachrony and, particularly, in the past of specialised languages. Their main motivation stems from learners’ needs, and needs analyses generally place them in the present or near future rather than in the past. Conversely, a growing number of researchers in continental Europe regard specialised languages as enduring linguistic objects – e.g. specialised varieties of English (SVEs) such as medical or legal English – and exploring these SVEs’ diachronic dimensions plays an increasing part in their scientific interests. This conference invites researchers to examine the diachronic dimensions of specialised English and to explore their various facets.

One first group of questions may bear on the communicational stakes of the subject. Languages aptly serve specialised communication in synchronic conditions, but what are the impacts of diachronic distantiation on comprehension and interpretation? Learners frequently engage in documentary research and they consult texts that may belong in temporal settings lying outside their immediate learning time sphere. Do they have to be made aware of the evolutions in terms, discourse, genres, institutional reference, and of the influence of history on their specialised communities? These questions expand further if the history of SVEs comes into consideration and if we wonder about their origins. Training learners to become erudite in specialised languages is clearly not an option; yet, totally ignoring the diachronic dimension of SVEs may not be an adequate posture when it comes to training qualified teachers of English irrespective of their specialised domains.

A second set of questions flows from answers given to the first. If some scientific investment in diachrony makes sense for some SVEs, how can we design learning/teaching strategies that meet the requirements of the “didactic transposition” put forward by Yves Chevallard (1985: 20)? The aim of the didactic transposition is to produce “knowledge for learners” from “scholars’ knowledge” and the challenge here is to introduce the diachronic dimension into the process. Motivation concerns are also a major issue if learners are invited to devote some time and effort to long-term aspects instead of engaging fully in hic and nunc language priorities.

The third group of interrogations concerns translation issues. Culture has long been a major object of research in translation studies (often contrasting “natural” with “exotic” translations), but diachrony seems to have attracted limited interest. Yet, translators are often challenged by source elements that have changed in the course of time such as terminological evolutions like neologisms or changes in nomenclature; modifications in phraseology resulting from usage or imposed by competent authorities; or paradigmatic changes in the truth conditions of the world, as when one scientific theory is proved wrong and is replaced by another.

In translation studies, source-oriented translation and target-oriented translation only meet part of the translators’ dilemmas when they are confronted with diachrony. The source-oriented translator would simply keep the past elements of the source text and include them in the target text while the target-oriented translator would aim at adapting past elements to make them fit the present.

Functionalist translation theories offer better strategies in these cases. Following the skopos theory, every translation has a purpose. The source text has to be translated so as to make sense for addressees, their knowledge and their needs, in the target circumstances.

In this theoretical framework, diachrony-dependent translation decisions are subject to the function of the target text. In that respect, Christiane Nord (1997) stresses that translators have to compare source texts and target texts in terms of addressees and of the medium employed, but also in terms of the place and time of reception. By comparing, translators may make translation decisions which largely determine the target text.

Functionalists have duly addressed the issue of time difference between source and target texts, but diachrony is a transversal phenomenon in translation because it is inherent in linguistic evolutions, whether in languages for general or specialised purposes. In that context, it would be of interest to study the evolutions in the translation of neologisms, of theory-constitutive metaphorical terms – their evolutions are often marked by scientific discoveries in the course of time. Other relevant prospective questions may include the translation of specialised phraseologies where parallel corpus analyses highlight diachronic markers.

References

Chevallard, Yves. 1985. La transposition didactique : du savoir savant au savoir enseigné. Grenoble: La Pensée Sauvage.

Nord, Christiane. 1997. Translating as a Purposeful Activity: Functionalist Approaches Explained. Manchester, UK: St Jerome.

Submission format

Languages: French or English

Number of words: 300

Deadline: 10 January 2018

Forward to: christine.michaux@umons.ac.be

m.memet@orange.fr


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