19 et 20 mai 2017 à Paris 8 et Paris-Sorbonne L’art de la greffe dans l’œuvre de Jamaica Kincaid Colloque International

L’art de la greffe dans l’œuvre de Jamaica Kincaid
Colloque International organisé les 19 et 20 mai 2017 à Paris 8 et Paris-Sorbonne

Comité organisateur
Corinne Bigot, Université Toulouse Jean Jaurès, CAS, EA801
Andrée-Anne Kekeh-Dika, Université Paris 8, TransCrit (transferts critiques anglophones) EA 1569,
Nadia Setti, Université Paris 8, LEGS (Laboratoire d’Etude de Genre et de Sexualité)
Kerry-Jane Wallart, Université Paris-Sorbonne, VALE EA 4085, Voix Anglophones, Littératures et Esthétiques
Jamie Herd, Université Paris 8

Comité scientifique
Kathie Birat, Université de Lorraine
Giovanna Covi, Università degli Studi,Trento
Claire Joubert, Université Paris 8
Françoise Kràl, Université de Caen Basse Normandie
Françoise Simasotchi, Université Paris 8
Alexis Tadié, Université Paris-Sorbonne
Héliane Ventura, Université Toulouse Jean Jaurès

Invitées d’honneur : Carole Boyce-Davies (Cornell University) et Daryl Dance (University of Richmond).

L’art de la greffe dans l’œuvre de Jamaica Kincaid
Transposée dans le monde de la botanique si cher à l’écrivain Jamaica Kincaid, la créolisation caractéristique des cultures caribéennes deviendrait l’art de la greffe. Un pied-de-nez à un passé traumatique, dans des îles longtemps condamnées à la monoculture intensive et inhumaine du coton, puis surtout de la canne. La greffe végétale peut être lue comme subversion de l’unique, comme le signe de l’urgence à recycler, recomposer, défamiliariser le monde qui prévaut chez Jamaica Kincaid : art de la survie de l’écriture, du vivant. Le motif de la greffe permet de décentrer encore un peu le rhizome, adapté par Edouard Glissant d’après Gilles Deleuze et Félix Guattari, symbolique de la non-hiérarchisation des genres et des voix dans ces littératures de la Caraïbe qui ne cessent de dialoguer avec les sciences de la vie (cf. /La Isla que se Repite/ de Benitez Rojo) et notamment avec la botanique, anticipant les études de l’éco-critique apparues dans les années 1990.
La greffe, c’est aussi le double mortifère, la fin d’une espèce, l’avortement, le choix de ce qui n’est pas naturel et qui interrompt les cycles. C’est encore la tangente prise, cet espace tiers théorisé par Homi Bhabha, concept précieux pour qui s’intéresse aux phénomènes diasporiques, qui traversent l’imaginaire de cette écrivaine, Jamaica Kincaid, laquelle dit n’avoir pu devenir auteur qu’en partant de chez elle, à peine adulte, en direction des Etats-Unis. Son jardin largement imaginaire, fait de Caraïbe et de Nouvelle-Angleterre, où poussent entre autres plantes les herbes médicinales repérées par les esclaves débarqués par le trafic triangulaire et les jonquilles de Wordsworth, est paradoxalement une image de déracinement, ou à tout le moins de dérive.
On s’intéressera aussi aux greffes génériques, qui permettent au récit de se faire document, et vice versa (/My Garden (Book):/, /Among Flowers: A Walk in the Himalaya/), à l’autobiographie ou au roman de basculer dans l’essai (/See Now Then/), ou à la nouvelle de devenir flux poétique en prose (/At the Bottom of the River/), au statut incertain de nombre de ses textes brefs (« Biography of a Dress »). Ces passages sont placés, à l’instar du style si particulier de Kincaid, sous le double signe de la rupture et de la continuité, rappelant les analyses de Jacques Derrida sur la brisure ou celles de Derek Walcott sur le fragment et la totalité rapiécée.
Le jardinage comme pratique manuelle peut permettre d’envisager la production de l’écrivaine comme une fabrique, un espace du peu où le travail de la main et du pied peut s’exercer. L’artisanat botanico-graphique de l’écrivaine serait alors une sorte de /craftswomanship/, permettant d’obvier les attendus de genre et de race, par des déplacements subtils mais systématiques de point de vue (/See Now Then/), d’éradiquer (/uprooting/) les pièges des catégories de tout ordre. On pourra dès lors aussi s’interroger sur les formes artistiques non littéraires, photographie, musique ou dessins, qui prolifèrent dans ces textes, présences symptomatiques des modes d’engendrement et du surgissement de l’écriture.
Propositions (200-250 mots) accompagnées d’une brève notice biographique à envoyer pour le 30 octobre 2016
à : kincaidconferenceparis@gmail.com

