19-21 juin 2019 Les politiques du bonheur Université de Cergy-Pontoise

 

Emmanuelle de Champs (PR civilisation britannique),

Diana Burgos-Vigna (MCF civilisation latino-américaine), Lun Zhang (PR civilisation chinoise)

 

 

Organisé par l’axe Politique du laboratoire AGORA, le colloque s’interroge sur le fait même de constituer le bonheur ou du bien-être comme horizon du politique, un objectif dont la formulation est constitutive de la modernité à partir de la fin du XVIIIe siècle dans les pays occidentaux.

A la suite de la Déclaration d’indépendance américaine qui affirmait le droit à « la poursuite du bonheur », Robespierre déclarait en 1794 que « le bonheur est une idée neuve en Europe ». A la fois promesse et menace – pour ceux qui s’opposent à la dynamique révolutionnaire, cette affirmation revendique l’héritage de la pensée politique des Lumières et lui donne une dimension radicale qui justifie la guerre contre les contre-révolutionnaires réels ou supposés. Les théories et les mouvements politiques du XIXe et du XXe siècle s’affronteront ensuite sur la définition du bonheur en politique ou sur les moyens d’y parvenir. A la liberté individuelle de fixer soi-même les moyens et le contenu de son bonheur, exprimée dans l’ouvrage fondateur du libéralisme politique, De la liberté de John Stuart Mill (1859), s’opposeront les espoirs d’émancipation et d’épanouissement des individus au sein d’une société socialiste. Parce qu’il est aussi un marqueur historique et culturel dont la définition est susceptible de variations significatives, le discours sur le bonheur et sur le bien-être a survécu à la faillite des utopies politiques et connaît, depuis la fin du XXe siècle, un intérêt renouvelé. En Amérique latine, les politiques publiques centrées sur le bien-être (buen vivir) entendent renouer avec une conception holiste héritée des cultures amérindiennes (Sumak Kawsay en Equateur, Suma Qamaña en Bolivie). En Chine, le bonheur individuel est désormais fréquemment présenté comme l’aboutissement des mutations politiques, sociales et économiques contemporaines. En Europe, l’Enquête Sociale Européenne publie tous les deux ans depuis 2002 des indicateurs du bien-être ressenti dans les Etats membres de l’UE. Au niveau mondial, le Rapport Mondial sur le Bonheur, publié tous les ans, entend croiser des critères subjectifs et objectifs pour mesurer le bonheur des citoyens dans plus de 150 pays du monde. Porté par un renouveau de la science économique (happiness economics, well-being economics) ainsi que par les préoccupations environnementales, les deux concepts associés de bonheur et de bien-être sont de plus en plus présents dans les discours et les pratiques politiques. La perspective comparatiste du colloque fera ressortir les différences entre la façon dont les pays se sont emparés de ce thème. Les communications s’interrogeront également sur la fortune que connaît actuellement la réflexion quantitative et qualitative aux niveaux nationaux et internationaux. Une attention toute particulière sera posée à l’éducation, un champ d’action des politiques publiques où l’articulation entre épanouissement personnel et action publique est particulièrement sensible.

Sur le plan scientifique, ce projet de colloque s’inscrit en partie dans le champ émergent des « happiness studies » qui entend réaliser une synthèse entre les approches philosophiques de la « vie bonne » (de l’Antiquité à nos jours) et l’étude empirique des modalités subjectives du bien-être, notamment en prenant en compte l’apport de la psychologie et de l’anthropologie à la mesure économique du bonheur. Si la structuration de ce champ scientifique fait écho à la prise en compte croissante du bonheur individuel et collectif dans les politiques publiques, cette approche fonctionnaliste reste parfois au seuil des questions proprement politiques. Ainsi, l’objectif de ce colloque est bien de replacer les discussions des happiness studies dans un cadre théorique, celui de l’histoire des idées politiques tout en portant une attention particulière à leur déclinaison dans les politiques publiques engagées dans différents contextes nationaux et culturels.

 

Les discussions seront organisées autour des quatre sessions suivantes :

  1. Méthodologies et indicateurs
  2. Penser le bonheur dans l’histoire des idées politiques
  3. Politiques publiques croisées
  4. Éducation : politiques de l’épanouissement ?

 

Les propositions (4000 signes environ présentant la thématique, avec mention de l’inscription dans l’un des quatre axes mentionnés ainsi que les coordonnées du candidat) sont à envoyer au plus tard le 28 janvier 2019 aux adresses suivantes : diana.burgos@u-cergy.fr, emmanuelle.de-champs@u-cergy.fr, lun.zhang@u-cergy.fr


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