12 AVRIL 2018. UNIVERSITÉ DE REIMS-CHAMPAGNE-ARDENNE (URCA) Dans le cadre du séminaire « cultures populaires » « Dissonance, éclectisme et mélange des genres dans la culture anglophone moderne et contemporaine »

JOURNÉE D’ÉTUDES CIRLEP (EA4291), 12 AVRIL 2018. ATTENTION CHANGEMENT DE DATE
UNIVERSITÉ DE REIMS-CHAMPAGNE-ARDENNE (URCA)
Dans le cadre du séminaire « cultures populaires »

«  Dissonance, éclectisme et mélange des genres dans la culture anglophone moderne et contemporaine  »

Depuis une vingtaine d’années, les sociologues de la culture de part et d’autre de l’Atlantique, et à partir de positions théoriques fort diverses (Peterson, Di Maggio, Holt, Lahire, Glevarec, Coulangeon), ont mis en évidence que la participation à des registres culturels très divers, de quelque façon qu’on désigne le phénomène (éclectisme, omnivorisme, dissonance selon les auteurs) ne constitue pas un phénomène exceptionnel, mais courant, voire banal. On retrouve chez de très nombreux individus, de groupes sociaux divers, la coexistence ou l’alternance de pratiques, de préférences ou de consommations culturelles relevant de formes de cultures dites légitimes ou populaires. L’effondrement de la hiérarchie entre « haute » culture légitime et « basse » culture de masse et plus encore la disparition de l’association étroite entre hiérarchie culturelle et hiérarchie sociale serait même ce qui caractériserait la société contemporaine, voire la condition post-moderne.
Du fait de la dilution de la légitimité classique, la légitimité culturelle a pris des formes très diverses. Dans les élites culturelles et intellectuelles, il est ainsi devenu plus important d’aimer des objets culturels différents ou différenciés que de se limiter à la seule palette des objets légitimes. Au « snobisme intellectuel » (ou au purisme ascétique) s’opposerait désormais « l’omnivorisme », catégorie inventée par le sociologue Richard A. Peterson. De manière plus large, la culture est appréhendée comme un moyen de se conformer ou de se différencier : vis-à-vis des autres groupes sociaux ou générationnels, mais aussi de ses pairs sociaux voire de soi-même en adoptant des pratiques contradictoires ou « dissonantes » pour reprendre la formule de Bernard Lahire. Tous les genres culturels ou presque ayant désormais acquis leurs « lettres de noblesse » (de la bande dessinée à la chanson pop/rock/rap ou à la télévision) peuvent faire l’objet d’un investissement privilégié, ouvrant ainsi la voie à la re-création de hiérarchies internes aux genres et à de nouvelles formes de distinction entre individus.
L’objet de cette journée d’études est d’interroger les possibilités ainsi ouvertes par les acquis de la sociologie culturelle aux autres disciplines, notamment celles (civilisation, littérature, histoire) traditionnellement attachées à des aires culturelles (anglophone notamment) et plus ouvertes au syncrétisme théorique que la sociologie. La problématique du mélange des genres constitue-elle une approche permettant d’appréhender la culture dans son ensemble ? C’est ce que nous nous proposons de déplier pendant cette journée d’études, en s’attachant à la fois au point de vue des consommateurs, des créateurs et des créations culturelles. Les communications pourront ainsi porter sur trois volets distincts :
– l’évolution des pratiques culturelles et des goûts dans le monde anglophone, à la lumière notamment des travaux sociologiques, mais aussi de l’apparition de nouvelles pratiques culturelles, tout particulièrement celles reposant sur les usages du numérique. L’analyse pourra ainsi porter sur le très contemporain, notamment le rôle du numérique dans la diversification et l’évolution des pratiques culturelles. Mais elle pourra aussi donner une profondeur historique aux phénomènes. Y a-t-il ainsi une histoire longue de l’éclectisme ou des dissonances culturelles ou ceux-ci doivent-ils nécessairement être limités aux pratiques ultra-contemporaines ? Les études comparatives visant à mesurer précisément le caractère précurseur de la culture anglophone dans l’érosion des hiérarchies culturelles sont également bienvenues.
– la dissonance appréhendée du côté des créateurs : est-elle un phénomène récent au même titre que celui des pratiques éclectiques ou est-elle un aspect constitutif de la création artistique ? En quoi les créateurs et artistes participent-ils du brouillage entre culture « high » et « low », « légitime » et « illégitime »? On pourra prendre des exemples en littérature, dans les arts visuels, dans la musique et le cinéma. On pensera par exemple à des auteurs écrivant à la fois pour les adultes et pour la jeunesse, ou passant de l’écriture d’œuvres romanesques à celle de scénarios pour le cinéma ou la télévision ; de musiciens pratiquant à la fois musique « savante » et « musique populaire »; à des cinéastes tournant pour la télévision; à des auteurs prenant un pseudonyme pour s’essayer à un genre « illégitime » (policier, érotique, sentimental, etc), soit de façon sérieuse, soit de façon parodique.
– le troisième volet sera davantage réflexif et concernera les pratiques de l’élite intellectuelle, à laquelle sont rattachés chercheurs et universitaires : en quoi les pratiques « omnivores » de cette catégorie influent-elles sur le brouillage des genres et font-elles passer certains objets culturels du statut d’illégitime à celui de légitime ? Dans quelle mesure les chercheurs, théoriciens et critiques littéraires ou artistiques sont-ils devenus « omnivores »? Comment s’opère le processus de légitimation ? Quels en sont les effets sur les objets culturels et sur leur réception ? N’y-a-t-il pas reconstitution d’une hiérarchie entre les pratiques culturelles selon des critères de goûts qui seraient non pas effacés mais seulement déplacés ? Enfin quelle est la part jouée par l’enseignement dans ces mutations ? Le souci de s‘adapter aux pratiques culturelles réelles des étudiants vient-il modifier les disciplines ? N’est-ce pas souvent la pédagogie qui anticipe sur la recherche ?

