11 au 13 décembre 2019 Colloque « Cultures populaires et politique » Université de La Rochelle-Université de Reims Lieu du colloque : Université de La Rochelle

L’ambition de ce colloque est de révéler les liens étroits, quoique souvent cachés ou implicites, entre cultures populaires et politique. En effet, que cette dernière se joue d’elles, soit ridiculisée ou louée par elles, il apparaît intéressant d’interroger ce champ de recherches encore peu étudié en France croisant deux sphères parfois contradictoires et conflictuelles.

Si depuis longtemps, la politique et les hommes et les femmes politiques sont représenté.es dans la culture populaire, que ce soit à travers des caricatures, des fictions qui abordent, entre autres,  des questionnements sur les modes de gouvernance, le rôle du politique et ses liens avec d’autres pouvoirs (économiques, militaires, médiatiques, etc.),  qui reviennent sur des événements, ou qui cherchent à influencer l’opinion publique, il apparaît que la culture populaire est aussi devenue un outil qui, depuis le développement  de l’internet, des chaînes de télévision du câble et des réseaux sociaux multipliant sa visibilité et son effet viral, est utilisé par les hommes et les femmes politiques eux.elles-mêmes, mais aussi par les populations et les influenceurs comme un vecteur essentiel d’expression et de pouvoir. Twitter est ainsi devenu le canal de communication favori du président d’une des premières puissances mondiales. En utilisant un des réseaux sociaux les plus populaires, Donald Trump prolonge ainsi une accointance antérieure avec la culture populaire. De « concepteur » à travers ses reality shows, il s’est mué en « utilisateur » mais aussi en « personnage » et caricature de la culture de masse. Les fameuses « fake news » sont devenues en peu de temps un moyen très efficace de manipulation des foules tant il est difficile d’effacer ces rumeurs des temps modernes comme on a pu l’observer lors des campagnes présidentielles récentes. De médiatique, la culture populaire est devenue médium en politique. Jadis méprisée parce que liée aux masses, elle est, surtout depuis le développement d’internet, un passage obligé pour gagner la confiance du public ou ses voix, un référentiel commun entre le plébéien et son électorat où les séries deviennent les nouvelles illustrations d’enjeux et de dénonciations politiques à l’instar de Tchernobyl, House of Cards, Baron noir, Borgen…

La porosité entre la politique et les cultures populaires s’illustre pleinement dans la fécondation du réel par des symboles contestataires issus de la « culture pop ». Le masque que porte l’anarchiste dans V pour Vendetta (Alan Moore et David Lloyd, 1982-1990) est à l’effigie de Guy Fawkes, un opposant historique au régime politique anglais lié à la conspiration des poudres de 1605 à Londres. Médiatisé par le film de James McTeigue, sorti en 2006, il est ensuite rendu au réel et, paradoxalement, à la contestation politique et sociale par les Anonymous et l’Occupy Movement à Wall Street (2011-). La chanson italienne du partisan “Bella Ciao” est, quant à elle, remise au goût du jour par la série La Casa de papel qui considère ses personnages comme des résistants au système.

Aussi, les liens entre cultures populaires et politique ne se cantonnent pas aux représentations dans la fiction, les champs d’expression de la culture de masse sont multiples et justifient le pluriel qui lui est associé. Le sport en général et le football (soccer) en particulier constituent ainsi un exemple associant culture populaire et enjeu politico-économique. De même, le SuperBowl aux États-Unis montre aussi les multiples facettes d’une pratique culturelle qui conjugue enjeux économiques, politiques, médiatiques, culturels, et sportifs.

A l’instar de ces exemples qui illustrent la porosité entre la politique et les cultures populaires, il s’agira lors de ce colloque de voir comment la politique actuelle est influencée dans ses représentations, sa communication, ses décisions, son économie, son mode de fonctionnement par la/les cultures populaires. On pourra également s’interroger sur la profondeur historique des liens entre cultures populaires et politique.

