Mercredi 5 juin 2019 & jeudi 6 juin 2019 COLLOQUE DES DOCTORANTS ET JEUNES CHERCHEURS Université de Bretagne Occidentale Brest, France « Hors-champ et non-dit dans le texte et l’image »

COLLOQUE DES DOCTORANTS ET JEUNES CHERCHEURS

Mercredi 5 juin 2019 & jeudi 6 juin 2019

 

Laboratoire HCTI EA 4249 (Héritages et Constructions dans le Texte et l’Image)

Ecole Doctorale Arts, Lettres et Langues

Université de Bretagne Occidentale

Brest, France

 

« Hors-champ et non-dit dans le texte et l’image »

 

La profusion de discours, textuels et visuels, à l’œuvre dans la société actuelle, n’épuise pas les questions du non-dit et du hors-champ, inhérentes à tout acte de communication qui, comme l’explique le philosophe Jean-Luc Nancy, « ne transporte pas des significations [mais] met en contact des ouvertures de sens[1]».

 

En effet, tout discours est construit sur la base d’un choix : choix de divulguer une information, choix du registre et du lexique en fonction de l’interlocuteur, choix de communiquer. Si le silence naît généralement de l’absence de bruit, il arrive qu’un trop-bruit débouche sur un bruit blanc qui entraîne un silence sémantique coupant court à toute communication. De même, le non-dit se présente comme le miroir du dire, mais il peut également être contenu par celui-ci, par exemple dans un jeu de séduction, ce qui fait dire à Roland Barthes que « l’endroit le plus érotique du corps est là où le vêtement baille ». Il poursuit en expliquant que « C’est l’intermittence qui est érotique […] : la mise en scène d’une apparition-disparition[2]». Ainsi, ce qui ne se dit pas relève des différentes sphères que sont entre autres le présupposé, le sous-entendu, l’implicite ou encore le tabou et l’intime, mais serait également ce qui donne son sens au dit, comme le suggère la théorie de l’iceberg à l’œuvre dans les écrits d’Ernest Hemingway[3].

 

Toute image, fixe ou mobile, par son cadrage, suppose l’existence d’un hors-champ, de même que tout texte suppose un non-dit ou un non-écrit. La diversité des media (peinture, photographie, théâtre, cinéma, bande dessinée, séries télévisées, jeux vidéo…) implique une explosion des concepts de cadre, marges et liminalité, re-définissant les notions même de hors-champ, de hors-texte, voire de « hors-page ».

 

Pour autant, la notion de non-dit ne se restreint pas aux études textuelles, tout comme celle de hors-champ ne se limite pas aux études visuelles ; toutes deux peuvent même se croiser au sein d’un large éventail de disciplines en sciences humaines.

Dans cette perspective interdisciplinaire, le présent colloque se propose d’analyser la porosité des concepts de non-dit et de hors-champ pour les étudier dans les domaines de l’image et du texte, conformément aux axes de recherche du laboratoire HCTI.

 

Les intervenants pourront, s’ils le souhaitent, traiter des thématiques suivantes (liste non exhaustive) :

 

– L’ellipse, l’indicible, le secret et l’intertextualité en littérature

– Les notions de présupposé, de connotation, de polyphonie et de non-verbal en linguistique et dans le discours politique

– Le cadre, les marges, la focalisation et la perspective en études visuelles

– L’image de l’artiste, le décalage entre fantasme et réalité, les représentations et interprétations subjectives et objectives, l’art de la suggestion

– L’adaptation, l’interprétation et la traduction de textes et de pratiques culturelles, le contexte et le registre inhérents à la compréhension du discours, la notion de ce qui est « lost in translation »

– La fragmentation de la forme sérielle et la nécessité du non-dit en série pour préserver le suspense, créer un phénomène de cliffhanger et fidéliser le public

– Les discours des médias participatifs, le contraste entre la profusion du discours et la disparition des mots au profit d’images porteuses et chargées de sens

