28-29 mai 2020 Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 TRADUIRE LES MINORITÉS LINGUISTIQUES – TRANSLATING LINGUISTIC MINORITIES

Appel à communications : Colloque international

Call for papers: International conference

traductologie, sociolinguistique, études culturelles

translation studies, sociolinguistics, cultural studies

http://tradminling.sciencesconf.org (see website for English version)

Comité Scientifique / Advisory Board :

Michaela Wolf, University of Graz, Austria

Bruno Poncharal, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

Gaëlle Planchenault, Simon Fraser University, Canada

Clíona Ní Ríordáin, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

J. Derrick McClure, University of Aberdeen, United Kingdom

Rudy Loock, Université de Lille, France

Gillian Lane-Mercier, McGill University, Canada

Haidee Kruger, Macquarie University, Australia

Wesley Hutchinson, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

Federico M. Federici, University College London, United Kingdom

Michael Cronin, Trinity College Dublin, Ireland

James Costa, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

Paul Bandia, Concordia University, Canada

Comité d’organisation / Organising committee :

Juliette Pezaire, Tiffane Levick, Célestine Denèle
TRAduction et Communication Transculturelle (TRACT)
EA 4398 – Langues, Textes, Arts et Cultures du Monde Anglophone (PRISMES)
Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
traduireminorites.tract@sorbonne-nouvelle.fr


TRADUIRE LES MINORITÉS LINGUISTIQUES

DES SPHÈRES ANGLOPHONE ET FRANCOPHONE

Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, 28-29 mai 2020

Texte de cadrage :

Dans un monde aux frontières déjà bouleversées par les conflits et déplacements de population du XXᵉ siècle, la fin de l’ère coloniale et les mouvements de revendications des années 1960-70 finissent d’affaiblir les certitudes d’une Europe vieillissante. Le discours intellectuel dominant, forcé de reconnaître la voix des jeunes, des minorités, des oubliés et des déplacés, doit peu à peu s’adapter aux mutations de son époque. Dans ce contexte, l’essor des études post-coloniales puis décoloniales, des études de genre ou de la sociolinguistique dans les dernières décennies témoigne d’un véritable effort de décentrement, et a pris part à la valorisation de nouvelles voix et perspectives intellectuelles.

Le développement de l’intérêt académique et institutionnel pour les langues minoritaires, aussi relatif qu’il soit, constitue un bon exemple de ces dynamiques – comme en témoigne l’élaboration et la ratification par vingt-cinq pays de la Charte Européenne des Langues Régionales ou Minoritaires de 1992, ou l’organisation d’évènements scientifiques de plus en plus nombreux autour des langues et cultures minoritaires (voir site). Ces différentes initiatives et publications ont pu participer à rendre visibles ces groupes minoritaires et leurs problématiques propres (discriminations, insécurité linguistique, opportunités économiques, accès aux cultures mondiales, etc. [Macaulay 1997, Cronin 1995]).

L’émergence de ces nouveaux enjeux pose un défi de taille au traducteur de fiction comme de non-fiction, qui se trouve confronté à une réalité plurielle, bien éloignée de l’ancienne conception monolingue et européo-centrée des langues standard [Macaulay 1997]. Langues minoritaires, régionales, mais aussi accents, dialectes, sociolectes, parlers jeunes ou queer, langues d’immigration, des anciens pays colonisés ou des diasporas, représentent autant de minorités linguistiques au sens large*, qui viennent aujourd’hui redéfinir les frontières entre les langues et questionner l’agentivité du traducteur.

Traduire la diversité, l’hybridité et la variation linguistique soulève ainsi des questions éthiques et politiques, dans la mesure où traduire l’Autre implique un triple questionnement : (1) des rapports de force dans et entre les langues, (2) de la réception de l’altérité, et (3) du positionnement du lecteur-traducteur. La traductologie contemporaine, depuis le “tournant culturel” des années 1990 [v. Bassnett et Lefevere 1990], cherche à apporter des réponses à ces questions et à repenser l’altérité en traduction à la lumière des études culturelles, de la sociolinguistique, et de la sociologie du marché littéraire mondialisé.

En se concentrant sur les dynamiques propres à la traduction des minorités linguistiques à l’intérieur et entre les sphères anglophone et francophone, présentes sur les cinq continents, nous pourrons ainsi initier un mouvement pour sortir de ce que Michael Cronin qualifie de vision homogénéisante et essentialiste de l’Europe**. Notre dialogue avec les marges de deux grandes puissances culturelles européennes permettra d’engager une remise en question des hiérarchies inhérentes à ces deux aires linguistiques, et d’ouvrir la voie vers une future réflexion multilingue.