Les propositions peuvent aborder différents champs d’études et les conjuguer (sociologie, anthropologie, études politiques, civilisation, histoire, littérature, économie, média, journalistique, linguistique, etc.), différents pays, et traiter de tous les domaines des cultures populaires (arts visuels (séries télé et internet, cinéma, bande dessinée, vidéos et chaines YouTube, etc.), différents « genres » de fiction (science-fiction, fantasy, horreur, policier, roman de gare, etc.), sports, musique, objets de collection, pratiques culturelles et médiatiques, jeux (jeu de rôle, jeu vidéo, jeu de société, etc.), jouets, littératures, etc.

Les abstracts (d’environ 400 mots) et une courte biographie devront être envoyés conjointement à Danièle André daniele.andre@univ-lr.fr, Annabel Audureau annabel.audureau@univ-lr.fr et Frank Healy frank.healy@univ-lr.fr.

La date limite de retour des propositions est fixée au 20 octobre.

Nous sommes aussi heureux d’annoncer qu’il s’agira d’un colloque fondateur d’une Association Française d’Étude des Cultures Populaires et du temps sera aussi consacré à cette question.

Comité scientifique : Sylvie Mikowski, Yann Philippe, Hervé Lagoguey, Sergio Coto-Rivel, Estelle Epinoux, Danièle André, Annabelle Audureau, Frank Healy.

Organisateurs : Danièle André, Annabelle Audureau, Frank Healy – CRHIA (Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique) La Rochelle.

Bibliographie indicative

 

Ouvrages

 

Caso, Federica And Hamilton, Caitlin (Eds.), Popular Culture and World Politics: Theories, Methods, Pedagogies, E-International Relations, Bristol, 2015.

 

Leah A. Murray (Ed.), Politics and Popular Culture, Cambridge Scholars Publishing; New edition (July 1, 2010).

 

Edsforth, Ronald & Bennett, Larry (Eds), Popular Culture and Political Change in Modern America, SUNY series in Popular Culture and Political Change,1991.

 

 

Articles

 

Bradley, J.M. (1997). “Political, Religious and Cultural Identities: The undercurrents of Scottish football.” Politics 17(1), 25-32.

 

 

Clapton, William, “Popular Culture Matters: Defining ‘Politics’” in Popular Culture & World Politics, Jul 26 2018, https://www.e-ir.info/2018/07/26/popular-culture-matters-defining-politics-in-popular-culture-world-politics/

 

Cloonan, M., & Street, J. (1998), “Rock the Vote: Popular Culture and Politics.”, Politics, 18(1), 33–38. https://doi.org/10.1111/1467-9256.00058

 

Dorzweiler, N. (2017), “Popular culture in (and out of) American political science: A concise critical history,” 1858–1950. History of the Human Sciences, 30(1), 138–159. https://doi.org/10.1177/0952695116684314

Dubosclard, Alain, « Le cinéma, passeur culturel, agent d’influence de la diplomatie française aux États-Unis dans l’entre-deux-guerres ». 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze,  42 | 2004, mis en ligne le 10 janvier 2008, URL : http://journals.openedition.org/1895/279

Finn, G. (1991). “Racism, Religion and Social Prejudice: Irish Catholic Clubs, Soccer and Scottish Identity – Social Identity and Conspiracy Theories.” In International Journal of the History of Sport, Vol. 8 No. 3.

 

Hall Stuart (2018) “Popular culture, politics and history,” Cultural Studies, 32:6, 929-952. Routledge.

 

Orwell, G. (December 1945). ‘The Sporting Spirit’, Tribune. London, UK.

 

Rubin, Jennifer, “Why popular culture matters in politics”, The Washington Post, October 28, 2013,

 

 

Mémoires/Thèses

 

Knightly, Patrick J., “Politics and the Popular Culture : an Examination of the Relationship between Politics and Film and Music.” (1999). Masters Theses 1911– February 2014, 2551, University of Massachusetts Amherst, ScholarWorks@UMass Amherst.

https://scholarworks.umass.edu/theses/2551

 


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