6 Avril 2018 Journée d’étude NNCN l’Université de Cergy-Pontoise ‘Communautés’

6 Avril 2018 Journée d’étude NNCN

l’Université de Cergy-Pontoise

Please scroll down for English version.

‘Communautés’

 

Atelier 1 : Histoire, Civilisation, Histoire des Idées.

Le long dix-neuvième siècle voit se développer la notion de communauté en opposition avec l’Etat. Dans le prolongement de la pensée burkéenne, les réformateurs invoquent tantôt le sentiment d’appartenance, tantôt les initiatives émanant de la société civile, l’organisme social étant considéré comme alternative à la puissance de l’Etat ou au despotisme plus localisé de propriétaires terriens ou d’industriels. Bien que jugées inoffensives, voire bénéfiques, par le pouvoir en place, certaines activités locales (« community »), telles que les initiatives et les entreprises caritatives ou paroissiales permettent, de fait, à des individus d’acquérir les compétences organisationnelles requises pour des actions politiques, sociales et parfois révolutionnaires.
Les interventions du colloque pourront porter sur les différents groupes qui, pendant la période victorienne et édouardienne, ont tenté d’organiser des actions collectives (Friendly Societies, syndicats, coopératives), sur les cultures communautaires qui ont pu se développer (activités socialement déterminées, les loisirs, le sport ou toute autre pratique contribuant à former ou renforcer des liens au sein d’une société) ou encore analyser comment des groupes se sont formés autour d’intérêts, de valeurs ou d’objectifs communs (mouvements politiques, mouvements religieux, clubs de discussion, salles de lecture…).
On pourra aussi explorer les mutations intellectuelles, politiques, économiques, sociales ou internationales qui ont permis à l’idée de communauté nationale de prendre son essor mais aussi d’être remise en question. L’interaction entre la crise de la foi et la conception organiciste de la société ou encore entre la science, la politique et la religion, propriétaires et locataires, employés et employeurs, mériteront une attention particulière pour que soient mises en valeur les différentes significations de la communauté et les facteurs de sa formation au dix-neuvième siècle.

 

Atelier 2 : Arts visuels

L’existence d’une communauté présuppose des valeurs, des questionnements et des projets partagés. Issu du latin « communis » le terme fait référence à un groupe de personnes vivant à proximité les unes des autres, ou à des individus unis par des liens fondés sur leurs valeurs, leurs idées, leur religion…Dans les domaines universitaire, scientifique, artistique, le concept de communauté peut sous-entendre des groupes pouvant aller de sociétés spécifiques organisées à des groupes virtuels. Quoi qu’il en soit, la notion même de communauté implique à la fois un sentiment d’appartenance et l’existence d’un ‘autre’ pouvant être perçu comme l’ennemi contre lequel la communauté va s’allier.
Bon nombre de communautés artistiques ont marqué le paysage de l’époque victorienne. Des quartiers de Chelsea ou de Hampstead qui regorgeaient d’ateliers (citons l’exemple de Whistler à Tite Street) jusqu’aux mouvements artistiques actifs partout en Europe, tel l’Esthétisme, les communautés ont prospéré dans le monde de l’art, favorisant cohésion, échanges et diffusion d’idées, mais aussi limites et frontières. Dans le contexte du Renouveau Gothique à la suite du Mouvement d’Oxford des années 1830, des entités professionnelles ont ressenti le besoin de défendre leurs activités par la création d’Instituts ou Sociétés, tel l’Institut Royal des Architectes (RIBA, Royal Institute of British Architects).
Dans la presse victorienne illustrée, les gravures sur bois issues d’une large collaboration impliquant artistes, graveurs, directeurs et éditeurs, engendrent à leur tour de nouvelles communautés de lecteurs et connaisseurs. Au cours des récentes décennies, enfin, le développement du numérique a généré de nouveaux réseaux au sein desquels les échanges, la communication, les archives se trouvent dématérialisés. Des ressources en ligne telle la Base de données de l’illustration mid-victorienne, The Database of Mid-Victorian Illustration, sont au service de la connaissance des arts du XIXème siècle, entraînant des modifications dans la nature même et le statut des archives, permettant une diffusion élargie du visuel.

 

Les propositions pourraient porter sur les thématiques suivantes :

Communautés localisées au sein de regroupement d’artistes

Mouvements et échanges

Changements au sein des communautés : inclusion et exclusion, identité et altérité.

