9-10 novembre 2017 Mémoires de l’esclavage et de la colonisation : Historiographie, arts, musées Université du Maine (3L.AM, Le Mans)

Mémoires de l’esclavage et de la colonisation : Historiographie, arts, musées 

Université du Maine (3L.AM, Le Mans)

9-10 novembre 2017

Ce colloque vise à promouvoir une approche comparatiste entre la mémoire relative à l’esclavage et à celle de la colonisation ; il s’agira d’interroger les processus mémoriels à travers les représentations du passé dans les arts contemporains (littérature, photographie, arts plastiques, films) et les discours historiographiques qu’ils véhiculent. Les participants questionneront l’utilisation d’images de violence raciale, leur intégration dans des projets artistiques et photographiques, et leur narrativisation dans la littérature (romans, récits de vie, autobiographie, biographie). Seront également évoqués les débats éthiques qui sous-tendent l’appropriation de ce type d’images dans divers projets artistiques. L’impact de ces images traumatiques sur des générations entières sera étudié à travers la comparaison de documents datant de différentes périodes.

L’histoire de la colonisation est contemporaine au développement des images et de leur reproductibilité technique, de la lithographie au cinéma en passant par la photographie et les modes d’écriture. Diffusées en Europe et en Amérique pour renforcer la domination coloniale et des imaginaires, les images de l’époque coloniale sont également sources de questionnement sur les représentations des colonisés. De telles images accompagnent parfois les textes littéraires qui deviennent alors des « espaces mémoriels », transmettant des références historiques et culturelles. L’étude des photographies anthropométriques, ou d’autres types d’images destinées à des sociétés savantes, et de l’art (post-)colonial nous permettra d’éclairer l’articulation entre art et propagande idéologique, dénonciation et militantisme.

Dans le domaine des littératures africaines et afro-américaines, les écrivains soulignent la nécessité de recouvrer une histoire occultée durant la période coloniale en écrivant une histoire des peuples fondée sur les traces de la mémoire. Alors que se pose la question de la légitimité historique de la réécriture de l’Histoire influencée par l’affect de la mémoire, ces récits témoignent aussi des phénomènes de syncrétisme religieux et culturel. La littérature peut donc être une source de savoir historique, interrogeant par exemple la participation des esclaves africains aux entreprises de conquête et celle des esclaves et des affranchis dans les guerres d’indépendance américaines, africaines et hispano-américaines.

La musique populaire et le folklore (contes, proverbes) sont aussi des espaces de subversion qui ont permis aux populations dominées de maintenir un lien avec le passé et de transmettre des traditions dévalorisées par la culture dominante. Bien que la présence de populations africaines sur le territoire hispano-américain ait longtemps été minimisée, l’héritage humain et culturel transmis par les anciens esclaves dans des pays comme la Colombie ou le Mexique est désormais reconnu et valorisé dans l’espace public à travers, notamment, des expositions, des fêtes, des conférences-débats, des publications. Les politiques de mémorialisation (notamment la notion très controversée de « réparation ») adoptées seront étudiées et comparées, permettant aux chercheurs de croiser leur regard sur l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Afrique ou encore l’Océanie.

Par ailleurs, le contexte historiographique a considérablement changé depuis la fin des années 1980 ; les outils informatiques utiles aux historiens se sont multipliés. Le passage aux « humanités numériques » a fait de l’ordinateur et des ressources auxquelles il donne accès un instrument indispensable à tout chercheur. On se demandera comment ces nouveaux dispositifs numériques peuvent mettre à jour de nouvelles mémoires de l’esclavage et de la colonisation. Les apports culturels des peuples africains et des afro-descendants en Amérique du Nord et en Amérique Latine dans le domaine de la culture matérielle et immatérielle nous intéressent également.

La scénographie des musées et des expositions fera l’objet d’une attention particulière, en particulier la manière dont la mémoire de l’esclavage a été transmise et mise en scène dans les territoires décolonisés ou dans les anciens Empires. Du National Museum of African American History and Culture (Washington) au Musée du Quai Branly (Paris), du Mémorial de l’abolition de l’esclavage (Nantes) à la Maison des esclaves (Ile de Gorée), du Fort Zanzibar au Fort de Cape Coast (Ghana), du Musée du Noir (Rio de Janeiro) au Musée Ogier Fombrun (République d’Haïti), les activités de médiation et de mise en scène muséales seront étudiées. Le cas du Musée de la Commission de la Vérité et de la Réconciliation et la transformation de Robben Island en musée en Afrique du Sud seront évoqués. On se penchera sur l’un des paradoxes de ces institutions, censées être musées des cultures du monde : les civilisations et les arts dits « primitifs » ou « premiers » ne reçoivent aucun témoignage de ce qu’ils furent dans les territoires européens. Par ailleurs, les objets ethnographiques peuvent fabriquer une image désincarnée de l’esclavage ou de la colonisation, une représentation exote qui ne rend pas compte de l’expérience des esclaves ou des colonisés.

L’objectif n’est pas de dresser une typologie des différentes images coloniales mais, à l’aune de leur diversité, de conduire une réflexion sur la manière dont ces visuels ont façonné les imaginaires, de l’époque coloniale depuis le XIXe siècle à l’époque postcoloniale. Il s’agira également d’identifier les oublis de l’histoire de l’esclavage en interrogeant les processus mémoriels officiels et/ou populaires.

