12 juin 2019 la discrétion dans les arts et la littérature Toulouse

Veuillez trouver ci-après l’appel à communication pour le deuxième volet d’une série de deux journées d’études sur le thème de la discrétion dans les arts et la littérature, conjointement organisée par Marie Bouchet (Université Toulouse 2, C.A.S.) et Quentin Jouret (Institut Supérieur des Arts de Toulouse), et qui aura lieu le 12 juin 2019. La première journée avait eu lieu le 18 février 2018 à Toulouse, en écho et en collaboration avec l’exposition « L’Art de la Discrétion » à l’Espace Ecureuil d’Art Contemporain à Toulouse, dont Quentin Jouret était le commissaire.

Le conférencier invité du deuxième volet est Pierre Zaoui, philosophe, Université Paris 7 Diderot, auteur de La discrétion ou l’art de disparaître, Editions Autrement, 2013.

 

Appel à communications :

Comme le souligne Pierre Zaoui dans son ouvrage (La discrétion, ou l’art de disparaître, Editions Autrement 2013), la discrétion est de caractère « intrinsèquement discontinu » (138), et ne se laisse donc apercevoir que dans des gestes ténus, « des silences qui glissent sous les mots », des moments fugaces. L’entrevoir pour mieux qu’elle se dérobe, tel est l’enjeu de parler de discrétion et de la manière dont artistes et écrivains la pratiquent et/ou nous en disent quelque chose à une époque et dans une culture où la monstration voire l’exhibition de soi sont premiers. Or, être discret c’est aller à contre-courant de l’impératif de visibilité, c’est être au monde dans un rapport horizontal aux êtres et aux objets, à revers de l’individualisme, tel un contrepoison à la vanité et à l’égocentrisme. C’est à cette relation au monde, cette « déférence envers le monde » qu’appelle Lévi-Strauss de ses vœux à la fin de ses Mythologies, suivant l’exemple qu’il observa au sein des populations natives amérindiennes, et que relaient aussi les écrivains américains, depuis le Transcendantalisme de Thoreau et Emerson jusqu’à l’écocritique actuelle, en écho aux modes de vie des « first nation people ». L’idée d’une forme de retenue, de retrait ou de détachement n’est naturellement pas exempte de paradoxes et nous invitons à explorer les tensions au sein de ces pratiques et de cette esthétique de la discrétion. Comme l’énonce Pierre Zaoui, « l’âme discrète offre une juste présence au monde », ni dans l’exhibition ou le culte des apparences, ni dans la peur d’être vu ou la dissimulation : comment les artistes et auteurs du monde anglophone le laissent-ils paraître ?

Pourront ainsi être envisagées, sans que cette liste soit exhaustive, les pistes de réflexion suivantes :

  • Quelle esthétique du retrait chez les auteurs et artistes du monde anglophone ? De la présence attentive et respectueuse à l’effacement voire à la disparition de l’artiste ou l’auteur, quelles nuances, voire quelles différences entre l’un et l’autre bord de l’Atlantique ?
  • Esthétique de la discrétion se réalisant dans des pratiques de détachement et de soustraction (Hemingway, Carver, H.D., Woolf) ; paradoxes d’un acte créatif dans le retrait ou la contraction, voire la disparition de l’artiste (Heidegger/Blanchot, mais aussi (surtout) conceptual art, Baldessari, Sol LeWitt, etc) et ouverture au secret, sensibilité à ce qui se cache, à « l’inapparaissant » (Zaoui)
  • Métropoles et discrétion : la flânerie urbaine comme mode majeur de l’expérience de la discrétion (et de douce résistance à une société de travail, ou, à l’inverse, de loisir que seul le bourgeois peut se permettre), le street art comme incarnation de la nécessaire fugacité de la discrétion
  • La discrétion comme « laisser être » (Maître Eckhart), effleurer sans impact sur le monde et l’environnement (Native Americans, Transcendentalisme, Eco-writing…)
  • Liens entre discrétion et traumatisme, discrétion et héroïsme.
  • Artistes et auteurs qui nous révèlent « la beauté à bas bruit » (Zaoui 132) : non pas la beauté spectaculaire qui prétend d’avance subjuguer le monde, mais une beauté nue, anonyme et offerte à condition de savoir la voir. Présence et poétique du quotidien « par essence discret » selon Quentin Jouret.
  • Photographie et discrétion : une expérience de discrétion « rendue à son immanence » est-elle possible ?
  • Rapport de l’artiste au monde : question des traces, règne de l’éphémère et de l’intermittent, de l’évanescent mais du précis (cf. certaines formes de land art, street art, l’infra chez Quentin Jouret).
  • La discrétion dévoyée, ou « morte », lorsqu’elle est édictée par les normes sociales (mœurs victoriennes, puritanisme) ou par intérêt et calcul (voyeurisme, dissimulation, hypocrisie, lâcheté).
  • Les propositions de communication (300 mots) devront parvenir aux organisateurs au plus tard le 31 mars 2019, et devront être envoyées aux adresses suivantes: quentin.jouret@gmail.com et marie.bouchet@univ-tlse2.fr
  • Les organisateurs
  • Marie Bouchet, Université Toulouse 2, C.A.S. EA 801
  • Quentin Jouret, Institut Supérieur des Arts de Toulouse (isdaT), ancienne école des Beaux-Arts

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