– Les pratiques culturelles et la sociabilité, l’être et le paraître dans les sphères publique et privée, les normes sociales explicites et implicites

– Les frontières officielles, culturelles, politiques ; les frontières identitaires et leurs effets sur une communauté ; la question de la perception individuelle ou collective

– L’influence des échanges commerciaux, officiels ou officieux, licites ou illicites, sur la perception d’un produit, d’un pays, d’une culture

 

 

Les propositions (titre et résumé de 300 mots), en français ou en anglais, ainsi qu’une brève présentation de l’auteur (nom, prénom, courriel, affiliation, recherche) doivent être envoyées à l’adresse suivante : doctorants.hcti@gmail.com pour le jeudi 31 janvier 2019, délai de rigueur.

Les réponses seront données fin février 2019. Le colloque se déroulera le 5 et 6 juin 2019 à la faculté Victor Segalen de l’Université de Bretagne Occidentale à Brest. La durée des interventions ne devra pas excéder 20 minutes. La priorité sera donnée aux communications de doctorants et jeunes chercheurs.

 

Les membres du comité scientifique : Pierre Chartier (CNU 7), Christophe Cosker (CNU 9), Lise Delmas (CNU 11), Raphaël Haudidier (CNU 11), Dan Luo (CNU 7), Pr. Camille Manfredi (CNU 11) Fabiola Obame (CNU 10), Benoît Quinquis (CNU 17)

Les membres du comité d’organisation : Jérémy Cornec, Gwenthalyn Engélibert, Sophie Le Hiress, Anthony Remy

 

Le colloque donnera lieu à une publication dans Motifs, la revue en ligne du laboratoire, en français ou en anglais. Des précisions sur ce point viendront par la suite.

 

Manifestation organisée avec le soutien du laboratoire HCTI EA 4249 (directeur Pr. Alain Kerhervé) et l’Ecole Doctorale Arts, Lettres et Langues de l’Université Bretagne-Loire (directrice du site de Brest, Pr. Hélène Machinal).

[1] NANCY, Jean-Luc. La pensée dérobée, Paris: Coll. « La Philosophie en effet », 2001, p. 41.

[2] BARTHES, Roland. Le plaisir du texte, Paris: Seuil, 1973, p. 17-18.

[3] Hemingway déclarait en 1958 dans une interview donnée à la Paris Review: “[…] I always try to write on the principle of the iceberg. There is seven eighths of it underwater for every part that shows. Anything you know you can eliminate and it only strengthens your iceberg”, in “The Art of Fiction, n°21”, Paris Review, issue 18, Spring 1958.

 

DOCTORAL STUDENTS & YOUNG RESEARCHERS’ SYMPOSIUM

Wednesday, June 5th 2019 & Thursday, June 6th 2019

 

HCTI Research Unit (Héritages et Constructions dans le Texte et l’Image)

Ecole Doctorale Arts, Lettres et Langues

University of Western Britanny

Brest, France

 

 

“The out-of-frame and the unsaid in texts and images”

 

 

The proliferation of textual and visual discourses at work in contemporary society does not discard the concepts of the “unsaid” and “the out-of-frame”, which belong to any form of communication, as explained by French philosopher Jean-Luc Nancy: “[communication] does not carry out one
meaning but connects multiple meanings”.[1]

 

Indeed, all discourse is based on a choice: the choice to reveal information, the choice of a register and lexicon depending on the addressee and, initially, the choice to communicate. If silence arises from the absence of noise, an overabundance of noise may also mutate into white noise, which in turn evolves into a semantic silence that cancels any communication. Likewise, while the “unsaid” mirrors the “said”, it can also be contained by it, as in a game of seduction, for example. This echoes Roland Barthes’s idea that: “The most erotic portion of a body [is] where the garment gapes. […] It is intermittence which is erotic, […] the staging of an appearance-as-disappearance”.[2] Therefore, what cannot be said belongs to the realms of presupposition, of innuendo, of the implicit, or to the realms of the intimate and of taboo. It is also the “unsaid” that gives its substance to the “said”, as suggested by the iceberg theory at work in Ernest Hemingway’s writings[3].