Comité d’organisation : Eliane Elmaleh (3L.AM, Université du Maine), Benaouda Lebdai (3L.AM, Université du Maine), Delphine Letort (3L.AM, Université du Maine), Claudine Raynaud (EMMA, Université Paul Valéry, Montpellier 3).

Pour toute information complémentaire, veuillez consulter : https://slavery.sciencesconf.org

Les propositions (env. 300 mots) et une courte biographie sont à envoyer à Eliane.Elmaleh@univ-lemans.frBenaouda.Lebdai@univ-lemans.frDelphine.Letort@univ-lemans.frClaudine.Raynaud@univ-montp3.fr  avant le 31 mars 2017.

 

 

 

Memories of Slavery and Colonization: Historiography, Arts, and Museums 

University of Maine (3L.AM, Le Mans, France)

9-10 November, 2017

 

This conference aims to promote a comparative approach to memories of slavery and colonization: we intend to question memory processes through representations of the past in contemporary arts (literature, photography, plastic arts, films) and in-depth studies of their historiographical discourse. Participants will examine the use of images of racial violence, their insertion in artistic and photographic projects, and their narrativization in literature (novel, life writing, autobiography, biography). They will address the ethical issues underlying the appropriation of these images in a variety of artistic endeavours and analyze their impact on subsequent generations through comparing documents from different periods.

From lithography and cinema to photography and writing, the history of colonization is contemporary with the development of mechanical visual reproduction. Disseminated across Europe and America to strengthen colonial domination and to shape the collective imagination, images of colonialism open up question about the representations of colonized people. Such images sometimes adorn literary texts that turn into tools of memory and become “memorial spaces” conveying historical and cultural knowledge. The study of (post)colonial art and photographs – be they made for anthropometric measurements or aimed at learned societies – helps enlighten the relationships between ideology and propaganda, denunciation and activism.

In the field of African and African-American literature, writers debate the necessity of retrieving a forgotten history from the colonial period by reconstructing a peoples’ history from memory traces. While one might question the historical legitimacy of reconstructions of the past when influenced by the affect of memory, such literary works further illustrate the notion of religious and cultural syncretism. Literature can be a source of historical knowledge that we also want to examine, broaching such topic as the treatment of the participation of African slaves in the processes of conquest and the role of slaves and freedman in the American, African and Spanish-American independence wars.

Popular music and folklore (tales, proverbs) provide spaces of subversion that enabled the dominated population to maintain a link with the past and to transmit traditions undervalued by the dominant culture. Although the presence of African populations on the Hispano-American territories was long downplayed, the cultural and human heritage of former slaves is now acknowledged and respected in such countries as Columbia and Mexico through exhibitions, celebrations, conferences, public debates and publications. The politics of memorialization (including the highly controversial notion of “reparation”) adopted in North America, South America, Africa and Oceania can usefully be analyzed and compared.

The historiographical context has considerably changed since the late 1980s with the development of computer-based tools providing access to useful sources for historians and scholars adapting to the digital humanities. One may therefore wonder whether the new digital tools can help bring up memories of slavery and colonization. The cultural heritage of African and Afro-descendant people in North and Latin America also feeds into material and immaterial culture, which provides another topic to be explored.

Special attention will be devoted to the scenography of museums and exhibitions, which transmit and stage the memory of slavery in the decolonized territories or in the former Empires. From the National Museum of African American History and Culture (Washington) to the Musée du Quai Branly (Paris), from the Memorial for the abolition of Slavery (Nantes) to the House of Slaves (Goree Island), from the Old Fort of Zanzibar to Cape Coast Castle (Ghana), from the Museu do Negro (Rio de Janeiro) to the Musée Ogier Fombrun (Haïti), mediation activities and museum scenography will provide case studies. The Apartheid Museum and the transformation of Robben Island into a museum in South Africa are also of interest. One may consider the paradoxical situation of these institutions as museums of world culture that exhibit the so-called “primitive” artifacts and civilization without taking into account their function in the European territories. Ethnographic objects may also buttress a disembodied image of slavery and colonization, a representation of the “exotic other” that does not translate the slave’s or the colonized’s experience.

Rather than set up a typology of colonial images, the goal of the conference is to spur reflection on the manners in which this variety of visuals has fashioned imaginaries from the colonial era to the 19th century to the postcolonial period. We aim to retrieve some of the forgotten histories of slavery while questioning official and popular memorial processes.

Organizing Committee: Eliane Elmaleh (3L.AM, University of Maine), Benaouda Lebdai (3L.AM, University of Maine), Delphine Letort (3L.AM, University of Maine), Claudine Raynaud (Emma, Université Paul Valéry, Montpellier 3).

More information is available at https://slavery.sciencesconf.org

Please send your abstract (about 250 words) and a short biography to Eliane.Elmaleh@univ-lemans.frBenaouda.Lebdai@univ-lemans.frDelphine.Letort@univ-lemans.frClaudine.Raynaud@univ-montp3.fr before March 31, 2017.

 

 

 


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