Les propositions de communications ne dépassant pas 400 mots, sont à envoyer avant le 15 novembre 2017, à sylvie.mikowski@univ-reims.fr, ou à yann.philippe@univ-reims.fr

Call for Papers
ONE-DAY SYMPOSIUM, APRIL 12, 2018 (CIRLEP (EA4291) DATE CHANGE
UNIVERSITY OF REIMS-CHAMPAGNE ARDENNE (URCA)

« Dissonance, eclecticism and the blurring of genres in the modern and contemporary culture of the English-speaking world »

Over the past twenty years, sociologists of culture, on both sides of the Atlantic and from different theoretical standpoints, have insisted on the fact that individuals’ engagement with culture, far from being confined to a restricted number of elitist, distinctive, “snobbish” practices, actually span a broad range of registers, ranging from “low” to “high” and from “legitimate” to “illegitimate” culture. Peterson, Di Maggio, Holt, Lahire, Glevare, Coulangeon have thus all written about what they call either eclecticism, omnivorousness, or dissonance. A lot of individuals, belonging to various, diverse social groups, have been observed to practice – alternatively or conjointly – forms of culture which are categorized either as legitimate or popular. The collapse of the hierarchy between high, legitimate culture, and low, mass culture, as well as the dissociation of cultural hierarchy and the dominance of a given social class has even been said to be one of the defining features of contemporary society, and indeed of the postmodern condition itself.
Because of the dilution of traditional forms of legitimacy, cultural legitimacy has assumed various forms and guises.  Among cultural and intellectual elites, it has thus become more important to be seen to like different or differentiated cultural objects than to limit oneself to the sole range of ‘legitimate’ objects. ‘Omnivorousness’, a term coined by sociologist Richard A. Peterson, is now opposed to intellectual ‘snobbishness’. More broadly, culture is now understood as a means to conform or to differentiate oneself: from other social and age groups, but also from one’s own social peers and even sometimes from oneself, as Lahire explains when he speaks of ‘dissonant’ practices. All cultural genres (from comic strips to pop/rock/rap music or television programmes) have now acquired a definite cultural legitimacy and can thus be invested with affective or intellectual value, giving rise to the creation of new hierarchies within the boundaries of one genre and to new forms of distinction among individuals.
The aim of this one-day symposium is to open the investigation of these concepts pioneered in the sociology of culture to other fields, notably those (cultural studies, literature, history) which have traditionally been linked to specific cultural areas (the English-speaking world, for instance) and which are more receptive to the combination of various theoretical standpoints than sociology. Does the notion of the blurring of genres help to define a comprehensive theory of culture?
Papers can focus either on the point of view of consumers, producers or cultural products. Proposals are welcome in the three following topic strands:
– The evolution of cultural tastes and practices in the English-speaking world, taking into consideration the new concepts defined by sociologists, as described above, but also the rise of new practices, particularly those based on the use of digital technology and social networks. Analysis may thus bear on ultracontemporary practices, in particular the role of digital technology in the evolution and transformation of cultural practices. But historical approaches are also welcome: do eclecticism and cultural dissonance have a long history or are they necessarily restricted to hyper-contemporary practices? Is there a ‘long history’ of eclecticism and cultural dissonance or is it a purely contemporaneous phenomenon? Comparative approaches aiming at measuring precisely the ground-breaking role of Anglo- American culture in the process of eroding cultural hierarchies are also welcome.
– Dissonance as seen from the point of view of the creators: is it a recent phenomenon or on the contrary is it a natural part of any creative act? To what extent do artists and creators participate in the blurring of the frontiers between « high » and « low », « legitimate » and « illegitimate » culture? Examples may be drawn from the fields of literature, the arts, cinema and music. Possible topics may include authors who write both for adults and children, or experiment with « illegitimate » forms such as romance, detective novels, erotic fiction, or write scripts for Hollywood, television, or Broadway; musicians who move from « classical » to « popular » music; film-makers who shoot both for the big screen or for television; visual artists who mix painting, sculpture and comics strips or digital technology.
– The third strand is more self-reflexive and involves the practices of the intellectual elite, to which academics and researchers belong: in what ways do the ‘omnivorous’ habits of that group exert an influence over the blurring of genres and enable the transition of certain cultural objects from the category of the illegitimate to that of the legitimate? How does this process operate? To what extent have researchers, critics and academics become ‘omnivorous’?   What effect does this process have over cultural objects and their reception?  Isn’t it the case that a certain kind of hierarchy is reinstated between the said objects, based on standards of taste that, rather than being erased, might simply be displaced? What part does teaching play in those evolutions? Does the wish to adapt to the students’ cultural practices shift the boundaries of the various fields of study? Are educational methods not often a step ahead of academic research?

Proposals, no longer than 400 words, must be sent to sylvie.mikowski@univ-reims.fr, or to yann.philippe@univ-reims.fr, before November 15, 2018.


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