6-7 avril 2017 Université du Maine, Les conflits de mémoire : arts, histoire, commémorations

Les conflits de mémoire : arts, histoire, commémorations

 

Appel à communications / Call for papers (scroll down for English version)

Colloque FAMAH

Labo3L.AM, EA n° 4335 / CERHIO, UMR n° 6258

 

Université du Maine, 6-7 avril 2017

 

 

 

Certains événements historiques font l’objet de récits conflictuels : les guerres, vécues par les soldats au sol ou dirigées par les officiers supérieurs à distance, racontées par les vainqueurs ou relatées par les vaincus, laissent des traces différentes parmi les témoins ; les personnages historiques inspirent des souvenirs contradictoires selon les individus qui en dressent le portrait ; l’histoire locale s’efface parfois derrière l’histoire nationale et le mythe se substitue au réel. Les conflits de mémoire naissent de la distance entre les souvenirs des uns et des autres, tensions que l’historien s’efforce de restituer dans l’écriture d’un récit scientifique privilégiant l’exactitude des faits. Entre l’écriture de l’histoire et les paroles des témoins, l’effort de mémoire n’est pas guidé par les mêmes préoccupations ; l’expérience individuelle se distingue du récit collectif, faisant parfois entendre des voix contestataires.

Ce colloque s’intéressera non seulement aux événements historiques qui font l’objet de conflits de mémoire, mais également aux œuvres artistiques, parfois produites en marge des institutions, qui participent à conforter ou à contester, l’interprétation consensuelle de ces événements. En invitant à une réinterprétation du passé, ces œuvres permettent-elles d’envisager autrement le rapport du présent au passé, voire à l’avenir ? Les débats suscités par certaines œuvres suggèrent que la mémoire est l’objet d’enjeux collectifs et de conflits d’interprétation. Les objets historiques et les œuvres d’art illustrent cette tension, articulant la distance entre mémoire dominante et mémoire dominée. Les arts contribuent-ils à la résolution des conflits ou, au contraire, les entretiennent-ils ? Le regard porté par plusieurs artistes sur le même événement historique peut nous aider à comprendre les enjeux des conflits de mémoire.

Les œuvres participent parfois à l’oubli de certains événements historiques que l’institution préfère effacer de la mémoire officielle, mais elles peuvent aussi signaler le déni d’un traumatisme, d’une violence subie par un groupe politique, social, ethnique, culturel. Des exemples pourront être ici présentés relevant de l’histoire militaire, politique ou coloniale. L’histoire du franquisme en Espagne illustre ainsi un récit lacunaire, dont les artistes (romanciers, poètes, peintres, dessinateurs de bandes dessinées, réalisateurs de documentaires, etc.) s’efforcent de souligner les manques et les contradictions. Le rôle du cinéma dans la construction du résistancialisme au sortir de la Libération en France, comme dans la résurgence d’une interrogation sur la nature du régime de Vichy, avec la diffusion du Chagrin et la Pitié (Max Ophüls, 1969), en est un autre exemple. L’histoire coloniale et postcoloniale, marquée par la tension entre souvenir et oubli, est également à l’origine de conflits de mémoire illustrés par les pratiques de commémoration, qu’elles soient institutionnelles ou artistiques.

Le rôle des œuvres d’art, de la littérature et du cinéma dans le maintien ou la contestation d’une cohésion autour d’un récit mythique ou légendaire ou officiel pourra être analysé, de même que l’interaction entre œuvres officielles et œuvres contestataires. Comment la littérature s’empare-t-elle d’héritages symboliques dissensuels ? Quelles stratégies les arts vivants adoptent-ils pour faire de la scène, ou du lieu de la performance, un laboratoire où d’autres possibles peuvent être envisagés ? Quelles esthétiques de rupture les artistes mettent-ils en place pour faire voir autrement les événements dont l’interprétation reste contestée ? Autant de questions que nous pourrons envisager durant ce colloque dont la nature pluridisciplinaire nous permettra de croiser différentes approches méthodologiques.

Les pistes de recherche envisagées sont nombreuses et peuvent inclure :

  • – les pratiques commémoratives officielles et leur fonction mémorielle
  • – les arts, révélateurs des tensions et débats mémoriels
  • – la fabrique de l’oubli ou du sursaut mémoriel
  • – la tension entre discours officiel et discours contestataire

 

Conférenciers pléniers : Leigh Raiford (U. Berkeley) et Johann Michel (U. Poitiers, sous réserve)

 

Les propositions (env. 250 mots) et une courte biographie sont à déposer sur le site https://conflicts2017.sciencesconf.org avant le 15 octobre 2016. Il est nécessaire de créer un compte sur sciencesconf.org avant de pouvoir remplir le formulaire de dépôt.

