13-14 mars 2020 Colloque annuel de la SOFEIR Université de Reims Champagne-Ardenne « Irlande : Spectres et chimères » « Ireland : Spectres and Chimeras »

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Invités d’honneur :
Claude Fierobe, Professeur émérite, Université de Reims, auteur de De Melmoth à Dracula, la littérature fantastique irlandaise au XIXe siècle (2000), L’Irlande fantastique (recueil de nouvelles, 2004), Les Ombres du fantastique. Fictions d’Irlande,2016.
Christina Morin,  Professeur, University of Limerick, auteur de  Charles Robert Maturin and the Haunting of Irish Romantic Fiction, The Gothic Novel in Ireland, c.1760-1829
Paul Lynch, écrivain, auteur de Red Sky in the Morning, The Black Snow, Grace et Beyond the Sea.

Les propositions d’une longueur d’environ 500 mots devront parvenir à sylvie.mikowski@univ-reims.fr avant le 15 décembre 2019.
Comité d’organisation :
Sylvie Mikowski, Françoise Canon-Roger, Marine Galiné.
Comité scientifique :
Anne Goarzin, Fiona McCann, Eamon Maher, Christophe Gillissen, Xavier Giudicelli.

« Le spectre, le fantomal, le revenant, connotant les retours du refoulé mais aussi toutes les bifurcations, les voies non empruntées par l’histoire, les vaincus, les solutions abandonnées, les utopies étouffées, le spectral, ici, est l’espace tiers qui va permettre de transmettre une part de l’héritage, le passé ouvert dans ce qu’il a encore à nous dire et dans ce que nous avons encore à lui dire ». Régine Robin, La Mémoire saturée, Stock, coll. « Un Ordre d’idées », 2003, p. 56.

Le thème choisi pour cette conférence consiste à interroger la place et le rôle des fantômes, esprits, spectres et revenants dans la culture, l’histoire, la littérature, la politique, et les arts en Irlande, à travers les siècles. Il s’agit de s’interroger sur un passé qui fait retour dans le présent, mais aussi sur les rêves, aspirations, espoirs et utopies qui tout au long de l’histoire ont aidé les Irlandais à imaginer l’avenir.
L’Irlande avec son riche patrimoine de légendes, mythes et folklore est bien sûr réputée pour ses croyances dans des phénomènes ou êtres surnaturels tels que goblins, lutins, fées, leprechauns, banshees, lieux magiques ou enchantés, etc. Par ailleurs, l’Irlande fut un des principaux berceaux de la littérature gothique européenne, représentée par des auteurs comme Regina Maria Roche, Charles Maturin, Joseph Sheridan Le Fanu ou encore Bram Stoker. De plus, les Irlandais ont  toujours montré une dévotion extrême à leurs morts. On peut ainsi évoquer le rituel des veillées funèbres accompagnées du keening, la prédilection pour le sacrifice et le martyr comme armes politiques, la multiplication des cérémonies funèbres ou commémoratives utilisées comme démonstrations de force ayant pour but d’impressionner les esprits et d’affirmer une identité nationale.
Un des poètes irlandais les plus illustres, William B. Yeats, était un adepte des sciences occultes et du spiritisme, et un des plus beaux textes de la littérature irlandaise s’intitule « The Dead », nouvelle qui met en scène l’irruption d’un revenant, Michael Furey, dans la vie bourgeoise bien rangée de Gabriel Conroy. Joyce y met en évidence la tendance des Irlandais à ériger leurs grands hommes en héros seulement après leur mort, comme Parnell, Wolfe Tone, Robert Emmett et bien sûr les leaders de l’Insurrection de Pâques 1916, comme si les Irlandais admiraient surtout les entreprises chimériques vouées à l’échec :
« We know their dream; enough
/To know they dreamed and are dead;”
écrit Yeats dans son célèbre poème « Easter 1916 ».
Spectres et chimères ressurgissent de nos jours dans la vie et l’imaginaire irlandais avec une nouvelle acuité, comme le montre le simple exemple des ghost estates abandonnés après l’éclatement de la bulle immobilière synonyme de l’économie du Tigre Celtique, qui en s’effondrant en 2008 apparut rétrospectivement comme une chimère dangereuse et aux effets pervers.  Plus récemment encore, la perspective du Brexit fait ressurgir les fantômes du passé de chaque côté de la frontière disparue entre les deux parties de l’île, avec son cortège de violences, mais aussi d’espoirs de réunification. Ainsi, lorsque Maria del Pilar Blanco et Esther Peeren écrivent dans leur introduction à The Spectralities Reader: Ghosts and Haunting in Contemporary Cultural Theory : “the figure of the ghost has haunted human culture and imagination for a long time, perhaps even forever, although more insistently in certain societies and periods than others”, on peut dire que l’Irlande représente précisément l’une de ces sociétés dans lesquelles fantômes, esprits, spectres et chimères hantent l’imaginaire national avec une acuité particulière.
L’enjeu de l’ouvrage de Del Pilar Blanco et Peeren est de montrer à quel point le spectre, le fantôme, le revenant, etc., sont devenus à la fin du vingtième siècle une métaphore conceptuelle de première importance, née notamment de l’ouvrage de Jacques Derrida Spectres de Marx publié en 1993, qui joua le rôle d’un catalyseur dans l’apparition de ce que critiques, théoriciens et universitaires, surtout dans le monde anglo-saxon, ont nommé « le tournant spectral ». Selon les deux auteurs,

