5-6 avril 2019 Université Bordeaux Montaigne La transmission dans la Caraïbe (anglophone, francophone, hispanophone)

Colloque international : La transmission dans la Caraïbe (anglophone, francophone, hispanophone)

5-6 avril 2019

Université Bordeaux Montaigne – CLIMAS / Sorbonne Université – VALE EA4085

Lieu du colloque : Bordeaux Montaigne, Esplanade des Antilles, Pessac

Langue du colloque : français

Le sujet de la transmission peut sembler incongru, voire provocateur, dans un monde désormais transnational où la notion de fluidité des identités a apparemment fait voler en éclats toute possibilité de legs stable. Esquisser des lignées, des moments, des modes ou encore des espaces de transmission est un défi d’autant plus grand dans la sphère des littératures caribéennes que leur naissance même, en pleine réflexion sur les Indépendances, fut l’occasion d’une réinvention de soi qui par définition excluait toute continuité politique et culturelle. Pourtant, la transmission prend en compte une tradition trop souvent déniée aux cultures de l’Atlantique Noir (Gilroy). À la différence de l’héritage, la transmission peut se faire de manière horizontale, propagation créolisée et multi-directionnelle. Polysémique, la transmission se réfère plus aisément à un patrimoine immatériel. C’est en ce sens que des penseurs de la Caraïbe francophone avancent l’idée d’une « esthétique de la relation » (E. Glissant) privilégiant le lien du rhizome, par opposition à la racine. Les sciences sociales, dans la Caraïbe hispanophone, s’intéressent ainsi aux savoirs informels, « alternatifs », qui ne rentrent pas dans les champs existants de la recherche universitaire. La transmission de ces savoirs également nommés « multiples » interroge ainsi la conception d’une forme unique de la raison et de son universalisme et l’invite à un dialogue horizontal (Múnera et al, 2018).

Plus généralement, la pensée postructuraliste a à cœur d’examiner les opérations de « passage » que suppose le préfixe « trans- ». A resurgi récemment la nécessité de mettre au premier plan les continuités historiques, les conversations subculturelles, les fertilisations croisées qui rendent plausible la notion d’une culture noire distincte et consciente de son existence. C’est en ce sens que sont abordés des phénomènes tels que le Palenquero, un créole d’une région de la côte caribéenne colombienne, considéré comme un modèle de transculturation (Maglia). Dans le champ esthétique, la notion de transmission s’applique à l’intertextualité, aux influences, à la ré-écriture et même aux modes d’interpellation du lecteur/spectateur ; nous souhaiterions, dans ce colloque, réfléchir à leurs déclinaisons spécifiquement caribéennes. Nous entendons le terme « caribéen » au sens large, incluant la partie des États-Unis bordée par le Golfe du Mexique et parfois même l’intérieur des terres proches de la mer des Caraïbes et qui participent de cette culture.

Sont bienvenues les communications autour des diverses formes de la littérature de l’aire caribéenne (roman, nouvelles, poésie, théâtre, essais, (auto)-biographies), formes d’écriture dont le grand défi consiste à savoir transcrire l’oralité et la circulation de la parole comme modes de connaissances. Sont également bienvenues des contributions s’intéressant au domaine des arts (peinture, sculpture, musique, danse, arts de la scène, le cinéma sans oublier les artisanats), mais également aux champs de l’histoire et de la géographie.

On pourra suivre les orientations épistémologiques suivantes, sans pour autant se limiter à ces quelques pistes non exhaustives :

– le rôle de l’oralité dans la transmission, la permanence des contes, la résurgence des chants, les traditions musicales

– les espaces privilégiés de la transmission, voire, de sa commémoration et/ou de sa monumentalisation (ainsi des sculptures de Laurent Valère au mémorial de l’Anse Caffard au Diamant en Martinique)

– les objets/archives de la transmission, son histoire matérielle (instruments de musique, lettres, costumes de Carnaval ou encore ces traces matérielles, pièces de monnaie et fragments de poterie que le Major Plunkett cherche dans le sol de Sainte-Lucie, dans l’Omeros de Walcott)

– la distinction genrée – existe-t-il des spécificités féminines, ou masculines, de la transmission ?

– la distinction ethnique et les échanges entre communautés (ainsi dans Abeng Michelle Cliff emprunte à la communauté des descendants d’esclaves le symbole du maronage

– la transmission botanique/écopoétique.

Bibliographie

Gilroy, Paul. The Black Atlantic, Modernity and Double Consciousness. Cambridge: Harvard University Press, 1993.

Glissant, Edouard, Poétique de la Relation, Paris : Gallimard, 1990.

  1. Gómez O., C. Moore T., L. Múnera R. (éds), Los Saberes múltiples y las ciencias sociales y políticas, Universidad Nacional de Colombia, Bogotá, 2018.
  2. Maglia, Y. Monino, Kondalo pa bibi mejó (Contarlo para vivir mejor), Pontificia Universidad Javeriana, Bogota, 2015.

 

Merci de nous faire parvenir vos propositions (500 mots) ainsi qu’une courte bio-bibliographie pour le 10 novembre au plus tard : 

Nicole Ollier (Nicole.Ollier@u-bordeaux-montaigne.fr) et Kerry-Jane Wallart (kjwallart@yahoo.fr)  

 


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