26 au 27 mars 2020 Université de Bourgogne Franche-Comté « Parler par le corps » 3ème volet : « Le corps en lambeaux – Corps meurtris, souffrants et sans vie »

CRIT (ea3224) : Axe 2 « Création et identité »
Si « l’ostentation des corps sanglants, souffrants et macabres semble constituer l’une des caractéristiques de la littérature et des arts européens du XVIe siècle et XVIIe siècle », liée en partie à un contexte violent de guerres de religion puis de mise en place de l’État moderne, qu’en est-il aujourd’hui dans nos sociétés contemporaines marquées par une hypermédiatisation de la violence ? Reprenant à notre compte le titre de l’ouvrage de Charlotte Bouteille-Meister et Kjerstin Aukrust (Corps sanglants, souffrants et macabres. XVIe-XVIIe siècle, 2010, Presses Sorbonne Nouvelle), nous cherchons à identifier et à interroger la représentation des corps meurtris, souffrants et sans vie dans la littérature et les arts actuels du monde occidental. En effet, la violence faite au corps et la fascination, parfois morbide, que nous procure le spectacle de la souffrance et de la mort se retrouvent dans bon nombre de disciplines, comme la peinture, le cinéma, le théâtre, la danse ou la performance, mais aussi en littérature, dans le roman policier, le roman autobiographique ou la littérature de jeunesse, ou encore dans les séries télévisées, la bande-dessinée, etc. Malade, blessé, torturé, mutilé, mort… partout où il est évoqué et/ou exhibé, le corps est susceptible de dévoiler sa vulnérabilité. Mais quel sens accorder à une telle représentation des corps dans une époque où les contenus violents sont quasi-omniprésents ? Quels sont les enjeux de la mise en récit et de la mise en scène du corps violenté ? Que nous dit ce corps sur le rapport à soi, aux autres, au monde ? Quelle est sa portée esthétique et politique ?
C’est peut-être dans les arts scéniques, entre représentation et présentation des corps, que ces questionnements apparaissent les plus évidents. L’effet de la violence physique sur scène pourrait être celui d’un électrochoc, permettant de sortir le spectateur de son apathie et de l’emmener sur la voie de la dénonciation d’une telle violence. Les corps en souffrance nous renvoient ainsi à une conception artaudienne de la scène, réveillant nos sens et notre esprit, et nous invitent à interroger la « déshumanisation et instrumentalisation du corps d’aujourd’hui, entre corps célébré et corps malmené, afin de réintroduire une sensibilité par le corps souffrant et rematérialiser une relation au corps et au monde qui avait été déréalisée par le désenchantement du monde » (Priscilla Wind, Anatomie du corps violenté sur scène, 2014, Presses universitaires de Franche-Comté). Bien entendu, ces considérations ne sont pas exclusives aux arts de la scène et peuvent s’étendre et s’appliquer aux autres pratiques artistiques et/ou littéraires impliquant ou évoquant le corps.
En tant qu’élément du texte littéraire, le corps est une surface sur laquelle sont inscrits les stigmates de diverses expériences traumatisantes (accident, maladie, infirmité, blessures de guerre, viol, prostitution, automutilations, etc.) vécues en conflit avec l’autre ou avec soi-même. Ce corps meurtri, souffrant ou sans vie « peut s’écrire dans la mesure où, comme toute écriture, il possède sa grammaire propre et sa syntaxe. » (Anne Deneys-Tunney, Écritures du corps — De Descartes à Laclos, P. U. F., 1992, p. 10). Il y a, de la littérature de jeunesse à la littérature « post » (post-féministe/post-porn) tout un ensemble de phénomènes et de symptômes à déchiffrer et à interpréter dans une perspective sémiologique, le corps produisant « continuellement du sens » (David Le Breton, La sociologie du corps, Paris, PUF, 1992, p. 4). Pourquoi est mise en récit l’expérience de ce « corps qui mange, boit et souffre, d’un personnage en chair et en os dont on raconte l’histoire » (Francis Bertholot, Le corps du héros. Pour une sémiologie de l’incarnation romanesque, Paris, Nathan, 1997, p. 9) ? Quelles sont les formes que prennent les appréhensions littéraires de ce corps figuré ? Quelles sont les formes d’expression (division et morcellement de l’unité corps, déconstruction de ses attributs biologiques, etc.) et les mises en discours (description, comparaison, métaphorisation, etc.) pour « faire reconnaître (…) la souffrance comme souffrance » (Javier Moscoso, Histoire de la douleur. XVIème-XXème siècle, Paris, Les prairies ordinaires, 2015, p. 19) ? À qui s’adressent-elles et quels sont les effets recherchés ?
Le colloque international, dont la visée est pluri et interdisciplinaire, accueillera des communications qui ne dépasseront pas les 30 minutes et qui se pencheront sur des productions artistiques et/ou littéraires dans la période comprise entre la fin du XXe siècle (le passage à la postmodernité) et aujourd’hui. Afin de privilégier la pluralité des approches, des méthodologies de recherche et des subjectivités, nous accepterons des propositions de communication qui dépassent les cadres traditionnels des travaux universitaires (conférences-performances et autres formats). Toutefois, nous ne retiendrons ni récit de pratique artistique, ni pratique artistique détachée de tout cadre universitaire, ni compte rendu d’œuvres.
Langues de travail : français, anglais.
Responsabilité scientifique : CRIT, ea3224, Axe 2
Comité d’organisation :
Régine Atzenhoffer (Université de Strasbourg)
Erwan Burel (Université de Bourgogne Franche-Comté)

Comité scientifique (cf. 2ème volet « Le corps dans tous ses éclats – Corps dévoilés, exhibés et jouissants », 2018) :
Saint Martin Lori, Université de Montréal, Québec
Lamoureux Diane, Université Laval, Québec
Paveau Marie-Anne, Université Paris 13
Planté Christine, Université Lyon 2
Regard Frédéric, Université Paris Sorbonne

Modalités de soumission et calendrier :

– Les chercheurs/chercheuses, doctorant.e.s et artistes sont priés d’envoyer – avant le 02.12.2019 – un projet d’intervention de 2500 signes, en français ou en anglais (en format docx – Le titre du fichier envoyé doit s’intituler comme suit : NOMPrénom-université-ea.docx), comportant un titre, cinq mots-clés ainsi qu’une brève présentation personnelle (affiliation institutionnelle, principaux axes de recherche, publications majeures) aux organisat.eurs.rice.s : r.atzenhoffer@unistra.fr ET erwan.burel@univ-fcomte.fr
– Les décisions du Comité scientifique seront notifiées aux auteur.e.s par courriel pour le 13.01.2020
– Temps de communication : 30 minutes maximum (+ 10 minutes de discussion). Langues de travail : français, anglais. Ces journées de réflexions scientifiques pourront faire l’objet d’une captation sonore et visuelle.

Informations :
– Une sélection de communications seront publiées sous forme d’actes de ces journées. Le Comité scientifique procédera à la mise en œuvre des procédures d’évaluation par les pairs en double aveugle. Les articles issus des communications retenues devront être envoyés, en vue d’une publication rapide, dans le mois suivant le workshop international. La publication est conditionnée à la participation aux journées de réflexions scientifiques.
– Pas de frais de participation. Les déjeuners du colloque sont offerts aux intervenant.e.s ; les frais de transport et d’hébergement restent à leur charge.


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