29 et 30 mars 2018 Habiter la contradiction : usages et colportages de la pensée de Geneviève Fraisse Deux journées d’étude à Paris – Le Centre d’Etudes du Vivant, Université Paris Diderot et la Fondation Entreprise Ricard, Paris

Habiter la contradiction : usages et colportages de la pensée de
Geneviève Fraisse

Deux journées d’étude à Paris – 29 et 30 mars 2018

Le Centre d’Etudes du Vivant, Université Paris Diderot
et la Fondation Entreprise Ricard, Paris

En la présence et avec la participation de Geneviève Fraisse

Conçues par : le collectif Les Vagues
[Le groupe de travail Les Vagues est un collectif féministe. Composé
de professionnelles des arts visuels, il se réunit pour penser et
mettre en œuvre les articulations entre le monde de l’art, l’histoire
de l’art, la culture politique et le militantisme d’un point de vue
situé. Le collectif recense, donne de la visibilité aux outils du
changement positifs et porte des pratiques professionnelles féministes
égalitaires, soucieuses de la justice sociale.
Pratiquer une épistémologie féministe intersectionnelle au sein du
champ de l’art revient à mettre au travail les formats, les discours,
les outils des sciences sociales (histoire de l’art, sciences
politiques, philosophie, cultural studies) du milieu militant
(décolonial, LGBTQI+, queer, afroféministe) avec et dans les écritures
et les modalités de l’art.]

Geneviève Fraisse, directrice de recherche émérite au CNRS, produit
une œuvre philosophique à partir du matériau historique. Faisant
apparaître de nouvelles généalogies du féminisme, elle ouvre la voie
d’un dialogue avec des pensées isolées ou canoniques de Poullain de la
Barre à Simone de Beauvoir en passant par Germaine de Staël. Elle
postule que la Révolution française, issue de l’universalisme, est
paradoxalement le point de départ de la théorisation de la place des
femmes dans les affaires publiques et en même temps de leur exclusionde la sphère politique ce qu’elle appelle la « démocratie exclusive ».

Depuis plusieurs années, la pensée de Geneviève Fraisse s’est aussi
diffusée en dehors du monde académique. C’est le signe d’une nouvelle
perspective francophone sur les études de genre alors que les vingt
dernières années ont été marquées par l’apport des modèles états-uniens.

Intellectuelle engagée, elle est une figure incontournable du
Mouvement de Libération des Femmes. Elle a aussi été déléguée
interministérielle aux droits des femmes (1997-1998) et députée au
Parlement européen (1999-2004). Chercheure, femme et  militante, ellea développé une pensée libertaire réactivée par les questionnements
politiques actuels.

Ces journées d’étude Habiter la contradiction : usages et colportages
de la pensée de Geneviève Fraisse seront l’occasion de revenir sur
l’apport philosophique des études de genre développées en France,
d’assumer la réappropriation des discours comme pratique émancipatrice
à partir de la logique non dogmatique et de l’exigence de remise en
question permanente des concepts.
Nous proposons trois axes principaux pour orienter les contributions
des participant•e•s :

1)    Historicité : contretemps dans le féminisme
La pensée généalogique de Geneviève Fraisse, son travail sur les
débats intellectuels concernant les femmes au XVIIe, XVIIIe, XIXe
siècles, montrent que repousser les femmes de l’activitéintellectuelle et politique a été un assaut long, lent, soutenu et
surtout acharné. Dans Muse de la raison, la philosophe souligne qu’il
s’est agi dans ces combats d’idées de construire la femme comme un
être fondamentalement anhistorique. Faire un travail d’historien•ne
permet d’œuvrer contre l’idée de la femme comme catégorie anachronique.
Une attention particulière sera donc portée aux propositions mettant
en avant des travaux à l’épreuve de l’Histoire.

2)    Lignée : construction de généalogies, jeu d’appropriation et de
réappropriation des concepts, des discours
Forte de ses appuis foucaldiens, Geneviève Fraisse pose la question de
savoir ce qui, de l’archive, parvient jusqu’à nous. Son travail permet
ainsi d’examiner des sujets d’actualité comme le voile, la
prostitution, la parité, etc., au prisme d’une perspective historique.
Avant de s’emparer de sujets de débat, l’intellectuelle examine la
terminologie qui les traverse, éprouvant la pertinence historique et
philosophique des mots qui circulent, avant de les considérer comme
des concepts.
Nous souhaitons discuter en profondeur les concepts majeurs de la
pensée de Fraisse : la sexuation, le consentement, l’émancipation, la
jouissance etc. , et leur application. Les communications à caractère
dialectique et/ou généalogiques seront donc examinées avec beaucoup
d’intérêt.

3)    Émancipation :
Déconstruire les représentations et les systèmes aliénant, excluant et
marginalisant est une étape importante de la transformation sociale,
politique et culturelle. Mais la déconstruction ne permet pas d’agir
ou de penser autrement, puisqu’elle prend le modèle dominant comme
référent.
Au côté de Jacques Rancière dans la revue Les Révoltes Logiques,
Geneviève Fraisse a initié une pensée alternative à l’histoire
institutionnalisée du féminisme et des genres. Son féminisme refuse
l’individualisme et le capitalisme. La généalogie fraissienne nous
permet de sortir de l’isolat et nous oblige à vivre les contradictions
qui animent  l’engagement et la vie collective. Genevière Fraisse se
décrit elle-même comme une colporteuse : sa méthode de modestie
philosophique consiste à apporter avec soi des problèmes et à les
éprouver dans différentes situations, dans différents lieux.

Les communications sont ouvertes aux artistes, aux militant•e•s et aux
chercheur•e•s de toutes disciplines, avec une attention particulière
apportée à la philosophie, aux études féministes, à l’histoire de
l’art et aux études visuelles.

Les propositions de communication de 3000 signes maximum doivent êtreenvoyées en anglais ou en français à groupe.les.vagues@gmail.com avant
le 15 janvier 2018.

Bibliographie sélective de Geneviève Fraisse :

– Service ou servitude, essai sur les femmes toutes mains (1979),
nouvelle édition augmentée, Le Bord de l’eau, Lormont, 2009.

– Muse de la raison, démocratie et exclusion des femmes en France
(1989), édition augmentée d’un avant-propos « Une histoire française ?
» et d’une postface « Démocratie exclusive, république masculine »,
Folio/Histoire-Gallimard, Paris, 1995.
– Du consentement (2007), édition augmentée d’une postface « Et le
refus de consentir ? », Seuil, Paris, 2017.
– L’Europe des idées, suivi de « Touriste en démocratie, chronique
d’une élue au Parlement européen, 1999-2004 » avec la collaboration de
Christine Guedj, France Culture/ L’Harmattan, Paris, 2008.
– La Fabrique du féminisme, textes et entretiens, le Passager
clandestin, Neuvy-en-Champagne, 2012.
– Les Excès du genre, concept, image, nudité, éditions Lignes, Paris, 2014.
– La Sexuation du monde, réflexions sur l’émancipation, Presses de
Sciences Po, Paris, 2016.

Nous souhaitons aborder le travail de Geneviève Fraisse à partir des
usages que nous en avons, dans les différents espaces que nous
occupons : artistiques, militants, pédagogiques, intimes, domestiques,
épistémologiques.

Nous nous inscrivons dans la continuité de cette approche dans les
modalités d’organisation de ces journées d’études. Nous profitons
d’une actualité éditoriale riche (réédition de Muse de la Raison
(Folio Gallimard), Du Consentement (Le Seuil) et de La Fabrique du
féminisme (Passager clandestin)) pour présenter avec elle ces deux
journées d’études.


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