1-3 juin 2017 Université de Rouen « Rock et violences en Europe (années 1950-1980) »

Appel à contributions : « Rock et violences en Europe (années 1950-1980) »

Colloque international, université de Rouen, 1-3 juin 2017

https://volume.revues.org/4904

 

Rock et violence en Europe est un colloque international qui s’inscrit dans une problématique émergente associant historiens, spécialistes des mouvements de jeunesse, musicologues, sociologues et professionnels du spectacle vivant. Cette manifestation est la première d’une série de deux colloques, dont le deuxième volet aura lieu en 2019 au département d’Histoire de l’Université de California State, Long Beach (États-Unis). Le premier volet à Rouen (1er au 3 juin 2017) concentre sa problématique sur l’Europe tandis que le second volet, à partir du même thème, s’attachera à la situation des Amériques. Il s’agit à travers ces deux manifestations de comprendre la place du rock dans la culture contemporaine et d’en préciser la portée et l’impact dans nos sociétés. Il s’agira également à partir d’un thème percutant d’envisager la part de légendaire qui entoure le mythe de la musique rock. L’association entre rock et violence, dans ce qu’elle possède de fantasmée et d’artificiellement construite, est cependant une donnée qui a traversé l’histoire de cette musique dans la deuxième partie du xxe siècle et que, d’une certaine manière, les événements dramatiques du Bataclan ont souligné de manière extrêmement tragique.

 

Axe 1 – Rock, violences, jeunesses et politique

Axe 2 – Les musiciens face au public

Axe 3 – Violences musicales et poétiques

 

Argumentaire

 

Depuis son apparition aux États-Unis au milieu du xxe siècle, la musique, dite « rock », a propagé une image de musique violente qui a suscité des effets de condamnation ou, au contraire, révélé des marques de fascination. Évidemment, son attrait auprès du public, pratiquement jamais démenti depuis sa naissance jusqu’à nos jours, ne se limite pas uniquement à ces réactions. Toutefois, la violence supposée accompagner cette musique dont l’expression publique paraît correspondre à des postures politiques, sociales, culturelles ou identitaires plus ou moins déclarées, fut un facteur favorisant sa notoriété et son ancrage populaire, du moins à ses débuts, auprès d’un public d’adolescents, mais également l’élargissement de son audience.

 

De nombreux éléments participent de la définition complexe de la musique rock mais la dimension progressiste et émancipatrice de son avènement parut répondre à l’émergence de formes de violence très contemporaines. Que ce soit au travers de certains des codes vestimentaires l’accompagnant (blousons noirs, épingles à nourrice, etc.), des signes corporels de reconnaissance (cheveux longs ou têtes rasés, androgynéité, etc.), du choix d’instruments privilégiés (guitares électriques, batteries, etc.) ou de son niveau sonore d’expression (amplification, stéréophonie, etc.), du langage même de sa musique dans son rapport au texte, le rock, longtemps marqué par le sceau de l’interdit, a véhiculé un message audacieux de franchissement des barrières convenables, ce qui paraît constituer l’une des composantes essentielle d’une « violence » qui ébranlerait nos sociétés pourtant jugées « permissives ».

 

Si des tels jugements sur le rock, ont aujourd’hui moins de force, la musique rock étant rentrée largement dans les formes dominantes du consensus culturel, il n’en reste pas moins que la victoire du rock a fait naître en particulier entre le début des années 60 et la fin des années 70, deux décennies de réactions excessives, quelquefois encouragées par le conformisme esthétique et verbal dominant, allant même jusqu’à déclencher la réaction hostile de différents États qui prenaient pour des menaces réelles les discours et les attitudes provocantes des protagonistes du rock.

 

L’idée de cette rencontre sous la forme de deux colloques, le premier, organisé à Rouen, centré sur l’Europe, puis un autre se déroulant ultérieurement sur le sol américain, et qui prendra en considération la réalité étatsunienne, est donc de réunir divers spécialistes afin de confronter les points vues sur les différentes formes concrètes de cette violence fantasmée associée au rock entre 1954, date convenue de son apparition aux États-Unis, jusqu’au début des années 1980 en Europe. Ce tiers de siècle nous semble correspondre à une période significative de nature à favoriser une étude de phénomènes qui relèvent tout autant de l’histoire, de la sociologie culturelle que de la musicologie.

