Lieux et littératures dans le domaine anglophone
10 juin 2017
Journée d’études organisée par le laboratoire doctoral OVALE – rattaché au laboratoire VALE
EA4085
Université Paris-Sorbonne
On constate ces dernières années un intérêt croissant pour les recherches sur les liens entre
littérature et géographie, un spatial turn qui prendrait la succession et s’articulerait au linguistic
turn. Ce paradigme semble d’autant plus opératoire dans le domaine des études anglophones
que le fait même d’étudier des textes écrits dans une langue autre amène nécessairement à se poser la question des lieux de la création. De plus, le développement croissant, aux xxe et au xxie siècles, des littératures en langue anglaise sur toute la planète confère une pertinence
accrue aux interrogations spatiales dans la recherche littéraire.
Il est impossible, afin de penser les rapports entre les lieux et la création littéraire et artistique
, de faire l’économie d’une approche représentationnelle, et de s’interroger sur la façon dont les
textes rendent compte de l’espace, que cela soit par la description, par le récit d’expériences
personnelles de l’espace ou encore par l’invention de contrées imaginaires. Dans une approche
plus réflexive, il convient aussi de réfléchir sur la propension de la littérature à se penser en
termes spatiaux, de la rhétorique antique insistant sur les lieux communs et distinguant entre
style attique et style asiatique aux poéticiens conceptualisant les genres littéraires comme
autant de frontières et de zones d’influences. Il ne faut pas pour autant oublier des perspectives
plus politiques et sociologiques, visant à considérer les œuvres comme s’inscrivant toujours dans
un champ littéraire constitué tant par des innovations stylistiques que par des rapports de force
. En d’autres termes, la littérature a certes la capacité de créer et de redessiner les cartes et les
lieux, mais on peut également mieux l’appréhender si l’on s’intéresse aux lieux de la création
dans leur matérialité.
Cette journée d’études vise donc, en rassemblant des chercheurs travaillant sur les littératures et
les arts anglophones dans leur acception la plus large, à tester la validité et la fécondité du
paradigme spatial. La diversité des intervenants et des interventions permettrait de voir la
pertinence du modèle spatial tant pour penser ce qui rassemble les chercheurs en études
anglophones, à savoir une langue historiquement liée aux îles britanniques, que pour s’interroger
sur l’impressionnante pluralité des domaines d’études à présent que l’anglais est parlé et écrit
dans plus de soixante-dix pays sur le globe.
On peut d’ores et déjà suggérer quelques pistes de réflexion, non restrictives, pour les
propositions de communication :
-
L’invention de lieux imaginaires et leur importance, de l’Utopie de Thomas More au Comté
de Yoknapatawpha de Faulkner, sans oublier Lilliput, la Terre du Milieu, etc.
-
La littérature comme moyen d’organiser et de dominer l’espace.
-
La place de la description, de l’hypotypose ou de l’ekphrasis.
-
Les lieux de la création littéraire, de Grub Street au Greenwich Village, du
Bloomsbury Group à la Harlem Renaissance, etc.
-
Littérature, politique et lieux dans une perspective post-coloniale.
-
La scène de théâtre comme lieu spécifique à la création.
-
Apports théoriques pour les études anglophones de la géopoétique et de l’écocritique
Bibliographie indicative
BACHELARD, Gaston. La Poétique de l’espace. Paris : Presses Universitaires de France, 1957.
BARON, Christine. « Littérature et géographie : lieux, espaces, paysages et écritures »,
Fabula-LhT, n° 8, « Le partage des disciplines », mai 2011, URL : http://www.fabula.org/lht/8
/baron.html
BERQUE, Augustin. Ecoumène, Introduction à l’étude des milieu humains, 1987. Paris: Belin,
2015.
BHABHA, Homi. The Location of Culture, 1994. Londres : Routledge, 2015.
BOURDIEU, Pierre. Les Règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire. Paris : Le Seuil,
1992.
BROOKS, Peter. The Empty Space. Londres : Mac Gibbon and Kee Ltd, 1968.
COLLOT, Michel. La Pensée-paysage. Paris : Actes Sud, 2011.
DAWSON, Ashley. Mongrel Nation: Diasporic cultures and the making of postcolonial Britain.
Ann Arbor : Michigan University Press, 2007.
DERRIDA, Jacques. L’écriture et la différence. Paris : Le Seuil, 1967.
–. De la grammatologie, Paris : Les Éditions de Minuit, 1967.
DIDI-HUBERMAN, Georges. Génie du non-lieu, air, poussière, empreinte, hantise. Paris : Les
Éditions de Minuit, 2001.
FOUCAULT, Michel. Surveiller et Punir. Naissance de la prison (1975). Paris : Gallimard, 1993.
GUADALUPI, Gianni et MANGUEL, Alberto. Dictionnaire des lieux imaginaire. Arles : Actes Sud,
1998.
GILROY, Paul. After Empire, Melancholia or convivial culture? Londres : Routledge, 2004.
–. The Black Atlantic: Modernity and double consciousness. Londres : Verso, 1993.
MERLEAU-PONTY, Maurice. Le Visible et l’invisible. Paris : Gallimard, 1964.
