journée d’études le vendredi 28 avril 2017 à l’université de Toulouse – Jean Jaurès. la question de civilisation « Le Royaume-Uni à l’épreuve de la crise, 1970-1979 »

Appel à communications (en français et en anglais) pour une journée d’études qui aura lieu le vendredi 28 avril 2017 à l’université de Toulouse – Jean Jaurès.

La journée, qui offrira aux candidats à l’agrégation externe d’anglais des éléments de réflexion et d’approfondissement sur la question de civilisation « Le Royaume-Uni à l’épreuve de la crise, 1970-1979 », en élargissant ses problématiques à un contexte transatlantique, est organisée au sein de l’axe 3 du laboratoire Cultures Anglo-Saxonnes (Constructions de l’Individu et du Collectif) en collaboration avec l’Atelier Transatlantique d’Histoire Intellectuelle et Politique.

Les années 70, perspectives transatlantiques

 

 

Souvent éclipsées par les années 60 dans la mémoire collective et les travaux universitaires, les années 1970 méritent une plus grande attention. Elles forment en effet une charnière fondamentale entre les bouleversements sociétaux des années 1960 et les grandes évolutions politiques économiques et idéologiques de la décennie suivante. Margaret Thatcher, arrivée au pouvoir en 1979, et Ronald Reagan, élu en 1980, étant sans doute les figures les plus emblématiques de ces mutations, il nous a semblé pertinent d’adopter une approche transatlantique et comparatiste dans cette journée d’études. Le succès de ces deux dirigeants s’inscrit clairement dans le contexte des années 1970. Plus précisément, leurs victoires peuvent être comprises comme une réaction des électorats britannique et américain aux terribles crises qui ont marqué cette décennie.

 

Du côté britannique, La crise dont il s’agit est en premier lieu économique et financière : comme le reste de l’Europe, le Royaume-Uni a en effet subi les effets désastreux du premier choc pétrolier de 1973. Mais le pays connut également une succession de mouvements sociaux aux profondes répercussions sociales et politiques. En tant qu’ « homme malade de l’Europe », le Royaume-Uni bénéficia d’un prêt du FMI qui s’accompagnait de conditions qui exigeait la remise en cause de l’Etat-providence et qui contribua à libérer les Conservateurs du consensus d’après-guerre.

 

La question de l’identité britannique apparaît comme une autre facette de la crise à laquelle le Royaume-Uni dut faire face. La tension entre restriction de l’immigration et lutte contre les discriminations se poursuivit tout au long de la décennie, quelques années après le célèbre discours d’Enoch Powell (1968) prédisant que le pays baignerait dans des « rivières de sang » si l’ouverture aux immigrants se poursuivait. La décennie fut donc essentielle dans le façonnement du « multiculturalisme » britannique, tel qu’il allait être mis en œuvre au début des années 1980.

 

L’union elle-même fut soumise à rude épreuve : emboîtant le pas au mouvement des droits civiques américain, les indépendantistes irlandais entamèrent un mouvement de protestation contre les discriminations subies par les Catholiques d’Ulster, mouvement qui fut réprimé dans le sang et donna lieu à une quasi-guerre civile encore présente dans toutes les mémoires, avec des répercussions directes pour les Britanniques, y compris en Angleterre (ex. 21 morts dans deux attentats perpétrés dans des pubs de Birmingham en 1974). Les partis nationalistes écossais et gallois gagnèrent également en puissance, menant aux référendums de 1979 qui aboutirent à une défaite temporaire des tenants de la dévolution.

 

Les parallèles entre la situation du Royaume-Uni et celle des Etats-Unis pendant cette période sont nombreux. La place occupée par les Etats-Unis sur la scène internationale s’est elle aussi effritée, tout comme leur prestige, après la défaite du Vietnam (première défaite militaire américaine de l’histoire), les abus de la CIA dans le cadre de la Guerre Froide (au Chili par exemple), ou encore la piètre image donnée au reste du monde par la démission de Richard Nixon après le Watergate.

 

Le choc pétrolier a également eu un impact démesuré aux Etats-Unis, où il a amené à l’augmentation du chômage et aux effets délétères de la stagflation, contribuant ainsi à démanteler la coalition électorale démocrate née du New Deal. La question de l’identité politique de la classe ouvrière blanche est ici centrale puisque ces difficultés économiques se sont conjuguées aux tensions raciales héritées des années 60 pour pousser de plus en plus d’ouvrier blancs hors du Parti démocrate et vers le Parti républicain de Nixon et de Reagan — une problématique qu’analysera le keynote speaker de cette JE, le professeur Jefferson Cowie, auteur de Stayin’ Alive : The 1970s and the Last Days of the Working Class (2010).

 

C’est aussi l’Amérique urbaine qui a alors souffert, avec l’explosion de la criminalité, l’accélération du white flight vers les banlieues et le déclin de villes autrefois triomphantes, comme Detroit ou New York (qui frôla la faillite en 1975). Et pourtant, dans cette ambiance de morosité généralisée, symbolisée par le célèbre « malaise speech » de Jimmy Carter, la société américaine a continué à lutter pour faire avancer les droits du plus grand nombre, en particulier les gays (l’âge du disco marquant une visibilité grandissante de la communauté et du mouvement gay) et les femmes (les années 70 voyant la Cour suprême déclarer le droit à l’avortement avec Roe, ainsi que l’adoption, finalement vaine, de l’Equal Rights Amendment par le Congrès en 1972).

