8 mars 2019 Université de Reims (URCA) | Institut Universitaire Européen Rachi Campus des Comtes de Champagne – Troyes | Pop Culture et cultures juives aux USA

Journée d’études

 

 

 

Cette journée propose d’étudier les différentes représentations d’une identité culturelle hétérogène au prisme des médias de masse, en s’intéressant notamment aux rôles des artistes, producteurs, distributeurs d’origine juive dans le développement de l’industrie du divertissement aux USA, depuis la naissance d’Hollywood dans les années 1910 jusqu’à l’essor de la télévision dans les années 1950 puis des plateformes numériques aujourd’hui. Samuel Blumenfeld l’explique, si les fondateurs des grandes majors sont des juifs venus d’Europe, ils n’avaient pas pour autant le souci de produire des films juifs aux USA. Ils avaient plutôt l’ambition de créer des œuvres traduisant le fantasme d’un idéal américain, les USA apparaissant comme une nouvelle terre promise permettant la sortie du shtetl. On pense à cet égard au premier film parlant, The Jazz Singer (1927), dont le héros, Jakie Rabinowitz, quitte son quartier juif du Lower East Side de Manhattan pour devenir chanteur à Broadway, sous un nom, Jack Robin, qui refuse toute ethnicisation et le consacre pleinement comme citoyen américain (que le jeune juif devienne une vedette sous les traits d’un Black face interroge, de façon problématique, le rêve américain que le film souhaite véhiculer). A partir des années 1960, le cinéma américain commence à trouver son inspiration dans l’histoire juive, signe que la société US devient plus sensible au multiculturalisme. Pour autant, rappelle André Kaspi, ces artistes au cœur de Hollywood, comme Woody Allen ou Steven Spielberg, ne se qualifient pas comme artistes juifs mais comme des américains qui traduisent des préoccupations et des convictions qui leur sont propres. Au travers de l’étude des cultures juives dans la culture populaire, c’est aussi à ce glissement de l’homogénéisation culturelle à une expression du multiculturalisme que nous souhaitons nous intéresser, sans occulter la dimension individuelle et subjective du travail des différents artistes.

Nous pourrons tenter de répondre aux questions suivantes : quelles sont les références, directes ou indirectes, aux cultures juives des populations qui ont fui l’Europe et immigré aux USA ? Existe-t-il des thématiques récurrentes (cf. transmission d’un héritage culturel, reprise de mythes fondateurs), des personnages types (cf. le « schlemiel » créé par Woody Allen), une rhétorique identifiable, dans ces productions destinées à divertir le plus grand nombre (cinéma, télévision), qui reflèterait la construction d’un imaginaire culturel riche, complexe, pluriel, à la fois juif et américain ?

La journée se propose, par exemple, d’examiner la contribution (hommage et décalage) des producteurs et artistes juifs à certains genres, au cinéma et à la télévision aux USA, de la comédie (le cinéma parodique de Mel Brooks) à la Science-fiction (Forbidden Planet, 1956) en passant par le récit policier (NYPD Blue).

Il conviendra aussi d’aborder la question de la diaspora et des transferts culturels qui s’ensuivent, jusqu’à aujourd’hui. Pourront être abordés, par exemple, les films et séries réalisés en Israël puis adaptés dans d’autres pays, dans d’autres langues. Ainsi, Hatufim, série télévisée créée par Gideon Raff devient Homeland (Howard Gordon, 7 saisons diffusées sur Showtime, 2011-) ; In treatment est également une traduction américaine de Be Tipul, créée et adaptée par Hagai Levi.

 

Thèmes possibles (à titre indicatif et nullement limitatif) :

 

-Du shtetl à Hollywood : le rôle des grands studios fondés par des juifs immigrés d’Europe de l’est dans le développement de l’usine à rêve américaine (les frères Warner, Samuel Goldwyn, Louis B. Mayer, Adolf Zukor, fondateur de la Paramount).

-Acteurs, producteurs, cinéastes, showrunners représentants des cultures juives aux USA ? Steven Bochco (producteur de NYPD Blue), Steven Spielberg, Woody Allen, Rachel Weisz (cf. Désobéissance, 2018), Lena Dunham, Natalie Portman.

-L’utilisation du Yiddish dans des productions par ailleurs en langue anglaise.

-L’humour juif américain à travers des artistes comme Lubitsch, Mel Brooks, Jerry Seinfeld ou Larry David et des films comme When Harry met Sally (1989).

-L’adaptation de séries israéliennes aux USA.

-Représentation de l’immigration des juifs d’Europe aux USA : USA, nouvelle terre promise ?

-Thématique du retour en Europe de personnages juifs américains (ex. : Tout est illuminé, de Liev Shreiber avec Elijah Wood, 2005).

-La diversité des identités culturelles juives, individuelles ou collectives, historiques ou contemporaines, représentées dans des œuvres de divertissement (The Jazz Singer; 1927 ; Yentl, 1983 ; Transparent, 2011).

-La réception de séries télévisées très populaires comme The Nanny Named Fran, Columbo ou Friends (liste non exhaustive).

 

Les communications, en définitive, interrogeront les notions mêmes d’« identité culturelle » et de « jewishness » et permettront de réfléchir à une définition et à une méthodologie pour les « popular culture studies », grâce à une diversité d’approches (civilisation, media studies, études cinématographiques, littérature, philosophie).

Cette journée est la première de trois manifestations dont les prochaines thématiques, après le cinéma et la télévision, seront la littérature graphique (2021) et la musique (2023).

La journée d’études, organisée conjointement par Yannick Bellenger-Morvan (Université de Reims, CIRLEP EA4299), Gérard Rabinovitch (directeur de l’Institut Européen Emmanuel Levinas, chercheur au CNRS) et Géraldine Roux (directrice de l’Institut Universitaire Européen Rachi, chercheur associé au Laboratoire d’Etudes sur les Monothéismes – UMR 8584-CNRS), se déroulera à Troyes (antenne de l’Université de Reims).

Les propositions de communications (500 mots environ) accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique (format word) sont à envoyer avant le 28 décembre 2018 aux TROIS adresses électroniques suivantes : yannick.bellenger@univ-reims.fr, direction@institut-rachi-troyes.fr et direction@levinas.aiu.org. La langue de la JDE sera le français. Les communications devront durer 30 minutes maximum.

 

Une sélection d’articles tirés des communications fera l’objet d’une publication.

 

Planning prévisionnel :

28/12/18 : date butoir de l’envoi des propositions

04/01/19 : Retour sur les propositions reçues

15/01/19 : publication du programme définitif de la JDE

08/3/19 : JDE à Troyes

 


Publié

dans

par

Étiquettes :