 

Due to its framing, every static or moving image implies the existence of something left out of frame, just as a text implies something that is not written or said. The diversity of media (painting, photography, theater, cinema, comics, TV series, video games, etc.) has engendered an explosion of the concepts of framing, marginality and liminality, which redefines the very notions of off-camera, off-text, or even “off-page”.

 

Nevertheless, just as the “unsaid” is not a notion restricted to textual analysis, the “out of frame” is not restricted to visual studies; both can intertwine within a broad range of disciplines in the humanities.

 

With this interdisciplinary view in mind, this symposium will examine and analyze the porosity of the “unsaid” and of the “out-of-frame” in order to explore them in both visual and textual fields, in accordance with the main axes of inquiry within the HCTI research unit.

 

Participants will for instance address the following issues:

 

– The ellipsis, the inexpressible, secrets and intertextuality in literature

– The notions of presupposition, connotation, polyphony and the non-verbal in linguistics and

political discourses

– Frame, margins, focalisation and perspective in visual studies

– The image of the artist, the gap between fantasy and reality, subjective and objective

representations and interpretations, the art of suggesting

– Adaptation, interpretation and translation of texts and cultural practices, the context and

register inherent to the understanding of a discourse, the notion of what is lost in translation

– The fragmentation of the serial form and the necessity of what is unsaid in TV series to maintain

suspense, generate cliffhangers and retain the public’s attention

– The discourse of public participation media, the contrast between the profusion of discourse

and the disappearance of words in favour of meaningful images

– Cultural practices and sociability, being and appearing in public and private spheres, explicit and

implicit social norms

– Official, cultural, political frontiers; “identity” frontiers and their impact on a community; the

issue of individual and collective perceptions

– The influence of official/unofficial and licit/illicit trade exchange on the perception of a

product, a country, a culture

 

Submissions (title and short summary of 300 words), in French or in English, as well as a short biography of the author (name, surname, email address, affiliation, PhD topic and research field) should be sent to the following address: doctorants.hcti@gmail.com by January 31st 2019 (strict deadline).

Participants will be notified by the end of February 2019. This symposium will take place on June 5th-6th, 2019 at Victor Segalen Faculty, University of Western Brittany, Brest. Presentations should not exceed 20 minutes. Priority will be given to doctoral students and young researchers.

 

Scientific committee members: Pierre Chartier (CNU 7), Christophe Cosker (CNU 9), Lise Delmas (CNU 11), Raphaël Haudidier (CNU 11), Dan Luo (CNU 7), Pr. Camille Manfredi (CNU 11), Fabiola Obame (CNU 10), Benoît Quinquis (CNU 17)

 

Organisation committee members: Jérémy Cornec, Gwenthalyn Engélibert, Sophie Le Hiress, Anthony Remy

 

This symposium will be followed by a publication in Motifs, the laboratory’s online journal.

Further details will be given later.

 

This symposium is organized with the support of the HCTI (Héritages et Constructions dans le Texte et l’Image) research unit (head: Pr. Alain Kerhervé) and the school of doctoral studies “Arts, Lettres et Langues” of the Université Bretagne-Loire (co-head: Pr. Hélène Machinal).

 

[1] NANCY, Jean-Luc. La pensée dérobée, Paris: Coll. « La Philosophie en effet », 2001, p. 41.

 

[2] BARTHES, Roland. The Pleasure of the Text, translated from French by Richard Miller, New York: Hill and Wang, [1973] 1975, p. 9-10.

 

[3] “[…] I always try to write on the principle of the iceberg. There is seven eighths of it underwater for every part that shows. Anything you know you can eliminate and it only strengthens your iceberg”, Ernest Hemingway, in “The Art of Fiction, n°21”, Paris Review, issue 18, Spring 1958.


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