Frontières limitant l’intégration aux communautés

Clubs, Instituts, Sociétés

Communautés professionnelles : organes de presse illustrée

Communautés numériques et virtuelles

 

Atelier 3 : Littérature

Du terme polysémique « communauté » on retiendra ses sens multiples qui plongent le lecteur dans une certaine confusion, mais qui peuvent aussi bien tisser un motif littéraire tenant le lecteur captif. Que le terme lui soit appliqué, ou que très peu ne « transpire » de son existence et de son identité, une communauté implique des liens forts entre ses membres, des prolongements de ces liens, des entrelacs intrinsèques et extrinsèques, inclusifs et exclusifs, par exemple, la prison de Marshalsea chez Dickens, Egdon Heath chez Hardy. En effet, le désir d’intégrer une communauté allié au sentiment d’exclusion et à l’échec d’intégration constitue le nœud de l’histoire dans bon nombre de romans victoriens. Les communautés naissent du désir d’appartenance à un groupe spécifique par opposition à un ensemble.

A la différence de l’ordre hiérarchisé du type pyramide sociale, une communauté est un ensemble structuré horizontalement, marqué par un désir ou un sentiment d’appartenance ; il s’agit d’un ensemble qui s’étale, s’étoile et s’étiole, d’un motif qui se compose en se décomposant, tel ce « centre de table quelconque (…) tellement surplombé de toiles d’araignées qu’on n’en pouvait distinguer la forme (…) des araignées aux pattes mouchetées avec des corps marbrés y entrant et en sortant comme si des circonstances de la plus haute importance venaient juste de transpirer dans la communauté arachnéenne. » (Charles Dickens, De Grandes Espérances) Une communauté ne cesse de tisser des liens, de se ramifier, au fil d’entrelacs qui forment aussi les mailles d’un filet. Qu’il s’agisse d’un ensemble composé d’unités intégrées ou d’une combinaison de fragments ancrés dans un système donné (de type géographique, économique, etc.) une communauté prend corps et consistance par fermentation, à l’image du levain qui fait lever la pâte.

Une communauté est une entité dont le mode de fonctionnement repose sur des codes avérés, ou sur des liens insoupçonnés, ou seulement supposés. Elle peut se manifester publiquement ou entretenir le secret qui l’entoure comme le montre  « The Brotherhood » de Wilkie Collins, à l’instar de toute autre société secrète dans la littérature victorienne.

Est-il possible de remettre en question l’affirmation de Raymond Williams que le terme communauté « ne semble jamais être utilisé négativement et ne jamais comporter la moindre notion restrictive ou négative. » (Raymond Williams, Keywords, 1976) ? Même si le sentiment d’être relié à un groupe peut être rassurant, il ne faudrait pas mettre de côté les forces antagonistes qui travaillent le roman victorien, des forces de nature destructive et répressive, provoquant une réaction de conformisme intransigeant, voire aussi de mauvais goût, à moins que ce ne soit une réaction de déni : « Les béotiens, présents dans la communauté dans laquelle il vivait, marquaient leur époque de leur empreinte. » (Oscar Wilde, De Profundis). Cette communauté peut au reste recéler des poches de résistance inattendues à l’égard de la civilisation, car il n’est pas à exclure que les Européens les plus civilisés puissent «  s’oublier eux-mêmes pour s’immerger dans leur communauté (…) ne sachant plus que deux et deux font quatre. » (E.M. Forster, La Route des Indes).

Avec l’émergence de moyens de communication de plus en plus facilement accessibles, les communautés victoriennes se sont également formées autour du livre comme objet, qu’il s’agisse de clubs de lecture ou de groupes de lecteurs partageant le même enthousiasme pour les romans publiés en feuilletons.

Bien au-delà du 19e siècle, l’idée de communauté centrée sur la littérature victorienne est très présente aujourd’hui encore à en juger par le succès de la littérature néo-victorienne (Sarah Waters, Michael Cox) ou de la littérature qui revisite ou recycle les héros et héroïnes des romans victoriens : le personnage de Jane Eyre revu par Jasper Fforde ou celui de Marian Halcombe par James Wilson, ou encore Pip par Lloyd Jones. Ces réécritures relèvent du désir de rendre hommage à l’écriture victorienne, mais aussi du pastiche ou de la parodie. Citons aussi les réseaux sociaux de lecteurs réécrivant sur « la toile » les modèles de littérature victorienne, ou encore la création de jeux vidéos inspirés par cette littérature.