International Conference May 19-20 2017, The Art and Craft of Grafting in Jamaica Kincaid’s Works
Université Paris 8 and Université Paris-Sorbonne
Keynote speakers: Professor Carole Boyce-Davies, Cornell University and Professor Daryl Dance, University of Richmond

The Art and Craft of Grafting in Jamaica Kincaid’s Works
When transposed into the botanical world cherished by writer Jamaica Kincaid, the creolization that has long characterized Caribbean cultures can be reread as the art of grafting—an act of defiance in the face of a traumatic colonial history fraught with obsessive monocultures of cotton and (later and above all) sugar cane. Plant grafting can be read as the subversion of unicity and as a practice of recycling, irregularity, re-composition and survival: the art of the survival of writing and of living forms. Grafting further decenters Gilles Deleuze and Félix Guattari’s rhizome concept as adapted by Edouard Glissant. Indeed, the rhizome symbolizes the rejection of hierarchy among genres and voices within Caribbean literatures, which engaged in continued dialogue and counter-dialogue with the natural sciences, and more specifically with botany, decades before the emergence of environmental studies in the 1990s.
Grafting is also a deathly double, the end of a species, or a form of abortion. It entails choosing what does not come naturally, an interruption of cycles. Grafting sidesteps norms, leading us towards the third space theorized by Homi Bhabha. This is an invaluable concept for those who engage in critical readings of the diasporic traces (see Benitez Rojo’s /The Repeating Island/) that crisscross Jamaica Kincaid’s work, such as her self-proclaimed coming to writing only by virtue of her immigration to the U.S. in her early youth. Medicinal herbs known to the slaves who survived the Middle Passage and Wordsworth’s daffodils grow in her largely imaginary garden, a space between and beyond the Caribbean and New England. Paradoxically, gardening encapsulates the experience of uprootedness and drifting.
We will also take an in-depth look at generic grafting, which can turn personal narratives into historical accounts and change them back again (/My Garden (Book):/, /Among Flowers: a Walk in the Himalaya/), send novels careening into autobiographies and essays (/See Now Then/), put short stories into a fluctuation of prose poetry (/At the Bottom of the River/) and bequeath uncertain status to many of her shorter texts (« Biography of a Dress »). These passages and generic trespassings epitomize Kincaid’s distinctive style and speak to the primacy of interruption and discontinuity as conceptualized by Jacques Derrida (‘brisure’ [hinge]) and Derek Walcott (reassembling the fragments) in her work.
Gardening opens up critical reflection that conceives of the author’s work as a work-in-the-making, a minimalist space where the hand or the foot exercise their crafts. The writer’s practice of botanical inscription is then a kind of craftswomanship devised to skirt simplistic expectations of gender and race by way of subtle, yet systematic displacements in perspective (/See Now Then/) and to root out the trappings of categorization. Craftswomanship can also serve as a starting point for examining the symptomatic presence of non-literary artistic forms (e.g. photography, music, drawing, etc.) that are endemic to Kincaid’s work and that engender or trigger writing.

Organizing committee
Corinne Bigot, Université Toulouse Jean Jaurès, CAS, EA 801
Andrée-Anne Kekeh-Dika, Université Paris 8, TransCrit (transferts critiques anglophones) EA 1569,
Nadia Setti, Université Paris 8, LEGS (Laboratoire d’Etude de Genre et de Sexualité)
Kerry-Jane Wallart, Université Paris-Sorbonne, VALE EA 4085 (Voix Anglophones, Littératures et Esthétiques)
Jamie Herd, Université Paris 8

Scientific committee
Kathie Birat, Université de Lorraine
Giovanna Covi, Universtà degli Studi,Trento
Claire Joubert, Université Paris 8
Françoise Kràl, Université de Caen Basse Normandie
Françoise Simasotchi, Université Paris 8
Alexis Tadié, Paris Sorbonne
Héliane Ventura, Université Toulouse Jean Jaurès

Abstract (200-250 words) with a short biography to be sent by October 30 2016 to
kincaidconferenceparis@gmail.com


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