At the end of the twentieth century (…) certain features of ghosts and haunting- such as their liminal position between visibility and invisibility, life and death, materiality and immateriality, and their association with powerful affects like fear and obsession- quickly came to be employed across the humanities and social sciences to theorize a variety of social, ethical, and political questions. These questions include, among others, the temporal and spatial sedimentation of history and tradition, and its impact on possibilities for social change; the intricacies of memory and trauma, personal and collective; the workings and effects of scientific processes, technologies, and media; and the exclusionary, effacing dimensions of social norms pertaining to gender, race, ethnicity , sexuality and class.

Le spectre est pour Derrida “la visibilité d’un corps qui n’est pas présent en chair et en os” et qui questionne les modes de pensée téléologique reposant sur la croyance dans la présence et l’origine. A cet égard, le fantôme en vient à signifier précisément ce qui échappe à la connaissance et la compréhension : « On ne sait pas : non par ignorance, mais parce que ce non-objet, cette présence non-présente, cet être-là d’un absent ou d’un défunt n’appartient plus au domaine de la connaissance ». Pour Jeffrey Andrew Weinstock commentant Derrida, “The ghost functions as the ‘shadowy third’, or trace of an absence that undermines the fixedness of (…) binary oppositions. As an entity out of place in time, as something from the past that emerges into the present, the phantom calls into question the linearity of history. Derrida’s plus d’un means at the same time ‘no more one’ and ‘more than one’”.
Par ailleurs, Weinstock souligne le lien entre hantise et traumatisme :
”Spectral discourse can be connected with the recent preoccupation with ‘trauma’ in which the presence of a symptom demonstrates the subject’s failure to internalize a past event, in which something from the past emerges to disrupt the present”.
Être traumatisé, selon Cathy Caruth, c’est « être possédé par une image ou un événement situé dans le passé ». Pour Caruth les individus traumatisés sont des sujets de l’histoire, dans la mesure où ils “portent en eux une histoire impossible ou deviennent eux-mêmes des symptômes d’une histoire qu’ils ne possèdent pas entièrement ».
Del Pilar Blanco et Peeren font allusion à l’ouvrage des deux psychanalystes hongrois Nicolas Abraham et Maria Töroko, L’écorce et le noyau, dans lequel ces derniers montrent comment les traumatismes non avoués vécus par les générations précédentes viennent perturber la vie de leurs descendants, même et surtout s’ils ignorent tout de ces causes lointaines. Pour Abraham et Törok l’existence d’un ancêtre mort qui se manifeste dans la vie psychique d’un individu est « un fantôme » qui peut et doit être nommé afin d’exorciser ses effets morbides.
Le revenant, en désarticulant le temps (« the time is out of joint ») remet en cause notre notion de la temporalité et la linéarité historique. Dans son ouvrage Ghostly Matters: Haunting and the sociological imagination, Avery Gordon suggère que les récits d’exclusions et d’invisibilité,  ou écrits  d’un point de vue autre que celui autorisé par l’idéologie dominante, ne sont rien d’autre que des histoires de fantômes. Le spectre remet en question les discours dominants sur le passé et l’histoire :
“The ubiquity of ghost stories is connected to the recognition that history is always fragmented, and perspectival and open to contestations for control of the meaning of history”.
Toute société se nourrit d’oublis, de dénis et d’aveuglements dont les effets se répercutent en profondeur, de manière invisible. En tant que symptôme d’un savoir réprimé, le fantôme remet en question la possibilité d’un avenir fondé sur l’évitement du passé.  En tant que tel il demeure une figure du désordre, révélateur  des dépossessions, des disparitions, et des mises à l’écart survenues dans le passé. Selon Jeffrey Andrew Weinstock, le fantôme fonctionne comme « un tiers invisible », ou comme la trace d’une absence qui remet en question les oppositions binaires, et pour Avery Gordon, « les fantômes sont une des formes sous laquelle un objet perdu, ou à peine visible, ou apparemment absent, se manifeste à nous ».
Les histoires de fantômes ont évolué au fil du temps en fonction des circonstances et du contexte social, ethnique, religieux ou culturel, et selon le lieu, comme le dit Judith Richardson :
”Ghosts operate as a particular, and peculiar, kind of social memory, an alternate form of history-making in which things usually forgotten discarded, or repressed become foregrounded, whether as items of fear, regret, explanation, or desire”.
Nous pourrions en conséquence poser au sujet de l’imaginaire irlandais la question que Jeffrey Andrew Weinstock se propose d’étudier dans son ouvrage Spectral America :
« …while there are specific studies of particular authors and bodies of literature, what all these isolated studies of particular authors point to is the need for, and what is precisely missing, is an analysis of the general importance of phantoms and haunting to the constitution of the ‘American imagination’”.