 

Les propositions pourraient porter sur les thématiques suivantes :

Le thème/motif de la communauté dans la littérature du long dix-neuvième siècle

Les communautés d’écrivains (les Pré-Raphaélites, Wilkie Collins-Dickens , Swinburne-Hardy)

Les communautés au 21e siècle qui  revisitent la littérature du 19e (le néo-victorianisme)

Les différentes manifestations de culture populaire inspirée par la littérature victorienne : adaptations et séries télévisées (ex : Sherlock, Elementary, Jekyll, Jekyll et Hyde), jeux en réseaux autour du personnage de Victoriana.

 

Les communications attendues auront une durée de vingt minutes. Les propositions, sous la forme d’un résumé de 300 mots accompagné d’une brève note biographique devront être envoyées conjointement aux deux responsables d’axe ainsi qu’à la coordonnatrice de l’événement avant le 15 octobre 2017.

Responsable de l’organisation de l’événement : odile.boucher-rivalain@u-cergy.fr

Atelier 1 Histoire : Stéphane Guy (stephane.guy@u-cergy.fr) et Frank Rynne (francis.rynne@u-cergy.fr ou   frank.rynne@gmail.com)

Atelier 2 Arts Visuels : Françoise Baillet (francoise.baillet@u-cergy.fr) et Odile Boucher-Rivalain (odile.boucher-rivalain@u-cergy.fr).

Atelier 3 Littérature : Peggy Blin-Cordon (peggy.blin-cordon@u-cergy.fr) et François Ropert  (francois.ropert@u-cergy.fr)

‘Communities’

Strand 1: History and Victorian Culture

In the long nineteenth century, the concept of community developed in opposition to the state. Influenced by Burke, reformers aspired to create a feeling of belonging. Other initiatives came from civil society, the social organism being considered an alternative to state power and other power centres such as local potentates like landlords and factory owners. Some community activities like charitable initiatives and church activities were deemed innocuous or even beneficial by those in power. However, they allowed communities to acquire the organising skills needed for political, social and even revolutionary activities.

In order to explore these trends in UK society in the nineteenth century we seek papers on different groups which attempted to organise collectively through, for instance, Friendly Societies, unions, cooperatives or churches. These groups are wide-ranging and could include class-consciousness, hobbies, organised sport and other means of community-forming and bonding. Papers could also explore the reasons why individuals and communities banded together through common interests, values or objectives such as political movements, religious movements, debating clubs and reading rooms.

Papers could also explore at a national or international level the social, economic, political or intellectual mutations that led to concepts of a national community, but which conversely also questioned it. Interactions between crises of faith and the organicist conception of society and between science, religion and politics, landlords and tenants, workers and employers will be a special focus of this conference so that the different implications of community and the factors that led to its formation in the nineteenth century can be explored.

 

Strand 2: Visual Arts

Communities are commonly premised upon shared values or concerns. Originating from the Latin communis, the word may refer to a group of people living near one another who interact socially or to individuals who have something in common, such as norms, religion, values or identity. In the academic, scientific and artistic fields, communities may refer to local, national and even international organisations ranging from defined and formalised professional societies to loose and even virtual groupings or connections. In all cases, the very notion of community implies both a sense of belonging and an ‘other’, sometimes an enemy against whom groups may ally.

A variety of artistic communities mapped out the Victorian landscape. From the bohemian colonies of Chelsea or Hamptead with their concentration of painters’ studios (like Whistler’s Tite Street house) to the larger group affiliations such as Aestheticism circulating across Europe, network-based associations thrived, generating exchange, diffusion, cohesiveness, but also limits and boundaries. In the context of the Gothic architectual revival initiated in the 1830s by the Oxford Movement, professionals sometimes felt the need to defend an occupation or a specific trend, resulting in the creation of Institutes or Societies such as the Royal Society of British Architects. In a century marked by movement and expansion, artistic communities could be shaped, constructed or deconstructed, generating both inclusion and exclusion.

In the Victorian illustrated press, the wood-engraved image, itself the result of a chain of producers – artists, engravers, editors, publishers – formed and addressed communities of readers and knowledge makers. Over the past decades, the so-called ‘digital turn’ has generated new networks in which discussion, communication and archiving are dematerialised. Online resources like The Database of Mid-Victorian Illustration largely address nineteenth-century arts, bringing about new developments in the nature and the status of the archive, and achieving wider circulation of visual material.

 

Topics may include, but are not limited to:

Spatial communities, artistic and bohemian colonies.

Movements and circulations

Shifting communities : notions of inclusion and exclusion, identity and otherness.

Limits and boundaries restricting communities.

