“Réenchanter le sauvage urbain : Percevoir, penser et vivre avec la nature dans son milieu urbain”
Colloque international à Perpignan
au Palais des Rois de Majorque, du 11 au 14 juin 2019
Atelier de recherche en écocritique et écopoétique
sous l’égide du CRESEM, Université de Perpignan Via Domitia (UPVD)
Écrivains invités
Belinda Cannone, écrivaine française, marraine des PUP et auteure de S’émerveiller, 2017.
Nathanael Johnson, journaliste et écrivain californien, spécialiste de la nature en ville et de questions environnementales, auteur de Unseen City The Majesty of Pigeons, the Discreet Charm of Snails & Other Wonders of the Urban Wilderness, 2016.
Conférenciers Invités
Nathalie Blanc, Géographe, Directrice CNRS, spécialiste de la nature en ville
Serenella Iovino, Univ. de Turin, Italie, spécialiste d’écophilosophie, des nouveaux matérialismes et des humanités environnementales
Anne Simon, Directrice CNRS, Directrice du programme Animots, spécialiste de zoopoétique
L’idée de ce colloque international a germé à partir d’une première manifestation scientifique organisée à Perpignan en juin 2016 sur le thème “Lieux d’Enchantement : Écrire et réenchanter le monde” (avec trois volumes collectifs internationaux en passe d’être publiés). Tandis que le premier évènement a rassemblé avec un succès sans précédent en France de nombreux chercheurs et écrivains venant d’horizons, de pays et de disciplines variés, il s’est avéré que l’appel à communication avait attiré en grande majorité des interventions se focalisant sur les lieux d’enchantement hors les villes et autres paysages urbains. De ce constat s’est imposée la réflexion selon laquelle, si l’interconnectivité entre humains et environnements naturels à l’écart de zones à forte densité démographique reste en effet d’une importance capitale – il demeure tout aussi crucial de se pencher sur les nombreux enchevêtrements liant naturecultures humaines et extra-humaines au sein même des milieux urbains et périurbains. En effet, contrairement à ce qui est insinué de façon erronée par la modernité, la nature ne commence pas là où s’arrête la ville, à la périphérie des lieux citadins ; au contraire, elle se fond de façon inhérente à la vie quotidienne pour la majorité des humains qui vivent dans des zones densément peuplées. En même temps que, désormais, plus de la moitié de l’humanité réside dans des espaces urbains (une tendance estimée en constante hausse pour les décennies à venir), les formes de vie non-humaines co-évoluent avec nous dans des environnements qu’on ne saurait plus penser de façon antagoniste par rapport au concept de nature. De façons plus ou moins visibles, les agentivités animales, végétales élémentaires et même microbiennes suivent les chemins tracés par nous, humains, en s’y adaptant et en modelant à leur tour nos habitats citadins partagés, allant même jusqu’à envahir ce lieu de résidence plus intime que représente le corps humain.
Si les prétendus modernes voudraient trouver refuge dans la notion d’un lieu de résidence civilisé qui permettrait de tenir le sauvage à distance, une vision à ce point anthropocentrée rend néanmoins aveugle à cette coexistence qui échappe en partie à notre contrôle de myriades de formes de vie au sein de nos plurivers partagés urbains et périurbains, emmurés, grillagés ou sécurisés. Il suffit ainsi de songer à la pullulation de coyotes dans les banlieues nord-américaines, de hyènes tachetées dans les villes éthiopiennes, de renards dans les métropoles européennes, de ratons laveurs dans les bois parisiens, de perruches chatoyantes colorant le ciel à Bruxelles, de geckos sur les murs des maisons en Inde, en Espagne – et, de fait, à Perpignan –, ou encore aux intrusions nettement moins extraordinaires de cafards, de fourmis ou d’autres insectes au sein de nos écosystèmes citadins, pour guérir de l’illusion selon laquelle il existerait une dichotomie séparant les humains et les villes des non-humains et de la nature. Qui plus est, bien qu’aux premiers abords, ces animaux non-domestiques soient souvent considérés comme nuisibles ou dangereux, nous assistons à un effort croissant de la part de communautés locales d’accorder une place nouvelle aux intra-actions potentielles entre ces différentes populations (que celles-ci soient issues du monde végétal, animal, humain ou autre) et ceci en obligeant les humains à s’adapter à des agentivités non-humaines et vice versa. Pour ce qui est des plantes, la prolifération sauvage de « mauvaises herbes », l’abrogation des pesticides en ville, l’aménagement de parcs urbains, de balcons, de trames vertes, de jardins, etc. participent à faire de ces populations végétales des êtres présents dans nos trajets, promenades, loisirs et lieux de travail quotidiens, entre autres.