Les propositions de communication pourront sans exclusivité porter sur les sujets suivants :

-Les textes hantés : ainsi Jean-Michel Rabaté suggère que les textes « sont systématiquemnt hantés par des voix du passé ». Comment la notion de spectralité peut-elle changer note façon de lire et de comprendre les textes en général ?
-Utopies littéraires.
– Fantômes et hantises dans la littérature irlandaise.
-Spécificités linguistiques et thématiques dans la création littéraire irlandaise de fantômes et de hantises.
-Spectropolitique : le terme désigne pour Del Pilar Blanco et Peeren les aspects invisibles de la mondialisation : états-fantômes, mafias et confréries secrètes, secrets et complots d’état, structures invisibles de pouvoir ; ainsi que ses effets sur certaines populations rendues invisibles ou pour reprendre les termes de Judith Butler , forcées de vivre dans une extrême précarité, comme des « would be humans, the spectrally human ». Minorités ethniques, religieuses ou sexuelles.
-Spectres, science et médias : la science et la technologie et leurs liens avec le paranormal, le surnaturel, les phénomènes inexpliqués, les apparitions/disparitions, le fantasmatique.
-Visibilité et invisibilité sur scène, sur écran, sur les réseaux sociaux.
-La photographie et ses liens avec la mort, le spectre, le revenant.
-Le travail inachevé du passé : traumatismes, retour du refoulé, que ce soit dans l’histoire individuelle ou collective.
-Les oubliés, disparus, marginalisés de l’histoire/ de la mémoire collective.
-Les injustices du passé qui hantent le présent.
-La spectralité comme métaphore conceptuelle appliquée aux réécritures de l’histoire.
-Historiographies « hantées » : le travail de l’historien à la recherché des traces du passé. Le passé qui hante le présent et le présent qui hante le passé. L’avenir tel qu’il est inscrit dans le passé.
-Lieux et sites hantés ; lieux et récits. Michel de Certeau : « Il n’y a de lieu que hanté par des esprits multiples(..)On n’habite que des lieux hantés ».  L’exhumation de ce qui aurait dû rester enterré et oublié.
-Paysages hantés. Lieux magiques, sites sacrés.
-Irlande fantasmée, fantasmatique.
-Imagination de l’avenir : utopies, villes rêvées…
– Aspect visionnaire de la science et des savants.
-Révolutions manquées, révoltes avortées, rêves ou projets enterrés…
-Nouvelles idéologies, voix émergentes, nouvelles forces politiques…

SOFEIR ANNUAL CONFERENCE
UNIVERSITY OF REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE
MARCH 13-14,2020.
Key-note speakers  : Claude Fierobe, Professeur, Université de Reims  (De Melmoth à Dracula, la littérature fantastique irlandaise au XIXe siècle (2000), L’Irlande fantastique (recueil de nouvelles, 2004), Les Ombres du fantastique. Fictions d’Irlande,2016.
Christina Morin, Professor, University of Limerick, (Charles Robert Maturin and the Haunting of Irish Romantic Fiction, The Gothic Novel in Ireland, c.1760-1829)
Paul Lynch writer (Red Sky in the Morning, The Black Snow, Grace, Beyond the Sea)