PEIRCE, Charles S. Écrits sur le signe. Paris : Le Seuil, 1978.
SAPIRO, Gisèle. La Sociologie de la littérature. Paris : La Découverte, 2014.
SARTRE, Jean-Paul. Situations, III (février 1947 – avril 1949), Paris : Gallimard, 2013.
SOJA, Edward W. Postmodern Geographies: The Reassertion of Space in Critical Social
History. Londres/New York : Verso, 1989.
STAËL, Germaine de. De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions
sociales. Seconde édition. Paris, 1800.
–. De l’Allemagne. Paris, 1814.
VIALA, Alain. Naissance de l’écrivain. Sociologie de la littérature à l’âge classique. Paris : Les
Éditions de Minuit, 1985.
WHITE, Kenneth. L’Esprit nomade. Paris : Grasset, 1987
.
WILLIAMS, Raymond, The Country and the City, Oxford : Oxford University Press, 1975.
Modalités de soumission :
– La journée est ouverte à tous.
– Les propositions seront de 350 mots maximum et accompagnées d’une courte notice bio et/ou bibliographique. Le comité de sélection est composé de Manon Boukhroufa-Trijaud, Pierre Labrune et Pauline Macadré, doctorants membres du bureau d’OVALE, ainsi que des Professeurs Élisabeth Angel-Perez, Frédéric Regard et Alexis Tadié.
– Adresse d’envoi : laboratoire.ovale@gmail.com
– Langues des résumés et des communications : français ou anglais
– Durée des communications : 20 minutes
Calendrier :
– Date limite de soumission : 6 mars 2017
– Date de réponse : à partir du 3 avril 2017
La journée se déroulera à la Maison de la Recherche de l’Université Paris-Sorbonne (28 rue Serpente, 75006 Paris).
Manon Boukhroufa-Trijaud, Pierre Labrune et Pauline Macadré, pour le laboratoire OVALE
CALL FOR PAPERS
Places and fictions in the English-speaking world
June 10th 2017
Annual one-day conference organized by OVALE, as part of VALE EA4085
Paris-Sorbonne University
Growing interest for research concerning the connections between literature and geography has
been spurred over the last few years in a spatial turn that might consistently follow the linguistic
turn. This paradigm seems all the more suitable to the field of English studies since the very
study of texts written in a different language necessarily leads us to wonder where they originated
from. Furthermore, recent yet widespread development of English-language literatures around the world in the 20th and 21st centuries imparts increased relevance to space-related inquiries in
literary research.
In an attempt to think the relation between place and literary and artistic creation, it is impossible
to disregard modes of representation and to avoid reflecting on the ways texts convey space, be
it thanks to description, to the narration of personal experience towards space, or through the
invention of imaginary lands. In a more reflexive approach, one ought to consider literature’s
predisposition for linguistic mapping, from ancient rhetoric, which insists on commonplaces and
distinguishes between Attic and Asiatic styles, to the philosophers who conceptualize literary
genres in terms of frontiers and areas of influence. Likewise, more political and sociological
perspectives should not be overlooked, since they aim at considering works as steeped into a
literary field built out of stylistic innovations and power relationships. In other words, literature
may have the ability to create and redefine maps and places, but it may also be better
understood by taking a closer look at places of creation in their materiality.
By bringing together scholars working on English-language literatures and arts in their broadest
sense, this conference seeks to examine the merit and richness of the spatial paradigm. The
variety of speakers and interventions would shed new light on the relevance of the spatial model
by relocating what is at the heart of English studies, namely a language historically related to the
British Isles, as well as by assessing the impressive plurality of fields of studies that have
recently emerged, while English is now spoken and written in over seventy countries around the
world.
Proposals may consider but are not limited to:
-
The invention of fictional places and their importance, from Thomas More’s Utopia to
Faulkner’s Yoknapatawpha County, not forgetting Lilliput, Middle-earth, etc.
-
Literature as a means to organise and master space.
-
Description, hypotyposis and ekphrasis.
-
Literary places of creation, from Grub Street to Greenwich Village, from the
Bloomsbury Group to the Harlem Renaissance, etc.
-
Literature, politics, and places in a post-colonial perspective.
-
The specificity of the theatre stage as locus of creation.
-
Theoretical contributions of geopoetics and ecocriticism in the context of English studies.
Submission guidelines:
– The conference is open to all
– Abstracts should be 350 words maximum, submitted with a short biographical note. The committee is composed by Manon Boukhroufa-Trijaud, Pierre Labrune, and Pauline Macadré, PhD students and organization members of OVALE, and by Professors Elisabeth Angel-Perez, Frédéric Regard, and Alexis Tadié.
– Abstracts and questions should be submitted to: laboratoire.ovale@gmail.com
– Language of abstracts and papers: French or English
– Papers must not exceed 20 minutes in duration
Calendar:
– Submission deadline: March 6th, 2017
– Feedback: starting April 3rd, 2017
The conference will be held in Paris, at the Maison de la Recherche of Paris-Sorbonne University (28, rue Serpente, 75006 Paris).
Manon Boukhroufa-Trijaud, Pierre Labrune, and Pauline Macadré
OVALE research seminar – Paris-Sorbonne University