 

Pour le colloque de Rouen, uniquement centré sur l’Europe entre 1950 et 1980, nous encourageons en particulier les propositions de communication portant sur des sujets qui pourront s’intégrer dans un de ces trois grands axes :

 

Axe 1 – Rock, violences, jeunesses et politique

Le public des concerts rock entre les années 50 et les années 80 est composé d’une nouvelle couche émergente et nombreuse, les jeunes d’après le baby-boom. La jeunesse, ou plutôt, les jeunesses, trouvent dans cette musique un vecteur d’émancipation pour exprimer leurs exigences, leurs frustrations, leurs passions. Qu’il soit asocial ou antisocial, loubard ou étudiant, « le jeune » (homme/femme), exprime avec force ses convictions et affirme avec franchise son opposition au système, notamment par l’adoption de codes vestimentaires et l’affichage de leur hexis corporelle. Ces comportements peuvent être analysés sous l’angle des rapports conflictuels entre les générations liés à la contestation des valeurs morales et sociétales, dont les médias se font régulièrement les relais. Ils pourront ainsi être replacés dans un contexte social, politique, culturel, et resitué dans le vaste mouvement international des confrontations de civilisations et de modèles de développement, caractéristiques du temps.

 

Axe 2 – Les musiciens face au public

Ce deuxième axe propose de retracer les manifestations de la violence sur scène et dans le public : interactions ou oppositions entre l’artiste et son public, incitations à l’affrontement ou au contraire, invitations à la non-violence, le concert rock est le temple où les passions se déchaînent, où les débordements peuvent d’ailleurs déboucher sur des règlements de compte entre bandes rivales ou de collision avec les forces de police. Mais cette violence au concert rock peut prendre d’autres formes : puissance du son, frénésie du jeu de scène, provocation de la mise en scène, excès de la prise de parole ou de l’expression corporelle à travers la danse, etc.

 

Axe 3 – Violences musicales et poétiques

Un troisième axe sera consacré aux moyens d’expression de la violence expressive, autant dans la musique que dans les textes, dans le rapport entre musique et textes, dans la recherche d’un son et l’emploi privilégiés d’instruments performants pour l’usage requis, dans l’acceptation des phénomènes de rupture qui marquent l’évolution des styles de musique. Existe-t-il une partition de la « violence rock » ? Quels en sont les ingrédients ? Une typologie des représentations et des moyens employés est-elle envisageable ? Sur le sujet des paroles en particulier, les communications pourront également porter sur les tentatives conservatrices de domestication de la violence par la censure et l’asservissement recherché d’acteurs emblématiques.

 

Comité scientifique

Jean-Christophe Aplincourt (106, directeur)

Ludivine Bantigny (université de Rouen, Maître de conférences, historienne)

Arnaud Baubérot (université Paris-Est Créteil, Maître de conférences, historien)

Nathalie Cordier (106, responsable action culturelle)

Pascal Dupuy (université de Rouen, Maître de conférences, historien)

Joann Élart (université de Rouen, Maître de conférences, musicologue)

Philippe Gonin (université de Bourgogne, Maître de conférences, musicologue)

Gérôme Guibert (Université de Paris III, Maître de conférences, sociologue)

Dominique Kalifa (Université de Paris 1, Professeur des Universités, Panthéon-Sorbonne, historien)

Christophe Pirenne (Université de Liège, Professeur, musicologue)

David Shafer (Long Beach State University, Professeur)

Florence Tamagne (Université de Lille III, Maître de conférences, historienne)

Ludovic Tournès (Université de Genève, Professeur des Universités, historien)

Sophie Victorien (CLAMOR UMS 3726 du CNRS, Ingénieur de recherche, historienne)

 

Organisateurs et partenaires

Colloque international proposé par

Jean-Christophe Aplincourt (106),

Nathalie Cordier (106),

Pascal Dupuy (historien, université de Rouen) et

Joann Élart (musicologue, université de Rouen),

 

organisé par

le GRHIS, EA3831 de l’université de Rouen et

le 106,

 

avec le soutien de

la Région Normandie,

l’Institut de recherche inter-disciplinaire homme société,

CLAMOR,

Criminocorpus

et Volume !

 

Conditions d’inscription:

Les propositions de communication sont à soumettre en français ou en anglais avant le 15 juillet 2016 aux adresses de Pascal Dupuy et Joann Élart ; elles comprendront le titre de la communication, un bref résumé (1000 signes maximum) et une courte présentation bibliographique (500 signes maximum).

Les communications retenues par le comité scientifique qui se réunira en septembre 2016 pourront être prononcées en français ou en anglais.

Les droits d’inscription au colloque pour les intervenants seront de 50 €. L’organisation du colloque prendra en charge l’hébergement, les repas, la soirée de gala et une partie des frais de transport (nous invitons les intervenants à essayer d’obtenir une aide même partielle pour le financement de leur voyage).


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