Après une journée d’étude exclusivement consacrée au “Végétal dans son milieu urbain” organisée à Perpignan en Mai 2017, le présent colloque international a pour vocation de prolonger les recherches précédemment menées, tout en élargissant le mouvement de réenchantement des relations complexes et souvent invisibles entre humains et extra-humains, relations enracinées cette fois dans des mondes en devenir spécifiquement citadins.
Bien que les organisatrices soient spécialisées en écocritique et écopoétique, nous voudrions encourager les dialogues transdisciplinaires et invitons, de ce fait, les chercheurs et chercheuses ainsi que les artistes d’horizons divers et variés à se rassembler afin de faire avancer la recherche et la pensée contemporaines concernant les systèmes complexes nichés au quotidien dans les écosystèmes urbains. Nous ferons ainsi bon accueil aux penseurs et penseuses venant des champs de l’urbanisme, de la biologie, de la biosémiotique, de l’anthropologie, de l’écologie, de la botanique, de la géographie, de la sociologie, de l’entomologie et de l’ornithologie, de l’histoire, de la philosophie, des arts visuels, etc. ainsi qu’aux chercheurs et chercheuses des disciplines éminemment transdisciplinaires que sont l’écocritique, l’écopoétique, la zoopoétique, l’écopsychologie, l’éthologie, d’ethnozoologie, l’écoféminisme et bien d’autres. Le comité scientifique accueillera avec intérêt des propositions portant sur les thèmes suivants, sans que ceux-ci soient restrictifs pour autant:
● Le réalisme magique comme mode artistique particulièrement apte à révéler la part de mystère affleurant dans la nature en ville
● Le postmodernisme et la réécriture de mythes ayant trait aux cultures urbaines
● La façon dont le nouveau matérialisme et l’écocritique matérialiste ont essaimé de nouveaux paradigmes écopoétiques permettant d’entrevoir les produits de nos naturecultures comme les chants nés d’une coproduction
● Le rôle de l’urbanisme et de l’aménagement urbain dans le réenchantement de la façon dont les humains conçoivent la nature en ville
● Les enchantements des villes anciennes par rapport aux villes plus récentes
● Les initiatives communautaires, locales et/ou militantes permettant de tisser ensemble liens sociaux et trames natureculturelles
● Les pratiques, rituels et pensées écoféministes dans un cadre urbain
● L’écopsychologie et ses apports pour réparer les connexions entre les humains et leur environnement dans le contexte de la ville
● Les évolutions de l’écosophie et comment celle-ci permet de repenser l’ontologie du vivant en milieu urbain
● Les populations citadines post-coloniales et leurs relations au sauvage urbain
● Le métissage et le brassage dans une perspective multiculturaliste de la nature en ville
● Les théories et la production des déchets en lien avec le sauvage en zones urbaines
● La communication végétale entre les plantes qui participent d’un écosystème urbain
● En quoi la biosémiotique met en lumière le sens caché et les sens éveillés par le sauvage urbain
● Les sources urbaines d’alimentation (voir par exemple le travail d’Ava Chin, « chasseuse-cueilleuse urbaine », auteure du livre Eating Wildly, ou « Manger Sauvagement »)
● Les questions de santé, psychique et physique, en lien avec la nature en ville
● Les implications conceptuelles du mot anglais “feral” (faisant référence à ce qui se soustrait à la domestication humaine : appliqué d’abord aux animaux, ce terme renvoie désormais également à certaines plantes) sans équivalent dans d’autres langues européennes telles que le français ou le néerlandais (voir à ce propos George Monbiot, Feral, paru en 2013)
● L’éducation en matière de nature dans un cadre citadin
● Les formes artistiques natureculturelles urbaines (le graffiti, la danse, la musique, etc.)