 

La période est donc très riche, et le but de cette JE est de nuancer la mauvaise réputation des années 1970 et d’approfondir le travail historiographique en emboîtant le pas aux historiens qui tentent de réhabiliter cette décennie (comme l’a fait l’ouvrage édité par Lawrence Black, Hugh Pemberton et Pat Thane, Reassessing 1970s Britain, publié en 2013). L’ambition de l’ATHIP est d’aboutir ainsi à une réflexion complexe qui éclaire les tensions, mais aussi les avancées, de ces années-là, tout en tissant des liens entre l’expérience britannique et celle des Etats-Unis.

 

Les propositions de communication (200-300 mots) sont à envoyer, pour le 1 janvier 2017, à Françoise Coste (francoste@hotmail.com), Nathalie Duclos (nathalieduclos@yahoo.fr), et Vincent Latour  (latour@univ-tlse2.fr).

 

 

The 1970s: Transatlantic Perspectives

 

 

The 1970s are often overshadowed in collective memory and academic circles by the 1960s and therefore deserve closer scrutiny. The decade breaches the gap between the social upheavals of the 1960s and the major economic, political and ideological changes of the following decade. The transatlantic and comparative approach adopted in this conference is vital given that Margaret Thatcher, who came to power in 1979, and Ronald Reagan, elected in 1980, were major figures in this shift. Their respective electoral victories clearly had their roots in the 1970s and, on top of this, can be interpreted as a reaction by the British and American electorate to the major crises that defined the decade.

 

In Britain, the crisis was first and foremost economic and financial. Just as across the rest of Europe, the UK suffered from the first oil crisis of 1973. Yet the country went on to be affected by sustained social unrest which had a major impact both socially and politically. As the “sick man of Europe”, the UK benefited from an IMF loan stipulating that the Welfare State had to be rethought, a condition which enabled the Conservatives to throw off the shackles of the post-war consensus.

 

The issue of British identity was another aspect of the crisis which the UK had to face up to. The tension between immigration control and the fight against discrimination carried on throughout the decade, only a few years after the famous speech by Enoch Powell (1968) predicting that “rivers of blood” would run through the country if immigration continued. The 70s were therefore a formative decade in the shaping of British “multiculturalism”, which developed in the early 1980s.

 

The union itself was also severely put to the test. Taking inspiration from the American civil rights movement, Irish separatists began protesting against discrimination which affected Catholics in the North, a movement which was brutally repressed and gave rise to what was a civil war in all but name. The struggle, which has still not been erased from popular memory, had profound repercussions in Britain, including in England (eg. 21 dead after two bomb attacks were carried out in pubs in Birmingham in 1974). The Scottish and Welsh nationalist parties also gained in popularity, leading to the referendums of 1979 which resulted in a temporary setback for partisans of devolution.

 

There are a number of parallels to be drawn between Britain and the United States during this period. The prestige and position of the United States on the world stage declined after defeat in Vietnam (the first American military defeat in history), CIA malpractice during the Cold War (in Chili for instance) and the international repercussions of Richard Nixon’s resignation in disgrace after the Watergate scandal.

 

The oil crisis also had a considerable impact in the United States where it led to a rise in unemployment and the harmful effects of stagflation, contributing to the collapse of the post-New Deal democratic electoral coalition. The issue of the white working class’s political affinities is central here since these economic problems along with racial tensions spilling over from the 1960s, pushed white workers to increasingly turn away from the Democratic Party and embrace the Republican Party of Nixon and then Reagan – an issue that Professor Jefferson Cowie, keynote speaker and author of Stayin’ Alive: The 1970s and the Last Days of the Working Class (2010) will address at this conference.

 

It was also urban American which lost out as the crime rate soared, the white flight towards the suburbs gained momentum and as the decline of previously buoyant cities such as Detroit or New York which almost went bankrupt in 1975 continued apace. Yet despite this broadly bleak backdrop, symbolised by Jimmy Carter’s famous “malaise speech”, American society continued to fight for further rights for gays (the disco era signalling a greater visibility for the gay community and movement) and women (the 1970s saw the Supreme Court grant abortion rights in the Roe decision, and Congress’s adoption (ultimately in vain) of the Equal Rights Amendment of 1972.

 

The period is therefore extremely rich and the aim of this one-day conference is to temper the poor reputation of this decade and to take the historiographical debate further by following in the footsteps of historians whose goal has been to resurrect this decade (in the mould of the collection edited by Lawrence Black, Hugh Pemberton and Pat Thane, Reassessing 1970s Britain, published in 2013). The ATHIP research group hopes to provide the context for a discussion which will highlight the tensions, but also the steps forward that can be identified during these years, while at the same time establishing connections between the British and American experience.

 

Paper proposals (200-300 words) should be sent to Françoise Coste (francoste@hotmail.com), Nathalie Duclos (nathalieduclos@yahoo.fr), et Vincent Latour  (latour@univ-tlse2.fr) by 1st January 2017.

 

 


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