This conference aims at interrogating the persistence of ghosts, spirits, phantoms and specters in Irish culture, history, politics, literature and art down the centuries, most of them having to do with the haunting of the present by the past, which cannot be separated from the existence all along of aspirations, dreams, hopes and utopias meant to imagine and build a better future.
Of course, Ireland with its rich mythology and folklore has been known for its beliefs in supernatural phenomena such as goblins, fairies, leprechauns, banshees etc.
One of Ireland’s most famous poet and intellectual, William B. Yeats, was himself an adept of the occult and spiritualism.
Apart from being the cradle of European gothic literature with such authors as Regina Maria Roche, Charles Maturin or Joseph Sheridan Le Fanu and Bram Stoker who were as productive and popular, if not more, than their English counterparts, Ireland has always shown a remarkable devotion to the dead (and the Undead!), what with the tradition of the wake and keening, the promotion of martyrdom to the rank of powerful instrument of political propaganda, and the multiplication of funerals and commemorations meant to impress people’s imagination and make a political statement.
One of the most beautiful stories written by an Irish writer is after all called “The Dead” and revolves around the unexpected return of the ghost of Michael Furey to disrupt the bourgeois, patriarchal order so far enjoyed by the protagonist Gabriel Conroy. Joyce was also keenly aware of the Irish propensity to admire their heroes once they were dead–Parnell being a case in point, but we could also mention Wolfe Tone, Robert Emmett, and of course the leaders of the 1916 Easter Rising–as if they would rather look upon their deeds and accomplishments as mere dreams and chimeras:” We know their dream; enough
To know they dreamed and are dead;” Yeats wrote in his famous poem “Easter 1916”.
But specters and chimeras are pushed to the foreground again today: as a result of the 2008 economic crisis, mostly caused by a property bubble, the Irish landscape is now scattered with ghost-estates, the miracle of the Celtic Tiger economy suddenly appearing to the eyes of the world and of the Irish themselves as a mere chimera.
Most recently, Brexit is threatening to raise the ghosts from the past in the shape of a physical border between the two Irelands, re-awakening fears of violence but also dreams of reunification.
As a result, when Maria del Pilar Blanco and Esther Peeren remark in their introduction to The Spectralities Reader: Ghosts and Haunting in Contemporary Cultural Theory, that “the figure of the ghost has haunted human culture and imagination for a long time, perhaps even forever, although more insistently in certain societies and periods than others”, we may say that Ireland ranks high among these societies where spirits, chimeras and phantoms occupy a central place in the imagination of the community.

The whole point of Maria del Pilar Blanco’s and Esther Peeren’s The Spectralities Reader is to show to what extent spectrality, ghost, phantoms, etc. have become at the end of the twentieth century, what they call a conceptual metaphor, mostly based upon Jacques Derrida’s Spectres de Marx published in 1993 and which acted as a catalyst for what some have called “the spectral turn”.
According to the two authors,

At the end of the twentieth century (…) certain features of ghosts and haunting- such as their liminal position between visibility and invisibility, life and death, materiality and immateriality, and their association with powerful affects like fear and obsession- quickly came to be employed across the humanities and social sciences to theorize a variety of social, ethical, and political questions. These questions include, among others, the temporal and spatial sedimentation of history and tradition, and its impact on possibilities for social change; the intricacies of memory and trauma, personal and collective ; the workings and effects of scientific processes, technologies, and media ; and the exclusionary, effacing dimensions of social norms pertaining to gender, race, ethnicity , sexuality and class.

The specter is “the visibility of a body which is not present in flesh and blood” and challenges foundational, presentist, and teleological modes of thinking.
In this prospect, the ghost is seen to signify precisely that which escapes full cognition or comprehension : “One does not know : not out of ignorance, but because this non-object, this non-present present, this being-there of an absent or departed one no longer belongs to knowledge”, Derrida writes. According to Jeffrey Andrew Weinstock commenting Derrida, “The ghost functions as the ‘shadowy third’, or trace of an absence that undermines the fixedness of (…) binary oppositions. As an entity out of place in time, as something from the past that emerges into the present, the phantom calls into question the linearity of history. Derrida’s plus d’un means at the same time “no more one” and “more than one”.

On the other hand, Weinstock also argues that “Spectral discourse can be connected with the recent preoccupation with ‘trauma’ in which the presence of a symptom demonstrates the subject’s failure to internalize a past event, in which something from the past emerges to disrupt the present”.
To be traumatized as Cathy Caruth has explained, is to be ‘possessed by an image or event located in the past”.
Caruth describes traumatized individuals as historical subjects, in the sense that “they carry an impossible history within them or they become themselves the symptom of a history that they cannot entirely possess”. Del Pilar Blanco and Peeren mention Nicolas Abraham’s and Maria Törok’s groundbreaking essay L’écorce et le noyau in which the two psychoanalysts argue that the undisclosed traumas of previous generations might disturb the lives of their descendants, even and especially if they know nothing about their distant causes.