– Comité d’organisation
Margot Lauwers, Université de Perpignan
Bénédicte Meillon, Université de Perpignan
Claire Perrin, Université de Perpignan
Caroline Durand-Rous, Université de Perpignan
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– Comité scientifique
Pascale Amiot, Université de Perpignan (Etudes irlandaises et écopoétique)
Anne-Laure Bonvalot, Université de Montpellier (Écocritique Hispano et lusophone)
Françoise Besson, Université de Toulouse (Ecopoétique anglophone)
Marie Blaise, Université de Montpellier (Écocritique francophone)
Anne-Lise Blanc, Université de Perpignan (Ecopoétique francophone)
Nathalie Blanc, CNRS, Paris (Géographie Urbaine, Humanités environnementales)
Clara Breteau, CNRS UK, Université de Leeds, (Humanités environnementales)
Isabelle Cases, Université de Perpignan (Civilisation Britannique)
Joanne Clavel, Chercheuse en Danse, ‘Université Paris 8, Docteure en écologie scientifique
Nathalie Cochoy, Université de Toulouse (Ecopoétique anglophone)
Aurélie Delage, Université de Perpignan (Aménagement et urbanisme)
Jocelyn Dupont, Université de Perpignan (Littérature et Cinéma)
François Gavillon, Université de Bretagne Occidentale (Écopoétique anglophone)
Bertrand Guest, Université d’Angers (Écocritique francophone)
Daniel Finch-Race, Université de Durham (Écocritique, écopoétique francophone)
Karen Houle, Université de Guelph, Canada (Philosophie, écocritique)
Thibault Honoré, Université de Bretagne Occidentale (Arts Plastiques)
Serenella Iovino, Univ. de Turin, Italie (Écophilosophie, Nouveaux matérialismes)
Edith Liégey, Muséum National d’Histoire Naturelle (Sciences de l’écologie et de l’art contemporain)
Margot Lauwers, Université de Perpignan (Écoféminisme, écocritique anglophone)
Bénédicte Meillon, Université de Perpignan (Écocritique, écopoétique anglophone)
Serpil Oppermann, Université de Hacettepe, Turquie (Écocritique, Nouveaux matérialismes, Écoféminisme)
Stéphanie Posthumus, McGill Univ., Montreal, Quebec (Écocritique et écopoétique)
Jonathan Pollock, Université de Perpignan (Ecopoétique et écophilosophie)
Thomas Pughe, Université d’Orléans (Ecrocritique et écopoétique anglophone)
Sylvain Rode, Université de Perpignan (Aménagement et urbanisme)
Anne Simon, Directrice CNRS, Directrice du programme Animots, spécialiste de zoopoétique
Scott Slovic, Université de l’Idaho, USA (Ecocritique)
François Specq, ENS Lyon (Écocritique anglophone)
Le colloque se tiendra en anglais et en français. Les propositions de communications (300-400 mots) sont à envoyer, avec une brève notice bio-bibliographique (5-6 lignes) à ecopoeticsperpignan2018@gmail.com, avant le 1er Octobre 2018. Le retour du comité scientifique parviendra aux auteurs à la mi-novembre.
Site Internet et contact
Page dédiée au colloque sur le site ecopoetics.perpignan.com : http://ecopoeticsperpignan.com/conference-2019/
Adresse e-mail de contact : ecopoeticsperpignan2018@gmail.com