 

Comité d’organisation : Renaud Bouchet, Hélène Lecossois, Delphine Letort, Stéphane Tison

 

Comité scientifique : Pierre Allorant, Renaud Bouchet, Noëlline Castagnez, William Gleeson, Elise Julien, Franck Laurent, Hélène Lecossois, Delphine Letort, Sylvie Servoise, Stéphane Tison

 

 

 

 

Conflicting Memories: Arts, History, Commemorations

 

FAMAH Conference

Labo3L.AM, EA n° 4335 / CERHIO, UMR n° 6258

 

 

Université du Maine (Le Mans), 6-7 avril 2017

 

Many historical events give rise to conflicting narratives: wars, for instance, do not affect first-hand witnesses – in-the-field enlisted soldiers or behind-the-lines high-ranking officers – in the same way. Historical figures, too, are the objects of contradictory depictions. And local histories are at times overshadowed by national histories or mythical narratives which obscure everyday realities. Conflicting memories generate tensions which historians strive to translate into narratives favouring factual accuracy. Whether undergirded by the desire to write history or guided by the words of eyewitnesses, the efforts of memory stem from distinct preoccupations:  individual experiences often differ from the collective narrative, and bring to the surface contesting interpretations.

This conference will focus not only on historical events which fuel conflicting memories, but also on works of art – including those produced at the margins of institutions – which encourage or undermine the consensual interpretations of the past. Do artworks promoting a reinterpretation of the past help foster a new type of relationship between the present and the past? Do they open onto a different future? Some works spark off debates and suggest that memory is imbued with potentially irreconcilable sentiments. Historical materials and artworks convey this tension, articulating the gap between dominant and dominated memories. Does art help resolve conflicts or does it perpetuate them? Comparing different artists’ original takes on similar historical events may help us better understand the stakes behind conflicting memories.

While some works of art contribute to erasing historical events from the collective memory – sometimes with the support of institutions –, others expose the denial of traumatic acts of violence affecting various cultural, ethnic, social, or political groups. A variety of examples can be drawn from colonial, political, and military histories. The history of Francoism in Spain, for example, translates into an inchoate narrative the silences and contradictions which artists (novelists, poets, painters, comic book designers, documentary filmmakers, etc.) explore. The role of cinema in the construction of ‘résistancialisme’ after France’s Liberation as well as in the interrogation of the nature of the Vichy regime – e. g. through the making of The Sorrow and the Pity (Max Ophüls, 1969) – constitutes yet another example. The confrontation between colonial and postcolonial histories, marked by the tension between remembering and forgetting (and /or repressing), is also conducive to conflicting memories, as commemorative practices – be they institutional or artistic – testify to.

We will ponder the role of art (literature, theatre, film, painting, music, etc.) in the (de)construction of mythical, legendary or official narratives and examine the interactions between works that adopt the official line and those that contest that line. How does literature deal with symbolically subversive topics? What strategies do the performing arts develop to turn the stage, or the performance area, into a laboratory where alternative futures can be imagined? How do artists avail themselves of varying aesthetics of rupture in order to question the accepted interpretation of historical events? This conference aims to expand on these notions through a multidisciplinary approach that will allow us to confront different methodologies.

Possible avenues of research include (among others):

  • – Official commemorative practices and their role in the construction of memory
  • – The role of the arts in memory debates and struggles
  • – The construction of forgetting and (re)-memorializing
  • – The relationship between official memory and contested pasts

 

Keynote speakers: Leigh Raiford (U. Berkeley) et Johann Michel (U. Poitiers, to be confirmed)

 

Please send your abstract (about 250 words) and a short biography to the conference website https://conflicts2017.sciencesconf.org/ by 15th October 2016. You will need to create an account on sciencesconf.org before submitting your proposal.

 

Organizing committee: Renaud Bouchet, Hélène Lecossois, Delphine Letort, Stéphane Tison

 

Scientific committee: Pierre Allorant, Renaud Bouchet, Noëlline Castagnez, William Gleeson, Elise Julien, Franck Laurent, Hélène Lecossois, Delphine Letort, Sylvie Servoise, Stéphane Tison

 

 

 


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