Clubs, Institutes and Societies

Professional communities like newspapers, periodicals or magazines

Digital/virtual communities

 

Strand 3  Victorian Literature

The interest of the word “community” lies in its polysemy, while its interest as a literary motif ties in with its fuzziness. Whether named as such or transpiring as one, a community characteristically allows for ingrained connections and variable extensions, both inbound and outbound, both inclusive and exclusive (the Marshalsea in Dickens, Egdon Heath in Hardy). After all, wanting to become part of a community and failing to achieve to do so is at the heart of a great many Victorian plots. Communities often arise from the desire to belong to a part, against the whole.

By contrast with a well-ordered system of the pyramidal social type, a typical community is a looser, horizontal formation marked out by a sense of belonging and becoming, a kind of sprawling composition that may as smoothly decompose, like “an epergne or centre-piece of some kind […] so heavily overhung with cobwebs that its form [is] quite undistinguishable […] speckle-legged spiders with blotchy bodies running home to it, and running out from it, as if some circumstances of the greatest public importance had just transpired in the spider community.” (Charles Dickens, Great Expectations). A community might be seen as a “motif” of the crocheting-encroaching type. Whether a body belonging with (rather than “to”) organic unities, or a systemic unit founded on an organisation of some type (geographical, economic…), a community flourishes on “texture” of leavening substance.

The entity of the community functions either with acknowledged codes, or alleged and unsuspected ties. It can live defiantly out in the open, or favour secrecy (such as “The Brotherhood” in Wilkie Collins, or other secret societies mentioned elsewhere in Victorian fiction).

Can Raymond Williams’s idea, declaring that the term “community” “seems never to be used unfavourably, and never to be given any positive opposing or distinguishing term” (Raymond Williams, Keywords 1976), be challenged as far as Victorian literature is concerned? Having something in common may be reassuring and protective, but aren’t the contradictory forces at work within communities in Victorian fiction also of the destructive, repressive type, nurturing harsh conformism for example? … Or bad taste: “Philistinism was the note of the age and community in which he lived” (Oscar Wilde, De Profundis)? Victorian literary communities might even harbour improbable pockets of resistance to civilisation, the most civilised of Europeans occasionally “putting aside their normal personalities and sinking themselves in their community […] their power of putting two and two together […] annihilated.’ (E.M. Forster, A Passage to India).

With the advent of easily accessible, cheaper media, communities in the Victorian era also materialize around the book as object, through book clubs, or reading communities sharing a spreading enthusiasm for serialized fiction for example.

Finally, long after the 19th century, the idea of communities hinging on Victorian literature echoes throughout the centuries, judging by the popularity of neo-Victorian literature even today (Sarah Waters, Michael Cox…), and fiction based on, or recycling Victorian heroes or heroines (Jasper Fforde and Brontë’s Jane Eyre, James Wilson and Collins’s Marian Halcombe, Lloyd Jones and Dickens’s Pip) between tribute, pastiche and parody, not to mention “online communities” of fans of Victorian classics writing fanfiction, and a “Victoriana” even inspiring video game designers…

 

Topics may include, but are not limited to:

Community as a motif in Victorian literature,
Reading communities, communities forming around new literary and publishing practices,
Communities of writers (the Pre-Raphaelites, Wilkie Collins and Charles Dickens, Swinburne and Hardy).
21st century communities rejuvenating Victorian literature (Neo-Victorianism)Or through popular culture and diverse phenomena: communities of “tourist-readers”, fanfiction on the web, “Victorian Steampunk”, TV adaptations and series (Sherlock, Elementary, Jekyll, Jekyll and Hyde etc.), communities of gamers sharing an interest for Victoriana…

 

 

Conference papers will be twenty minutes in length. Expressions of interest in the form of a 300-word abstract should be sent by October 15, 2017, with a brief biographical paragraph to the panel convenors and the coordinator of the event.

Coordinator: odile.boucher-rivalain@u-cergy.fr

Strand 1 History: Stéphane Guy (stephane.guy@u-cergy.fr) and Frank Rynne (francis.rynne@u-cergy.fr or frank.rynne@gmail.com)

Strand 2 Visual Arts: Françoise Baillet (francoise.baillet@u-cergy.fr) and Odile Boucher-Rivalain (odile.boucher-rivalain@u-cergy.fr)

Strand 3 Literature: Peggy Blin-Cordon (peggy.blin-cordon@u-cergy.fr) and François Ropert (francois.ropert@u-cergy.fr)

 

 

 


Publié

dans

par

Étiquettes :