Proclamée « Année Internationale des Langues Autochtones » par l’Assemblée Générale des Nations Unies, 2019 nous paraît être une année particulièrement adaptée pour entamer ces réflexions.

* Définition du concept de minorité selon Francisco Capotorti pour les Nations Unies :

 « A group numerically inferior to the rest of the population of a State, in a non-dominant position, whose members – being nationals of the State – possess ethnic, religious or linguistic characteristics differing from those of the rest of the population and show, if only implicitly, a sense of solidarity, directed towards preserving their culture, tradition, religion or language. » (Capotorti 1979 : 96 § 568)

** « The signal failure to account for the linguistic and translational complexity of Europe in part stems from the tendency by post-colonial critics to reduce Europe to two languages, English and French, and to two countries, England and France. Thus, the critique of imperialism becomes itself imperialist » [Cronin 1995] 

Axes de réflexion :

Ce colloque de deux jours comprendra plusieurs panels thématiques, ateliers et tables rondes qui s’interrogeront sur la représentation des minorités linguistiques dans les contextes anglophone et francophone à travers le prisme de la traduction. C’est à cet égard que nous invitons des interventions qui examinent la manière dont les minorités linguistiques sont présentées dans des textes littéraires et audiovisuels, aussi bien que dans les médias, en proposant une réflexion autour de questions telles (liste non-exhaustive) :

  • le positionnement éthique de l’auteur et du traducteur

  • l’authenticité et l’accessibilité de la voix de l’Autre / l’influence du public visé sur la véracité linguistique du texte (original et traduit)

  • le rôle du marché dans la traduction commerciale

  • l’influence des parties externes sur le processus de traduction

  • la traduction intralinguale et/ou la standardisation de langues/variétés linguistiques mineures

  • les stratégies innovantes de traduction / la créativité du traducteur

  • la tension entre l’oral/l’oralité et l’écrit

  • l’auto-traduction comme forme éventuelle d’émancipation pour les écrivains minoritaires

  • les questions de temporalité des langues et variétés linguistiques minoritaires

  • le rôle du paratexte dans la présentation de l’Autre / le lien entre le paratexte et les stratégies de traduction utilisées dans le texte

  • la (non-)traduction et la disponibilité de la voix de l’Autre

  • les questions de pouvoir et de construction de l’identité

  • le rôle des médias dans la construction de la réputation des groupes minoritaires

  • la place de la langue mineure dans le texte (ex. narration v. dialogue, personnage principal v. personnages isolés)

Si le sujet invite à une réflexion profondément pluridisciplinaire, et que la participation de spécialistes d’autres disciplines (linguistique, sociolinguistique, dialectologie, littérature, études des médias, études anglophones, études francophones, etc.) est plus qu’encouragée, les communications devront avoir pour axe central la question de la traduction. La présentation de cas pratiques de traduction et les interventions de professionnels (traducteurs, éditeurs, journalistes etc.) seront ainsi grandement appréciées. Ce colloque traitera exclusivement des sphères anglophones et francophones dans un premier temps, en espérant ouvrir la réflexion vers une perspective multilingue lors d’un prochain événement.

Envoi des propositions :

Les propositions de communication ou de table ronde, rédigées en anglais ou en français, seront à déposer sur le site du colloque avant le 3 janvier 2020 : http://tradminling.sciencesconf.org.

Pour les propositions de communications individuelles de 20 minutes, suivies de 10 minutes de questions, veuillez soumettre un résumé de 300 mots environ, accompagné de cinq mots-clés et d’une courte notice biographique d’environ 150 mots.

Pour les tables rondes collectives (3-4 personnes) de 30 minutes, suivie de 30 minutes de questions, veuillez préparer une proposition de 300-500 mots et une liste des thèmes à aborder dans les questions, accompagnées de cinq mots-clés et d’une notice biographique d’environ 150 mots pour chaque participant.

Les doctorants et masterants travaillant sur des sujets liés aux thématiques du colloque sont également invités à présenter leur projet de recherche sous forme de poster. Veuillez soumettre un bref résumé et le titre de votre projet de recherche, en indiquant le statut et l’année de votre inscription (ex. M1 / 2ème année de doctorat).

Une réponse sera donnée au début du mois de février.

Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter notre site: http://tradminling.sciencesconf.org .


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