What Abraham and Törok call a phantom is the presence of a dead ancestor in the living ego, which can and should be put into words so that its noxious effects on the living should be exorcised.
The ghost has to do with temporality because of its tendency to put time out of joint: its haunting indicates that beneath the surface of received history, there lurks another narrative, an untold story that calls into question the veracity of the authorized version of events.
In Ghostly Matters: Haunting and the sociological imagination, Avery Gordon argues that to write stories concerning exclusions and invisibilities, to write from a perspective other than the authorized one, is to write ghost stories.
He also claims that “The ubiquity of ghost stories is connected to the recognition that history is always fragmented, and perspectival and open to contestations for control of the meaning of history”. Every society will have oversights and disavowals that reverberate below the surface.
As a symptom of repressed knowledge, the ghost calls into question the possibilities of a future based on avoidance of the past, and as such, remains a figure of unruliness, pointing to dispossession, disappearance, and social erasure.
According to Jeffrey Andrew Weinstock, the ghost functions as the “shadowy third”, or trace of an absence that undermines the fixedness of binary oppositions, and for Avery Gordon, “ghosts are one form by which something lost, or barely visible, or seemingly not there to our supposedly well-trained eyes, makes itself known or apparent to us”.

Ghost stories have always responded to the evolving social, ethnic, religious, and cultural circumstances of a precise location: as Judith Richardson puts it: ”Ghosts operate as a particular, and peculiar, kind of social memory, an alternate form of history-making in which things usually forgotten discarded, or repressed become foregrounded, whether as items of fear, regret, explanation, or desire”.

We could therefore apply to the case of Ireland what Jeffrey Andrew Weinstock aimed at doing in his Spectral America: “while there are specific studies of particular authors and bodies of literature, what all these isolated studies of particular authors point to is the need for, and what is precisely missing, is an analysis of the general importance of phantoms and  haunting to the constitution of the ‘American imagination’”.

Suggested topics for papers include but are not restricted to:
-Haunted texts: How do the ideas of haunting and spectrality change our understanding of particular texts and the notion of the text in general? What we call texts, what we constitute as the identity of texts is in the words of Jean Michel Rabaté, “systematically ‘haunted’ by voices from the past.”
-Literary utopias.
-Ghosts and ghosting in Irish literature.
-Spectropolitics: “the term designates the diffuse operations and effects of present-day globalization “(eg; phantom-states, cartels, mafias, shadow politics, invisible structures of power), and the way its processes produce certain subjects as disenfranchised or, in Judith Butler’s terms, forced to live in extreme precarity as ‘would-be humans, the spectrally human’”. (invisible minorities, because of their race, gender, sexuality, ethnicity).
-Spectral media: science and technology and their relationship with ghosts, vision, phantasm, phantoms, utopias. Visibility and invisibility on stage, screen, networks. Photography, phonography : possibility of seeing/ hearing the dead.
-The unfinished work of the past: trauma, the return of the past, in individual and communal history.
-The lost other(s) of the past.
-Injustices from the past which inhabit the present.
– Spectrality as a conceptual metaphor to effect revisions of history.
-Haunted historiographies: the work of the historian in search for signs of the past. “What is our responsibility and how do we formulate that responsibility towards the past, its lost subjects and objects, in the process of writing history in the twenty-first century?”. The past haunting the present/the present haunting the past.  The future as inscribed by the past.
The historian as reshaper, recollector.
-Haunted sites and places: places and narratives; Michel de Certeau: “Haunted places are the only ones people can live in.” Spectral locations. The unearthing of what should have remained buried and undisturbed. Landscape and memory. Magical and religious relation to places.
-Phantasmatic Ireland.
-Imaginings of the future: utopias, imaginary cities…
-Failed revolutions/rebellions, forgotten ideologies.
-New ideologies, emerging voices, political forces..

PROPOSALS no longer than 500 words should be addressed to sylvie.mikowski@univ-reims.fr before December 15.
Organising committee:
Sylvie Mikowski, Françoise Canon-Roger, Marine Galiné.
Scientific Committee:
Anne Goarzin, Fiona McCann,  Eamon Maher, Christophe Gillissen,  Xavier Giudicelli.


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